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ELSA MARTINELLI COW-GIRL !

Star Ciné Aventures, numéro 208, 1969. La couverture annonce "Cet homme qui va mourir" mais à l'intérieur, c'est surtout 49 pages d'Elsa Martinelli en cow-girl.
Elsa Martinelli. En cow-girl.
Je bave, je bave, je bave.

Titre original de l'œuvre cinématographique : Il mio corpo per un poker. Je ne te ferais pas l'affront de te traduire la chose.
Bref. Elsa Martinelli, alias Belle Starr, joue ses fesses au poker, face à ce grand auto-anthropophage dégingandé de Georges Eastman. Elle perd mais le bon vieux pote à d'Amato est un gentleman, un vrai. Il touche pas à la marchandise, parole de scout. À part ça, il se passe plein de trucs et de bidules. Ils fument des faux havanes et discutent de la pluie et du beau temps qu'il doit faire de l'autre côté de la frontière. C'est chouette mais ça dure. Quelques coups de flinguots par-ci par-là, un peu de trahison, un mariage forcé avec un vieux grigou, un casse de diam's pour pimenter l'ensemble, des canassons qui font cata-clop cata-clop (ou tagada tagada, si t'es un peu fraise sur les bords) et Robert Wood qui meurt comme un malpropre. Je n'ai jamais vu le film (et j'aimerai, oh oui, j'aimerai !) mais la version photoroman semble passablement charcutée. Donc, passablement illisible.
Mais je m'en fous.
Car y'a Elsa Martinelli en cow-girl.

Et aussi, dans l'ordre des vignettes gracieusement présentées ci-dessous par mézigue : Elsa Martinelli en cow-girl existentielle, Elsa Martinelli en cow-girl triste, Elsa Martinelli qui se dessape pour aller se baigner, Elsa Martinelli qui fume des cigarillos avec une bague à l'auriculaire, Elsa Martinelli bâillonnée, Elsa Martinelli énervée, Elsa Martinelli menaçante et Elsa Martinelli fatiguée par une longue chevauchée. Fiou !








Sacré festival, hein ?

DEUX AVENTURES DE CATAMOUNT !

Catamount, c'est le héros phare d'Albert Bonneau, l'un des grands spécialistes Français (aux côtés de Gustave Aimard) de la litterature western.
Du début des années 30 à la fin des années 50, Bonneau pondit plus d'une centaine de ces petits romans gonflés aux mythes fictionnels de l'ouest sauvage et lointain.
Le Vagabond du Far West, Kid le Ranger, L'Outlaw du Canon Perdu, Le Ranch Maudit, Le Désert Aux Cent Mirages, etc.
De lui, je n'avais jusqu'à présent lu que sa série Aventures du Far West aux éditions Jules Tallandier - des récits sans Catamount, souvent distrayants, parfois bien troussés et n'ayant (presque) pas à rougir d'une quelconque comparaison avec la production des petits maitres ricains.
Il fallait désormais m'attaquer au versant Catamountien de son œuvre, versant scindé en deux parties distinctes : les Aventures de Catamount (des années 30 aux années 40) et les Nouvelles Aventures de Catamount (années 50) - le hasard aidant, c'est cette seconde qui constitua ma porte d'entrée dans l'univers du Texas Ranger - Catamount, l'homme aux yeux clair, héros intrépide qui,
juché sur un bolide alezan nommé Mezquite, fait régner la justice dans la région d'El Paso.
hélas, ce premier contact ne se déroula pas vraiment comme je l'avais espéré...
Dans Le Signal de Catamount (Tallandier, 1957), le ranger d'El Paso et son compagnon d'armes à temps partiel Jaguar Bill enquêtent sur la disparition d'une troupe de Tuniques Bleues en plein désert - le Wounded Branco, pour être exact - un coinstos mal famé car à la merci de vils apaches sur-armés.
En effet, ces affreux zozos à plumes ont reçus une cargaison de mitraillettes dernier cri - dernier cri pour l'époque, s'entend... c'est de la sulfateuse à moulinette, du genre de celle que Django se trimballe dans son cercueil - si t'as vu ce film tu vois de quoi je cause, hein ?
Bref. Comme tout bon sauvage, nos zigotos ne savent pas vraiment se servir du matos proposé mais ça ne les empêche tout de même pas de dézinguer du civilisé à foison. Taca-taca-tac !
L'écriture de Bonneau est laborieuse, répétitive, et les deux héros, Catamount et Jaguar débile, ne m'ont pas semblé très concerné par leur mission. Ils passent une bonne partie du roman à courir après un clébard tellement bête qu'il en viendrait presque à te faire relativiser la stupidité de Rantanplan.
Reste la question raciale, inévitable dans tout western à l'ancienne qui se respecte. Ici, le chef des Apaches se fait appeler El Lobo et l'un de ses hommes se prénomme Diego. S'agirait-il donc d'Apaches Mexicains ? Nous n'en saurons pas plus - d'autant que le reste de la bande se montre plus classique dans le choix de ses sobriquets : Serpent Jaune, Petite Belette et Grand Aigle - ce dernier, en particulier, est un sacré coquinout qui finira, page 218, avec un allé simple dans les pognes, direction la potence locale et sans passer par la case départ pour y empocher les 20 000 Dollars.
Quant à Catamount Mène L'Affaire (1957), deuxième bouquin de notre série dominicale, ce fut une véritable catamountastrophe. 220 pages sans action aucune, sans fusillades et avec un Catamount quasiment absent du texte - "[...] l'illustre ranger séjournait incognito à Wharton, attendant dans la coulisse l'occasion d'intervenir et de mettre Bull Benda et son gang définitivement hors d'état de nuire..."
Et Albert Bonneau, lui, il met le lecteur hors d'état de lire.
Donc, 220 pages sans bang bang, sans boum boum, sans rien d'excitant à se foutre sous le râtelier. Après la machine à sioux délabrée mais encore vaguement fonctionnelle qu'était Le Signal de Catamount, voici un cavalier qui surgit de l'ennui.
...et mes calembours sont tellement mortels que je ne sais même plus comment conclure ce billet.
Enfin, si, peut être... alors, un peu de sérieux, si'ouplé.
Car on va encore dire que je crache dans la soupe, que je cause que de navets, que je me complais dans les épluchures de sous-litterature et non, non, triple non. Pour le coup, encore une fois, j'ai dû mal tomber. C'est comme ça, c'est la vie mais je suis sûr qu'il y a de bons récits de Catamount ! Faut juste réussir à les trouver. Pour mézigue, ce n'est pas encore le cas.
En attendant, je baisse pas les bras. Je lis toujours du western
, de l'anglo-saxon, du français, du belge, du norvégien, du bel-air, du tout ce que j'arrive à degotter : c'est bon, c'est simple et c'est amusant.
Sincèrement. Essayes toi z'y donc un peu, tu ne devrais pas le regretter.
Parole de robo !

LE COW-BOY ET LES FLICARDS

FLASH AU FAR WEST, MICHAEL AVALLONE
SÉRIE NOIRE # 1193, 1968

Le titre n'est pas mensonger, et pourtant, contrairement à ce qu'il annonce, Flash au Far West n'est pas un western, non, c'est un roman policier.
Je dirais même plus : un roman policier de type police procedural - ce genre majeur des fictions actuelles, inauguré à l'orée des fifties par le Dragnet de Jack Webb (Badge 714 en France) et rapidement peaufiné, transformé, perfectionné par Ed McBain et sa série du 87eme District. Deux influences qui, comme de bien entendu, se font fortement ressentir à la lecture de ce roman de Michael Avallone.

Novélisation papier du feuilleton télévisé The Felony Squad, feuilleton qui remplaça éphémèrement Dragnet sur le petit écran US, Flash Au Far West suit une trame pas très éloignée du premier bouquin qu'Evan Hunter signa Ed McBain : Cop Hater - En français : Du Balai ! - une histoire de tueur de flic, simple et tendue, avec une certaine métronomie dans l'exercice de l'homicide.
Chez McBain, le tueur visait les poulets du 87eme District. Chez Avallone, il s'en prend à ceux du 15eme.
Pas de Steve Carella dans les parages, of course, mais un certain Sam Stone, inspecteur de son état. Quant au supporting-cast, il se réduit à trois vagues tronches : Jim Briggs, l'assistant de Stone, Dan Briggs, le paternel du précédent et Frank Nye, le capitaine de la brigade. Un quatuor transparent, sans grand intérêt, purement utilitaire. Ils sont là pour enquêter, pour justifier une intrigue et y apporter une conclusion.

Car l'originalité de Flash au Far West se déniche résolument en dehors de cette partie procédurière. Ça, ce n'est qu'une moitié de roman.
La seconde se développe en parallèle, dramatique et vénéneuse. C'est l'errance d'un môme qui joue au cow-boy - l'errance d'un tueur - ado texan, Billy the Kid réincarné, criminel inconscient totalement paumé dans le New-York des bas quartiers, avec son stetson, son long pardeuss couleur poussière, sa paire de flingots pendue aux hanches et son crâne empli de fantasmes en Technicolor.
Le roman s'ouvre ainsi sur l'un des duels les plus emblématique du septième art. Un cinéma de quartier diffuse L'Homme des Vallées Perdues. Sur l'écran, Alan Ladd fait face à Jack Palance et dans la salle, le gosse s'en rempli les mirettes... avant de partir tuer son premier flic, à la manière de ses idoles, en combat singulier dans une rue déserte.
"Merde, merde, merde ! C'était formidable, non ? Fantastique ! Merveilleux ! Bien plus terrible que la marijuana ou la gnôle. Bien meilleur que de faire l'amour. Meilleur que toutes les gonzesses du monde. Tu parles ! Pas de comparaison entre Rosie et les pistolets. Les merveilleux pistolets qui jaillissent de leurs étuis, rapides comme l'éclair. [...] Il les sentait remuer comme des choses vivantes. Ils étaient vivants. Ils étaient ses amis. Ses deux passeports pour le pays des Merveilles et de l'Immortalité."
D'autres films viendront jalonner le parcours sanglant du mouflet flingueur. Vera Cruz, La Poursuite Infernale, Jesse James et surtout, Une Aventure de Buffalo Bill par Cecil B. DeMille.
Michael Avallone, génial créateur du privé cinéphage Ed Noon et mitrailleur littéraire par excellence - car capable pour payer ses factures de romancer aussi bien Shock Corridor pour Samuel Fuller (Série Noire # 1028, texte essentiel !) que d'écrire du Coxman pour La Warner et du Nick Carter Killmaster pour Lyle Kenyon Engel, Michael Avallone montre une fois de plus son attachement à l'imagerie hollywoodienne sur celluloïd... et ne manque pas de l'égratigner au passage.
En témoigne cette aversion qu'éprouve le jeune tueur en regard de la gente féminine, aversion contre-balancée par la sensation électrique qu'il ressent au contact de sa précieuse paire de pétards et parfaitement résumée en page 183 par Sam Stone :
"Ça signifie que le jeune cinglé qui fait des cartons sur nos uniformes et se prend pour le tireur le plus rapide de la ville est un impuissant pour qui tirer un coup de feu équivaut à l'acte sexuel."
Roman singulier de par la simple présence d'un protagoniste atypique, réflexion sur une figure populaire (le cow-boy) effectuée par l'entremise d'un genre fictionnel entièrement différent (le polar de commissariat), Flash Au Far West, malgré une charpente conventionnelle, apporte aussi la preuve que l'écriture sous commande n'empêche en rien les ambitions d'une litterature, si ce n'est exigeante, en tout cas de qualité.
À ce petit jeu, Avallone fit des merveilles et il ne va sans dire qu'une bonne partie de sa production (principalement ses 9 romans traduits à la Série Noire et ses 2 Ed Noon égarés aux Presses de la Cité) mérite grandement d'être exhumée de nos cimetières de vieux papiers.

L'ESPION, LES COW-BOYS ET LA SOUCOUPE VOLANTE

STOP ! DESTRUCTION IMMÉDIATE, F-P BELINDA
LA LOUPE ESPIONNAGE # 6, 1953

Ouvrons ce mois de l'espionnage par un morceau de choix, quelque chose de pas ordinaire du tout, quelque chose d'aussi stupide qu'hors normes : un roman de Frank-Peter Belinda. Et pas n'importe lequel.
Stop ! Destruction Immédiate, l'une des toutes premières aventures du colonel John Kallum, agent secret R.30, et au sujet duquel l'éditeur écrit, dans une quatrième de couverture laudative jusqu'à l'excès :

"John Kallum vous plaira, Mesdames, parce qu'il incarne celui que vous attendez : dur en même temps que sensible, séduisant, volontaire, résistant et charmeur. Et vous, Messieurs, vous l'aimerez pour ses qualités, mais encore pour ses réflexes prompts de bagarreurs et de tireur hors ligne."
Et de conclure, quelques lignes plus bas :
"De minute en minute vous vivrez les aventures de STOP ! DESTRUCTION IMMÉDIATE au point d'en être imprégné jusqu'au plus profond de vous-même."
IMPRÉGNÉ JUSQU'AU PLUS PROFOND DE TOI-MÊME ! Avoues que ça fait envie.
Mais l'éditeur et ta femme ne sont pas les seuls à se pâmer à la simple lecture du nom de John Kallum. Il y a aussi l'auteur, Frankie Frankie, le Liegeois fou de l'espionnage bas de gamme.
Son héros, c'est bien simple, il n'en peut plus. Il l'a dans la peau, il le transpire par tous les pores et il s'en tartine des tonnes sur l'underwood.

N'y allons pas par quatre chemins. Les aventures de R-30, c'est l'hagiographie de John Kallum. Des pages et des pages de descriptions extatiques concernant sa " mâchoire puissante " et sa " force insoupçonnée." Éloge intarissable de ce " vrai dur " doté d'une " beauté mâle " - Frankie ira même jusqu'à écrire, page 25, " beau comme on en voyait rarement, avec ses cheveux noirs et ses yeux sombres cachés sous des arcades où l'on décelait la franchise et l'audace."
À ce moment précis, l'auteur est tout juste lancé. Son marathon panégyrique a encore 125 pages devant lui pour atteindre à la plénitude du n'importe quoi. Et Frankie, lui, n'a peur de rien. Il est capable d'interrompre le cours d'une action (bagarre, poursuite ou suspense) pour dégoiser interminablement sur les caractéristiques parfaites de son héros de rêve.


Dans l'ensemble, cette héroïsation de Kallum par l'application de couches successives d'une dithyrambe plus que forcée est hautement comique. D'autant plus qu'au fil du roman, notre agent secret se comporte surtout comme un fieffé connard.
Je ne m'avancerai pas trop en affirmant que nous tenons là le personnage principal le plus antipathique de toute la littérature populaire moderne. A se demander même si ses aventures ne constitueraient pas en réalité de petites farces sur les excès des romans de gare, des pochades humoristiques camouflées derrière une façade à la solennité bétonnée, des fictions balourdes qui égrèneraient en toute conscience leurs petites perles d'idioties, à l'image de cette description partielle de Kallum en page 62 : "héros courageux comme un castor, mais modeste et effacé comme un brave chien fidèle " - peut-on écrire pareille phrase sans en tenir une bien dosée dans le cornet ?

Et c'est cela qui reste effarant à la lecture des œuvres de Frankie Belinda. Car l'homme est sérieux. Véritablement sérieux. Il a beau avoir pété les plombs durant quelques pages de Boite de Nuit pour Espions, son Stop ! Destruction Immédiate, comme bien d'autres aventures de Kallum, ce n'est par contre pas de la blague. C'est du sérieux.

"La satisfaction personnelle, quand on a si bien travaillé dans sa profession, un peu comme le simple artisan du populo, c'est de continuer et de faire mieux encore, car cette même satisfaction faisait que John y allait puiser l'immense courage et la puissance dont tout espion digne de ce nom doit faire preuve à tous les instants de sa vie."
Satisfait, Frankie devait assurément l'être en rédigeant Stop ! Destruction Immédiate. Mais se rendait-il compte de son tour de force ? Je l'espère bien.
Car voici un roman qui, en plus de s'affirmer comme une vraie-fausse parodie du genre, réussit aussi la gageure de mélanger l'espionnage au western et à la science-fiction.

J'ovationne de toute la force de mon clavier.

Ainsi, dans Stop ! Destruction Immédiate, une soucoupe volante attaque les avions militaires US survolant le désert des Rocheuses.
Déguisé en
cow-boy, John Kallum part donc à la recherche des responsables de cette faisanderie et débarque à Alsana-City, une " ville genre Western idéale " - et l'auteur de préciser, page 21 : " il y avait toujours la grosse maison du shérif, la prison d'où l'on s'échappait toujours très facilement et la banque, régulièrement attaquée par les bandits de grands chemins."

Peinture saisissante, à laquelle quelques menus détails font néanmoins defauts. Car à Alsana-City, on trouve aussi une espionne russe strip-teaseuse de saloon et quelques mauvais garçons vachers capables de mettre au point dans une grotte de canyon une super soucoupe volante défiant techniquement toutes les super inventions modernes des grandes nations mondiales.
Frankie Belinda ne tire pas les cheveux, il arrache la moumoute.
Et c'est justement en cela, et malgré son rythme mollasson et ses épanchements lourdingues, que Stop ! Destruction Immédiate remporte toute mon adhésion.
Ce n'est pas un bon roman, c'en est même l'exact inverse, mais sa propension à la fantaisie idiotique, décors en carton-pâte et personnages en papiers mâchés, lui assure une place toute chaude au pavillon des petites curiosités de la littérature d'aventure d'après guerre.
Et puis on y trouve John Kallum, l'agent R-30, ce courageux castor qui n'est pas "une mauviette anémiée."
Et ça, bordel, ce n'est pas rien !

RICK GRIFFIN / OMO BOB GONE SOUTH








J'ai longuement hésité avant de scanner et de poster ce comix dénichée dans un numéro d'Actuel, le # 35 de 1973, le spécial bédé pour l'été.
Signée du légendaire Rick Griffin et parue aux USA dans Zap Comix, elle souffre à l'exportation d'un défaut typique des bandes d'Actuel : le lettrage.
BLABLA SUPERFICIEL /// je ne sais pas comment les gars de Novapress se débrouillaient mais ils n'étaient pas capables d'écrire correctement dans une bulle. C'était peut être la faute à l'ambiance enfumée au chanvre de Bizot, la faute au pick-up qui déversait du Magma ou du King Crimson à fond, la faute à Bernard Kouchner qui venait déjà déposer ses sacs de riz dans la salle de redaction ou encore la faute à Yves Fremion qui y organisait des manif' anti-nucleaires mais les mecs de chez Actuel, trop distraits, trop défoncés, n'arrivaient pas à lettrer normalement, ces cons. Sur du Crumb ou du Shelton, ça ne me dérange pas d'un poil mais sur du Rick Griffin, léché au possible, ça fait tache /// OVER
J'ai donc hésité, hésité, hésité, puis je me suis décidé car, tout de même, cette bande, elle est sublime. Et surtout, Actuel en couleur oblige, elle pétarade le trip quadrichromique sous hallu' (alors que l'originale US était en noir et blanc)

Bref, j'espère que, malgré les pavés de textes dégueulasses, ça va vous botter.
Omo Bob Gone South, ça ne raconte rien d'exceptionnel (c'est juste un gars sous acides qui dessine des trucs de cowboys sous acides en écoutant le Grateful Dead) mais Omo Bob Gone South, c'est beau comme un camion wolkswagen à fleur et ça, très personnellement, ça me suffit amplement.
Quant à Rick Griffin, illustrateur underground de la fin des sixties et affichiste San-Franciscain durant l'age d'or acid-rock west coast, voici la petite notule que Jacques Sadoul lui consacra en 1976 dans son Panorama de la Bande-Dessinée (J'ai Lu # D-75)
ACTUALLY I'M REALLY SPACED !!! Et pour les amateurs, sachez qu'il existe aussi un site entièrement consacré à cet hurluberlu graphique, rickgriffinink.com.

STAR-CINÉ BRAVOURE # 131 (1967)

AMI LECTEUR, saura-tu retrouver la case qui, extraite d'une des pages antérieures de ce photo-roman, n'a strictement rien à voir avec le magnifique déroulement dramatique de cette scène finale ?
Le gagnant aura droit, dans un prochain billet, à d'autres scans de ce numéro de Star-Ciné Bravoure qu'il pourra ainsi partager avec ses amis les perdants, cette bande de nazes qu'ont rien que de la chiasse dans les mirettes.
(Quant aux références de la bobine photo-romancé, il s'agit de Degueyo, un film de Giuseppe Vari sur un scénar' de Sergio Garrone)

PAN T'ES MORT !

LES CAVALIERS NOIRS DU DEVIL'S GAP, F. DE ROECK
LIBRAIRIE SAINT-CHARLES, 194???

La couverture est sublime. On croirait du Bruce Timm avant l'heure. Et le roman débute avec l'efficacité des classiques de cette littérature alimentaire qu'est le western.

Ainsi, alors qu'il rentre après plusieurs années d'absence dans la région de Redwood, le jeune Jacky Nelson se fait canarder par de vils hors-la-loi.
Protégé par un rocher, notre héros défend sa peau comme il se doit (BLAM ! PING ! WHAM !) et, une fois le péril vaillamment écarté, reprend sa route.
Arrivé à Redwood, il découvre alors que de mystérieux individus, les cavaliers noirs du Devil's Gap, terrorisent les habitants du village.
"Nous ne parvenons pas à savoir qui diable peuvent bien être ces bandits qui infestent la contrée. Il n'y a pas un ranch qui soit à l'abri de leurs vols. Ils ont pillés des magasins, ils ont même fait stopper le train. il y a eu plusieurs assassinats, tous après avertissements."
Pour Jacky comme pour son lectorat, les deux affaires sont liées. Normal. Les ficelles ici employées sont énormes. Si la littérature était un jeu de Lego, Les Cavaliers Noirs Du Devil's Gap aurait été, à coup sûr, monté à grands renforts de Duplo.
L'ensemble peut sembler stupide et grotesque mais le texte représente merveilleusement toute la splendeur naïve des fictions pour gosses. C'est un mélange de situations colorées et de dialogues maladroits, liés par une énergie (dans l'écriture et dans l'enchainement des péripéties) diantrement généreuse et foutrement vivifiante.
"Notre héros s'amusait comme un écolier," note l'auteur en page 146. Et rien de plus juste ne pourra être écrit. Car c'est un western de cour de recréation auquel on est convié. Les pistolets pourraient n'être que de simples jouets de foire et les étoiles de shérifs des badges en plastique que l'on y croirait tout autant.
On tire dans le tas, on se poursuit, on fait des serments, on rétabli la justice. Jacky Nelson et ses amis, c'est le lecteur (age : 7 ans) et ses camarades de classe, costumés, dans la nature. Ils se lancent à l'assaut des mécréants comme d'autres organisent leurs parties de gendarmes et de voleurs.
D'ailleurs, un détail ne trompe pas : l'histoire d'amour, élément essentiel du western, est ici passé sous silence. Il y a bien une mignonne fille de fermier dans les parages mais tout ce qu'elle semble souhaiter de nos fiers cow-boys, c'est de jouer avec eux à la dinette.
Roh la barbe ! Allez les mecs, venez, on va poursuivre les méchants avec nos chevaux !

WEEK-END WESTERN # 1

LE BOX DU RIO GRANDE, TOM WEST
LCE / LE MASQUE WESTERN # 95, 1973

Les westerns, à force de m'en tartiner depuis deux bonnes années, je commence à bien connaitre. Celui-ci surprend.
Il débute violemment, façon pellicule italienne :

Un cadavre en plein soleil, pissant le sang et recouvert de mouches, la main crispée sur la crosse d'un colt. A ses cotés, deux gusses patibulaires qui le regardent se décomposer.
Suite de longs plans serrés. Le souffle du vent, le bruit des mouches et le héros qui arrive, au loin, mystérieux, sans nom, "forgé à la dure vie errante."

On imagine Clint ou Franco. "Dur, fermé, rébarbatif. Les lèvres : une balafre horizontale. Les yeux : deux fentes luisantes, presque phosphorescentes."
Par la suite, pour compenser les airs sombres et les mimiques graves de son personnage, l'auteur y rajoutera un aspect farceur, légèrement boute-en-train - un peu comme le Giuliano Gemma des deux Ringo.
N'empêche. Faisons fi de la rigolade. Notre homme n'est pas là pour blaguer. Il a une vengeance à exécuter. Il doit tuer son père. Et à la façon dont il le lui crache en page 38 ("Quand je t'aurai buté, j'aurai plus de respect pour un tas de fumier que pour ta charogne"), on comprend que l'affaire est sérieuse.

Ça débute donc en trombe. Malheureusement, 70 pages plus loin, il faut se rendre à l'évidence. Le soufflet est en train de s'affaisser. L'histoire s'enlise. Le lecteur se sent moins concerné. 30 pages en plus et c'est la bérézina. D'enthousiasmante surprise, Le Box Du Rio Grande se voit relégué au rang peu enviable de déconfiture torchée en dépit du bon sens.
Pas d'action, pas de tension, aucune structure narrative satisfaisante. Où est notre héros ? Où sont nos fusillades ? Et qui nous a donc foutu ce chapitre final qui croit nous satisfaire en empilant de minables explications juridiques ?
J'étais venu pour des duels sous un soleil de plomb et je me retrouve avec une guerre de ranches peu folichonne et mal-montée. Je pensais lire un western spag' baroque, violent, âpre et légèrement déconstruit (certaines formules sonnent comme du Daniel Walther) et voila qu'on me refourgue un sous-produit de fond de tiroir, fagoté à l'emporte pièce et ennuyeux au possible.
J'en exigerai presque le remboursement de ma déconvenue. Quinze centimes ? ENFLURE !!!

Reste tout de même une question en suspend : Qui a véritablement écrit Le Box Du Rio Grande ?
Tom West, artisan désormais oublié de la littérature western des années 50 à 70, ou bien son traducteur, Michaël Eichelberger, ici crédité en tant qu'adaptateur - une mention qui ne trompe pas. Adapter un roman, cela signifie le charcuter, le mutiler, l'alléger ou bien le gonfler, l'épaissir, le réécrire.

Mais dans ce dernier cas, de quoi Eichelberger est il responsable ? De l'ambiance poisseuse du début ? Du fiasco final ? Ou bien encore des deux à la fois ?
On n'en saura rien... Mais c'est peut être mieux ainsi.


LA BANDE DU MISSOURI, FRANK GRUBER
LCE / LE MASQUE WESTERN # 101, 1974

Après le pétard mouillé Tom West, je me replie sur une valeur sûre : Frank Gruber, géniale figure du pulp à l'américaine, gentleman ouistiti de la litt'pop tonitruante, auteur supra agile de l'underwood et ici traduit par l'implacable Marie-France Watkins. J'appelle cela une double garantie de qualité.
Mais ne perdons pas notre temps, venons en au roman.

Si l'on s'en tient aux grands commandements littéraires de Mike "The Hammer" Spillane, les premières lignes du premier chapitre de La Bande Du Missouri ne sont pas foutrement renversantes. On hésiterait presque à poursuivre mais ce serait trop con, étant donné que le choc, LE CHOC ! déboule une page plus tard, renforcé à plus de 3000 % par l'aspect volontairement terne des paragraphes précédents. C'est la claque sur le beignet, l'introduction qui fait sursauter.
Le bouquin ne débute donc pas comme un western classique (c'est à dire : un cowboy sur la route, poursuivi ou poursuivant) mais, et c'est là le plus important, se poursuit comme un épisode des aventures de Johnny Fletcher et Sam Cragg, la série culte de Frank Gruber, pleine d'arnaques inventives, de combines renversantes et d'imbroglios au ton burlesque.


Dans La Bande Du Missouri, le héros se nomme Charles Rawlins. Il n'est pas garçon vacher ni flingueur professionnel mais loser au grand cœur, débrouillard et ingénieux. Il accumule petit boulot sur petit boulot dans les grandes villes des Etats-Unis de la fin du 19e tout en cherchant les meurtriers de son frère, une famille d'émigrés allemands, serial-killers du week-end adeptes du coup de hache dans la poire. Rien à voir avec les bons vieux récits de Ray Hogan ou Louis L'Amour.

Évoluant à l'ombre d'un général Custer recevant sa branlée à Little Big Horn et d'un Jesse James aussi fantomatique que fantasmé, La Bande Du Missouri mélange efficacement roman historique, bouquin d'action et suspense policier, tout en se payant le luxe d'enrober l'ensemble des tics habituels de son auteur - à savoir : un héros pur et malin, des bribes de sentiments amoureux, de la gouaille à revendre, pas mal de coïncidences heureuses et de nombreuses parties de jeux de hasard, faro et poker en tête.
Histoire d'enfoncer le clou question Western Atypique, notons que Gruber ne se montre pas très sympathique envers les texans, peuplade d'habitude mieux choyée par ce type de littérature, en reprenant à son compte une citation du général Phil Sheridan : "Si je possédais le Texas et l'Enfer, je lourais le Texas et j'irais habiter l'Enfer."
Quant au final, il se fait minimum syndical mais l'on ne va pas rechigner.
C'est distrayant, c'est bien écrit, c'est du Gruber, que demander de plus ?



LE RANCH DE MILLIE VAUGHAN, GILES A. LUTZ
LCE / LE MASQUE WESTERN # 105, 1974

Un petit dernier pour la route. Du classique, du balisé, du bien gentil, signé Giles A. Lutz (et pas lulz, svp), auteur majeur du genre aux cotés de Louis L'Amour, Ray Hogan, Tod Hunter Ballard et Lewis B. Patten.
Pour le coup, par contre, c'est du western atterrant, du western de cours de recréation, du western de gamin de 8 ans qui se fait régulièrement casser la gueule par ses petits camarades de classe et rêve, une fois la nuit venue, de devenir à lui tout seul une publicité Charles Atlas.

Le héros se nomme donc Ashel Backus. Il vit dans le Montana avec sa famille - papa, maman, la soeur, les deux frangins débiles - et, à vrai dire, ce n'est pas très folichon. Ils n'ont pas de gros ranch, ils n'ont pas de super chevaux, ils n'ont pas de big bestiaux, non, non, ils sont juste super pauvres, point barre.

Le Ranch De Millie Vaughan est donc un western de bouseux miséreux, d'imbéciles pénitents qui se complaisent dans leur mouise, un western de pauv' gars transcendés par leur nullité mais je ne t'en raconterai pas l'intrigue, ce serait trop douloureux.
C'est du western Harlequin geignard et triste, avec pour personnage principal un type qui passe son temps à s'ériger en martyr. C'est Peter Parker sans Spider-Man, sans Tante May, sans Mary-Jane. Il se fait rosser par les méchants, il est rejeté par sa famille, ses amis lui tournent le dos. Il a une vie de merde mais il s'accroche car au fond, il le sait, il est le héros de ce bouquin donc il va gagner.

Gagner quoi ?
Ben... l'amour d'une pauv' fille, le respect d'une communauté honnête et un salaire décent.
Tout le package promotionnel de la petite existence étriquée mais réussie.
L'horreur.
Dans l'ensemble, le héros apparait donc comme spécialement con et stupidement ordinaire. Il troque l'habituelle morale boy-scout des pistoleros de papier pour celle, bien rance bien fade, du gendre idéal. C'est le type parfait dans ses défauts, la truffe intégrale qui ne peut briller que dans la niaiserie extreme. Il pleurniche à longueur de pages et l'auteur, peu avare en saloperies, nous rejoue Romeo et Juliette sur une partition de guimauve.
La lectrice de plus de 50 piges, vieille fille sur le retour gavée aux romances Nous Deux appréciera. Quant à moi, je ne vais pas m'y étendre. Le Ranch De Millie Vaughan donne presque envie de relire Le Box Du Rio Grande. C'est dire l'ampleur du désastre.

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Bilan :
un ratage (quasi) intégral, une petite réussite et une abomination totale. Le week-end n'est pas rentable mais ce sont des choses qui arrivent.

Allez, fermes les yeux et penses à l'Angleterre. La prochaine pioche sera certainement meilleure...

BAS LES PATTES, ROBO !

BAS LES PATTES, CHARLIE !, JIM FERGUSON
BEL-AIR / WESTERN POCKET, 1965

Avant toute chose, un aveu : je comptais écrire un billet intelligent sur un bon bouquin mais je n'en ai pas eu la force.
A la place, je préfère donc me rabattre sur un western des éditions Bel-Air, le meilleur du pire de l'édition populaire en France, la sucrerie des amateurs de littérature-bis détraquée, le label qualité de la non-qualité qui revigore et ravigote.


Ainsi, dans Bas Les Pattes Charlie !, le méchant se nomme Charlie.
Oui, j'en suis conscient, je frappe fort dès le départ. Je hisse haut lapalissade mais je n'ai peur de rien, écartes toi donc de ma drunken-stylistique !
Bref, Charlie, pour en revenir à lui, c'est une sorte de two-gun jean foutre qui ne fait rien que des crasses aux gens.

Quant à Bas Les Pattes (tu vois, je te fais le titre à la carte pour le prix du menu), c'est ce qu'on lui dit au charlie en page 15 alors qu'il se saisit de la bouteille de GILBEY du héros pour se rincer la pente gratos, l'animal !

Le héros (j'y viens, j'y viens !) se nomme Sam. Il vit dans l'Arkansas, pas très loin de Little Rock, un coinstos blindé d'outlaws et de convicts.
Comme tu le vois, le bouquin n'a pas peur des mots anglais. Logique : c'est un western. Du coup, tout en débitant de la bribe d'anglo-saxon dans sa barbe mal taillée, on y boxe du guignolo, on y boit du remonte-pente, on y chique du tabac et on y bouffe du gigot d'opossum.
Il faut ce qu'il faut.
Mais il y a aussi l'amour. Ah ! l'amour... pur comme la rosée du petit matin qui brille aux premières lueurs du jour... gouttelette miroitante sur l'herbe grasse des vertes prairies de l'ouest sauvage...
Car Sam, qui est un héros, un vrai, un pur, tombe amoureux de la belle Daisy, la fille de son patron. Malheureusement, cette dernière est déjà promise au vil Charlie (on se demande bien pourquoi...) et qui, en véritable sagouin patenté, combine alors quelques sales coups pour se débarrasser à jamais de cette encombrante concurrence.
(L'encombrante concurrence, c'est Sam. Faut suivre, mec, faut suivre...)
Bref, le shérif étant, comme il se doit, un incapable, les saloperies de Charlie fonctionnent au poil et Sam manque bien de se retrouver avec une corde de chanvre autours du cou.
"A présent, les hommes du shérif me traquent et tant que je n'aurai pas réussi à me disculper et à confondre les coupables, ma vie sera en danger."
Voila pour l'intrigue. S'en suivent alors fusillades, trahisons et galopades. Bang, bang, arrgh !
Tout un programme, passons à l'essentiel.

Ainsi, aidé par une bande de commanches super sympas, Sam dézingue la horde des mécréants puis s'en va traquer Charlie en solo. Hue dada !
Pendant ce temps, ses potes à plumes font une pause au village et en profitent pour se balancer quelques verres dans le cornet.

"L'eau-de-feu, c'est la récompense des vainqueurs," déclare sentencieusement leur chef.
Bien parlé, Grand Sachem ! Surtout que ces indiens-là, ce sont de véritables champions es bibine. Ils éclusent du litron en pagaille mais ça ne les empêche pas pour autant, une fois leur ration prise, de s'éclipser silencieusement dans la nuit.
(...alors que moi, bien cuité tout bouffi, je suis plutôt du genre à culbuter sur mes piles de vieux bouquins en poussant des jurons de sioux mal dégrossi avant de m'affaler lourdement sur la première couche venue...)

Bref, tout ça pour dire que je ne sais pas qui est exactement Jim Ferguson mais que Bas Les Pattes Charlie ressemble à un western 'ricain (type Le Grand Convoi) réécrit et charcuté en une nuit par un scribouillard vaguement noir aux entournures.
Le résultat n'est malheureusement pas aussi délirant que certains Bel-Air des grands jours mais, du haut de ses 160 pages et avec ses TRÈS GROS CARACTÈRES (surtout lorsque l'on y imprime des marques de boissons), cela reste une lecture fort recommandable pour les jours de cerveau mou.
Et puis soyons clairs : c'est du western résolument foireux, doté d'une écriture fade au possible. C'est du western canada dry. Il y a de l'alcool, de l'action, des morts et ça se termine en banquet de noces.
On ne peut décemment pas cracher sur ce genre de came.

DU WESTERN, INTRODUCTION

LE GRAND CONVOI, WILLIAM HOPSON
DUPUIS / GALOP # 5, 1965

Le Western en littérature tient de deux genres. Du récit d'aventure, primordialement, mais aussi, à dater des années 30, du roman noir de grande consommation.
Remplacez les immeubles sous la pluie, les cabriolets rutilants et les pistolets automatiques par des ranches, des canassons et des 6 coups et voila, le tour est joué. Les filles, les truands, les représentants de l'ordre à la notoire incompétence et les durs au grand cœur, tout cela, c'est du pareil au même.
Qu'ils soient détectives sans licences ou garçons vachers tumultueux, investigateurs mal rasés ou vagabonds du far ouest, toutes ces figures principales s'interchangeront selon la nature de la publication dans lesquelles elles devront apparaitre mais les fondements de l'intrigue, eux, resteront toujours les mêmes.

Vengeance, noblesse, pureté, ascèse par le baston et pénitence par ou pour l'amour.
Bien entendu, au centre de ce grand kaléidoscope d'obsessions américaines (mais pas que...), on trouve forcement une gangrène. C'est l'homme influent, puissant, malfaisant, qui corrompt une ville pour sa propre satisfaction.
Dans les westerns, il détient souvent le plus gros ranch, des centaines d'hectares de terrain et le saloon du coin. Il s'enrichit sur le dos des honnêtes gens. Il manipule à sa guise les commerçants et le shérif.
A ses cotés, forcement, trône un adjoint, un homme de main au stoïcisme grandiloquent, exact contraire des aspirations représentées par le héros.

Dans Le Grand Convoi, le héros se nomme Red Barnes et vient, comme souvent dans ce type de récit, du Texas, "une grande tache orange sur une des dernières pages de votre manuel de géographie. "
Avec les hommes du Circle K, il escorte un troupeau de vaches mais, aux environs de Porterville, les choses se corsent.
"Il y a quelque chose de pourri dans cette ville, " déclare notre homme, véritable Hamlet moderne - la joie de vivre et les flingots fumants en plus.

La suite se raconte d'elle même. Red et ses collègues défendent leur convoi des hommes qui veulent se l'approprier. Ces derniers tiennent bien entendu Porterville sous leur joug et, en les combattant, nos héros vont finalement réussir à l'en délivrer, la transformant à nouveau en un havre de paix où il fait bon vivre.
C'était couru.

La littérature populaire répond toujours à des schémas inflexibles. Dans le policier comme dans le western, c'est la morale du juste qui écrase les velléité néfastes du salaud mais c'est aussi la jolie romance qui s'affirme par dessus les faux-semblants d'une insouciance machiste.
Car le héros est forcement un coureur de jupon. Il butine en attendant mieux. Il s'amuse et traite la femme avec tous les égards qui lui sont dû dans la littérature d'abattage pour mectons, la laissant bien souvent "humiliée, ravie, furieuse et abasourdie."
On trouve ainsi trois femmes dans Le Grand Convoi. Chacune d'entre elles couvre l'un des trois registres de la figure féminine dans le western.
Il y a la fille facile du peuple, la fille ardue de bonne famille et la fille difficile de classe moyenne. C'est cette dernière qui se fait emballer à l'église par notre héros juste avant l'impression du mot "FIN" en page 172 - la première n'étant qu'un jeu stupide et la seconde pas suffisamment naturelle pour s'engager.
"Une enfant gâtée, arrogante à l'occasion " dixit l'auteur.
Dans cette réalisation - l'amour sort toujours gagnant - c'est toute l'éthique sexuelle d'un genre aussi puritain que ludique qui s'affiche. On peut s'en gausser gentiment ou effectuer un choix diffèrent, comme dans un livre dont vous êtes le héros. Allez en page 126 si vous choisissez la fille facile du peuple...
Et puis, si tout cela ne vous plait pas, retournez donc lire vos best-sellers trash destroy actuels. Dans 30 ans, on les dissèquera comme de pauvres petites choses oubliées de tous et l'on se rendra compte qu'ils sont encore plus stupides et mortifiants que mes machins.
Mais je m'arrête là et conclu.
Le Grand Convoi est un bon roman pour garçon de 7 à 77 ans. C'est léger et distrayant. Il y a plein de fusillades, beaucoup d'humour Benny Hill et une jolie happy end - ce qui n'empêche pas pour autant la cavalerie de débarquer comme il se doit, c'est à dire en fanfare et en retard.
Quant aux westerns : lisez-en. Retournez vos greniers. Pillez les brocantes. Le genre ne transcendera en lui-même jamais rien mais vaut largement le coup.
...Et puis merde.

Mort à la transcendance.