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SON NOM ÉTAIT REMO...

"REMO WILLIAMS est l'arme secrète du président des États-Unis. Le reste du pays ignore jusqu'à son nom. Pour ceux qui l'apprennent, c'est déjà trop tard.
Il a reçu les secrets mortels d'un étrange Coréen. Il est devenu une machine à tuer. Sa mission : nettoyer le pays de tous ceux qui bravent impunément la loi.
Remo Williams frappe sans pitié.
Comme la foudre.
IMPLACABLEMENT."

L'HÉROÏNE DE LA MAFIA, SAPIR & MURPHY
PLON / L'IMPLACABLE # 4, 1977

Les amateurs de l'Implacable (The Destroyer en V.O.) ont souvent tendance à affirmer que leur série favorite démarra véritablement avec son troisième épisode, Puzzle Chinois.
C'est faux.
Car si Puzzle Chinois confirmait le mélange d'humour juif et de violence en pâte à cartoon que Richard Sapir et Warren Murphy n'avaient fait qu'effleurer dans les deux numéros précédents (respectivement : Implacablement Votre et Savoir C'est Mourir), le roman restait encore un peu terne dans ses idées et son écriture.
Chiun, le maitre Coréen qui jusqu'à présent n'avait fait que de la petite figuration (un chapitre dans le # 1, quelques vagues références dans le # 2), prenait enfin la place centrale qui lui revenait légitimement mais ne laissait pas entièrement éclater tout son potentiel comique.
Même chose pour Remo. Même chose aussi pour le reste du casting, chair à canon déjantée mais pas encore hystérique.

Tout était prêt pour le feu de joie (essence, TNT, nitroglycérine, pains de plastic), ne manquait plus que l'étincelle de folie.
Et l'étincelle, on la trouve dans l'épisode suivant.
L'Héroïne de la Mafia. L'Implacable # 4.
L'intrigue y est simple, dépouillée de toute prétention mais, pour la première fois, se voit ponctuée d'une myriade de détails, d'allusions et de délires idiots qui poussent le potentiomètre de l'excitation au delà des 1000 %.

Faisons les comptes. Se trouvent dans ce roman: quatre camions bourrés d'héroïne, un agent du FBI camouflé en vendeur de hot-dogs, des routiers congelés dans un sous-sol (magnifique chapitre 3 !), un homme de main stupide chérissant une vieille cadillac, une secrétaire nymphomane à gros roberts, un tueur velu comme le yéti de la tête aux pieds, des détecteurs de légumes pour retrouver la came et des hordes de mafieux à la Don Pendleton.
Listing non-exhaustif.
Tout cela mélangé, malaxé, maltraité dans les grandes largeurs et en petits morceaux par nos deux héros, Remo Williams et Chiun, soit Çiva l'Implacable et le maitre de Sinanju - ce dernier enfin équipé de son téléviseur et magnétoscope afin de mieux se gaver de ces feuilletons à l'eau de rose qu'il affectionne tant.
"Il poussait de petites exclamations désolées quand Mrs Claire Wentwoth découvrait que sa fille vivait avec le docteur Bruce Barton, qui ne pouvait quitter sa femme Jennifer parce qu'elle se mourait d'une leucémie, et bien que Loretta, sa fille, soit en réalité amoureuse de Vance Masterman qui, mais elle n'en savait rien, était son père alors qu'elle le croyait de mèche avec le professeur Singhar Ramkwat de l'ambassade du Pakistan qui avait volé les plans du traitement miracle contre la lymphocyte auquel Bart Henderson avait consacré sa vie avant de rencontrer Loretta dont il était amoureux."
On dirait le John Sladek de L'Effet Müller-Fokker, version paperback de grande consommation. C'est normal. Un roman l'Implacable réussi ressemble à du Sladek de grande consommation, soit la subtilité et le Locus Solus en moins, la brutalité réactionnaire et la misogynie en sus.
D'autant plus qu'on a enfin l'impression qu'avec cet épisode, Sapir et Murphy ont arrêté de se chercher, de courir après une version légère de Mack Bolan additionné à Doc Savage pour mieux taper dans tous les azimuts de la litterature virile.
Ils grillent l'ensemble de leurs cartouches sans réfléchir au résultat.
Ils ont raison. C'est une réussite.
Le récit se voit d'ailleurs mené à un rythme tellement furibard qu'il en ferait même passer l'épisode suivant, Docteur Séisme (pourtant doté d'une triplette de méchants plus haut en couleurs que l'intégralité d'une famille Mafieuse) pour une petite chose un peu tristounette, sans grande ampleur, sans grande valeur.

Mais il fallait bien en arriver à de tels excès pour lancer la machine.
Avec L'héroïne de la Mafia, ce sont les limites du genre dingo-burné au kilomètre qui sont définies, l'élastique étirée au maximum, au bord du claquage.
C'est surtout le moule dans lequel tous les épisodes de l'Implacable à venir se verront couler qui se trouve ici façonné et peaufiné par nos deux auteurs.
Created, the Destroyer.
Pour de bon.


Et puisque nous y sommes, voici les couv' des volumes # 1, 2, 3 et 5 de la série.
Ne pas les lire revient à ne pas se priver de grand chose. CQFD.

Implacablement Votre est longuet et laborieux, Savoir C'est Mourir est passable mais bien raté sur la fin, Puzzle Chinois est distrayant mais manque de punch et Docteur Séisme (le meilleur de ce quartet) met un peu trop de temps à démarrer, tourne en rond vers les deux tiers puis se rend compte qu'il est l'heure d'en terminer, alors il en termine sans avoir réellement bazardé la purée.
C'est con.

Par contre, je ne blague pas, lis le # 4, tu m'en dira des nouvelles.
Quant au prochain billet Müller-Fokker spécial Implacable, il concernera Mister Gordon's, le super-robot indestructible conçu par une scientifique alcoolique à gros lolos.
Une combinaison qui promet... et qui assure !

L'EXÉCUTEUR FRANÇAIS # 2 : FRANK DOPKINE

Un ancien auteur des éditions de la Brigandine reconverti en faux adaptateur de franchise burnée chez Gérard de Villiers, le profil n'est pas courant. En matière de populaire pour adulte, il s'agit presque d'un grand écart.
Mais l'effet est heureux.
Car si Frank Dopkine ne brilla jamais vraiment à la Brigandine, y assurant simplement un honnête rendement dans l'alimentaire pas dégueulasse du polar porno à second degré gauchisant, sa récente arrivée sur l'Exécuteur a par contre le don de revigorer une série trop longtemps maintenue sous la tutelle de Gérard Cambri, ce phagocyte outrancier et mal-fagoté du champs lexical pendletonnien.

Bien entendu, dans ce genre codifié à l'extrême, Dopkine ne renouvelle rien. À l'image de la police dans ce film de Luciano Ercoli, il a les mains liées. Les esprits simples peuvent souffler : le carcan est intact. Mack Bolan s'attaque encore et toujours à la mafia. 40 ans que ça dure, on ne change pas une équipe qui stagne.
Aux États Unis, l'éditeur (Gold Eagle / Hunter) avait eu la bonne idée de légèrement faire évoluer le schéma, direction le terrorisme international, correspondance Amérique du sud ou Afrique du nord.
En France, Gérard de Villiers préféra le rétrécir
, forçant nos auteurs nationaux à tricoter leur 220 pages mensuelles sur des tissus d'intrigues aux surfaces microscopiques.

Ainsi, depuis son lancement au début des années 80, la version française de l'Exécuteur est en animation suspendue et c'est à l'aune de ce niveau assez peu bandant qu'il faut apprécier le travail des nouveaux auteurs maison.

Vu sous cet angle, Frank Dopkine s'affirme donc comme un grand professionnel. Son triptyque " Massacre à Snohomish River / Du Plomb pour une Balance / Poker Mortel à Chicago " (Exécuteur # 263, 264, 266) en est d'ailleurs une assez jolie preuve. Le boulot est effectué avec soin, consciencieusement, et l'écriture se fait bien moins laborieuse que chez ses confrères. Surtout, si Dopkine met les formes, il n'en renie pas pour autant les traditionnelles expressions toutes faites, ces punch-lines en kit, marque de fabrique de la série.
"Au son de l'Automag, c'était une marche funèbre qui invariablement se jouait."
Rien ne dépasse. Ou plutôt : rien ne se perd, rien ne se fait. La tonalité est conservé, le divertissement assuré. Dopkine en profite alors pour s'attarder sur les décors et approfondir le contexte.
L'Amérique de ses romans l'Exécuteur est celle de l'ultra-consumérisme contemporain. On y roule en SUV, on y communique via i-phone et on y vit en quartiers résidentiels ultra-luxueux. L'effet, appuyé, assure aux textes un artifice de véracité.

Mais Dopkine ne se contente pas d'un gadget de modernité.
Dans
ses bouquins, avec la fin de la décennie 2000, c'est la crise financière et ses conséquences qui redéfinissent le terreau d'angoisse et de violence sur lequel l'Exécuteur va désormais affronter ses ennemis.
Analystes financiers, traders sans scrupules, spéculateurs retranchés derrière les écrans de leurs laptops, la mafia se diversifie et les rouages des magouilles se font plus complexes.
Mais c'est justement là où, paradoxalement, le bat blesse : l'intérêt majeur qui caractérise l'approche de Dopkine en constitue aussi le principal défaut et, à trop alambiquer le conflit, il en vient aussi à en diluer partiellement l'intérêt.
Subsiste alors l'impression d'un manquement. Car la force des 38 premiers romans de Don Pendleton résidait dans leur simplicité et leur outrance. C'était de la litterature comic-book, droit au but et sans fioritures : opérations commando, coups de mortier, blitz ravageurs.
Chez Dopkine, l'aspect cartoon guerrier passe à l'as. Fini le Shoot 'em up retranscrit en prose, fini les récits se résumant à l'histoire d'un mec qui appui sans discontinuer sur des gâchettes, fini ces coups d'éclats tellement constants qu'ils en deviennent routinier.
Et peut être n'est-ce pas plus mal. Car à l'arrivée, après 220 pages d'un bouquin aussi vite lu que vite oublié, force est d'avouer que même si cela manque un peu de muscle, l'auteur a parfaitement honoré le contrat-type du roman de gare pour hommes.
Surtout, après plus de vingt années d'une production faisandée, Frank Dopkine a enfin rendu Mack Bolan l'Exécuteur à nouveau lisible.
Et ça, ce n'est pas rien.

L'EXÉCUTEUR FRANÇAIS # 1 : GÉRARD CAMBRI

L'OPÉRATION TEXANE, DON PENDLETON
PLON / L'EXÉCUTEUR # 56, 1985

En 1982, Gérard de Villiers terminait l'importation en français des 38 premiers Exécuteurs originaux.
Pour le lecteur, qu'il soit Français ou Américain, la coupure a son importance. C'en était désormais terminé de la mafia. Don Pendelton vendait sa boutique et son enseigne à Hunter, la filiale virile de ces gonzesses d'Harlequin. Après 8360 pages d'exterminations brutales, de destructions massives et de mitraillages effrénés, Mack Bolan changeait de structure.
Fini le blitzkrieg en free-lance, place au boulot de commando pour l'Oncle Sam. Les truands moustachus bouffeurs de spaghetti, notre héros venait tout juste de les annihiler sur 15 générations et des poussières. La place était nette, il y fallait du renouveau.
C'est ce que fit Hunter. L'Exécuteur devenait vengeur planétaire, avec une préférence pour les pays sous développés.

Vous quittez Mafia-City, merci de votre visite.
Prochain arrêt : Terrorisme international.
Population : ça devrait fortement décliner le mois prochain.
Mais du coté de chez Gérard de Villiers, on ne l'entendait pas vraiment comme ça. Ce changement de cap, ça chamboulait sévère la formule maison. Et si ça continuait, son altesse sérénissime le prince Malko n'allait pas tarder à se faire méchamment marcher sur les plate-bandes.
La concurrence, contrairement à ce que l'on peut dire, c'est mauvais pour le commerce. L'Exécuteur international, avec sa cargaison de canons et de munitions, il débarquait comme un chien dans un jeu de quille dans l'affaire. Son shoot-em-up littéraire ravageant des contrées moyen-orientales, ça sentait salingue pour le bizness GdV. Sans compter le lecteur franchouillard qui, bien habitué à son déssoudage mensuel de ritals à la demi-douzaine par cageots, se voyait alors attribué sans en être consulté de l'arabe revendicateur dans sa publication favorite en guise des figurants homologués.
ouais, visualises sa tronche :



J'AI DEMANDÉ UNE PIZZA, PAS UN KEBAB, MERDE !

Pour de Villiers, il ne restait donc qu'une seule solution. Embaucher un auteur français. Et surtout : lui faire usiner de l'Exécuteur comme avant. De l'Exécuteur qui zigouille du mafieux. De l'Exécuteur à la papy.
Cet auteur, ce fut Gérard Cambri.
Comme quelques autres, il traquait le filon depuis plus d'une décennie mais il avait pour lui quelques avantages. Il aimait photocopier, il venait d'être viré par le Fleuve Noir et il était tout prêt à rempiler pour dézinguer du pourri via sa machine à écrire.
L'opinel entre les dents, le contrat dans la pogne, il s'attaqua ainsi à sa mission.
À la manière d'un comic What If de la Marvel, l'Exécuteur Français venait de naitre.
Première case : le Gardien, toujours aussi chauve, vêtu de sa seule toge romaine mais à l'allure très digne, et posant cette question brulante : ET SI MACK BOLAN N'AVAIT PAS ARRÊTÉ DE BUTER DE L'IMMIGRÉ ITALIEN ?
J'ai une cinquantaine d'exemples dans mes cartons mais je vais te la faire simple. Je n'en prend qu'un seul. D'autres viendront peut être. Celui-ci, d'exemple, c'est le # 56. L'Opération Texane.
Un beau morceau.
Gérard Cambi, alors déjà signataire de 6 Exécuteurs fort minables, nous sort le grand jeu.

J'ai dis que je faisais simple, je fais simple : Tu connais Ikea ? OK.
Alors, imagines ça en version littéraire dans une boutique discount.
"Dis au revoir à tes couilles et prépare-toi pour le grand saut."
Les phrases sont en kit et l'intrigue suit la cadence. Son Opération Texane, à Gérard Cambri, c'est du deux-en-un - un mélange de Panique à Philadelphie (L'Exécuteur # 15) et du Masque de Combat (L'Exécuteur # 3). Pour faire bonne mesure, notre bricoleur de roman de gare du dimanche y adjoint quelques bribes du Siège de San Diego (# 14 : une apparition du Death Squad) et quelques pincées sensuelles de Violence à Vegas (# 9) en la présence de Toby Ranger, la nana du FBI qui aime à se fringuer country.
Cambri, on ne pourra pas lui retirer ça, ronéotype son turbin amoureusement. Et il n'oublie rien dans la tambouille. Le fils du capo dans le # 15 se nomme Jack le Gosse ? Qu'à cela ne tienne. Dans l'Opération Texane, c'est Frank le Gosse. Même comportement, même mort. Idem pour l'allié providentiel, le petit mafieux coquebin. Benny Peaceful devient Max Charley.
Cambri pompe à tout va. Des scènes entières, sans finesse et sans s'en cacher. On en vient même à se demander pourquoi donc qu'il l'a écrit, son bouquin.
Pour la thune, OK.
Mais à ce niveau, ce n'est plus du plagiat, c'est du montage à la photocopieuse.

Cambri-Pendleton singe donc Pendleton-Pendleton. Il le singe jusqu'à se fondre moelleusement dans son ombre. Plus besoin d'astiquer les touches de la Japy, il ne s'agit désormais que de régurgiter à la gueule du lecteur les mêmes schémas, encore et encore.
Malheureusement, comme si tout cela n'était pas déjà suffisant, l'art mimétique de Gérard Cambri accuse de nombreuses cassures dans sa quête d'une fluidité originelle. On y trouve bien quelques "nuées de frelons rageurs" et autres "courtes giclées d'ogives rageuses" pour faire frémir le peuple mais les détails, plus importants sur la longueur, regorgent d'erreurs.
Des détails comme, par exemple, s'échiner à nommer "amici" les membres de la mafia ou encore ne pas savoir écrire correctement Striker, le nom de code para-militariste de l'Exécuteur.
Quant au style, pourtant rudement bien étudié question grossièreté brutale (cf. la citation du dessus, en gros), il lui manque toute l'efficacité propre à l'auteur imité.

Où sont les petites phrases qui font mouche ? Du coté de chez SCUM, certainement.
N'est pas Don Pendleton qui veut. On le savait déjà. Mais toutes ces preuves supplémentaires que Cambi nous apporte demeurent sacrement éprouvantes. L'Opération Texane, c'est 220 pages d'emmerdement total, car déjà expérimenté ailleurs. Le lecteur ne baille pas d'ennui, il a simplement envie d'exterminer le responsable du marasme qu'il vient de s'enquiller deux heure durant.

Terminons donc sur une note joyeuse.
En 2004, après avoir sévi sur presque 100 volumes de la collection, Gérard Cambri se retrouva débarqué de son job par Gérard de Villiers. L'infortuné auteur pondit alors, sur son site perso et sous pseudonyme, une diatribe vengeresse intitulée Arnaque et Harlequinade.
Pourtant, l'arnaque et l'Harlequinade, c'en était bien lui le coupable, en torchant de pareils bouquins.
Je n'avais pas osé précédemment mais je me le permets aujourd'hui :

Gérard Cambrise les couilles.

LE BARBARE ET LES NYMPHOS

LA HACHE DE BRONZE, JEFFREY LORD
LE GUERRIER DE JADE, JEFFREY LORD
PLON / BLADE # 1 & 2, 1976

De toute la masse des séries produites sous l'égide de Lyle Kenyon Engel, Blade est sans aucun doute possible la plus célèbre en France.
Publiée dès 1976 par indécrottable Gérard de Villiers (alors à la tête d'un empire éditorial en pleine expansion) et reprise après ses 37 premiers numéros US par une équipe d'auteurs français, la série accuse de nos jours une santé de fer avec près de 200 épisodes parus.
Pareil parcours, je l'aurai bien souhaité à Penny S. Malheureusement, dans nos contrées, ce fut Blade le plus chanceux représentant du catalogue Kenyon.
J'aimerai bien m'en plaindre ici-même, te raconter mes improbables fantasmes littéraires (200 épisodes de Penny S. !) mais ce n'est pas tout ça, nous sommes le 31 décembre, j'ai un paquet de bières à descendre alors n'atermoyons pas et passons sans plus attendre au plat du jour.

Donc, Richard Blade, pour te la faire courte, c'est une sorte de Nick Carter anglais (soit une sorte de James Bond Lyle Kenyonisé, si tu m'excuses ce menu barbarisme) que l'on fout dans un super-computer et qui se fait recalculer la tronche en une version 3.0 de Conan le barbare.
Et en route vers de nouvelles aventures !
"[...] son cortex cérébral avait été si brouillé qu'il avait à présent la possibilité de percevoir un monde totalement diffèrent. C'était un monde réel, tout comme lui-même, qui existait cependant dans une autre dimension."
Ainsi, transporté dans d'autres dimensions (pourquoi ? parce que !), voila Richard Blade torse nu, muscles huilés, pectoraux saillants, regard gris acier, traversant avec insouciance les divers tableaux d'une héroïc-fantasy de super-marché, territoire ultra-balisé et qui, à l'époque, se faisait déjà bétonner dans la crétinerie absolue par John Norman et son cycle best-seller, Les Chroniques de Gor.
Richard Blade, c'est donc Nick Carter imitant Gor et le résultat, bien qu'extrêmement frustre, n'est pas forcement déplaisant.

Dans La Hache De Bronze, tout premier volume de la série (signé par le grand Manning Lee Stokes, caché sous le pseudo maison de Jeffrey Lord), Richard Blade est envoyé bien malgré lui dans la dimension de Alb.
(Alb comme Albion mais abrégé de trois petites lettres. Subtil, n'est-il point ?)
Il y rencontre de gros barbares, quelques sorcières bizarres, des pirates écossais et des donzelles nymphomanes.
"En Alb, la nymphomanie devait être la même qu'à Londres."
Forcement. Dans les productions Kenyon, la nymphomanie est toujours de mise.
Il y fait aussi la connaissance d'une pauvre princesse sans défense, d'un gueux débile qui deviendra peu à peu son sidekick comique et d'une mystérieuse magicienne qui, tout en lui suçant le membre noueux page 187, lui déclarera :
"Ah Blade, si l'on pouvait concevoir ainsi j'aimerais que tu me fasses un enfant par la bouche."

Je copie-colle pour les étourdis :
"Ah Blade, si l'on pouvait concevoir ainsi j'aimerais que tu me fasses un enfant par la bouche."
Une petite dernière pour la route :
"AH BLADE, SI L'ON POUVAIT CONCEVOIR AINSI J'AIMERAIS QUE TU ME FASSES UN ENFANT PAR LA BOUCHE."
Merci monsieur Manning Lee Stokes pour cette perle dont je ne me lasserai jamais.

A part ça, le roman est mollement structuré en une suite de scènettes héroïco-érotiques, poussives et grotesques. Blade se balade à loilpé dans la foret, Blade combat des méchants à la hache, Blade défonce des ours geants, Blade se farci des greluches peu ragoutantes, Blade fait des discours pompeux devant pleins de gugusses musculeux, etc, etc.
Le lecteur, quant à lui, se pose deux questions :
1 ) pourquoi que je lis cette connerie ?
2 ) est-ce que Blade, il va enfin se la taper, la pauvre princesse sans défense, qu'en plus elle est vierge la gueuze, bordel de pute !
Je n'ai toujours pas de réponse à la première question mais pour la seconde, je te rassure tout de suite, ce sera un OUI retentissant.

Quant au Guerrier De Jade, deuxième épisode de la série (et toujours écrit par Manning Lee Stokes - faisons vite, j'ai soif), c'est exactement la même chose. On remplace les Albiens et leur bronze par des Mongs et du jade, le sidekick comique devient un cul de jatte pas drôle, un nain énigmatique traine dans les parages et notre héros ne fait reluire aucune princesse vierge... ce qui ne l'empêche pas pour autant de réduire à sa merci, et par la seule force de son vier, deux farouches gonzesses.
Et comme le dit si bien l'une d'elles, en page 125 :
"Aucun homme ne m'a jamais fait éprouver cela, Blade. Je ne comprends plus. Je ne sais même pas si cela me plaît."
Moi non plus, poupée, moi non plus.

SAS : GIRLS WITH GUNS

J'ai déjà dit tout le mal que je pensais de SAS, je ne vais pas revenir là dessus, passons donc directement à ce qui nous intéresse aujourd'hui : les couvertures !
Elles sont belles, elles sont pulmonées, elles sentent bon la poudre et le stupre. Les filles armées en couverture, plus qu'un argument de vente, c'est aussi la seule et unique concession que la littérature virile fait au féminisme. Car à l'intérieur, c'est une toute autre chanson qui leur est jouée. Hé oui : Les poulettes y sont sans défenses, elles s'y font battre et violer - c'est le topo classique des romances pour mectons. Toute une institution !
Allé Brigitte, arrêtes de faire la fière ! Ce n'est pas parcequ'Helmut Newton te prend en photo que tu t'en sortira mieux dans le bouquin.
Gare à tes miches, et n'oublies pas de numéroter tes abatis, cocotte !
héhéhéhé !
(rire de tordu, bave aux lèvres et frictionnage de pognes moites)





NOUS AFONS LES MOYENS DE FOUS FAIRE RONQUER !

K COMME KARNAVAL, PAUL VENCE
PLON / SERVICE ACTION # 1, 1982

J'ai beau avoir un sacré rendement niveau lecture en masse de saloperies imprimées, je ne pensais tout de même pas tomber si bas.
De quoi que je cause ? De Philippe Randa, le fils fachoïde du déjà pas très net André Duquesne.


Bon, je l'avoue, j'aime assez l'œuvre du père. Ses polars, malgré leurs grosses ficelles et un style répétitif, constituent d'agréables lectures et sa SF, de par son étalage de complaisances militaristes et de conneries machistes, entretient un charmant je-ne-sais-quoi aux fort relents de mauvais gout.
Malheureusement, si le daron était une épée dans sa catégorie, Junior, par contre, c'est une toute autre paire de manches. Disons même que niveau littérature populaire, c'est un sacré manche. Pour preuve, ce premier épisode de sa série Service Action, une production Gérard de Villiers signée sous le pseudonyme de Paul Vence et qui aurait mieux fait d'être intitulée Service Sieste - je dis ça en connaissance de cause puisque K Comme Karnaval m'a véritablement endormi.

Mais ne nous emballons pas, procedons dans l'ordre.

Notre héros du jour se nomme donc Robert Czskalszski, dit Skal, super-espion français, "cocktail bien dosé de qualités intellectuelles, physiques et professionnelles supérieures" - n'ayons pas peur des mots !
Dans cet épisode, Robert est envoyé à Munich pour y récupérer de mystérieux documents confidentiels. "A Munich, en ce moment," lui explique son patron, "c'est la période du carnaval, une gigantesque fête teutonne. La bière coule à flots, les femmes sont chaudes comme des petits pains sortant du four et avides comme des nonnes."
Charmante évocation.
Bref. Dès le troisième chapitre, la mission de Robert se révèle être un échec. En effet, les documents confidentiels lui passent sous le nez et il se retrouve comme un con avec le cadavre de son indic' sur les bras. Ça ne semble tout de même pas trop le désarçonner puisque quelques pages plus tard (et quelques litres de bière ingurgités en plus), il se tape une gonzesse déguisée en Lili Marlène et dont les seins "saillaient dans le tissu, telles (sic) deux fusées d'obus."
On apprend par là même que Robert est un rapide. "En trois minutes, tout fut consommé."

Malheureusement, c'était aussi un piège. Robert est lâchement assommé alors qu'il bazardait sa purée. Il se réveille un paragraphe plus bas dans une impasse sombre, se frotte le crâne, se demande ce qu'il fout là puis manque de se faire canarder par des salauds alors qu'il regagne son hôtel. Il commence donc à se poser quelques questions quant à l'identité de ses adversaires. "Une fois de plus, il énuméra les possibilités : KGB ? CIA ? Ça pouvait être n'importe qui."
Bravo fiston, super déduction ! Et ça continue !
Page 83 : "Les questions fondaient sur Skal comme les moustique sur une peau de colon, le soir, sous les tropiques."
Page 86, ç'en est trop ! Robert n'en peut plus de toutes ces interrogations. "Il en avait vraiment marre de ce boulot trop con, de ses suppositions, des déductions impossibles, de cette fouille pour inspecteur de quartier, de la marche à l'aveuglette, en plein brouillard, les pieds dans des sables mouvants. Il n'arriverait à quelque chose que par l'action : c'était une évidence [...]"

Fier de sa décision, il s'en va donc se taper la cloche dans un resto. Jambonneau braisé sur son lit de choucroute, le tout accompagné par une bouteille de blanc. Que d'action ! Que de rebondissements ! Mais arrivé au café, c'est le drame ! "Les questions revinrent immédiatement, fondant sur lui comme les escadrilles kamikazes piquant sur les porte-avions yankees, à Midway."
C'est beau, c'est poétique.
Moi, j'en profite tout de même pour m'endormir un petit coup. Quand je me réveille (oui, je tourne les pages en dormant), Robert est en train de se taper une nouvelle gonzesse. On est content pour lui mais malheureusement, ça ne rate pas : alors qu'il vient de terminer sa petite affaire, il se fait à nouveau assommer.

Décidément, c'est une habitude !
Chapitre 8. Robert est donc fait prisonnier par les méchants. Chapitre 9. Robert s'échappe de chez les méchants - et là, attention, c'est très important, a lieu la toute première fusillade du bouquin !
Nous sommes page 140. C'est incroyable ! 6 pages d'action non-stop ! De l'action mollassonne, certes, mais de l'action quand même. Faut en profiter, il n'y en aura pas d'autre. 100 pages plus tard (et une nouvelle petite sieste en pointillés) le bouquin se termine. Il ne s'est rien passé de plus (hormis une course-poursuite à 50 km/h.) mais par contre, Robert a trouvé les réponses à toutes ses questions.


Primo, les méchants, ce sont des agents du M.O.S.S.A.D. infiltrés dans l'industrie militaire franco-suisse pour voler les secrets de bidules radars machin-chouettos et secondo, les documents confidentiels, ce sont les listing de ces même agents secrets Israéliens, aimablement fourni au Service Action (sic) par un ancien nazi rancunier.
On croit rêver ! Le nazi qui dénonce aux gentils des services secrets français les méchants noyauteurs juifs. Question morale, ya pas à dire, c'est du super reluisant !


Reste que dans le genre espionnage de mauvais aloi et nauséeux, ce Service Action a beau faire, il est loin d'égaler les aventures de Pierre Mauborg, que Randa sénior signa dans les années 50 sous le pseudonyme de Diego Suarez et que l'on pourrait décrire par "Mickey Spillane rencontre Jean-Marie Le Pen rencontre Le Gorille de Antoine Dominique" ...oui oui, je sais, j'ai de drôles de comparaisons... et d'ailleurs, bille en tête, je persiste et signe puisque dans le cas de Service Action, ce serait plutôt "Paul Kenny rencontre une tisane à la camomille et un tube de barbituriques."
Inutile d'en faire l'essai, vous en connaissez déjà les effets.

Et tant que j'y suis, voici les couvertures des 3 volumes suivants. On peut au moins reconnaitre ça à Service Action : les illustrations de Loris sont superbes.
(Malheureusement, ça se gatte un peu par la suite...)
Bien entendu, la dernière image est dédiée à Filo, rapport à sa semaine de la motocyclette.

ESPÈCE DE FILS DE...

LES BOUCHERS DU PARADIS, JACK HILD
HARLEQUIN / S.O.B. # 3, 1985

Hé, ho, t'énerve pas mec, t'énerve pas ! c'est pas à toi que je causais, non, non, j'te jure, je faisais que répéter ce qu'ya d'écrit sur mon bouquin. Tiens, là, regarde :
"S.O.B. Trois initiales redoutés que leurs ennemis traduisait par Son Of A Bitch, fils de p... car leur guerre, comme toutes les guerres, était féroce."
Ça donne la trique hein ?
Bon, molo molo, t'emballes pas trop quant même, hein ! Parceque S.O.B., ça veut surtout dire Soldiers Of Barabas. Tu piges l'astuce gars ?
Non, non, pas le dresseur de bourrin à la con, là. Ça, c'est Bartabac. Barabas, lui, c'est un super-militaire qu'il a fait le vietnam, genre, ya bien trois siècle de ça et depuis, histoire qu'on lui pisse pas trop sur les pattes, ben, il s'est associé avec 10 gonzes super balèzes et tous ensembles, y refont les 11 salopards et y flinguent du connard de terroriste dans des pays vraiment trop chelou, du style ouceque t'aimerais pas y foutre les pinceaux, quoi. Ouais ouais, j'te jure - à moins qu'tu sois versé dans le, genre, tourisme sexuel quoi, et qu't'as pas peur de te chopper le palu-machin, là, hein ?
Bref. j'en été où, moi, bordel ?
Ah ouais, ouais, le bouquin... ouais... ben franchement, j'vais te dire, franchement, il était pas si mortel que ça, le bouquin.
Bon, déjà, Barabas, il y est tout seul, dans son bouquin. Les 10 gonzes, c'est à peine si t'en vois 3 à la fin. Ouais, vraiment, j'étais super-deçu. J'te jure. Et en plus, les 3 de la fin, y sont un peu minables sur les bords.
Ensuite, ben, y s'passe pas grand chose quand même. Des fois, y se tirent dessus pour faire style, mais la plus part du temps, ils arrêtent pas de causer de trucs que t'en a un peu rien à battre.
Et puis surtout ya les méchants qui sont vraiment trop foireux. De vraies lopettes les gusses ! Moi à leur place, putain j'te jure, ça ferait déjà une paye que j'l'aurai flingué le Barabas ! Mais eux, non, y zarretent pas de se baliser les grelots pour un oui ou pour un non !
Bon, quand même, j'veux pas te dégoûter du truc. Dans le genre, j'ai lu pire. Ça vaut peut être pas un Exécuteur d'la bonne période mais après une grosse cuite, un dimanche oucequ'ya rien à la télé, j'ai connu pire.
Et puis, franchement, si t'as lu ce billet en entier - qui est tout de même bien éprouvant - 215 pages de littérature Chuck Norris, ça ne devrait pas te faire peur, hein ?

1987, LES GUERRIERS DU FUTUR

LA GUERRE DE LA ROUTE, DB DRUMM
PRESSES DE LA CITE / RANGER # 5, 1987

Toujours la grande catastrophe et ses conséquences (cf. le message précèdent, je ne vais pas me répéter pour tes beaux yeux) mais cette fois, pas de bon roman au programme, non non, place à 3 colombins imprimés en 1987 - du dangereusement radioactif et fichtrement post-apocalyptique qu'a de bonnes intentions mais qui n'arrive jamais à les concrétiser...

...Par exemple, le tome 5 de la série Ranger, succédané du Survivant en plus fantaisiste et décadent, genre western-spag' atomique.
Fourgué de cette manière, on a envie d'y croire.
Déjà, Mad Max II, passé les références aux classiques de Ford et Hanks, était un peu Leonien par endroits. Et puis les Ritals nous ont eux aussi bien fait gondoler avec leurs réappropriations du genre - une petite pensée émue pour Joe D'Amato et son ultra-jouissif 2020 Texas Gladiators, dans lequel des cow-boys du futur (et un ninja super-cool) combattaient de vils barbares et de méchants militaires fachoïdes.

Dans Ranger, le topo est assez identique (militaires, barbares et bagarre dans le saloon incluse) : c'est con, c'est cool, c'est abrutissant et c'est douloureux.
Je te résume la chose, tu vas voir :
Donc, le héros, Ranger de son petit nom, c'est une espèce d'ahuri avec un bandeau rouge sur le front
et qui pilote sur les freeways défoncées des USA un camion blindé super-équipé, véritable délire de gamin gavé aux micromachines et à supercopter. Il est accompagné dans ses aventures par un buddy black qui commence toutes ses phrases par un invariable "hey man" et ensemble, unis comme les doigts de la main, ils dézinguent du punk mutant dégénéré en pagaille, sans se bouger le cul de leur siège de bagnole, juste en appuyant sur un bouton qui fait TACA-TACA-TAC, BADABOUM-FROUCHHH, SPLACH-BADABANG-ZIOOUM, et voila les méchants déchiquetés en mille morceaux qui hurlent tous AAARGHH! à l'unisson tandis que nos héros, stoïques et imperturbables, continuent à tracer leur voie sur l'autoroute du futur post-nucléaire, le lecteur cassette à fond les ballons sur un bon vieux tube de Judas Priest, genre Painkiller ou Turbo Lover.

Bref, c'est la grande classe - surtout si tu as 5 ans et que tu entrechoques toujours tes hotwheels avec ton action-man deuxième génération, en faisant de gros bruits de boite à vitesses et d'explosions avec la bouche.
Ouais, Ranger, c'est du certifié 100 % régression. Le super-méchant ressemble à Skeletor dans Les Maîtres de L'Univers. Il s'appelle le Cavalier Noir, "un mutant inhumain, doué d'une force et de pouvoirs inhumains." Je ne te le fais pas dire.
Ses acolytes sont coulés dans le même moule. Il y a Manta, la Brigitte Nielsen à ultra-gros tits et qui se trimbale constamment la devanture à l'air libre. Il y a ensuite les vilains Krabs, des punks dégénérés du futur qui s'habillent fashion (clous, chaînes, insigles SS, doigts humains en pendentifs) et fument de l'épinard, "une marijuana mutante aux effets démoniaques." Des gars défoncés de la tête aux pieds et qui ne servent qu'à se faire ravager la couenne par Ranger et son pote black.

Pour le reste, dans La Guerre De La Route, il y a aussi un semblant d'intrigue, une affaire de course au trésor pour récupérer le mythique magot d'Howard Hughes. Le récit oscille entre novelisation de Donjon et Dragon et scénario type des comics franchisés de la Marvel période Jim Shooter, genre Larry Hama sur GI Joe... mais en encore plus crétin. C'est dire.
Rajoutons à l'ensemble quelques débordements émotionnels, du gore qui tache, un érotisme de pacotille ("ses seins étaient deux collines rondes au sommet desquelles se dressaient de petits mamelons tendres, son ventre une mer d'huile aux couleurs de soleil couchant et ses jambes deux fuseaux d'ambre qui se rencontraient à l'endroit où avait poussé un doux buisson noir aux senteurs de sauvagine.") et le tableau est complet.
Ranger, c'est du tenace, du littérairement dégueulasse, du fortement conseillé aux amateurs de saloperies infantilisantes qui n'ont pas froid aux yeux et aux synapses.



LE MAITRE DES ORAGES, ZEB CHILLICOTHE
PLON / JAG # 11, 1987

Tout aussi con mais avec plus de prétentions (mauvaise idée, ça), voici le onzième volume de la série JAG - série signée Christian Mantey, un ex-auteur Fleuve Noir assez décevant, ici en association avec Joël Houssin – 1987, c'était sa période plumitif mercenaire.
Bon, JAG, je dois l'avouer, je n'ai jamais vraiment compris ni accroché. La catastrophe initiale, toujours résumée dans les premières pages de chaque épisode, ne m'a jamais convaincue. Trop baroque, trop alambiquée. L'univers qui se rétracte, no comprendo. Moi, il me faut du simple, du frustre, du classique. Apocalypse nucléaire ou rien.
Bref, JAG, niveau littérature virile d'après la bombe, c'est un peu le pompon de la fantaisie. Cela permet tout de même quelques beaux passages étranges ("Le temps joue contre nous. Toutes ces saloperies qui tombent du ciel gangrènent insensiblement les mers, les continents. Le paradis d'hier n'existe plus. C'est l'enfer tous azimuts. Y'a plus rien de sacré; que tu sois nanti ou pas, l'étau se resserre ! ") mais sur la longueur, c'est plus ennuyeux qu'autre chose.
Chaque épisode est structuré comme un scénario de jeu de rôle. L'influence fut largement reconnue par Houssin. Malheureusement, le résultât est peu glorieux. Les missions se suivent et se ressemblent. Errance dans une contrée hostile, découverte d'une (micro) civilisation autarcique, exploration, confrontation, résolution.

Le Maître Des Orages n'échappe pas à ce formatage. Inutile donc de le résumer, c'est déjà fait.
Reste alors le style propre à la série. Houssin et Mantey tissent en effet des images digne d'un Brussolo à ses débuts au Fleuve. Monstres de cauchemars, anatomies grotesques, technologies mutantes, biologies hybrides, architectures vivantes. Il y a de l'idée, assurément, mais ces visions peinent à s'affirmer autrement qu'en une succession routinière de tableaux dans un jeu d'arcade. Sans réalité propre ni prise sur le lecteur, le monde du Maître des Orages, sa prétendue logique interne, son imagerie, tout cela semble artificiel. C'est de la poudre aux yeux, qui pique et qui dérange. C'est surtout une esthétique dépassée, celle des corps démembrés fixés sur des mécaniques inhumaines. On dirait du Jim Ballard de fête foraine, mal pensé, mal structuré. C'est quasiment Crash videoclipé par un gogo à la gaga - si tu ne vois pas ce que je veux dire, t'as bien de la chance.
Bref, Le Maître Des Orages (et plus globalement tout ce que j'ai déjà pu lire de Christian Mantey) en fait à la fois trop et pas assez. Seules les 4 dernières pages (pour la apport à la continuité de la série) valent tripette. Pour le reste, rendez-nous nos punk warriors, nos héros commandos, nos débiles sous testostérone et leurs habituels déserts radioactifs.
La littérature post-nuke taillée au kilomètre est un genre qui digère mal les débordements d'originalité.



LES PARASITES DE L'HORREUR, SEABURY / CORMAN
MEDIA 1000 / APOCALYPSE # 1, 1987

Cette fois, trêve d'excentricité et place au schéma classique, bien lourd et bien gras, prévisible et balisé comme du Survivant ou du Ranger. Tu connais le topo : Les bombes sont tombées, blablabla, le monde est en ruine, blabla... vaste désert radioactif... îlots de civilisation... faire face aux attaques constantes des méchants mutants... bref, c'est le bordel nucléaire habituel avec, pour seule particularité, une grosse touche d'horreur cradingue, façon film gore des années 80, et tartinée avec l'ardeur d'une bétonneuse rustaude.
Ainsi, dans Les Parasites De L'Horreur, notre héros Russ Norton, ancien militaire tendance commando, super-baroudeur inflexible, Mack Bolan croisé avec Bruce Willis, ("le meilleur d'entre tous" nous dit la quatrième de couverture), Russ Norton donc, doit protéger une ville d'une attaque de zombies fou-furieux.
Ça sonne 100% bonnard mais malheureusement, le roman se révèle tout juste lisible, Don Seabury et Terence Corman (en réalité, Richard D. Nolane et Michel Pagel) n'arrivant pas à rendre leur histoire intéressante. La faute à un rythme mollasson, à une écriture merdique, à un personnage principal vraiment trop con et à un méchant, le Terminateur, totalement pathétique.
La faute surtout à une accumulation sans inventivité de scénettes sanguinolentes, toutes aussi longuettes que monotones.
Corps mutilés, sphincters déchirés, tripaille débraillée, vessies relâchées, membres explosés, recoins intimes défoncés, n'est pas L'Echo Des Suppliciés qui veut. Les Parasites De L'Horreur pourrait d'ailleurs se résumer en une simple liste d'atrocités un peu ternes, un peu glauques.
On débute ainsi avec :
- un charcutage en règle, directement suivi par :
- une séance de torture pas très féministe incluant viol collectif, mutilation vaginale et incubation contre-nature.
On passe ensuite à :
- un arrachage de gorge permettant une nouvelle incubation,
- une double compote-party (étripage, fractures multiples et vomissures en tout genre) dans les rangs du personnel d'un hôpital,
- une nouvelle incubation, cette fois par voie vaginale,
- une colonne vertébrale de zombi éclatée,
- deux nouvelles gorges ouvertes et bouillonnantes,
- une minorité raciale frontalement hachée, la cervelle rondement déchiquetée,
- un bref aplanissage humain à coup d'armoire métallique,
- une décapitation suivie d'un déroulement d'intestin,
- une autre décapitation avec puissant jet d'hémoglobine et tronche volante... j'arrête là. Page 73 du roman, soit la moitié du catalogue. L'entassement peut sembler zélé mais cela ne le rend pas pour autant distrayant. C'est quelconque, routinier, sans éclat ni fulgurance. Nolane, qui s'était montré bien dur avec les Gore du Fleuve Noir, est loin d'en égaler le plus mauvais. Les Parasites De L'Horreur manque de substance, de vie, d'inventivité, de folie. Le roman est en quelque sorte à l'image des exactions qu'il présente : plat, froid, ennuyeux, répétitif.
C'est d'autant plus décevant que, de par son mélange d'horreur sanglante et de post-nuke bourrin, la série générait tout de même certaines attentes... qui ne se trouveront jamais concrétisées.
Et ça, c'est impardonnable.

MACHO D'APOCALYPSE

LE CRI DE L'EPERVIER, JERRY AHERN
PLON / LE SURVIVANT # 4, 1985

L'apocalypse, la chute des bombes, la fin du monde et tout le tremblement, c'est, tu me l'accordera, pas un truc de mauviette. Faut se la défoncer niveau musculature pour survivre. Les luneteux, les nabots, les féministes, paf, rayés de la carte. Place à l'homme, le vrai, celui qui non seulement assure comme une bête avec ses flingots et ses explosifs mais qui est aussi capable de résister sans verser une goute de sueur aux radiations super-mortelles de la nature en mutation et aux assauts répétées des bandes organisés d'anciens chômeurs et de repris de justice hantant les autostrades en friches et les cités en ruine du monde de demain.
Les punk-warriors, comme on dit dans le Survivant. Ça sonne mieux, ça donne le ton. On imagine les gros piercing et les iroquoises rougeoyantes, peut être de la brillantine à gogo pour les plus retro, frusques en cuir, tronches difformes, chaines et picots pour faire bonne mesure. On imagine de bons vieux clichés. Ce n'est pas une critique.
Figures éculées et schémas stéréotypés représentent l'essence même des divertissements post-apocalyptiques. Sans eux, ce ne serait plus pareil. Ce serait chiant.

Heureusement, La série Le Survivant - ou plutôt Le Cri De L'Épervier, tout premier épisode que je lis - répond en tout point à la banalité inhérente du genre et affiche fièrement ses couleurs dès la première page.
"Les states n'étaient plus qu'un vaste désert nucléaire. L'Arizona était une ile entourée d'eaux rugissante. La Californie avait sombré dans le Pacifique, provoquant des tremblements de terre jusqu'en Alaska. L'invasion soviétique progressait malgré une résistance organisée par le nouveau président Samuel Chambers. Ce qui restait de terre épargnée par les radiations et les cataclysmes était en majeure partie contrôlé par les hordes de punk warriors et autres motards de l'enfer. Les réfugiés qui fuyaient les cités détruites étaient impitoyablement pillés et massacrés."
Et dans ce vaste désert nucléaire, John Rourke, ancien de la CIA et one-man-army surarmé, John Rourke, contretype parfait du héros viril, défenseur des opprimés et Zorro post-catostrophiste, John Rourke, donc, se farci à tour de bras du méchant Russkoff, du punk warrior débile et de la poulette sympa (car peu frileuse) tout en recherchant vaguement sa femme et ses deux gosses (probablement perdus dans les Rocheuses) et en assistant de temps à autre le gouvernement américain dans son effort de reconstruction.
Bref, rien de nouveau sous le soleil. Le territoire est ultra-balisé.
Le Survivant, c'est de la romance bien burnée
et calibré au millimètre par un vieux routard du genre, Jerry Ahern, aussi connu sous le pseudo d'Alex Kilgore, dinguo-fou d'armes à feu, fanatique des techniques survivalistes et désormais président de la fabrique de flingues américains Detonics USA - ce qui tombe sous le sens vu que son héros, John Rourke, ne se dépare jamais de ses deux .45 Detonics Combat Master.
Rajoutons un FM SG 543, un Python Magnum 357, divers explosifs, une moto, un couteau et plein de cigarillos et l'on se fait une relativement bonne idée de la série.
C'est du gun-porn post-apocalyptique agréablement troussé, qui ménage son suspense et ses effets sans rechercher les fioritures. Page 131, l'auteur fait même striduler mon compteur Geiger-Müller avec une phrase imparable : "Le signal rouge action clignota dans son crâne en même temps qu'un flot d'adrénaline se ruait dans ses veines."

Néanmoins, si le héros, ce baroudeur implacable typique de la littérature pour mecs, est sans surprise, les personnages secondaires sont bien campés, évitent un certain manichéisme (non, les russes ne sont pas tous des salauds !) et permettent un renouvellement constant des péripéties.
Mention spéciale aussi pour la traduction/adaptation de Frédéric Lasaygues qui argotise comme un grand (ça donne du punch au texte) et n'oublie jamais que clope, au même titre que chiotte et baston, est à l'origine un mot masculin. Ce sont des détails mais dans Le Cri De L'Épervier, les détails sont nombreux. Mis bout à bout, ils assurent à l'ensemble un bon niveau de qualité.
Dans le genre littérature virile bas du front, c'est donc du totalement recommandable. Simple et efficace.

Reste à espérer que la suite soit d'aussi bonne facture...

ÇA VA BLITZER !

FUSILLADE A SAN FRANCISCO, DON PENDLETON
PLON / L'EXECUTEUR # 11, 1976

Peut-on rester insensible à la franche connerie sous testostérone d'un épisode de la série L'Exécuteur ? Je veux dire, à moins d'être une femme, un pacifiste ou bien un type pas très viril aux encoignures... Non, vraiment, c'est impossible. On ne peut pas resister. Voila un gars, l'Exécuteur, dit Mack Bolan, qui passe ses 220 pages mensuelles à dézinguer comme un enragé du mafieux pourri, soutenu par une écriture aussi lourdement sentencieuse que le staccato d'une batterie de mitrailleuses le soir au fond de la jungle vietnamienne. Que demander de plus ? De la finesse ? Laissez-moi rire.
A titre d'exemple pratique, saisissons-nous de Fusillade A San Francisco, onzième volume des très répétitives aventures de Mack Bolan. Ouvrons l'ouvrage en page 7, chapitre 1. "Le moment de faire la guerre était venu." Ça, c'est la première phrase du bouquin. Ça donne le ton mais la suite est bien meilleure, jugez un peu :
"Mack Bolan était prêt. Il allait blitzer, provoquer un orage terrifiant plein d'éclairs et de roulements de tonnerre, faire pleuvoir la mort et la destruction, laisser ruisseler la peur et la panique. Il allait passer à l'attaque."
Voila une introduction géniale, saisissante, totalement sturm und drang, totalement jouissive, totalement... totale ! Un paragraphe entier, juste pour dire au lecteur : "Mack Bolan allait buter des mecs, comme d'habitude."
Et comme d'habitude, ça ne tarde pas. Page 11, Mack Bolan fait exploser un tripot. Page 13, Mack Bolan achève les survivants. Page 17, sa mission terminée, le roman peut commencer. Un Exécuteur, période guerre à la mafia (c'est à dire les 38 premiers volumes), suit toujours le même schéma. L'affaire est réglée comme du papier à musique. Mise en bouche d'une vingtaine de page en un court assaut commando mené par l'Exécuteur. Puis une pause de 60 à 80 pages pendant laquelle 1) les mafieux font des tractations entre eux 2) Bolan rencontre (mais sans arrières pensées aucunes) des filles de petites ou moyennes vertus 3) la police du coin patauge. Le lecteur patiente donc jusqu'au milieu du roman, moment parfait pour lancer un deuxième baroud solo, plus long et plus violent. Bolan dessoude ainsi la moitié des truands de la ville qu'il visite et fait très peur aux autres qui redoublent de tractations. Ensuite, ça s'enchaîne implacablement. Les filles qu'il avait rencontré se font kidnapper, les mafieux multiplient les coups bas, Bolan délivre les gonzesses, tue quelques dizaines de salauds de plus, prépare sa prochaine attaque. Nous sommes page 180, c'est l'heure de l'ultime assaut contre la place forte des vilains avant l'épilogue. "Il ne baissa son arme qu'après avoir vidé le chargeur. Ils étaient tous morts, étendus, déchiquetés. Un monstrueux tas d'ordure."
Et tout cela, ad vitam æternam.
(putain, waouw, du latin, quelque culture que j'ai !)
Mais la routine n'empêche pas les variations qualitatives. Somme toute, en oubliant l'excellence tapageuse de son introduction, Fusillade A San Francisco est un Exécuteur plutôt décevant : trop de sous-intrigues disparates (les chinois) et trop de protagonistes inutiles (les chinois), le tout conclu à la va-vite par une révélation finale calquée sur le volume précèdent, Châtiment Aux Caraïbes, un morceau de bravoure para-militariste bas du front bien plus recommandable que cette Fusillade San Franciscaine gentiment médiocre. Mais la médiocrité n'empêche pas le plaisir, c'est ce que je me répète chaque matin.



LE BLITZ DE BOSTON, DON PENDLETON
PLON / L'EXÉCUTEUR # 12, 1976

Tant que nous y sommes, et avant que je fasse une dépression, abordons rapidement le volume suivant, Le Blitz De Boston, un épisode assez satisfaisant en dépit d'une introduction fort sobre. Il nous faut en effet patienter jusqu'au quatrième chapitre, page 57, pour que des voitures explosent, des maisons s'effondrent et des mafieux moustachus se fassent trouer la couenne comme des malpropres. C'est long, mais ça vaut néanmoins le coup d'attendre. Car page 57, Mack Bolan déloge une horde de mafieux de leur club-house à coup de mortier.
"Toutes les trois secondes le mortier toussait et un morceau d'enfer planait au dessus du parc avant de s'écraser avec une explosion dévastatrice. Après l'envoi du dernier obus il observa les résultats qui auraient rempli de fierté une compagnie d'artilleurs. Puis il saisit de nouveau le détonateur à télécommande et fit sauter le club."
La finesse, une valeur en baisse.
En tout cas, page 57, le bouquin est enfin sur ses rails. Pendleton, ouvrier consciencieux de la littérature pour mectons frustres, honore syndicalement son contrat. Le Blitz De Boston porte bien son titre mais n'ira pas faire trop de zèle sur le terrain de la surenchère. Quoi qu'il arrive, un roman l'Exécuteur sait rester carré, propre, droit, sans excès.
Donc, dans cet épisode, Mack Bolan, notre one-man army proto-punisher favori, est à la recherche de son jeune frère et de sa petite copine, kidnappés (tiens donc !) par un mafieux pas très futé. Je dis pas très futé puisque le gonze malfaisant, non seulement il ne sait pas quoi faire de ses otages (un comble !) mais en plus il ira jusqu'à faire croire à Bolan qu'il les a tués ! Mauvaise idée, ça.
"Ce n'était plus une guerre.
Ce n'était plus une exécution.
Ce n'était plus l'Exécuteur s'acheminant sûrement vers l'ennemi.
C'était Mack Bolan, le frère de Johnny, l'amant de Val, qui fonçait sur les meurtriers des êtres qu'il avait aimés, qui allait les tuer.
[...] Et pour une fois, il allait tuer avec plaisir."
Bref, voila l'Exécuteur en super-rogne, qui détruit tout sur son passage, extermine les pourris par centaines et délivre les otages à la fin. Comme d'habitude, en somme ?

Oui, comme d'habitude. Un roman totalement con, prévisible, routinier, avec des gars qui se canardent comme si il s'agissait d'un sport olympique, du mobilier urbain qui vole en éclat à chaque nouvelle bataille et un flot intarissable d'hémoglobine sicilienne qui menacerait presque en fin de roman de submerger la ville.
Étrangement, aussi idiot que cela puisse paraître, c'est une formule dont je n'arrive pas à me lasser.

SOLDATS DE FORTUNE

GUERRE CHIMIQUE, A.G. CHRISTIAN
GDV / SOLDATS DE FORTUNE # 10, 1991

En dehors des sublimes couvertures de Melki, moins explosif que sur les SCUM de David Rome/Joël Houssin mais bien plus putassier qu'à son habitude (petit topo de la couvrante de ce numéro 10 à destination des malvoyants : une blonde à grosse mitraillette prend la pause façon poster de camionneur, nous exposant ainsi tout l'intérêt de sa tenue militaire foutrement peu réglementaire puisque composée d'un string kaki et d'une chemise boléro largement décolletée), donc, en dehors de cette imagerie généreusement vulgaire qui ici fait office de vertu commerciale compensatrice (et dont seules les personnes frustres se plaindront), il n'y a pas grand chose à sauver de la courte (12 numéros) série Soldats de Fortune que Gérard de Villiers nous importa des USA à la fin des années 80.
En fait, je pourrais presque dire : il n'y a rien à en sauver.
Publiés à l'origine par la revue Soldier Of Fortune, qui est au mercenaire américain ce que Le Chasseur Français est au chasseur français, ces petits bouquins ressemblent assez fortement à des aventures de l'Executeur, même période, c'est à dire lorsque Mack Bolan, sous la tutelle de Harlequin/Hunter, combattait 250 pages par mois de méchants terroristes étrangers.
Donc, à moins d'être passionné par les actions commando, les débriefing militaires, les veillées au feu de bois dans la jungle et les longs discours de politique reaganienne, ce n'est pas vraiment folichon. Sans compter que, cerise sur le gâteau - et contrairement à l'Executeur qui s'est toujours montré assez sobre de ce coté-là, Soldats de Fortune se permet des subplots romantiques digne d'une série télé à l'eau de rose pour vieilles filles.
Ainsi, dans Guerre Chimique, notre héros, un impitoyable baroudeur veteran du vietnam, tombe sous le charme d'une jeune et mignonne subalterne du ministère de la défense. Elle est juive et de gauche, il est ricain et de droite, mais à la fin, elle comprend que c'est lui qui a raison because, si les femmes avaient des opinions politiques valables, ça se saurait depuis bien longtemps, n'est-ce pas les gars ?
Bref, là, vous vous demandez où je veux en venir et vous avez bien raison car je suis en train de m'égarer.
Je reprends donc et, hop, le seul autre intérêt de ce bouquin, après la magnifique première de couverture, c'est le premier paragraphe du résumé de la quatrième de couverture.
Tout le reste, vous pouvez le jeter, ce n'est que perte de temps.
Donc, je te le cite, ce premier paragraphe, et attention, accroche toi au clavier, c'est du lourd :
"Le groupe terroriste d'Abdul Harani a dérobé à l'Institut Pasteur des germes de virus mortels, dont celui du Sida. Son objectif : infester les réservoirs d'eau de Floride."
Voila qui me laisse baba. Le virus du Sida dans de l'eau potable ! On atteint là des sommets d'un beau et vigoureux n'importe quoi. Et la date de publication (1988/1991) n'excuse aucunement la stupidité de ce point de départ.
Malheureusement, il fallait s'en douter, l'auteur, une fois son héros militaire lancé sur la piste des méchants musulmans contaminateurs du dimanche, ne s'occupe plus de cette fantaisiste histoire de Sida en bouteille de vittelloise. Et c'est bien triste car, au risque de passer pour un vilain huluberlu à l'impudence mal placée, je persiste à considérer qu'il y avait dans ce sujet matière à écrire un grand roman d'action machiste honteusement comique.
Mais, comme je le laissais entendre en introduction, Soldats de Fortune, ce n'est pas SCUM.
Loin de là !