ESPIONNAGE DANS LE COSMOS, CHARLES HONFROY
PRESSES INT. / CHOC INTER ESPIONS # 2, 196?
En dépit d'un titre propre à faire saliver tout lecteur de populaire normalement constitué, Espionnage Dans Le Cosmos est (inutile de tourner autour du pot) un roman parfaitement banal, d'une banalité fort rassurante soit dit en passant, puisque respectant à la lettre tous les poncifs habituels, toutes les petites conventions, tous les détails à priori insignifiants mais qui, à force d'être ressassés à longueur de temps par la masse prolétarienne des scribouilleux kilométrés en 190 pages mensuelles, se sont ancrés dans le code génétique du genre... jusqu'à lui insuffler une certaine saveur - lyophilisée, certes, la saveur, mais savoureuse tout de même.
Ainsi, dans Espionnage dans le Cosmos, le héros se nomme Rudian. Carl Rudian. Matricule K3WB. Aucun surnom frappant, type "Le Faucon," "L'Aigle Royal" ou "L'Andouillette Farcie" mais ça, c'est normal.
Dans l'espionnage premier prix, c'est soit l'un soit l'autre. Matricule ou nom de code. K3WB ou machin-royal en sauce. Le deux-en-un, c'est trop luxieux, trop too-much. D'autant qu'il faut songer à calamistrer soigneusement l'attitude de son héros.
Pas de faux pas, toujours la même rengaine. Le héros ? Une forte tête rigolarde mais tellement géniale dans le barouf qu'elle en devient irremplaçable. Comme l'avoue le big boss du service spécial auquel Rudian est affilié : K3WB réussi toujours là où les autres échouent. Refrain connu. Et de rajouter, malicieux : "J'espère bien qu'il en sera de même cette fois-ci."
Le big boss du service, justement. Le colonel Dussert. Un homme qui sacrifie à toutes les figures imposées du roman d'espionnage populaire.
Procédons par le menu.
Premier chapitre, il convoque le héros dans son bureau ("Passez me voir immédiatement !"), lui expose la mission du jour (une affaire de satellite secret, d'agents doubles et de bavarois soupçonneux) puis allume enfin "un de ces sales petits cigares dont il avait l'habitude et qui sentaient horriblement mauvais."
Le cigare qui pue dans le bureau directorial. Combien de fois ai-je pu lire ça ?
En fond sonore, Claude François doit chevroter Comme d'Habitude. Sûr et certain.
La suite défile donc avec la souplesse d'un train électrique sur son kit de rails en plastoc. K3WB stationne à Bad Wiesse, charmante bourgade teutonne peuplée d'espions en tous genres. Quelques rounds d'observation et de combines discrètes puis "l'inaction me pesait ; la bagarre n'allait pas tarder à commencer !"
Et question bagarre, on est pas lésé. Poursuites, fusillades, voitures endommagées.
Hélas, si le rythme est bon, la partition, elle, ne même nulle part. Le coupable est démasqué en coup de vent. Le lecteur s'en doutait surtout depuis un bon bout de temps. Je te la fait en douce : c'était madame Moutarde qui transmettait les informations ultra-confidentielles aux méchants soviétiques via son bras bionique. La salope ! Quant au cosmos, il ne figurait en effet que dans le titre de l'ouvrage.
Et le big boss de service, rallumant un cigare, réenclenchant le jukebox, de t'expliquer alors que tout ça, le satellite secret et le schproum spatial, c'était du pipeau, du fakir, du cornich'... avant de conclure par un "avouez-que ce n'était pas mal machiné, non ?"
Si j'étais de mauvaise humeur, je lui répondrais par la négative. Mais je dois en convenir, dans le genre machin machinal, c'était en effet bien machiné.
Mieux que dans une salle d'attente (ou un complexe UGC). Deux heures d'agréablement effacées de ma tocante, sans jouissance mais avec plaisir.
Hé, t'avouera, dans le genre, c'est déjà pas si mal !
PRESSES INT. / CHOC INTER ESPIONS # 2, 196?
En dépit d'un titre propre à faire saliver tout lecteur de populaire normalement constitué, Espionnage Dans Le Cosmos est (inutile de tourner autour du pot) un roman parfaitement banal, d'une banalité fort rassurante soit dit en passant, puisque respectant à la lettre tous les poncifs habituels, toutes les petites conventions, tous les détails à priori insignifiants mais qui, à force d'être ressassés à longueur de temps par la masse prolétarienne des scribouilleux kilométrés en 190 pages mensuelles, se sont ancrés dans le code génétique du genre... jusqu'à lui insuffler une certaine saveur - lyophilisée, certes, la saveur, mais savoureuse tout de même.
Ainsi, dans Espionnage dans le Cosmos, le héros se nomme Rudian. Carl Rudian. Matricule K3WB. Aucun surnom frappant, type "Le Faucon," "L'Aigle Royal" ou "L'Andouillette Farcie" mais ça, c'est normal.
Dans l'espionnage premier prix, c'est soit l'un soit l'autre. Matricule ou nom de code. K3WB ou machin-royal en sauce. Le deux-en-un, c'est trop luxieux, trop too-much. D'autant qu'il faut songer à calamistrer soigneusement l'attitude de son héros.
Pas de faux pas, toujours la même rengaine. Le héros ? Une forte tête rigolarde mais tellement géniale dans le barouf qu'elle en devient irremplaçable. Comme l'avoue le big boss du service spécial auquel Rudian est affilié : K3WB réussi toujours là où les autres échouent. Refrain connu. Et de rajouter, malicieux : "J'espère bien qu'il en sera de même cette fois-ci."
Le big boss du service, justement. Le colonel Dussert. Un homme qui sacrifie à toutes les figures imposées du roman d'espionnage populaire.
Procédons par le menu.
Premier chapitre, il convoque le héros dans son bureau ("Passez me voir immédiatement !"), lui expose la mission du jour (une affaire de satellite secret, d'agents doubles et de bavarois soupçonneux) puis allume enfin "un de ces sales petits cigares dont il avait l'habitude et qui sentaient horriblement mauvais."
Le cigare qui pue dans le bureau directorial. Combien de fois ai-je pu lire ça ?
En fond sonore, Claude François doit chevroter Comme d'Habitude. Sûr et certain.
La suite défile donc avec la souplesse d'un train électrique sur son kit de rails en plastoc. K3WB stationne à Bad Wiesse, charmante bourgade teutonne peuplée d'espions en tous genres. Quelques rounds d'observation et de combines discrètes puis "l'inaction me pesait ; la bagarre n'allait pas tarder à commencer !"
Et question bagarre, on est pas lésé. Poursuites, fusillades, voitures endommagées.
Hélas, si le rythme est bon, la partition, elle, ne même nulle part. Le coupable est démasqué en coup de vent. Le lecteur s'en doutait surtout depuis un bon bout de temps. Je te la fait en douce : c'était madame Moutarde qui transmettait les informations ultra-confidentielles aux méchants soviétiques via son bras bionique. La salope ! Quant au cosmos, il ne figurait en effet que dans le titre de l'ouvrage.
Et le big boss de service, rallumant un cigare, réenclenchant le jukebox, de t'expliquer alors que tout ça, le satellite secret et le schproum spatial, c'était du pipeau, du fakir, du cornich'... avant de conclure par un "avouez-que ce n'était pas mal machiné, non ?"
Si j'étais de mauvaise humeur, je lui répondrais par la négative. Mais je dois en convenir, dans le genre machin machinal, c'était en effet bien machiné.
Mieux que dans une salle d'attente (ou un complexe UGC). Deux heures d'agréablement effacées de ma tocante, sans jouissance mais avec plaisir.
Hé, t'avouera, dans le genre, c'est déjà pas si mal !
2 commentaires:
Louons ces romans banals qui enfantent de critiques si peu banales.
Merci.
Mais arrêtez, vous allez me faire rougir !
;-)
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