K COMME KARNAVAL, PAUL VENCE
PLON / SERVICE ACTION # 1, 1982
J'ai beau avoir un sacré rendement niveau lecture en masse de saloperies imprimées, je ne pensais tout de même pas tomber si bas.
De quoi que je cause ? De Philippe Randa, le fils fachoïde du déjà pas très net André Duquesne.
Bon, je l'avoue, j'aime assez l'œuvre du père. Ses polars, malgré leurs grosses ficelles et un style répétitif, constituent d'agréables lectures et sa SF, de par son étalage de complaisances militaristes et de conneries machistes, entretient un charmant je-ne-sais-quoi aux fort relents de mauvais gout.
Malheureusement, si le daron était une épée dans sa catégorie, Junior, par contre, c'est une toute autre paire de manches. Disons même que niveau littérature populaire, c'est un sacré manche. Pour preuve, ce premier épisode de sa série Service Action, une production Gérard de Villiers signée sous le pseudonyme de Paul Vence et qui aurait mieux fait d'être intitulée Service Sieste - je dis ça en connaissance de cause puisque K Comme Karnaval m'a véritablement endormi.
Mais ne nous emballons pas, procedons dans l'ordre.
Notre héros du jour se nomme donc Robert Czskalszski, dit Skal, super-espion français, "cocktail bien dosé de qualités intellectuelles, physiques et professionnelles supérieures" - n'ayons pas peur des mots !
Dans cet épisode, Robert est envoyé à Munich pour y récupérer de mystérieux documents confidentiels. "A Munich, en ce moment," lui explique son patron, "c'est la période du carnaval, une gigantesque fête teutonne. La bière coule à flots, les femmes sont chaudes comme des petits pains sortant du four et avides comme des nonnes."
Charmante évocation.
Bref. Dès le troisième chapitre, la mission de Robert se révèle être un échec. En effet, les documents confidentiels lui passent sous le nez et il se retrouve comme un con avec le cadavre de son indic' sur les bras. Ça ne semble tout de même pas trop le désarçonner puisque quelques pages plus tard (et quelques litres de bière ingurgités en plus), il se tape une gonzesse déguisée en Lili Marlène et dont les seins "saillaient dans le tissu, telles (sic) deux fusées d'obus."
On apprend par là même que Robert est un rapide. "En trois minutes, tout fut consommé."
Malheureusement, c'était aussi un piège. Robert est lâchement assommé alors qu'il bazardait sa purée. Il se réveille un paragraphe plus bas dans une impasse sombre, se frotte le crâne, se demande ce qu'il fout là puis manque de se faire canarder par des salauds alors qu'il regagne son hôtel. Il commence donc à se poser quelques questions quant à l'identité de ses adversaires. "Une fois de plus, il énuméra les possibilités : KGB ? CIA ? Ça pouvait être n'importe qui."
Bravo fiston, super déduction ! Et ça continue !
Page 83 : "Les questions fondaient sur Skal comme les moustique sur une peau de colon, le soir, sous les tropiques."
Page 86, ç'en est trop ! Robert n'en peut plus de toutes ces interrogations. "Il en avait vraiment marre de ce boulot trop con, de ses suppositions, des déductions impossibles, de cette fouille pour inspecteur de quartier, de la marche à l'aveuglette, en plein brouillard, les pieds dans des sables mouvants. Il n'arriverait à quelque chose que par l'action : c'était une évidence [...]"
Fier de sa décision, il s'en va donc se taper la cloche dans un resto. Jambonneau braisé sur son lit de choucroute, le tout accompagné par une bouteille de blanc. Que d'action ! Que de rebondissements ! Mais arrivé au café, c'est le drame ! "Les questions revinrent immédiatement, fondant sur lui comme les escadrilles kamikazes piquant sur les porte-avions yankees, à Midway."
C'est beau, c'est poétique.
Moi, j'en profite tout de même pour m'endormir un petit coup. Quand je me réveille (oui, je tourne les pages en dormant), Robert est en train de se taper une nouvelle gonzesse. On est content pour lui mais malheureusement, ça ne rate pas : alors qu'il vient de terminer sa petite affaire, il se fait à nouveau assommer.
Décidément, c'est une habitude !
Chapitre 8. Robert est donc fait prisonnier par les méchants. Chapitre 9. Robert s'échappe de chez les méchants - et là, attention, c'est très important, a lieu la toute première fusillade du bouquin !
Nous sommes page 140. C'est incroyable ! 6 pages d'action non-stop ! De l'action mollassonne, certes, mais de l'action quand même. Faut en profiter, il n'y en aura pas d'autre. 100 pages plus tard (et une nouvelle petite sieste en pointillés) le bouquin se termine. Il ne s'est rien passé de plus (hormis une course-poursuite à 50 km/h.) mais par contre, Robert a trouvé les réponses à toutes ses questions.
Primo, les méchants, ce sont des agents du M.O.S.S.A.D. infiltrés dans l'industrie militaire franco-suisse pour voler les secrets de bidules radars machin-chouettos et secondo, les documents confidentiels, ce sont les listing de ces même agents secrets Israéliens, aimablement fourni au Service Action (sic) par un ancien nazi rancunier.
On croit rêver ! Le nazi qui dénonce aux gentils des services secrets français les méchants noyauteurs juifs. Question morale, ya pas à dire, c'est du super reluisant !
Reste que dans le genre espionnage de mauvais aloi et nauséeux, ce Service Action a beau faire, il est loin d'égaler les aventures de Pierre Mauborg, que Randa sénior signa dans les années 50 sous le pseudonyme de Diego Suarez et que l'on pourrait décrire par "Mickey Spillane rencontre Jean-Marie Le Pen rencontre Le Gorille de Antoine Dominique" ...oui oui, je sais, j'ai de drôles de comparaisons... et d'ailleurs, bille en tête, je persiste et signe puisque dans le cas de Service Action, ce serait plutôt "Paul Kenny rencontre une tisane à la camomille et un tube de barbituriques."
Inutile d'en faire l'essai, vous en connaissez déjà les effets.
Et tant que j'y suis, voici les couvertures des 3 volumes suivants. On peut au moins reconnaitre ça à Service Action : les illustrations de Loris sont superbes.
(Malheureusement, ça se gatte un peu par la suite...)
Bien entendu, la dernière image est dédiée à Filo, rapport à sa semaine de la motocyclette.
PLON / SERVICE ACTION # 1, 1982
J'ai beau avoir un sacré rendement niveau lecture en masse de saloperies imprimées, je ne pensais tout de même pas tomber si bas.
De quoi que je cause ? De Philippe Randa, le fils fachoïde du déjà pas très net André Duquesne.
Bon, je l'avoue, j'aime assez l'œuvre du père. Ses polars, malgré leurs grosses ficelles et un style répétitif, constituent d'agréables lectures et sa SF, de par son étalage de complaisances militaristes et de conneries machistes, entretient un charmant je-ne-sais-quoi aux fort relents de mauvais gout.
Malheureusement, si le daron était une épée dans sa catégorie, Junior, par contre, c'est une toute autre paire de manches. Disons même que niveau littérature populaire, c'est un sacré manche. Pour preuve, ce premier épisode de sa série Service Action, une production Gérard de Villiers signée sous le pseudonyme de Paul Vence et qui aurait mieux fait d'être intitulée Service Sieste - je dis ça en connaissance de cause puisque K Comme Karnaval m'a véritablement endormi.
Mais ne nous emballons pas, procedons dans l'ordre.
Notre héros du jour se nomme donc Robert Czskalszski, dit Skal, super-espion français, "cocktail bien dosé de qualités intellectuelles, physiques et professionnelles supérieures" - n'ayons pas peur des mots !
Dans cet épisode, Robert est envoyé à Munich pour y récupérer de mystérieux documents confidentiels. "A Munich, en ce moment," lui explique son patron, "c'est la période du carnaval, une gigantesque fête teutonne. La bière coule à flots, les femmes sont chaudes comme des petits pains sortant du four et avides comme des nonnes."
Charmante évocation.
Bref. Dès le troisième chapitre, la mission de Robert se révèle être un échec. En effet, les documents confidentiels lui passent sous le nez et il se retrouve comme un con avec le cadavre de son indic' sur les bras. Ça ne semble tout de même pas trop le désarçonner puisque quelques pages plus tard (et quelques litres de bière ingurgités en plus), il se tape une gonzesse déguisée en Lili Marlène et dont les seins "saillaient dans le tissu, telles (sic) deux fusées d'obus."
On apprend par là même que Robert est un rapide. "En trois minutes, tout fut consommé."
Malheureusement, c'était aussi un piège. Robert est lâchement assommé alors qu'il bazardait sa purée. Il se réveille un paragraphe plus bas dans une impasse sombre, se frotte le crâne, se demande ce qu'il fout là puis manque de se faire canarder par des salauds alors qu'il regagne son hôtel. Il commence donc à se poser quelques questions quant à l'identité de ses adversaires. "Une fois de plus, il énuméra les possibilités : KGB ? CIA ? Ça pouvait être n'importe qui."
Bravo fiston, super déduction ! Et ça continue !
Page 83 : "Les questions fondaient sur Skal comme les moustique sur une peau de colon, le soir, sous les tropiques."
Page 86, ç'en est trop ! Robert n'en peut plus de toutes ces interrogations. "Il en avait vraiment marre de ce boulot trop con, de ses suppositions, des déductions impossibles, de cette fouille pour inspecteur de quartier, de la marche à l'aveuglette, en plein brouillard, les pieds dans des sables mouvants. Il n'arriverait à quelque chose que par l'action : c'était une évidence [...]"
Fier de sa décision, il s'en va donc se taper la cloche dans un resto. Jambonneau braisé sur son lit de choucroute, le tout accompagné par une bouteille de blanc. Que d'action ! Que de rebondissements ! Mais arrivé au café, c'est le drame ! "Les questions revinrent immédiatement, fondant sur lui comme les escadrilles kamikazes piquant sur les porte-avions yankees, à Midway."
C'est beau, c'est poétique.
Moi, j'en profite tout de même pour m'endormir un petit coup. Quand je me réveille (oui, je tourne les pages en dormant), Robert est en train de se taper une nouvelle gonzesse. On est content pour lui mais malheureusement, ça ne rate pas : alors qu'il vient de terminer sa petite affaire, il se fait à nouveau assommer.
Décidément, c'est une habitude !
Chapitre 8. Robert est donc fait prisonnier par les méchants. Chapitre 9. Robert s'échappe de chez les méchants - et là, attention, c'est très important, a lieu la toute première fusillade du bouquin !
Nous sommes page 140. C'est incroyable ! 6 pages d'action non-stop ! De l'action mollassonne, certes, mais de l'action quand même. Faut en profiter, il n'y en aura pas d'autre. 100 pages plus tard (et une nouvelle petite sieste en pointillés) le bouquin se termine. Il ne s'est rien passé de plus (hormis une course-poursuite à 50 km/h.) mais par contre, Robert a trouvé les réponses à toutes ses questions.
Primo, les méchants, ce sont des agents du M.O.S.S.A.D. infiltrés dans l'industrie militaire franco-suisse pour voler les secrets de bidules radars machin-chouettos et secondo, les documents confidentiels, ce sont les listing de ces même agents secrets Israéliens, aimablement fourni au Service Action (sic) par un ancien nazi rancunier.
On croit rêver ! Le nazi qui dénonce aux gentils des services secrets français les méchants noyauteurs juifs. Question morale, ya pas à dire, c'est du super reluisant !
Reste que dans le genre espionnage de mauvais aloi et nauséeux, ce Service Action a beau faire, il est loin d'égaler les aventures de Pierre Mauborg, que Randa sénior signa dans les années 50 sous le pseudonyme de Diego Suarez et que l'on pourrait décrire par "Mickey Spillane rencontre Jean-Marie Le Pen rencontre Le Gorille de Antoine Dominique" ...oui oui, je sais, j'ai de drôles de comparaisons... et d'ailleurs, bille en tête, je persiste et signe puisque dans le cas de Service Action, ce serait plutôt "Paul Kenny rencontre une tisane à la camomille et un tube de barbituriques."
Inutile d'en faire l'essai, vous en connaissez déjà les effets.
Et tant que j'y suis, voici les couvertures des 3 volumes suivants. On peut au moins reconnaitre ça à Service Action : les illustrations de Loris sont superbes.
(Malheureusement, ça se gatte un peu par la suite...)
Bien entendu, la dernière image est dédiée à Filo, rapport à sa semaine de la motocyclette.
1 commentaire:
Même les illustrations, je trouve qu'elles ne brillent ni par leur composition, ni par leur rendu trop glacé.
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