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LES ARISTOCRACKS


DE FILLE EN AIGUILLE, DICK WOOD
LA GITANE ENFLAMMÉE, DICK WOOD
PROMODIFA / SEXPIONNAGE 10 & 12, 1974/75

Imaginez Chapeau Melon Et Bottes De Cuir... mais en version pornographique. Chapeau Melon Et Bottes De Cuir revu et corrigé par les éditions Promodifa, cette fameuse maison spécialisée dans les littératures de gare qui tachent et qui barbouillent, policier, espionnage, guerre, toutes assaisonnées à la sauce syntaxique du clitoris + vagin + chibre palpitant et kama soutra déchainé.

J'en ai souvent causé, je ne vais pas revenir là dessus. Le lecteur intéressé et curieux, le lecteur qui voit loin dans l'avenir, pourra s'en référer ici-même.
Promodifa, c'est l'éditeur qui creuse loin, très loin, toujours plus loin dans le mauvais, le crétin, l'utra-stupide, au point d'atteindre un genre qualitatif tout spécifique, un mélange de jouissance et d'atterrement, une sensation sublime qui fait que, oui, on est jamais déçu par un roman Promodifa.
Mais cela n'empêche pas pour autant d'être surpris.

Pas déçu mais bien surpris, c'est donc ce qui est arrivé avec ces deux Sexpionnage signés Dick Wood (Bite en Bois pour les francophones, Michel Grebel pour les lecteurs de Media 1000) et narrant les aventures des Aristocracks, soit Duncan Storm et Linda Jones, tandem de choc de L'Intelligence Service britannique, "le couple le plus redoutable du monde des agents secrets."
Le premier porte un chapeau melon et possède un parapluie camouflant une lame d'escrimeur et la seconde... la seconde... eh bien, inutile de vous la décrire puisque vous vous imaginez déjà Emma Peel. A moins que vous soyez plutôt amateur de la période Cathy Gale.
Bande de cochons ! C'est le cuir qui vous fait cet effet ? Autant prevenir, vous ne trouverez dans les Aristocracks aucune mention à votre matière favorite - mais que cela ne vous empêche pas de la rajouter...

De toute manière, inutile de tourner autours du pot. L'influence de Grebel / Wood est claire : Storm et Jones sont des décalques de Steed et Peel.
Quant aux romans (en tout cas, les deux que j'ai pu lire) leurs intrigues farfelues n'est jamais très loin de la spy-sci-fi à la Lyle Kenyon Engel et donc, ne va pas sans rappeler ce qui fit le charme de Chapeau Melon Et Bottes De Cuir entre 65 et 68 : les savants fous et autres méchants grav'dingues, milliardaires misanthropes de bande dessinées ou super terroristes d'opérette.

Ainsi, dans De Fille En Aiguille, les Aristocracks sont opposés à un psychiatre diabolique, spécialiste en hypnose, espion amateur à ses heures perdues et faisant circuler aux nations ennemies les plans ultra-secrets de l'armement britannique.
C'est classique, c'est efficace et c'est savamment mené.

Par contre, les enjeux augmentent sensiblement avec La Gitane Enflammée. Ici, le méchant ne cherche pas à se faire de l'argent de poche en revendant des secrets militaires. Non, non. Celui là est très ambitieux. Il veut devenir maitre du monde. C'est le coup classique.
Ainsi, aidé par un ancien scientifique nazi (cool !), il a donc crée une toute nouvelle race de sauterelles, des super-sauterelles, je dirais même plus : des super-sauterelles super-géantes.
"L'agent secret frémit. Si des sauterelles comme celle-ci s'abattaient sur une région ce serait une catastrophe sans précèdent et c'est sans doute ce que projetaient ceux qui avaient réussi à produire ces monstres dévastateur."
TA-DA-DA-DAAAAAM !!!
(suivi par : musique angoissante)

Bien entendu, comme il s'agit de romans Promodifa (et puis n'oublions pas que l'auteur s'appelle Bite en Bois), les aventures des Aristocracks sont farcies de passages pornographiques - un bon gros tiers sur du 190 pages - et pas du raffiné dans ses expressions, mais du bien populaire, du bien gras, du qui carbure à la piquette de village en bouteille plastoc et au salami industriel coupé en tranche.
Tiens, un petit exemple pour la route (ya pas de mal à s'faire du bien, s'pas ?) :
"Duncan percuta le fourreau de chair fondante d'un coup de rein puissant et écartela la jeune femme pour se planter jusqu'à la garde."
ou encore :
"S'acharnant sur l'énorme piston, elle accéléra peu à peu la cadence pour finalement se secouer sur la hampe à un rythme frénétique, éblouie par l'intensité du plaisir qu'elle faisait ainsi monter en elle et qui ravissait ses sens en délire."
Etc, etc.
Bref.
Petit récapitulatif en guise de conclusion :
Une série porno inspirée par Chapeau Melon Et Bottes De Cuir, éditée par Promodifa, signée par un type que je prenais pour un tâcheron mais qui, en fait, sait se défendre comme un petit chef avec sa machine à écrire - conciliant sans aucun problème impératifs commerciaux et volonté de délire tordu - le tout bien huilé par quelques scènettes de biologie intime appliquées façon travaux pratiques que rien que de les lire, t'as l'impression d'être un chauffeur de gros culs se relaxant tendrement dans la cabine-couchette de son truck, le soir, au fond d'une aire de stationnement autoroutier - vraiment mec, si tout cela ne te fait pas palpiter à 4000, la nénette en ébullition et ton activité synaptique ravagée par un plaisir intense, alors, ho bordel, je sais pas ce qu'il te faut de plus....


...des nanas à grosses trames d'impression, peut être ?

LE COIN DU CONSOMMATEUR [#1]

LA CHÈRE ET FAIBLE, JOHN LEE
PROMODIFA / MYSTEROTIC # 33, 1978

Promodifa, vous le savez, c'est mon dada. Exactement comme l'espionnage (voir plus bas) mais avec possiblement plus de passion. Faut dire que Promodifa, c'est de l'espionnage (et du polar et du roman d'action et du roman de guerre - bref, du roman d'homme) avec plein de gros morceaux de cul dedans. Donc du roman doublement d'homme, un truc qui ramone et qui déboîte, des bouquins écrits avec les pieds pour faire dresser les sexes, bref, pas de la tartouzette, non, mais du boulot sérieux, de la littérature qui ne mégote pas question brossage, entiflage et épongette et qui, au fond, quant on en a lu un peu trop, donne l'impression d'un contrat confiance sur le n'importe quoi, une sorte de garantie sur la bêtise avec prime de dévolution.
Aucun ennui, que du bon temps, Promodifa ne déçoit jamais.

Nouvelle preuve avec ce Mysterotic numéro 33, La Chère Et Faible, signé John Lee (qui pourrait tout aussi bien s'appeler Jacky Fray ou Jo Brix que ça ne me dérangerait pas.)
L'intrigue est simple. Richard Hamilton est un flic de Chicago en mission personnelle à Naples : il doit retrouver son jeune frère disparu. En fait, le frangin, il s'est juste cassé incognito avec une cocotte histoire d'astiquer son affaire tranquillo. Je te passe les détails du blot, si tu veux vraiment en savoir plus, lis le bouquin, c'est pas difficile c'est écrit gros. En plus, l'histoire, honnêtement, on s'en fout. Ce qui compte, c'est le cul. Et là, je vais te dire, John Lee, il se fait pas prier.
Du coup, je vais cambuter ma formule habituelle et donner dans la nouveauté - préviens moi si ça te déplaît - c'est la critique en chapitre par chapitre. Ça fait moderne, façon niveaux de jeu vidéo et puis surtout, ça m'arrange because ça me facilite la tache. Logique implacable.
Maintenant, attention, cramponnes tes fesses, je me lance.

CHAPITRE 1. Richard débarque à Naples. Dix pages pour planter le décors et expliquer l'intrigue aux abrutis de lecteurs puis crac, on passe aux choses sérieuses. Dans sa chambre d'hôtel, Richard se fait une soubrette. Petite mise en jambe. John Lee nous prouve que son écriture, c'est du costaud. En vrac, on a droit à des choses comme la rude poussée de l'ardente virilité, la mâle raideur, l'intimité enfiévrée, la brûlante colonne de chair satinée, l'affolant dard, je t'en passe et des meilleures, mais t'as compris l'essentiel : ça s'emmanche et ça se visse, ça s'encloue et ça coulisse, grand style.

CHAPITRE 2. Richard tient une piste. Il se rend donc dans un pensionnat pour jeunes filles nymphomanes pas plus vieilles qu'un whisky quinze ans d'age et y fait la connaissance d'une gamine dévergondée à lunette encore toute pucelle du miquet. Notre heros se montre malheureusement très prude (il a peur de tomber sous le coup d'une loi répressive) et n'effectue que de fugaces attouchements sur les parties intimes de la coquine.
"Effrayé de constater qu'il avait soudain envie de posséder furieusement le jeune corps qui se tordait de volupté contre lui, il repoussa l'adolescente pour échapper à la tentation."

Pour le "Roman Polanski Seal Of Approval," on pourra repasser.

CHAPITRE 3. Néanmoins, grâce à la gamine, Richard tient une nouvelle piste. Cette fois, c'est du sérieux, il s'agit d'une prostituée napolitaine. Affaire pesée et emballée en deux pages top chrono."Elle se déchaîna à grands coups de reins rageurs, se vissant, se secouant, s'enclouant sur la hampe avec une ardeur sauvage. Le ventre en feu, elle se tortilla comme une démente sur la flèche de chair qui explosa soudain en elle, la mitraillant de salves brûlantes."
Wouh ! C'est du chaud bouillant. On apprend par là même que Richard éjacule précocement. Par contre, une fois la pastiquette consommée, Richard tombe dans un piège extrêmement grossier : la prostituée était en fait à la solde des méchants et voila notre héros qui se reçoit un gros coup sur la coupole. Direction : les vapes.

CHAPITRE 4. Un petit interlude sans Richard. C'est la sacro-sainte scène du viol, moment phare dans les productions Promodifa. Ici, les méchants passent sur la copine du frangin. John Lee donne ainsi le meilleur de lui-même et se dépasse en une passionnante scène de barbarie machiste nous prouvant une nouvelle fois que les femmes, tristes créatures pécheresses, aiment le viol. "Se mordant les lèvres jusqu'au sang, elle succomba peu à peu au plaisir (...) pour ne plus être qu'un corps assoiffé de luxure, une femelle en rut..." Accessoirement, le frère du héros meurt, poinçonné par les méchants qui organisaient la tournante de sa copine.

CHAPITRE 5. Un chapitre sans sexe. Déception après les cimes littéraires du chapitre précèdent. Notre héros apprend tout de même qu'il fait face à la maffia. À Naples, rien de plus normal.

CHAPITRE 6. Cette fois, ça y est ! Richard se bricole la gamine du chapitre 2. "Ivre de plaisir, elle s'empara avidement de la pointe du mâle organe et la souleva sous elle pour mieux attirer le fût au fond de son ardente vallée, se secouant frénétiquement sur la colonne en râlant de bonheur."
Bravo mec.


CHAPITRE 7. Encore un chapitre sans sexe. Je m'insurge ! Rayon intrigue, Richard a apprit la mort de son frangin et se lance un règlement de compte à la manière Charles Bronson. Le lectorat commence à bailler.

CHAPITRE 8. Richard se fait une nouvelle gamine. Finalement, il y a prit goût, le salopiot ! Maître incontesté du style pompier bestial promodifesque, John Lee donne à lire une très belle scène de catch érotique. Du grand art qui nous garde d'être flasque et réveille les ahuris qui avaient perdus le fil.

CHAPITRE 9. Encore une gamine. Cette fois, c'est l'adolescente du chapitre 4 qui se refait violer par le méchant italien maffieux du même chapitre - un type qu'à du doigté avec la gent féminine, jugez un peu : "[Il] était bien placé pour savoir qu'elle aimait ça et accentua son emprise par d'audacieuses intrusions digitales. Vaincue une fois de plus, la jeune fille ploya les jambes pour s'ouvrir davantage aux entreprises d'Aldo (le méchant rital), lançant le ventre en avant pour mieux livrer son sexe avide de plaisir, se tortillant fiévreusement sur les phalanges qui ravissaient ses sens en gémissant de volupté."
Néanmoins, malgré ses indéniables qualités éroscopiques et ses audaces narratives (un appel téléphonique structure la salie), cette scène marque le relâchement stylistique de notre auteur. Trop de répétitions et aucun aboutissement orgasmique des personnages (je sais, je raconte n'importe quoi, faites comme si de rien n'était) souligne d'ailleurs le début d'une certaine lassitude. Normal : nous entrons dans le dernier tiers du récit, instant critique dans tout roman de gare.

CHAPITRE 10. Sur ces entrefaites, Richard débarque, sauve la fille et tue le méchant rital. La fille (tout le monde lui est passé dessus) rémunère Richard en nature.

CHAPITRE 11. zzzzzzzzz

CHAPITRE 12. zzzz...

CHAPITRE 13. Après avoir liquidé trois autres méchants italiens (voir les deux chapitres précédents), mettant ainsi un terme définitifs aux agissements de la maffia Napolitaine, Richard s'apprête à retourner à Chicago et, comme c'est un gros goujat américain imperméable au standingue gentilhommesque européen, il se casse sans dire au revoir aux trois gamines barely-legal qu'il n'a pas arrêté de s'envoyer depuis le début du bouquin.
"C'était mieux ainsi. Ces adolescentes étaient aussi dangereuses que des explosifs et elles avaient des arguments palpables auxquels il était impossible de résister, bien que Richard ne regrettât pas d'en avoir fait l'expérience. Au contraire..."

Manque de pot, une page avant la fin du roman, les trois minettes en chaleur le rattrapent et se le farcissent, brutales comme des pouliches en manque, clôturant le roman sur une émouvante note poétique, sorte de revanche féministe dont personne n'aura à se plaindre : "Il se fit violer par les belles adolescentes sans même chercher à se défendre."
Si c'est pas beau, ça...

QUELQUES CHIFFRES EN GUISE DE CONCLUSION
(encore plus moderne, toujours plus fort !)
Nous avons donc : 8 scènes de cul - je ne compte pas le final qui, coupé trop tôt, ne montre rien et ne fait que suggérer. De cet ensemble, distinguons : 2 viols, 3 fantaisies sexuelles, 1 touche-pipi. Cela nous laisse sur les bras 2 scènes d'accouplement classique élevées au grain. La durée moyenne y est de 4 pages. Je ne compte pas les préliminaires romantiques et les effeuillages - cela ferait passer la moyenne à 8 pages.
Pour le reste, notons : 7 morts, 2 femmes torturées, 1 course poursuite, 1 fusillade, 1 duel au couteau. Concentré en 192 pages, soit 1 heure 30 de lecture grand max, et payé 25 centimes à Emmaus (mais un bouquiniste classique ou un brocanteur malhonnête serait capable de faire monter la côte jusqu'à 1 euro, 1 euro 50), le rapport qualité prix est plus qu'avantageux pour les lecteurs désaxés qui veillent tard et n'entretiennent aucuns rapports sociaux.
Fortement conseillé donc, mais n'hésitez pas à copieusement vous alcooliser avant.