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UNE ADDITION À LA FLANC

TU PAIERAS DE TA CHAIR, LARRY SAUNDERS
ÉDITIONS DE LA TARENTE, 1952

Au rayon des éditions de la Tarente et de leur collection sexy noire et rouge si chère au cœur des esthètes de la vraie chose littéraire - celle qui réchauffe les pognes pendant les longues soirées d'hiver, celle qui se déguste avec un pack de 33 export tiède, celle qui ne vous fera certainement pas passer pour un intello auprès de vos proches mais qu'importe, ce sont tous des cons, vos proches, celle qui - ah, on me fait signe de m'arrêter... donc, au rayon des éditions de la Tarente, très clairement, parmi la masse de scribouillards qui y scribouillaient, Larry Saunders n'aura jamais brillé, tout occupé qu'il était à torcher salingue sa saloperie alimentaire violemment tartignole et méchamment assommante.
Et pourtant, pourtant, oh oui pourtant, lorsqu'il s'en donnait la peine, lorsqu'il y mettait les formes, lorsqu'il arrêtait de chier incontinent des intrigues nulles serties d'une prose molle, il n'y avait pas à bisquer, le gonze se montrait sacrement doué.
Pour preuve les premières pages de ce Tu Paieras De Ta Chair - premières pages qui t'alpaguent par le paletot et ne te lâchent plus d'un poil.
Je laisse d'ailleurs Larry te bonnir himself son couplet - il n'y a rien de mieux qu'un p'tit coup d'échantillon gratis pour accrocher le clille potentiel.
Vas-y, Larry, c'est ton tour !

"Quarante jours ! Quarante jours que je suis là, dans la cage à damnés, attendant la minute... Quarante jours qu'ils m'ont foutu là dedans avec la jacquette noire et les chaînes aux panards... Quarante jours, oui. J'ai fait le compte sur le mur avec des petits traits. Et puis ces fiottes de gardiens sont là pour me faire penser au truc. Pas de danger que je l'oublie...
Quarante jours ! Dans cette pourriture de tôle de New-Jersey, ça dépasse jamais quarante-cinq... Les vaches, la bande de vaches. Demain, ce soir peut-être, une racaille de journalistes et de jouisseurs de la vue vont rappliquer, je le sais, à onze heures du soir, pour pas que les copains s'en gourent !
Ils vont s'amener comme en excursion, à la chambre de mort, dans le petit pavillon... Entrez, gentlemen, c'est au bout du couloir, la porte en face... Je vois la gueule du gardien-chef en train de leur dégoiser le boniment, rapport au pourboire...
Je sais aussi... On va les passer à la fouille, les beaux gars et les gonzesses qui vont se rincer l'œil de mes saloperies de grimaces. Faut pas qu'ils aient des appareils photos. Faut qu'on croie que le pauvre rétamé est exécuté sans douleur... Mort instantanée. Douceur de l'humanité... La grande République américaine gardienne des mœurs austères et des traditions. Ah, merde !
Oui, c'est moi qui vous le dis, des pourris, rien que des pourris. Des enfilanthropes qui s'en balancent pas mal. Seulement, ça corse l'existence de voir griller un condamné... Ça sent bon, le cochon roussi pour ces têtes de traîne-en-fiacre !
Et un innocent encore !... Ça sent meilleur ! Oui, un innocent ! J'ai eu beau le gueuler, le hurler, le rabâcher, ils se sont tous foutus de ma gueule. Fallait un coupable. Les durs de la renifle qui sont des mous de la conscience, m'ont balancé au juge. On m'a refilé un avocat à col de zinc qu'avait peur de le froisser en plaidant. Quand le président du tribunal l'engueulait, il se serait quand même foutu à quatre pattes pour lui lécher les orteils. Et comme je le traitais de menteur, de lâche et de fausse couche, il a eu l'air d'essuyer sur son échine la poussière de mes paroles et m'a laissé tomber, dédaigneux :
- On ne peut pas défendre l'indéfendable !"
C'est bon, Larry, c'est bon, tu peux t'arrêter, je crois que tu les as dans la fouille, les lecteurs. Faut dire que t'y as mis le paquet. Ton truc, on dirait un bouquin des éditions du Scorpion - éditions du Scorpion qui, je le rappelle, furent aux éditions de la Tarente ce que le foie gras est au pâté de campagne premier prix.
Et c'est là que le bat blesse.
Car il a fallu que t'y replonge, dans le pâté, Larry.
20 pages d'abattues en pétroleur grand style, paf, et t'en peux plus, faut que tu redevienne merdique, avec une historiette idiote de sexy polar mal dégrossi.
Je veux pas donner l'impression de trop me plaindre mais dans le genre, ça ne vaut pas un George Maxwell ou un MacDougald, ton bidule.

Enfin, arrêtons les frais et passons au résumé.
Donc, le héros, Jocker Briggs, s'évade de taule (normal) puis tombe dans les griffes de la terrible Lamia Verdale, une criminelle qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la pin-up que Giordan a dessinée sur la couv' du roman.
"Ah, la garce ! Je crois que c'est la plus belle fille que j'aie jamais vu. Seulement, avec elle, faut y aller mollot. Elle a le pétard facile, et un tableau de chasse à faire frémir les moins trouillards."
Cheftaine d'une horde de péquenots reclus dans un no-man's land montagneux, elle donne dans le faux bifton pour arrondir ses fins de mois mais ne rechigne pas à payer de sa personne... si cela lui est demandé convenablement.
Dominatrice mais sensuelle. Sanguinaire et voluptueuse.

"Et elle avait l'air d'aimer ça... On avait pas besoin de lui tenir la tête pour la faire rester en ligne," confie notre héros alors que Lamia lui taille cette plume qu'il espérait tant.
Côté lecteur, le panard est moindre. On se tient parfois la tête... mais à deux mains, afin de combattre l'accablement.
Pour Joker, à contrario, c'est la belle vie. Il se tape plein de nénettes, le simili-arcan, histoire de passer le temps, de combler les pages. Alors, hop, Une grosse dondon, quelques freluquettes, une lesbienne. Ça dure 150 pages puis faut en finir, boucler l'affaire, terminer le bouzin. Les flics débarquent, ça dézingue, bam, bam, bam, coups de colts, fuite, résolution expéditive, happy end.
À la fin, Lamia meurt, achevée par Joker alors que le corps de la redoutable greluche est secoué par un orgasme retentissant.

On va pas s'en aller la plaindre.
Elle, au moins, a pris son fade jusqu'au bout.

GOLDRAKE # 6 (1968)

Non, Goldrake, ce n'est pas Goldorak mal orthographié par un italien alcoolisé mais bien la première publication en France de la série Goldboy, qui mettait en scène un agent secret (Goldrake / Goldboy) aux traits calqués sur des photographies de Jean-Paul Belmondo.
En quelque sorte, imagines Le Magnifique, mais sans les scenes avec François Merlin. Du 100 % Bob Saint-Clar, en encore plus con (faut dire que les scénarios de Renzo Barbieri valent leur pesant de caouettes !), et avec une petite copine agent du KGB, Erika, qui ressemble pas à Jacqueline Bisset mais à Ursula Andress.
Quant à l'intrigue générale... eh bien... elle n'est pas piquée des hannetons.
Juges-en donc par toi même :

"Année 1971. Le monde s'est divisé en deux Blocs : le bloc blanc, auquel adhèrent tous les peuples de race blanche et le bloc couleur qui réunit tous les anciens peuples colonisés. La guerre froide sévit encore à l'état perpétuel entre les deux blocs depuis que le Calamar Géant, le chef suprême du Bloc Couleur a décidé d'éliminer la race blanche de la surface de la terre..."
Dans le précédent épisode, le Calamar Géant avait kidnappé Erika, l'avait fait violer par un arbre mutant tripatouilleur puis s'était fait casser la gueule par Goldrake avant de réussir à prendre la fuite.
Las ! Son super-bateau, le Discorama (probablement une référence au Disco Volante d'Opération Tonnerre) le Discorama, donc, s'était fait la paire sans lui, le laissant seul sur son île / base secrète d'Amazonie.

Ainsi débute ce numéro # 6.
Titre de l'épisode : Mission Dragon Flamboyant.
Lâchement abandonné par les siens sur son île à la con, le Calamar Géant décide de se cryogéniser la bidoche. Et pendant ce temps, Goldrake et Erika voguent vers de nouvelles aventures, sous le soleil du moyen-orient. 116 pages de pur bonheur. Mission Dragon Flamboyant, je l'ai lu lors d'un trajet en avion et je peux te le certifier : ça volait haut, très haut !

Certes, cette fois, il n'y a pas d'arbre mutant obsédé sexuel dans les parages mais ce gros fada de Renzo Barbieri ne se repose pas pour autant sur les lauriers de sa connerie. Il nous en donne pour notre pognon.
Dans Goldrake # 6, nous avons donc de belles discussions de théologie pratique...
...quelques scénettes émoustillantes remettant la femme à sa place...
...et un final à te couper le... euh... le souffle ?
Mais tout cela, vraiment, tout cela n'est rien comparé à la suprême grandeur de la toute dernière planche.
Ainsi, après 105 pages passées à ne rien glander dans sa baignoire à réfrigération hi-tech, le Calamar Géant se réveille enfin. Il est salement remonté et il nous le fait savoir.
Tout seul dans son laboratoire secret du fin fond de l'Amazonie, la viande encore un peu ankylosée par le sommeil artificiel mais l'esprit déjà bien vif, le voila qui se met à hurler en prenant une pose vindicative :
Et c'est tellement beau, c'est tellement chouette, c'est tellement... tellement, que...
ça se passe de tout commentaire !

L'ARBRE MUTANT TRIPOTEUR !

Ah, ça, pour tripoter, il tripote, le gros vicelard ! Il ne se gène pas, pépère, avec ce territoire charnu largement exposé à l'assaut concupiscent de ses feuilles - feuilles très certainement gonflées d'une sève en ébullition. Bref, mis en présence d'une poupée bien balancée, ce gonze-là ne se révèle pas être de bois. J'dirais même plus:
La fesse et le nichon, ça ne le laisse pas de marbre, l'arbre !

C'est en tout cas ce que j'ai pu apprendre à la lecture du numéro 5 de Goldrake - quatrième trimestre 1967 - une histoire titrée "On ne vit qu'une fois."
Erika, la petite copine à Goldrake, vient d'être enlevée par leur ennemi juré, le Calamar Géant.
Et ce dernier, vicieux comme seul peut l'être un super-vilain de petit-format italien, réserve à la belle blonde un sort peut enviable.
La preuve en images :

La suite est par contre plus difficile à scanner - les bédés petit-format des éditions de Poche sont aussi rigides que fragiles (pas de contrepèteries, SVP) et les cases se font bien souvent bouffer par la marge centrale - je me contenterais donc de te la retranscrire en ASCII.
(Désolé, mais cette fois, va falloir que tu fasses fonctionner ta boite à images mentales.)
Prêt ? Ok, c'est parti !
L'horrible végétal enlaça Erika de ses branches chargées de désir...
- AU SECOURS !
Lentement, il écarta la fine chemise...
Puis, les feuilles à ventouses, semblables à des lèvres chaudes, commencèrent à courir sur le corps de la jeune femme. Un parfum enivrant s'exhalait de la plante, bouleversant les sens d'Erika...
- AAH ! Non... non !
Triturant nerveusement son poignard, l'énigmatique Calamar Géant observait la scène fasciné. Sa respiration s'était faite courte et sifflante.
- Prends-là, elle est à toi !
Maintenant, les branches s'agitaient convulsivement...
Puis un hurlement rauque jaillit des lèvres d'Erika.
- AAAH !
Torride, n'est-il pas ?
Les végétophiles en auront très certainement la canne à sucre en émoi.
Quant à Goldrake, l'espion Belmondisé, je compte bien en recauser d'ici quelques jours avec le numéro 6 de sa première série, une aventure aussi frappadingue qu'exhalirante : OPÉRATION DRAGON FLAMBOYANT !

FIÈVRES ! FIÈVRES ! ! FIÈVRES ! ! !

Un titre qui file des chaleurs et trois points d'exclamation pour bien te faire comprendre que cette dousse-là est gonflée au rif' tropical, voici FIÈVRES !!!, une publication des éditions Brandt.
Non datée mais je m'en vais te l'abricoter fin des sixties - disons 1967 ou 1968, à toi le choix.





Les éditions Brandt, c'est bien entendu - si mon pif est suffisamment creux pour que mon petit doigt me le souffle à l'oreille - du kif kif bourriquot avec les éditions de Poche (Trafics, La Mafia, Duel), les éditions Janvier (Favorites, Évasions, Brio, Bis) et les éditions du Losange (Visa). Quatre en un, comme les mousquetaires au père Dumas, mais version siamois.
(T'imagines un peu le tableau ? Les quatre zigotos à fleurets, collés les zuns auz'autres dans un même habit - 2 bras, 4 têtes et 8 jambes - et combattant sans grâce ni prestance Richelieu et ses sbires sanguinaires - ça ferait une superbe série Z, ça, non ? Mieux que Ze Incredible 2-Headed Transplant, pour sûr !)
Mais reprenons et... où en étais-je ?
Ah oui. Brandt.
Gros importateur de photo-romans italiens ultra-fauchés. Du 196 pages petit-format, étoffé par des clichés de starlettes et quelques courtes nouvelles policières assez tartignoles.

Inutile de te préciser que pareille mixture, ça me fout un gros coup de flambe au cœur. Nénettes dévêtues, papier basse qualité, accessoires démodés, intrigues à la flan et reparties du tonnerre. J'veux dire : mate moi donc un peu ça...
Roooh ! N'est-ce-t'y pas tout beau tout plein ? De l'amûûûr sensuel et des dialogues qui font mousse. Des devantures qui s'exposent et des bribes de bon sens : "C'est toujours le moment, Arnold chéri ! " Elle n'a pas tort. La pomme, c'est exactement comme le bâton de berger. Y'a pas d'heure pour en croquer.
Maintenant, si la question gaudillage et crustacés ne fait pas partie de tes priorités (mon pauvre ami !), il te reste toujours les moments d'action, l'intensité du baston, la fougue de la barrabille, à te foutre sous les ratichons.
Du jus de phalanges pour combler tes dents creuses.

Tiens, par exemple :
Et ne me dis pas que ça te laisse de marbre. Ou alors, t'es triste. Et je te plains.
Sincèrement.
Mais on va pas se quitter comme ça. Faisons ça dans les règles :
...Voila !

DU STUPRE ET DU SANG !

VAS-Y CHÉRIE, MAC DOUGALD
VOLUPTÉS MORTELLES, MAC DOUGALD
ÉDITIONS DE LA TARENTE, 1953 / 1952

Dans le genre du sexy-noir, et plus particulièrement aux éditions de la Tarente, j'ai un certain faible pour le dénommé Mac Dougald, pseudonyme toujours pas éventé d'un petit rigolo à la plume alerte et à la binette imbibé du style Série Noire, avec ses p'tits durs Peter Cheneyisés qui causent en slang francisé dans une Amérique que l'auteur n'a surement jamais visité mais fantasme comme un dingue en y enchevêtrant culs pardessus têtes tous les poncifs du genre, exactement comme George Maxwell pour ses Môme Double Shot, mais sans l'hystérie.
Rien n'est vrai, tout sonne faux, violemment saturé, bariolé, personne n'est dupe et c'est justement là que se niche tout le charme de la chose.
Ça, et l'humour. Et aussi l'attrait irrésistible qu'exerce sur moi les mauvaises fréquentations littéraires, ces romans à quat'sous pleins de stupre et de sang.

Du stupre et du sang, on en trouve une certaine quantité dans Vas-Y Chérie, l'histoire d'un valet de chambre cambrioleur à plein temps, Albert Lewin. Un type très sympathique, soit dit en passant, d'autant plus sympathique qu'il vient de réussir le coup de sa vie : dérober les diams à madame Van Houten, une vieille carne über-friquée.
Pour notre homme, c'est du nanan, le truc fumant, de quoi se la couler douce des siècles durant.

Malheureusement, dès le chapitre 2, c'est la tuile. Albert se fait chaparder son bazar par Joyce, une Belle Blonde Bien Balancée. Furax mais ne s'avouant pas vaincu, il se démène comme un dingue et remet illico le grappin sur la B.B.B.B.
S'en suit pendant une bonne vingtaine de pages une gigantesque partie de catch érotique où toutes les prises sont permises, surtout si elles concernent les zones géographiques d'en dessous la ceinture. Coups de bambous et bambous dans l'trou. De la sueur et des ahanements. La trique et le gourdin.
Albert, comme il se doit, viole Joyce et Joyce, comme il se doit, se met à aimer ça. C'est le début d'une grande histoire d'amour - la B.B.B.B. l'affirme d'ailleurs en pages 113 et 114 :
" Tu n'auras pas besoin de me forcer pour que je partage tes étreintes, ce soir, j'en ai envie comme jamais je n'en avais eu envie jusqu'à ce jour. "
Et moi, je verse une larme. C'est beau, c'est doux, c'est tendre.
Mais 'ttention, il n'y a pas que du sentiment, dans Vas-Y Chérie, il y a aussi de l'action, de la bagarre, des morts et des fusillades.
Car la petite Joyce a d'anciens amis truands qui aimeraient bien eux aussi se foutrent la fortune à la vieille Van Houten dans la fouille. Nos deux tourtereaux doivent donc protéger leur bien mal acquis à la sueur du colt et des méninges. Rien que du très classique. Ça se clôture même sur une happy end ensoleillée, avec les méchants qui pisenlisent par la racine et les gentils qui, désormais mariés, coulent des jours paisibles à la campagne.
Chaudement recommandé. Si, si !

Mais du stupre et du sang, on en trouve surtout dans Voluptés Mortelles. C'en est même le sujet central du roman, le stupre et le sang - comme si Mac Dougald s'essayait à une réflexion sur sa condition de lumpen prolétaire des mauvais genres.
Le héros, Archibald Longwood Junior, exerce un turbin alimentaire, reflet de celui de l'auteur : il est journaliste, nourri quelques rêves de gloire et se voit bridé dans son art par son rédacteur en chef :
" Ce qu'il me faut, jeune homme, c'est du stupre et du sang ! Les lecteurs, ils s'en foutent de votre histoire idiote ! Ils s'en foutent !... Assassinez-moi une bonne vieille, après l'avoir consciencieusement violée, découpez son corps en quarante morceaux, et apportez-moi la photo de chaque morceau ! Voila ce qu'ils veulent, les lecteurs ! Tout le reste, ils s'en foutent !... Du stupre et du sang, un point c'est tout ! "
Ainsi drivé par son patron (et aidé par son auteur), le mecton se lance donc dans le sensationnel.
Un soir, alors qu'il se détend le gland dans une partie fine de la jeunesse dorée Américaine, le voila qui découvre le corps sans vie d'une de ses amies, la belle Barbara. Elle vient de se faire violer puis étrangler par un sadique.
L'occase en or, le truc inespéré, l'aubaine leaubich !
Archibald écrit un article à faire frémir les mamies et mouiller les gamines. Pour sa pomme, c'est du tout cuit. Il devient le chouchou de sa feuille de chou, se voit assigner une assistante-secrétaire ultra-gironde et se lit même d'amitié avec le commissaire du coin, un type pas commode mais fort utile puisqu'il refile pleins de tuyaux croustillants à notre héros.

Néanmoins, pas question de se reposer sur ses lauriers.

"Vous avez accroché le lecteur, vous le tenez à la gorge, ne le lachez pas, autrement il vous haïra..." lui lance le redac' chef, dans une belle imitation des mantras de Mickey Spillane.
Et de son côté, le meurtrier poursuit ses exactions. Viols et meurtres, stupre et sang. De nouvelles victimes, donc de nouveaux articles en perspective.

" Vous aviez raison [...] l'assassin se croit maintenant un surhomme, dispensateur de la vie et de la mort, et il continuera à tuer jusqu'à ce qu'on le prenne... Pourvu que cela ne dure pas trop longtemps, et qu'il ne tue pas trop avant d'être pris... Mais il faudra qu'il tue encore ! C'est nécessaire, autrement on ne saura jamais qui il est..."
Bref, t'as surement pigé la coupure, Voluptés Mortelles est un texte malicieux, une sorte de parc d'attraction (abandonné) du roman poubelle. L'auteur est là pour se marrer aux dépends de la " litterature malsaine et pornographique " - dans le collimateur de son pistolet à eau, c'est James Hadley Chase et ses imitateurs qui défilent. " Méfiez-vous, petites filles " fait-il dire à son tueur en série.
Hélas, ce qui s'affirmait dans les 120 premières pages comme un petit bijou de dérision se plante magistralement sur son dernier tiers - comme si Mac Dougald n'avait plus d'inspiration, comme si il avait déjà tout donné et bâclait sa copie en mode érotisme graveleux pour tenir la longueur.
Fini le dynamitage rigolard des schémas habituels, fini l'ode aux écrivains à sensations, place à la triste romance de gogues privées avec ces interminables séances de jambes en l'air qui égrènent du vide.
La déception est immense, d'autant plus immense que le lecteur était accroché, bien accroché. C'était brillant et c'était drôle. Parole ! Je pensais tenir entre mes pognes un chef d'oeuvre oublié du quinzième rayon.
Encore raté !

(...Ce qui ne m'empêchera néanmoins pas de chaudement (bis) le recommander, ce Voluptés Mortelles, ne serait-ce que pour ses savoureuses 120 premières pages.
Et le reste ?
Eh bien... tu n'aura qu'à l'écrire toi-même ! )

C'EST D'LA BONNE, BÉBÉ !

CULBUTES, JOHNNIE FAGG
NOUVELLE COLLECTION CITER, 1963

Ce fut par un gros coup de gluck, quelque chose de méchamment leaubich, que je mis la main sur le Culbutes de Johnny Fagg.
Je trainais mes compas au vieux marché de Bruxelles, la gueule morne et le larfeuille triste. Zonage intensif dans le secteur. J'enquillais en métronome décérébré les mêmes allées, les mêmes stands - parapluies, mobilier, vêtements, 33 tours, poubelles diverses, verroterie hors de prix - lorsque ma mirette gauche, sans même prévenir les ciseaux et le reste du maigre corps qui va avec, accrocha un bouquin qui (le pauvre !) s'ingéniait à extraire un coin de sa carcasse défraîchie du tas d'immondices auquel il se voyait déjà promis.
Johnny Fagg, Culbutes, que ça disait.
Et le dessin d'une chaste poulette vaguement salope pour t'emballer le tout. Sur le moment, j'en étais resté un peu interloqué, les chasses encore toutes troublées par les excès de bibine en solitaire d'hier soir. Au ralenti, le robo.

Johnny Fagg... Johnny Fagg... voyons...
Le "Fagg" de la personne, cul de cigarette ou préférence sexuelle, évoquait vaguement quelque chose à ma mémoire défaillante alors en pleine séance de sieste éthylique.
Fagg, Fagg, Fagg... Je repris conscience lorsque l'arabe responsable du stand se mit à gueuler à la cantonade "cinquante, cinquante, deux pièces un euro, allé, pas cher, pas cher ! "
Pas cher, certes, mais Johnny Fagg... Johnny Fagg...
Et ça m'est revenu d'un coup. J'avais déjà causé de lui sur ce blog. Sur le Müller-Fokker. Son roman n'était pas signé Johnny Fagg mais Regis Lary. Par contre, Johnny en était bien le narrateur. Il nous y expliquait d'ailleurs que son nom de famille signifiait 'dingue.'
Dingue mon cul, oui. Mais dingue tout de même. Dingue du cul. Dingue de la prose aussi.
Je tends donc le bras, saisi le machin, ouvre la chose.
"À Dorothy Pétard,
la seule femme qui subit mes étreintes sans s'avouer vaincue et sut me mettre à genoux, les drupes vides, le nerf détendu, le priape aux abois !
Mon souvenir ému, Johnnie Fagg."
Johnnie, pas Johnny. Mais sur le moment, je n'y prêtai pas attention. J'empochais le zinzin, en saisissais un second pour faire bon poids (un sexy-nazi, Jouet pour Guerriers aux éditions de la Pensée Moderne - elle a bon dos, la pensée moderne...) et filais mon euro au vendeur. Pour un peu, je lui aurai fait une grosse bise qui claque, à cézigue, tellement j'en avais la nénette dans tous mes états.
Johnny Fagg, bonhomme ! Réalises ! Réalises un peu...
MAIS RÉALISES BON DIEU !
Certains romans sont comme des Graals. Et certains Graals, eh ben, tu ne sais même pas qu'ils existent. La beauté de la vie. La surprise à chaque coin de rue. Le trésor dans chaque poubelle. Suffit de se pencher.
Johnny Fagg. Ou plutôt Johnnie Fagg, puisque c'est ainsi qu'il inscrit son nom dans ce roman. J'en tremblais. Mais déjà je reprenais ma lecture, en mettant les adjas.
Page 9.
Johnnie se repose dans une chambre d'hôtel.
Il vient de toucher des droits d'auteur pour son précédent ouvrage, Les Mémoires d'un Bandeur, et en dicte la suite à Pamela Stankow, son éditrice.

"Mais ma petite chérie d'Éditrice de mes couilles, faudra voir à t'occuper de ma queue pendant que je te dicte, car moi j'ai besoin de bander quand je parle à une femme ! "
Ainsi, branlé par Pamela, voila notre homme qui nous raconte comment, à tout juste seize berges, il devint donneur de sperme à plein temps dans la clinique du Docteur Cornélius Pedalus.
"Le Docteur Pedalus, comme son nom l'indiquait, était pédéraste."
Et le Docteur Pedalus, comme son nom ne l'indique pas, est barbu. Pour ceux qui ont pu lire le Une Belle Gonzesse de Regis Lary, c'est exactement comme jouer du piano debout. Ça veut dire beaucoup. Ça veut dire que Pedalus, sans prévenir la galerie, se met à sucer l'immense vit de Johnnie avant de promptement se faire entrouduculer par notre homme.
"Pardonnez-moi cher lecteur, j'étais jeune, je n'avais encore aucune idée du bien et du mal..." nous confira d'ailleurs ce dernier avant de ré-aiguiller sa torche brulante dans le droit chemin : le fourreau humide des jolies gisquettes.
Et moi, j'étais scotché, accroché, éclaté comme j'avais déjà pu l'être précédemment par Une Belle Gonzesse de Regis Lary. J'hallucinais, je prenais mon pied.
Chaque page, chaque phrase, chaque mot relevait d'un régal aussi ahurissant qu'enthousiasmant. J'en arrivais même à en savourer les espaces ponctuant chacun de ses signes constitutif du roman. Je me perdais dans la trame du papier que mon pouce moite faisait gondoler.
Tu te moques de ma pomme ? Essayes moi donc un peu ce bouquin.
Tu ne le trouve pas ? Alors imagines le Vernon Sullivan de Et On Tuera Tous Les Affreux qui, un jour de disette, se décide à torcher un roman bassement pornographique pour pouvoir répondre au blot de sa conso hebdo de coco.
Inventif mais fauché. Il ne raconte rien mais le raconte bien. Il se permet même un coup de rif gratos envers le nouveau roman à la Robbe-Grillet, page 29. Puis reprend l'écriture de son bouquin de cul, de son bouquin vulgaire, de son bouquin d'amour par devant par derrière comme si de rien n'était.
"Ma queue était superbe, semblable à un minaret damascène se dressant au-dessus de ses coupoles rondes."
Il se fait à la fois rude et poète, mais toujours débridé. Et jamais sérieux. Il anticipe en quelque sorte le meilleur de la Brigandine, la politique en moins.
"Ma fusée est prête à se satelliser dans sa chagasse " écrit-il lors d'une saillie. Puis d'envoyer la purée. Page après page, les même rengaines jouissives. Johnnie Fagg est un écrivain porno fou lancé à toute berzingue sur les touches de sa japy comme d'autres percutent des murs.

"Bander et foutre, c'était mon gagne-pain, " rajoute-t-il. Et de continuer, le mors aux dents, infatigable dans son œuvre de connerie sexuée jusqu'à un grand final aéroporté qu'il bâclera en maestro du je-m'en-foutisme rayonnant.
Bâclée, oui, la fin.
Car on ne lira pas sa conversation à l'Islam pour pouvoir troncher quatre gamines d'un coup tout comme on ne lira pas non plus la suite de ses ébats avec Dorothy Pétard en mode partouze les trous (copyright moi-même).
Mais on est heureux. Ou plutôt : j'étais heureux.
Et je le suis toujours.
Tous les soirs, de ces pages, je m'en frictionne le corps. En râlant. ENCORE ! ENCORE ! Et en me questionnant.
Qui a écrit ce chef-d'oeuvre ? Qui se cache sous ce pseudonyme multiple ? Johnny Fagg, Johnnie Fagg, Regis Lary...
S'agissait-il d'un pote à Eric Losfeld ? De Pierre Genève ? D'un dangereux malade échappé d'un asile ?
Peut être découvrira-t-on la vérité un jour...
En attendant...
ENCORE ! ENCORE !

LES AVENTURES DE ZODIAQUE (4)

Voici 5 nouvelles couvertures des Aventures de Zodiaque, année 1955, et comme d'habitude, il y a à boire et à manger dans ces petits fascicules populaires en 3 cahiers de 32 pages.

Dans le # 83, Du Plomb À Revendre, Zodiaque enquête sur le plateau d'un film policier titré Des Épines dans ton Cercueil. Dédé, le gros accolyte de notre héros, manque de s'y faire trucider après avoir foutu son blair dans une combine de vol de bijoux. La suite traine en longueur. Pas vraiment le parcours de santé. Les gugusses non-habitués à ce genre de litterature de troisième ordre ne dépasseront sans doute pas le quatrième chapitre.

Dans le # 87, Pire Que Ça, notre justicier et ses compères démantèlent un réseau de traite des blanches camouflés sous la respectable façade d'une clinique de campagne. Le titre ne trompe pas : l'auteur arrive en effet à faire pire que ça - par "ça," il faut comprendre le numéro # 83.


Dans le # 91, C'est Du Bidon, et c'est Gaston Martin qui a la vedette. Il se rattrape de son précédent forfait. L'épisode n'est pas mauvais et cet imbroglio autours d'un sosie d'Elyane, la compagne de Zod', retient approximativement l'attention. Si t'es en forme, ça passera bien.
Même topo pour le # 93, Les Caves Ça Se Double, une histoire de cirque en proie à de sinistres malversations. Il y a des lions, des clowns, des acrobates et un meurtrier. Que veux tu que j'écrive de plus ? Que ça se termine bien à la fin ?
Alors voila : ça se termine bien à la fin.



Et puisqu'on cause de fin, le meilleur pour cette dernière avec le # 90, Ça Vaut Pas La Chandelle - un titre pas du tout du tout approprié puisque, de notre quintet Zodiesque du jour, c'est le meilleur récit - le plus drôle, le plus enjoué, le moins tarte et le mieux fichu. Le gros Dédé se lance dans la profession d'astrologue bidon, Zodiaque et Elyane récupèrent les pots cassés et Gaston Martin a l'underwood en super-forme. En résulte des descriptions de nénettes à base de roulements à bille, des considérations sur l'alcoolisme en milieu naturel et même une jolie ébauche de réflexion sur le rôle du bigophone dans les romans policiers à 80 francs anciens.

Tu vois, moi, j'suis un mec simple. Il m'en faut pas beaucoup pour être heureux. Une jolie illustration en couverture, trois-quatre conneries à l'intérieur et ça y est, je biche comme un milord.
C'est beau, la vie.

PIÈGES # 5 & 5 (1969)

Tu viens de zieuter la couverture de Pièges numéro # 5, première année, 3 francs, aux éditions Brandt...
...et voici celle de Pièges numéro # 5, première année, toujours 3 francs et toujours aux éditions Brandt.
Alors, non, je n'ai pas (encore) trop picolé et non, tu ne vois pas double (ou trouble ou triple) - en dehors de leur titre, de leur numéro, de leur prix et de leur année de parution, ces deux photo-romans n'ont strictement rien à voir l'un avec l'autre.
Drôle de mic-mac. C'est la première fois que je tombe sur pareil cas de figure. Je note néanmoins que le premier Pièges # 5 n'indique aucun dépôt légal tandis que le second révèle un 3ème trimestre 69 en troisième de couv'.
Enfin, tout cela n'est guère passionnant. Changeons de registre et intéressons-nous donc plutôt à ce qui fait tout le charme de ces petites publications, j'ai nommé les pépées, les poupées, les nénettes, les poulettes, les gisquettes, les ginettes, bref, ces êtres humains de sexe féminin qu'ont des bosses et des creux là où il faut et même plus qu'il n'en faut là où qu'il faut.
Ouais ouais, ça va, c'est correct. Mais rien d'inoubliable. En me forçant un peu, peut être retiendrai-je la page 175 du premier Pièges # 5 avec cette certaine Susanne, dite Miss Décolleté.

Sinon, j'ai une certaine tendresse pour cet art de l'ellipse érotique typique aux années 60 et que nos deux fascicules du jour dispensent avec un certain talent.
Pour preuve : les six cases suivantes.

La colonne de droite, c'est Pièges # 5 premier, et celle de gauche, Pièges # 5 second. Tu piges ?

Mais il est déjà l'heure de terminer ce doux voyage au pays de la polka qui se dénude en 2 cases par pages. Je te laisse donc avec les quatrièmes de couverture.
Bleue, c'est Pièges # 5 premier, rouge, c'est Pièges # 5 second.


Un billet fastidieux dans sa redaction, je te l'accorde, mais ne te plains pas : y'a d'la gambette, du boul'mich et du flotteur. Vraiment. Faudrait être tarte pour s'en priver.

PHOTO-ROMANS : BRIO # 2 / PIEGES # 2

Brio (nouvelle série) # 2, éditions Janvier, 1968
(vous vous souvenez peut être des quatre cases humoristique de la semaine dernière...)
... et Pièges (nouvelle série) # 2, éditions Brandt, 1968 aussi.
C'est le jeu des 7 erreurs. Même duo d'acteur, même décors, seul les costumes varient. Par contre, les couvertures n'entretiennent aucun rapports avec leurs intérieurs respectifs.
D'ailleurs, puisque j'en parle (et tant que nous y sommes), voici quatre pages interieures scannées dans Pieges # 2 : une photo de Corinne Prentiss et trois autres d'Elsa Martinelli...




... sans oublier la quatrième de couverture en guise de cerise sur le gâteau...

HITCHCOCK MAG / MICHEL DUMOND

6 illustrations pin-up/agents secrètes de Michel Dumond pour les couv' de la version francophone de Hitchcock Magazine, aux éditions Opta.