BAS LES PATTES, ROBO !

BAS LES PATTES, CHARLIE !, JIM FERGUSON
BEL-AIR / WESTERN POCKET, 1965

Avant toute chose, un aveu : je comptais écrire un billet intelligent sur un bon bouquin mais je n'en ai pas eu la force.
A la place, je préfère donc me rabattre sur un western des éditions Bel-Air, le meilleur du pire de l'édition populaire en France, la sucrerie des amateurs de littérature-bis détraquée, le label qualité de la non-qualité qui revigore et ravigote.


Ainsi, dans Bas Les Pattes Charlie !, le méchant se nomme Charlie.
Oui, j'en suis conscient, je frappe fort dès le départ. Je hisse haut lapalissade mais je n'ai peur de rien, écartes toi donc de ma drunken-stylistique !
Bref, Charlie, pour en revenir à lui, c'est une sorte de two-gun jean foutre qui ne fait rien que des crasses aux gens.

Quant à Bas Les Pattes (tu vois, je te fais le titre à la carte pour le prix du menu), c'est ce qu'on lui dit au charlie en page 15 alors qu'il se saisit de la bouteille de GILBEY du héros pour se rincer la pente gratos, l'animal !

Le héros (j'y viens, j'y viens !) se nomme Sam. Il vit dans l'Arkansas, pas très loin de Little Rock, un coinstos blindé d'outlaws et de convicts.
Comme tu le vois, le bouquin n'a pas peur des mots anglais. Logique : c'est un western. Du coup, tout en débitant de la bribe d'anglo-saxon dans sa barbe mal taillée, on y boxe du guignolo, on y boit du remonte-pente, on y chique du tabac et on y bouffe du gigot d'opossum.
Il faut ce qu'il faut.
Mais il y a aussi l'amour. Ah ! l'amour... pur comme la rosée du petit matin qui brille aux premières lueurs du jour... gouttelette miroitante sur l'herbe grasse des vertes prairies de l'ouest sauvage...
Car Sam, qui est un héros, un vrai, un pur, tombe amoureux de la belle Daisy, la fille de son patron. Malheureusement, cette dernière est déjà promise au vil Charlie (on se demande bien pourquoi...) et qui, en véritable sagouin patenté, combine alors quelques sales coups pour se débarrasser à jamais de cette encombrante concurrence.
(L'encombrante concurrence, c'est Sam. Faut suivre, mec, faut suivre...)
Bref, le shérif étant, comme il se doit, un incapable, les saloperies de Charlie fonctionnent au poil et Sam manque bien de se retrouver avec une corde de chanvre autours du cou.
"A présent, les hommes du shérif me traquent et tant que je n'aurai pas réussi à me disculper et à confondre les coupables, ma vie sera en danger."
Voila pour l'intrigue. S'en suivent alors fusillades, trahisons et galopades. Bang, bang, arrgh !
Tout un programme, passons à l'essentiel.

Ainsi, aidé par une bande de commanches super sympas, Sam dézingue la horde des mécréants puis s'en va traquer Charlie en solo. Hue dada !
Pendant ce temps, ses potes à plumes font une pause au village et en profitent pour se balancer quelques verres dans le cornet.

"L'eau-de-feu, c'est la récompense des vainqueurs," déclare sentencieusement leur chef.
Bien parlé, Grand Sachem ! Surtout que ces indiens-là, ce sont de véritables champions es bibine. Ils éclusent du litron en pagaille mais ça ne les empêche pas pour autant, une fois leur ration prise, de s'éclipser silencieusement dans la nuit.
(...alors que moi, bien cuité tout bouffi, je suis plutôt du genre à culbuter sur mes piles de vieux bouquins en poussant des jurons de sioux mal dégrossi avant de m'affaler lourdement sur la première couche venue...)

Bref, tout ça pour dire que je ne sais pas qui est exactement Jim Ferguson mais que Bas Les Pattes Charlie ressemble à un western 'ricain (type Le Grand Convoi) réécrit et charcuté en une nuit par un scribouillard vaguement noir aux entournures.
Le résultat n'est malheureusement pas aussi délirant que certains Bel-Air des grands jours mais, du haut de ses 160 pages et avec ses TRÈS GROS CARACTÈRES (surtout lorsque l'on y imprime des marques de boissons), cela reste une lecture fort recommandable pour les jours de cerveau mou.
Et puis soyons clairs : c'est du western résolument foireux, doté d'une écriture fade au possible. C'est du western canada dry. Il y a de l'alcool, de l'action, des morts et ça se termine en banquet de noces.
On ne peut décemment pas cracher sur ce genre de came.

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