LA ZIGOUNETTE TRANSCONTINENTALE

L'ALIBI DU LIBYEN, NORMAN ADAMS
GALLIERA / ADAMS # 8, 1974

Voici une lecture aussi effarante qu'atterrante : la huitième aventure de Norman Adams, docteur, espion, baiseur, loser. Hétéro-héros pathétique, adepte des pratiques sodomites sur la gent féminine et justicier international turbinant pour le compte d'une organisation de super Black Panthers Panafricanisés, le Wakanda version agit-prop du Tier Monde - soucoupes volantes, base secrète et technologies haut de gamme - enfin, ça, c'est ce que l'éditeur te promet dans le résumé des premières pages mais ne bave pas trop, de cette joncaille, tu n'en verra jamais la couleur.
Norman Adams, c'est plutôt du SAS d'extrême-gauche - une extrême gauche à prendre avec de fichues pincettes, je te préviens, puisqu'elle aurait plus tendance, cette extreme de la gauche, à définir la position du pénis au repos dans le bénouze de l'auteur que les possibles postures idéologiques arborées par le héros en titre.
Mais reprenons.

Ainsi, dans cet épisode, notre pauvre hère est contacté par Aldo Melone, un multi-miliardaire italien.
L'auteur, qui avance masqué sous le pseudonyme de son protagoniste principal tout en rédigeant ses exploits à la troisième personne du singulier (vas-y donc trouver une logique dans tout ça), l'auteur, donc, semble très en forme niveau blagounettes vaseuses et, page 29, ouvre les hostilités en nous informant des activités du richissime rital en ces termes (je cite car ça le mérite :)

"La MACA et la RONI constituaient [...] les deux mamelles de l'empire d'Aldo Melone."
On se marre doucement mais rassures-toi, il ne s'agit là qu'un d'un tout petit échauffement. Les choses sérieuses débutent quelques pages plus loin avec l'arrivée d'une pute Romaine (et pas Roumaine, s'il-te-plait), fervente adepte de sodome (normal) et grande dispensatrice en reparties comiques façon mantras obscurs.
"Au lit, coït qui mal y baise [...] mais au nid, coït qui mâle y bande," lance-t-elle finement en clôture du premier chapitre.
Clôture des préliminaires itou.
Car, page 35, on a parfaitement comprit que cet Alibi du Libyen, ça allait être la fête au n'importe quoi d'un bout à l'autre du bouquin. Une avalanche de conneries, un déchaînement d'humour qui tombe à plat, je te l'a fait courte : le second degré du trente-sixième dessous à prix discount, 15 centimes la palette (et encore, je suis pas sûr de tout vendre...)
Chapitre deux et avanti ! Adams et son italienne à gros cul discutent vaguement politique ("Oh ! moi, les partis ! À part celles des hommes !" déclare la charmante enfant) puis partent mollement baiser. Prennent enfin un avion qui se retrouve détourné par des terroristes palestiniens.
Ne t'attends pas à de l'action, il n'y en a pas.
Ne t'attends pas à du cul, il n'y en a pas non plus.
Attends toi uniquement à rencontrer un auteur en roue libre, un scribouillard qui s'emmerde en fignolant sa triste tambouille et choisi donc de prendre son fade en assenant de-ci de-là quelques paragraphes au mauvais goût plus vasouillard que distrayant.
Cf. les exemples donnés plus haut. Cf. aussi (et surtout) toute la kyrielle d'aberrations que tu découvrira si, un jour, par mégarde, tu te décides à chiner cet ouvrage.
Pour les autres, ceux qui n'ont pas que ça à foutre de leur temps, ceux qui s'en foutent dans les grandes largeurs (et les longitudes qui vont avec), ceux qui ont d'autres pains à fouetter sur leurs manches, notons tout de même, page 102, ce magnifique trait d'esprit de l'auteur, juste après que la Romaine sodomite ait traitée les terroristes Palestiniens d'enculés :
"Curieux que ce mot définisse les lâches ! Il faut au contraire, du moins me semble-t-il, un certain courage pour se faire défoncer la rondelle. Combien en ai-je vu pleurer sur leur oignon ravagé !"
Notons aussi, toujours pour les même zigues, page 155, cette profonde cogitation de notre héros au sujet des femmes - cogitation qui, peu à peu, semble se transformer en un explosif délire cosmico-lubrique :
"Que croyait-elle donc ? Qu'elle n'était pas une bonne femme comme les autres ? Bourrée de rêves et de pensées troubles ? Gonflée de désirs ? Ruisselante de plaisir, inondée de jouissance ? ... Rien ne déplaisait davantage à Norman Adams que ces pisseuses qui prétendent garder la tête froide en toutes circonstances. La tête, chez elles, ça veut dire le cul ; cette confusion anatomique suffisait à exaspérer le docteur.
' Quand donc les gens sauront-ils de quoi ils parlent ? ' pensa-t-il en se représentant simultanément les seins d'Antonella comme deux énormes grenades gonflées de suc, deux grenades entre lesquelles il eût bandé à planter comme dans des fesses rebondies le pain de dynamite de sa queue exigeante..."
Notons enfin, histoire de conclure, page 177, l'à-peu-près seule scène de cul du bouquin. Norman Adams fourrageant une terroriste Palestinienne, et cette dernière nous faisant l'honneur de partager une brève mais intense éclaircie réflexive :
"Dire que cette queue a traversé des océans et des continents pour venir se ficher là, dans mon cul !"
Et dire que je me suis tapé 220 pages de cette connerie pour en finir là...

7 commentaires:

Kerys a dit…

Je ne connaissais pas, mais apparemment, c'est du brutal…
En fait de Lybien, il aurait du partir en Egypte. et remonter le Nil, Adams…

Zaïtchick a dit…

C'est que ça à l'air contagieux, cette prose à X. ^^

ROBO32.EXE a dit…

Monsieur Kerys, j'applaudis de toute la force de mon clavier.
Malheureusement, il semble qu'aucune aventure de notre triste héros ne se soit déroulé en Égypte... c'est con : avec pareil jeu de mot, ça le méritait !

Zaït' : j'ai l'impression que, plus que contagieux, le mot qui convienne est 'addictif'...
...car étonnamment, et aussi ennuyeux que ça puisse être, j'ai envie d'en lire d'autres, des Adams.
C'est grâve, Docteur ?

Kerys a dit…

…Merci ! Quoique, une aventure aurait pu se dérouler dans un camp de nudistes. Il serait nu comme un verre, Adams !
(Et oui, j'ai bien vu la porte…)

Zaïtchick a dit…

Le calembour, c'est tout un art, Adams.

ROBO32.EXE a dit…

N'en jetez plus ! je vais défaillir !
Et pour information, le numéro 3 de cette série se déroule en partie dans un camp de nudistes
(...et l'on peut y apprendre, entre autre chose, que les camps de nudistes bretons sont en fait des camps entrainements pour révolutionnaires nord-africains d'extrême-gauche... incroyable, n'est-il-pas ?)

Kerys a dit…

Qui l'eut cru, comme on dit dans les grills !