San-Antonio Ne Pense Qu'à Ça est un film probablement né d'une mésentente.
Joël Séria aimait filmer les beaufs mais ne voulait rien avoir à faire avec eux. Frédéric Dard, lui, leur offrait, de par sa prose sous pseudonyme, une certaine poésie héritée des revues d'humour et des romans à quat'sous.
Ça ne pouvait pas fonctionner, entre eux deux. Quelque chose, forcement, allait craquer.
Et pourtant, derrière le ratage avéré apparait un chef-d'oeuvre aussi navrant que jouissif.
Un chef d'oeuvre insaisissable, pourrait-on dire, nourri à l'incompréhension du mauvais goût populaire et aux ambitions qui s'avortent mais ne se résignent pas pour autant à la médiocrité.
Car San-Antonio Ne Pense Qu'à Ça est un film qui, par la somme de toutes ses folies (inconsidérées, voulues, accidentelles) dépasse en tout point le matériau original. Il se montre extrêmement fidèle tout en n'hésitant jamais à faire des enfants dans le dos de Fredo.
En fait, c'est un film paradoxe, un film qui brille par ses pires excès et qui atteint par là même les cimes d'une liberté totale.
Un film anar l'air de rien et déglingué aux yeux de tous.
Que dire de cette fille qui se fait recoudre à la super-glue ? Que dire de ces représentants de l'ordre qui se reçoivent de la choucroute sur les fesses ? Que dire de cette maison de rebectance pour mutilés du casier judiciaire ? Que dire de ce montage, merde !
Oui, San-Antonio Ne Pense Qu'à Ça est un film dingue, un film comme j'aimerai pouvoir en mater chaque jour. Son rythme est ramolo mais ses fulgurances sont démentes. Ce n'est pas une adaptation, c'est une pénétration. San-Antonio passe à l'as. Joël Séria se meurt. Le choc sur l'écran.
Philippe Gasté est magnifique, tout en fausses dents. Pierre Doris incarne à la perfection le gars Beru. Enfoncé, Jean Richard !
Et Jeanne Goupil... oh, mec, vraiment, elle est sublime ! Elle joue du violon entre ses cuisses, elle se déguise en sirène, elle parade le prozinard à l'air en compagnie de nains domestiques surnommés les zombimodos.
Le bonheur.
Mais le bonheur ne s'arrête pas là. Ce serait trop triste, bordel de p... de pompe à m...!
Un théâtre est baptisé Musidora, des décors sont projetés lorsque les protagonistes s'automobilisent et les gags gras s'empilent comme les étages d'un HLM.
Le petit marlou qui baise la grosse et essaye l'haltère du père Pinuche ?
Impayable.
Jacques François dans sa jag' qui insulte le prolétariat ?
Impayable.
Merde en Branche qui écrase des insectes et défonce les vitres ?
Impayable.
Pierre Doris qui... non, mec, non, arrêtes, tu me tues, ma carte de crédit est à sec ! Et puis, tu sais, si ça continue, ce ne sera plus un article, ton bidule, ce sera juste une liste de conneries cryptiques.
OK. Alors voila les 6 premières minutes du film. Sur youtube. Ma VHS sur youtube. Elle a vécue, je ne te le cache pas. Je ne sais pas non plus combien d'heures, de jours, de semaines cette mise en ligne durera. Il y a des nichons à 2:20. C'est mauvais ça, de nos jours. Des enfants pourraient se beurrer le python sur cette salade.Faudrait peut être faire quelque chose à ce sujet, monsieur Davy, non ?
En tout cas, il est brun et il est beau.
Son sourire assassin montre bien que c'est un héros.
Il est fort, parfois brutal, mais son film n'existe pas en dvd.
PS : si t'as vu la vidéo, t'as probablement noté que Béru et Pinuche font une partie de dames en suivant la recette du "Bérurier", un non-cocktail débile inventé par Frédéric Dard et qui se joue avec des "pions" de vin blanc et de vin rouge. Tu gagnes = tu bois.