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RAYON QUI TUE ET SEXE EN KIT

COSAQUE-STORY, PAUL KENYON
EPP / EROSCOPE # 5, 1975

Troisième aventure de la comtesse / espionne / top model / milliardaire Penny S. - Pénélope Saint John Orsini pour les initiés - Cosaque-Story se présentait sous des auspices qui ne m'excitaient que très mollement l'éponge à phosphore.
C'est bien simple, les récits se déroulant derrière le rideau de fer, ça a plus tendance à m'engourdir le palpitant qu'autre chose. Heureusement (et pour suivre l'habituel adage Spillanien) le premier paragraphe du premier chapitre sut parfaitement capter mon attention.
Il s'agit d'une description de Pénélope par le menu. Et ce n'est pas du menu enfant dont je te cause. On a des formes et du charnel. on a surtout des chevilles "longues et fines et d'une ligne si mélodique qu'on songeait à un poème mis en musique."
L'affaire est dans le sac. C'est balourd et engageant, ridicule et séduisant.
Pénélope, la fille aux gambettes en tracé sinusoïdal non saturé, fait l'amour avec un cinéaste Norvégien de bis auteurisant puis se trouve lancée sur la piste d'un mystérieux rayon laser qui bousille du satellite russe et ricain.
"Très probablement un laser à gaz dynamique" nous informe un spécialiste en la matière, page 111. "On injecte un mélange de bioxyde de carbone chauffé dans un tube à une vitesse supersonique pour obtenir une réaction très puissante par laser."
Ça fait peur. D'autant plus que l'inventeur de ce super faisceau annihilateur se nomme le Professeur Thing.
Le blaze en impose. L'apparence aussi.
Chinois et albinos, il représente le super-vilain typique des productions Lyle Kenyon Engel : un être monstrueux, imbu de sa personne, affligé de quelques encombrantes tares physiques et gonflé du désir maladif de tout détruire.

"Il était extraordinaire. Sa silhouette décharnée et filiforme, étirée jusqu'à la caricature, semblait surgi des phantasmes mystico-morbides d'un Gréco."
N'oublions pas l'essentiel : dans l'orbite creuse de son œil droit scintille un rubis rouge !
Death is a ruby light, dixit le titre original - ou comme le veut la formule anglo-saxonne : God is in the details. Chez Kenyon, le gâteau est toujours sauvé par sa cerise.

Pendant ce temps, la comtesse traverse la Russie. Fait équipe (dans tous les sens du terme) avec Alexei, un espion communiste. Rencontre de méchants autochtones qui la violent sauvagement sous une tente.
L'auteur se permet quelques phrases audacieuses (" son sexe était armé, braqué et prêt à faire feu ") et nous éclaire, de la page 120 à 122, sur le passé romantique et professionnel de notre héroïne.

Les fanas de la série apprécieront l'ensemble à sa juste valeur. Les autres passeront leur chemin mais d'eux, on s'en contre-barbouille grassement l'œilleton lunaire.
Car Cosaque-Story, ça ne vaut peut être pas Opération Extase, ça ne vaut peut être pas non plus Dépravez-Moi Ça mais ça reste très distrayant et ça rempli largement son contrat : emballer du 220 pages de récit pornospionnage premier degré, sans valeur ajouté et sans autres fioritures qu'un style ampoulé, du sexe en kit et quelques menues idées rigolotes.
Je l'écrivais plus haut : c'est balourd, c'est engageant, c'est ridicule et c'est séduisant.
Et si ça ne te suffit pas, désolé, mais je ne peux rien de plus pour toi...

LES SYMPHONIES DE ROGER MAURY


CHINOIS AU Q, LUC OVONO
PROMODIFA / CRAC # 26, 1976

Concernant Roger Maury (alias Luc Ovono), écrivain moustachu à calvitie avancée, spécialiste du sous-produit viril, ultime parangon des mauvais genres imprimés et chiés au kilomètre, j'ai déjà dit l'essentiel dans ce billet de la fin novembre dernier.

Roger Maury était un scribouillard populaire aussi dingue qu'accablant, un scribouillard populaire exemplairement foireux, un scribouillard populaire génialement miteux que je n'échangerai contre aucun autre scribouillard populaire miteux et c'est là, à mon sens, tout ce que tu nécessites de savoir : lire du Roger Maury, c'est s'exposer à une expérience de médiocrité et de bêtise hors-norme.
ET C'EST BON,

C'EST TRÈS BON,
Ç'EN EST MÊME EXCELLENT !
C'est, en tout cas, ce que je vais essayer de te démontrer aujourd'hui, avec Chinois Au Q, un bouquin publié dans la collection CRAC de Promodifa.
Comme d'habitude, l'intrigue est stupide et sans intérêt. Des agents du S.D.E.C.E. sont compromis dans une affaire en Inde. L'auteur (et la France) y envoient Achille Zenon, notre héros, l'homme du CRAC, démêler l'écheveau de cette sordide machination dont on a strictement rien à taper.
Mais puisqu'il s'agit d'une production Promodifa, c'est à dire un roman appartenant au genre du, osons le mot, pornospionnage, eh bien, le gars Achille, il va aussi s'emmêler allègrement le pinceau dans les recoins intimes de quelques juments, des friponnes, des coquines qui n'attendaient que ça, et là, le lecteur, il est aux anges, il trépigne. ON L'IMAGINE DANS LE CLAIR-OBSCUR DE SON CAGIBI-BIBLIOTHÈQUE, AU MILIEU DES PILES BRANLANTES DE SES PUBLICATIONS BRANLEUSES, À DEMI RECOUVERT PAR DES ÉBOULIS DE POCHES POUSSIÉREUX, UNE CANETTE DE PREMIUM PILS 50 CENTILITRES DANS LA POGNE, 5 AUTRES À SES PIEDS, LA LIPPE PENDANTE ET DEUX PETITS YEUX GLAUQUES REFLÉTANT UNE EXTRÊME CONCENTRATION, OUI, ON L'IMAGINE, IL EST HEUREUX, IL TOURNE LES PAGES VAILLAMMENT EN BUVANT DE TEMPS À AUTRES QUELQUES LARGES RASADES DE SA PISSE GRANDE CONSOMMATION ET MOI, JE DÉCRIS, JE M'EMPORTE, JE BOUFFE DES LIGNES INDUMENT ALORS REPRENONS
(au passage, tu remarquera que l'ensemble de mes textes critiques relève de l'autobiographie mi-romancée mi-naturaliste - comment ? tu t'en fous ? ah...)
Donc, Achille Zenon est sur place, en Inde, et Roger Maury, son dieu, son auteur, semble en très grande forme. Ses doigts virevoltent comme de beaux petits diables sur les touches de sa Japy dernier modèle, dessinant dans l'air confiné de son bureau la cartographie aussi éphémère qu'invisible d'une inspiration en pleine ébullition. Pompeuse mais grandiose, sa prose toute personnelle s'épanouit en grosses coulures dégueulasses, jusqu'à conférer à ses personnages-clichés des dimensions insoupçonnables.
Ainsi, le chef de la police locale dissimule "la montée houleuse de son exécration en savourant avidement le fruit amer de la vengeance qu'il préparait," tandis qu'une mère maquerelle se voit "torturée par un souvenir qu'une révolte lucide lui avait fait écarter de sa route" et qu'Achille Zenon nous est présenté comme "inflexible, sans passion comme sans rêve, plus dur que l'acier et aussi froid qu'un diamant."
Dans ces moments là, on ne sait pas trop de quoi Maury peut bien causer mais on s'en contrefiche. Les phrases claquent en cadence. Marcel Proust des gaugues publiques, il tend peu à peu vers les aspirations de son lectorat.
On y arrive enfin en page 40. Achille Zenon se tape une première gonzesse. L'attaque est classique, l'échauffement standard. C'est la mère maquerelle qui passe à la casserole et Zenon y met du cœur (et quelques autres ustensiles) à l'ouvrage.
"Je me lance dans une cavalcade impétueuse, la bourrant de coups de Bélier puissants [...]"
Puis, deux pages plus loin :
"[...] je l'attire, la soude sauvagement à moi et la vrille de toute ma turgescence en folie."
TURGESCENCE EN FOLIE ! N'est-ce point magnifique ? Si, si, bien entendu que c'est magnifique. C'est d'ailleurs tellement magnifique (tu m'arrêtes si j'en fais trop) tellement magnifique disais-je, que la gonzesse entreprise par Zenon, au départ pas très consentante, se met à balbutier des "encore... encore..." de greluche comblée.
Mais notre héros et son auteur ont d'autres choses de plus important à foutre. Basta la môme ! Décarres la carne ! L'intrigue n'attend pas, elle se poursuit.
Ainsi, invité à une petite réception, Achille Zenon fait la connaissance d'une superbe petite poule Chinoise. Cette dernière, se collant à lui le temps d'un slow langoureux, lui déclare : "vous paraissez fort et terriblement dur. Un de ces hommes qui ne craignent pas d'affronter la vie et d'en retirer le meilleur." On attend que Zenon lui fasse le coup de la turgescence en folie mais non, il n'en est rien. Il préfère retourner voir la mère maquerrelle qui, pour le coup, a bien appris sa leçon :
"passive, elle s'ouvre."

Ça commence donc à devenir routinier, pour ne pas dire mollasson. Néanmoins, 30 pages plus loin, le cheptel se renouvelle, Zenon faisant la connaissance de Devi, une jeune et jolie adolescente encore pucelle.
TING ! TING !! TING !!!
JACKPOT ! LES TROIS BANANES À LA SUITE !
"Tais-toi, chérie, ne pense à rien d'autre qu'au plaisir qui s'insinue en toi," lui chuchote-t-il dans le creux de l'esgourde tout en se débraguettant la partie stratégique du benouze.
Malheureusement pour notre homme, et alors qu'il s'apprête enfin à faire passer la gamine sur le fil brulant de son glaive de chair et de sang, ne voila-t-il pas qu'il est interrompu par le père de cette dernière qui toque à la porte, le malotru !
Pour Zenon, c'est balpeau. Il peut se le rembarrer dans le slibard, son glaive enflammé. Grognon comme pas un, il s'en va alors se bastonner avec des méchants stationnant quelques pages plus loin. C'est d'ailleurs pendant ce pugilat tonitruant qu'il apprend l'identité du grand vilain en chef qui machine des trucs dans l'ombre ("Quel mobile ténébreux dicte son action destructive ? Quelle haine sordide le pousse à impliquer la France dans de sombres machinations ?") mais nous, on s'en fout de tout ça, je te l'ai déjà dit, nous, ON VEUX DU CUL !

Du cul, on en a donc des pages 126 à 130. Achille se grignote la Chinoise, en y essayant quelques prises sournoises :
"Je crois comprendre un goût particulier de sa part mais quand elle perçoit ma manœuvre, elle glisse une main derrière elle pour me saisir et me guider normalement."
Du cul, on manque d'en avoir des pages 149 à 154. Alors que notre héros explique à la jeune pucelle les méandres de la politique internationale, cette dernière lui lance avec concupiscence "Achille... fais moi femme."
Mais pour notre homme, ce n'est pas encore le moment. Surement qu'il est un peu cyclothymique sur les bords, le con. Il la repousse et repart à l'aventure.

Du cul, on en a enfin des pages 162 à 164. Le climax du roman, le point d'orgue de cette œuvre aussi jouissive que passionnante. Achille va voir la Chinoise. Il est en rut, elle est OK, il se l'enfourche. Et de laisser à son auteur le soin de faire éclater toute sa sève doucereusement sensible en une somptueuse giclée de poésie pure :
"Un instant, elle se caresse du bourgeon vultueux, le faisant glisser le long de sa cicatrice moite, le secouant au sommet de ses molles babines pour exciter la minuscule excroissance de chair qui domine sa féminité."
LE SANS-FAUTE ! LA PANACÉE ! Bourgeon vultueux (!), cicatrice moite (!!), molles babines (!!!), N'EN JETEZ PLUS ! C'EST L'ORGASME !

Après ça, forcement, tout est dit. Son acte consommé avec la classe qu'on lui connait, il ne reste plus au héros qu'à dénouer les fils de l'intrigue. Il fait donc échouer les projets du grand méchant en deux coups de cuillère à pot puis, son action salvatrice dument effectuée, s'en va alors en direction du domicile de la jeune pucelle, le bénard tendu à l'extrême par la ferme résolution de s'envoyer cette maudite poulette séance tenante.
Malheureusement, à ce moment-là du roman, nous sommes en page 188. Autant dire : nous en sommes à la toute dernière page du texte. Nous n'en saurons donc pas plus sur cette étreinte autant désiré que mérité MAIS QU'IMPORTE !
Car dans le clair-obscur de son cagibi-bibliothèque, le contenu alcoolisé de ses 6 canettes navigant désormais dans ses veines, notre lecteur s'est assoupi.

Il ronfle légèrement en bavant un peu sur son t-shirt du club Mickey et, dans son crane, un rêve étrange et pénétrant déroule ses tentacules.
Tous pareils à deux gouttes d'eau, une nuée de moustachus à la calvitie avancée descendent énergiquement les Champs Élysée. Au pied de l'arc, une fanfare passe un 78 tours de l'hymne national. La galette fond au soleil. Le son devient élastique. La fanfare fond. Les chauves moustachus continuent en suivant la cadence. Perchés sur des gradins, des milliers de leurs semblables les acclament en agitant des fanions multicolores. Les bouches s'ouvrent toutes sur le même cri

VIVE MAURY ! VIVE LA FRANCE ! VIVE LA LITTÉRATURE QUI TÂCHE !
Je me suis réveillé en nage. Depuis, j'ai juré d'arrêter la bière.

BAISODROME HOLOCAUSTE

OPÉRATION EXTASE, PAUL KENYON
EPP / EROSCOPE # 1, 1975

J'ai déjà causé à 5 reprises de Lyle Kenyon Engel. Le lecteur intéressé pourra se référer au label approprié. N'empêche, laisses moi en remettre un petit coup, ça ne fait pas de mal :
Bulldozer de la vulgarité imprimée, Phil Spector de la littérature virile, bookpackager spécialisé dans tout ce qui jute et qui tache, Lyle Kenyon Engel détournait à des fins purement intéressées les grosses locomotives du roman populaire des années 60/70.
De l'action, des espions, de la violence, du cul, un peu de science-fiction et le tour était joué. Il optimisait la sauce. James Bond devenait américain et queutard, Modesty Blaise se voyait repensée en nymphomane à gros nichons.

Il fit ainsi usiner par son pool d'auteurs-mercenaires des épisodes de Nick Carter Killmaster, de John Eagle Expeditor, de Blade et surtout de The Baroness - crème de la crème du sexpionnage sérieux, écrit sous le pseudonyme-maison de Paul Kenyon et traduit en France dans la collection Eroscope, sous le nom de Penny S.

S COMME SECRÈTE, SENSUELLE, SEXUELLE affirmait l'accroche publicitaire. Me faites pas gober vos couleuvres, les mecs. "S" biscotte placé juste après Penny, ça donne Pénis.
La classe française. Des chibres et des lettres. Ou alors est-ce mézigue qui aurait l'esprit tordu à imaginer telle combinaison.
Car, il faut bien l'avouer, la lecture de Penny S, ça vous chamboule un homme. Après ça, vous n'êtes plus le même, vous voyez le monde différemment. Tout vous semble morne et fade et une question, obsédante comme le clignotement d'un néon détraqué le soir après un acide, vous assaille le cortex :
Où sont-elles donc, ces filles libérées, mannequins meurtriers capables des plus improbables gymkhanas - au lit comme à la ville - et qui combattent, entre deux pauses rimmel, le regard assuré et la hanche hardie, des espions sadiques au priapisme effréné et des savants fous dont l'ébullition de la matière grise ne sert qu'a compenser la triste mollesse de l'appareil génital ?
Réponse : nulle par ailleurs.
On en lit peut être quelques (gros) fragments du coté de La Panthere, de BIS, de OSSEX ou de Cherry O mais jamais les choses n'ont été hissées à ce degré de démesure.

Oui : Penny S représente un monde d'outrance tapageuse, d'exagération sans distinction. On ne monte pas l'ampli jusqu'à 11, on le pousse jusqu'à 1000. C'est la Veuve Noire dévergondée en blue movie, dessinée par Frank Thorne sous viagra, évoluant dans les pages d'une revue de mode au contenu égrillard et suivant la trame générale d'un Matt Helm pleinement conscient de son potentiel pornographique.

Laisses tomber la finesse, bébé. Visualises l'étal d'un boucher sur lequel poseraient quelques playmates surgonflées, mitrailleuses en pogne, éclairées kaléidoscopiquement, rouge, vert, bleu, et sonorisées à gros coups de guimbarde disco et de bruits d'explosions. Visualises Andy Sidaris à la cinecittà, avec la classe de Russ Meyer, avec plus de budget et surtout avec plus d'imagination.
DANS UN MONDE VIOLENT ET ÉROTIQUE, UNE FEMME D'ACTION ET DE PLAISIR !
Top model multimilliardaire, comtesse italienne à l'hyper-sexualité assumée, agent tellement secrète qu'elle en ferait passer la plus discrète des barbouzes pour un candidat de télé-réalité abonné aux couvertures de la presse people, Pénélope Saint-John Orsini, dit Penny S, dit The Baroness, est une majestueuse inflatable doll littéraire, une féministe de papier propre à contenter dans tous ses excès les sales machos à la logique déréglée que nous sommes.

Lyle Kenyon Engel avait parfaitement compris les désirs de sa clientèle et la formule que ses auteurs-anonymes appliquent à ses productions, formule immuable dans ses moindres détails, en était l'exact reflet. Car tous les Penny S se ressemblent. Tous proposent le même dosage des mêmes ingrédients. Une sorte de contrat-confiance scellé dans la routine des séries confectionnées à la chaine.

Dans Opération Extase, son premier forfait (j'ai mis du temps mais j'y arrive !), Penny court après une nouvelle drogue, le Grand D, sorte de super LSD qui tue ses consommateurs en leur refilant une super-trique du tonnerre.
L'homme derrière cette diabolique invention (" elle balaiera les États Unis, corrompra la jeunesse et désintègrera la société occidentale ") se nomme monsieur Sim mais n'a strictement rien à voir avec feu notre chétif comique national.
Sim, version Penny S, est anglais, obèse et en proie à une crampe congénitale. C'est à dire qu'il bande dur et non-stop depuis sa naissance. Un véritable exploit pour le pénis incriminé puisque, en tenant compte de l'ultra-adiposité de son possesseur, il doit constamment " se frayer un véritable sillon dans les vagues inférieures du bas-ventre. "
Miam miam !
L'auteur, de son coté, joue sur du velours. La progression de l'intrigue est parfaite,. Penny S et ses compères enquêtent dans divers endroits des états unis (une communauté hippie, un gang de hells angels, une partouze mondaine et mafieuse) puis partent affronter Mr Sim à Honk Kong.
Là bas, notre héroïne y rencontre aussi son habituelle contre partie masculine, à la fois allié de circonstance et agent double semant le trouble.
Comme le disent les américains, it takes two to tango.
Et comme l'affirme l'auteur, " elle savait qu'il savait qu'ils coucheraient ensemble tôt ou tard, aussi sûr que deux et deux ne peuvent faire que quatre. "

S'en suivent alors les exploits érotiques imposés par le cahier des charges :
"Il plonge maintenant en elle avec la régularité et la puissance d'une bielle fabuleuse"
ou encore :
"[...] elle est glèbe labourée par le soc invraisemblablement doux et puissant de son amant."
Tango tonitruant ! Notons d'ailleurs que chez Penny S, les scènes porno se conjuguent au présent alors que la narration dite "classique" (action, intrigue, enquête) se déroule au passé.
L'effet, maladroit, tend très certainement à inclure dans son cours le lecteur pervers qui ne passe dans le coin que pour se faire reluire le piston en solo, le salingue !
Mais que l'amateur d'action et l'allergique à la branlette ne se sentent pas pour autant floués. Les industries Kenyon ne laissent personne en carafe.

Ainsi, dans Penny S, quand ils ne copulent pas dans toutes les positions concevables, les protagonistes se bastonnent et se dézinguent à tous les étages. Fusillades, courses poursuites, traquenards, il y en a pour tous les gouts.
Amour + guerre = BAISODROME HOLOCAUSTE = grand spectacle assuré.
Ce billet étant trop long, concluons à l'arrachée : Opération Extase est, avec Dépravez-Moi Ça, l'un des meilleurs épisodes de la série. Je dirais même plus : une lecture essentielle pour ceux qui se sentent concernés par le genre.

Dernier point avant d'en terminer pour aujourd'hui : le contrat-confiance scellé dans la routine des séries fabriquées à la chaine, ça n'empêche pas les variations qualitatives d'un titre à l'autre. Petit détour, donc, du coté de trois Penny S clairement moins enthousiasmants...

Par exemple, Le Lit De L'Amazone, deuxième épisode de la série, est aussi (c'est triste mais ç'en est ainsi) la plus ennuyeuse aventure de Penelope Saint-John Orsini qu'il m'ait été donné de lire. Et pourtant, tout y était réuni pour m'exciter un maxi-grand-max : on y trouve des nazis réfugiés dans la jungle de Rio, traficotant un super rayon de la mort avec des diamants, rêvant d'un nouveau Reich de mille ans et se distrayant le dimanche en balançant ennemis et traitres dans un lac peuplé de piranhas ultra-voraces. On y trouve même le fils caché d'Hitler, c'est dire le bonheur !
Las ! L'auteur (Manning Lee Stokes ?) devait probablement être en rupture de son stock d'alcool ou de drogue. On le sent qui renâcle à la tache comme un vieux bourrin têtu. Son potentiel tristement gaché, Le Lit De L'Amazone en devient presque soporifique et les dernières pages sont accueillies avec soulagement.

On s'en sort mieux avec Lune De Fiel, cinquième épisode à l'accroche fabuleuse : "Quarante-huit heures pour détruire l'horreur venue du ciel, et pour seule arme, son sexe..."
J'imagine que le roman est encore une fois écrit par Manning Lee Stokes : on y retrouve son rythme brinqueballant et sa passion pour les freaks sadiques (ici : un nain obsédé sexuel)
Le reste est à l'avenant. Penny combat des ruskoffs dans le désert glacial de l'Arctique, empêche un virus extraterrestre de se rependre sur terre et se fait lécher le clitoris par un loup des neiges. Les standards sont honorés mais je n'en suis pas non plus tout retourné. Disons que le boulot est solidement effectué mais manque un peu d'éclat.

Même chose concernant Fuel Aux As, huitième épisode : c'est solide, c'est agréable mais c'est aussi terriblement terne. Avec plus de folie et un rythme moins lâche, l'affaire aurait aisément pu être dans la fouille. En l'état, ça ressemble un peu trop à Matt Helm Contre La Mort Noire mais sans le talent de Donald Hamilton.

Restons sereins. On ne gagne pas à tous les coups.

SAS : GIRLS WITH GUNS

J'ai déjà dit tout le mal que je pensais de SAS, je ne vais pas revenir là dessus, passons donc directement à ce qui nous intéresse aujourd'hui : les couvertures !
Elles sont belles, elles sont pulmonées, elles sentent bon la poudre et le stupre. Les filles armées en couverture, plus qu'un argument de vente, c'est aussi la seule et unique concession que la littérature virile fait au féminisme. Car à l'intérieur, c'est une toute autre chanson qui leur est jouée. Hé oui : Les poulettes y sont sans défenses, elles s'y font battre et violer - c'est le topo classique des romances pour mectons. Toute une institution !
Allé Brigitte, arrêtes de faire la fière ! Ce n'est pas parcequ'Helmut Newton te prend en photo que tu t'en sortira mieux dans le bouquin.
Gare à tes miches, et n'oublies pas de numéroter tes abatis, cocotte !
héhéhéhé !
(rire de tordu, bave aux lèvres et frictionnage de pognes moites)





DÉTOURNEMENT DE TEXTE

CHEIKH SANS ÉMISSION, ROGER VLIM
PROMODIFA / CRAC #30, 1977

Dès les premières pages, et passé un prologue inutile, j'avais comme une sensation de déjà lu - sensation qui se précisa très rapidement.
Ce Cheikh Sans Émission, signé Roger Vlim, pseudonyme de Roger Vlatimo, je l'avais en effet déjà lu. Pas sous ce titre, naturellement. Et pas en collection CRAC (super intitulé, n'est-il pas ?) des éditions Promodifa. Il s'agissait plutôt d'un roman de Gil Darcy - Luc Ferran Défie Le Diable - écrit par Vlatimo himself et publié dix ans plus tôt aux éditions de l'Arabesque.


L'original débutait par le procès à ciel ouvert d'un ingénieur français, Robert Larreu, accusé par les autorités marocaines d'avoir provoqué l'effondrement d'un barrage.
"Cette accusation d'incompétence ulcérait plus Larreu qu'elle ne l'indignait. En bon Toulousain, il avait le sang chaud et la tête près du bonnet. Il dut faire un effort pour ne pas exploser."
Retiens toi mon gars, retiens toi, la cavalerie est là. Car l'état français, flairant une grosse magouille sous cette embrouille, envoyait Luc Ferran clarifier la situation, c'est à dire : combattre pleins de méchants arabes, rencontrer trois jolies jeunes filles et dédouaner Larreu en démantelant le réseau criminel d'un vil Cheikh nommé El Chitan et qui, avec l'aide d'une bande de sales indépendantistes nord-af' montés sur un terraplane dernier cri, terrorisait les autochtones du coin.


Dans la version Promodifa, c'est tout pareil ... à quelques variations près. Vlatimo racourcit son texte ("Larreu dut faire un effort sur lui-même pour ne pas exploser. En bon Toulousain, il avait le sang chaud et la tête près du bonnet."), remplace Luc Ferran par un certain Patrice Saint-Clair (une référence au Magnifique peut être ?) et effectue du hors-piste pour caser les scènes de sexe - scènes de sexe par ailleurs assez rares, fort courtes et diantrement prudes.
Je donne les chiffres pour vous édifier :

2 accouplements et demi, dont un semi-viol et une danse du ventre, l'ensemble cumulant au total moins de 7 pages de texte et sans aucuns de nos termes porno-retro favoris. Le lecteur pervers en sera pour ses frais.
Pas de verge turgescente, pas de fente humide, pas d'imposante dague de chair pourfendant le moite fourreau d'une femelle aux abois, non, tout juste quelques vertiges sensuels, quelques désirs enfièvres et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ellipses.

UNE HONTE !
Il en est de même quant à la virilité du bouquin. Cheikh Sans Émission a beau se trouver publié en 1977 chez Promodifa, il n'en reste pas moins qu'il s'agit du léger remaniement d'un texte paru à la fin des années 60 aux éditions de l'Arabesque. Malgré ses retouches à la truelle, ça ressemble donc plus à de l'espionnage médiocre qu'à de la fiction couillue et débile pour amateurs de poupées girondes, de gros flingots indescement exhibés et de massacres en chaine sur fond de bande son héroïque, synthés sentencieux et drum-kits en folie.

En bref, une mauvaise pioche, tout juste sauvée (dans mon cas) par la constatation que Roger Vlatimo, en recyclant ses vieux textes pour produire de nouvelles saloperies, se montrait tout aussi filou et amusant qu'un André Guerber ou un R-G Mera.
Mais en ce mois d'Avril thématique, c'est quasiment du hors sujet.

HITCHCOCK MAG / MICHEL DUMOND

6 illustrations pin-up/agents secrètes de Michel Dumond pour les couv' de la version francophone de Hitchcock Magazine, aux éditions Opta.




MICKEY SPILLANE COVERS

Un peu de Mickey Spillane pour redresser la barre. Eh oui ! Il semblerait bien que la fiction de Robert Trenteudeu detective privé ne vous ai pas renversée bouleversée empoignée émotionnée commotionnée bref, passons, oublions, changeons d'air et donc, un peu de Spillane, disais-je car Spillane, c'est du solide, c'est du vendeur, ça va vous faire palpiter.
Je l'évoquais rapidement, ce grand malade de l'ultra-violence machiste désespérée et savamment marketée, dans mon billet du 2 novembre et j'en causerai bien entendu, et plus en profondeur, dans un prochain billet. Pour l'instant, concentrons-nous sur un top 3 des ses plus belles couvertures en Presses de la Cité, collection Un Mystere (et son éléphant trop mignon qui lit des livres de qualité avec sa trompe. J'aimerai bien être capable d'une telle prouesse !).


Roman fondateur du mythe Mike Hammer, J'aurai Ta Peau (ou I, The Jury en version originale) n'est finalement qu'un petit whodunit sans grande originalité et parfois même un peu poussif. Le style Spillane, flamboyant et misogyne, n'apparait qu'à la fin, dans une révélation strip-tease largement retranscrite par la couvrante (pompée, l'amateur l'aura remarqué, sur la version paperback américaine).
"Tu as commencé seule, d'abord. Conséquence directe de ta profession et de ton tempérament. Oh, tu gagnais bien ta vie, mais cela ne te suffisait pas. Tu voulais de l'argent, beaucoup d'argent. Non pour le dépenser bêtement, mais pour l'avoir, simplement. Tu avais chaque jours l'occasion de sonder la fragilité des hommes, leurs vices et leurs faiblesses. Et tu avais peur. Tu avais complètement perdu l'instinct social de la femme, qui est de dépendre d'un homme. Et tu avais peur."
Pour moi, ces dix dernières pages sont un sommet inégalable de la littérature de gare. Ni plus ni moins. Bouffez tout le Manchette que vous voudrez, la dernière phrase de Fatale ne fera que précéder ce paragraphe de Spillane.

Quant aux deux autres couvertures, primo, je n'ai pas (encore) lu En Quatrième Vitesse (Kiss Me Deadly) et, secundo, Fallait Pas Commencer (Vengeance Is Mine) est très très bon, violent à souhait et sexuellement discutable. Un Spillane de haute volée donc mais bien que loin de valoir l'exceptionnel Dans Un Fauteuil (The Big Kill), qui représente, à mes yeux, le meilleur roman de l'auteur.

SOLDATS DE FORTUNE

GUERRE CHIMIQUE, A.G. CHRISTIAN
GDV / SOLDATS DE FORTUNE # 10, 1991

En dehors des sublimes couvertures de Melki, moins explosif que sur les SCUM de David Rome/Joël Houssin mais bien plus putassier qu'à son habitude (petit topo de la couvrante de ce numéro 10 à destination des malvoyants : une blonde à grosse mitraillette prend la pause façon poster de camionneur, nous exposant ainsi tout l'intérêt de sa tenue militaire foutrement peu réglementaire puisque composée d'un string kaki et d'une chemise boléro largement décolletée), donc, en dehors de cette imagerie généreusement vulgaire qui ici fait office de vertu commerciale compensatrice (et dont seules les personnes frustres se plaindront), il n'y a pas grand chose à sauver de la courte (12 numéros) série Soldats de Fortune que Gérard de Villiers nous importa des USA à la fin des années 80.
En fait, je pourrais presque dire : il n'y a rien à en sauver.
Publiés à l'origine par la revue Soldier Of Fortune, qui est au mercenaire américain ce que Le Chasseur Français est au chasseur français, ces petits bouquins ressemblent assez fortement à des aventures de l'Executeur, même période, c'est à dire lorsque Mack Bolan, sous la tutelle de Harlequin/Hunter, combattait 250 pages par mois de méchants terroristes étrangers.
Donc, à moins d'être passionné par les actions commando, les débriefing militaires, les veillées au feu de bois dans la jungle et les longs discours de politique reaganienne, ce n'est pas vraiment folichon. Sans compter que, cerise sur le gâteau - et contrairement à l'Executeur qui s'est toujours montré assez sobre de ce coté-là, Soldats de Fortune se permet des subplots romantiques digne d'une série télé à l'eau de rose pour vieilles filles.
Ainsi, dans Guerre Chimique, notre héros, un impitoyable baroudeur veteran du vietnam, tombe sous le charme d'une jeune et mignonne subalterne du ministère de la défense. Elle est juive et de gauche, il est ricain et de droite, mais à la fin, elle comprend que c'est lui qui a raison because, si les femmes avaient des opinions politiques valables, ça se saurait depuis bien longtemps, n'est-ce pas les gars ?
Bref, là, vous vous demandez où je veux en venir et vous avez bien raison car je suis en train de m'égarer.
Je reprends donc et, hop, le seul autre intérêt de ce bouquin, après la magnifique première de couverture, c'est le premier paragraphe du résumé de la quatrième de couverture.
Tout le reste, vous pouvez le jeter, ce n'est que perte de temps.
Donc, je te le cite, ce premier paragraphe, et attention, accroche toi au clavier, c'est du lourd :
"Le groupe terroriste d'Abdul Harani a dérobé à l'Institut Pasteur des germes de virus mortels, dont celui du Sida. Son objectif : infester les réservoirs d'eau de Floride."
Voila qui me laisse baba. Le virus du Sida dans de l'eau potable ! On atteint là des sommets d'un beau et vigoureux n'importe quoi. Et la date de publication (1988/1991) n'excuse aucunement la stupidité de ce point de départ.
Malheureusement, il fallait s'en douter, l'auteur, une fois son héros militaire lancé sur la piste des méchants musulmans contaminateurs du dimanche, ne s'occupe plus de cette fantaisiste histoire de Sida en bouteille de vittelloise. Et c'est bien triste car, au risque de passer pour un vilain huluberlu à l'impudence mal placée, je persiste à considérer qu'il y avait dans ce sujet matière à écrire un grand roman d'action machiste honteusement comique.
Mais, comme je le laissais entendre en introduction, Soldats de Fortune, ce n'est pas SCUM.
Loin de là !

GEORGE MAXWELL UNCOVERED

J'aurai dû parler de cela il y a déjà quelques temps. Au moins un mois. Peut être un mois et demi. Mais je ne suis pas quelqu'un de très fiable. Je m'en excuse. Parler de quoi, exactement ? De George Maxwell évidement.
Car enfin, enfin, la lumière a été faite sur cet auteur qui me tient tant à cœur et qui justifia, une année et quelques mois auparavant, la création de ce blog.
Là dessus, je ne peux que remercier Tonton Pierre, ou Pierre Cabriot, selon que vous soyez dans le registre du familier ou pas. En effet, ce pilier de l'excellent et essentiel forum à propos de litterature populaire s'est fendu très récemment d'une superbe monographie sur l'homme derrière la môme double shot. On ne savait rien (ou presque) sur l'étrange George Maxwell et désormais, nous savons presque tout. Son nom, sa vie, son œuvre (71 romans ?) et son destin tragique... pour faire dans le pathos. Mais Cabriot évite cet écueil. Du trajet professionnel de Maxwell, il trace les grandes lignes, révèle de nombreuses œuvres cachées, ses liens avec François Richard (ça aurait été quelque chose que Maxwell au Fleuve !), Edmond Nouveau, Roger Dermé. Entre autres. De sa vie, il ne garde que la fin, en une chute étourdissante. The last shot, comme il l'écrit lui-même. Sacrée affaire... Pour les passionnés de polar-sexy des années 50, le texte et la bibliographie sont incontournables. Vous pouvez trouvez cela à cette adresse http://litteraturepopulaire.winnerbb.net/pseudonymes-f20/maxwell-george-t967.htm et, si comme moi vous avez l'âme du completiste papier, Tonton Pierre a auto-édité son étude en 32 pages richement illustrées tout en couleur - port compris, ça donne 7 euros pour les français et 7,25 pour les belges.
Bref, une initiative décapante que je ne peux applaudir qu'en tapant mon clavier contre la table. Houra !

(la môme, dans l'une de mes couv' favorites de Salva)


Et puisque nous en sommes au rayon des révélations, c'est en chinant pour une modique somme dernièrement le Bibliothèque Du Fantastique (les omnibus Fleuve Noir) consacré à Gérard Prevost que j'ai appris l'identité exacte de Peter Viane - dont Prevost remania le Ne Les Tue Pas Tous des éditions du Trotteur en Pitié Achevez-Moi pour le compte des éditions de la Seine.
Donc, Peter Viane cachait en réalité Pierre Cambot et Liane Mery. Ce dernier nom parlera très certainement aux amateurs de romans cochons seventies. Mais oui, voyons, Liane Mery, cet auteur Euredif qui donna à la collection Aphrodite de si beaux titres comme Duo à Trois, L'Amour Qui Va Qui Vient ou (celui-ci détruit tout sur son passage :) Zizi-Boy. Des romans à l'eau de rose avec un peu de fesse dedans. De vraies purges. Par contre, Pierre Cambot, inconnu dans mon bataillon...

Voila, c'est tout pour aujourd'hui ! Bonne nuit !

S.A.S. # 34 & 35

J'ai honte mais il faut bien que je vous le confie, je n'ai jamais lu de SAS. Jamais. Pas un seul. Polop. Tintin. Turlututu. J'ai essayé mais rien à faire, je n'ai jamais dépassé le chapitre 4. Même en lecture diagonale, même en sautant des lignes, des paragraphes, des pages, des chapitres entiers, rien à faire, je n'y arrive pas. SAS, ça m'emmerde trop. Je sais, j'ai honte.
Bon, mon cas étant assez alarmant, je m'en rends bien compte, j'ai tout de même effectué un petit diagnostic maison. Et je vois deux causes très sérieuses à mon mal.
La première, c'est que Gérard écrit trop sobrement. On dirait qu'il n'a pas comprit les règles de base d'un bon Don Pendleton ou d'un Richard Sapir/ Warren Murphy - la catch-line, bon dieu, la catch-line !!! Cet art de la phrase lapidaire, aussi subtile qu'un slogan d'actionner bis burné et balancée à tour de bras pour montrer qu'ici, non, on ne rigole pas et que ça va saigner dans les chaumières bordel. La catch-line, c'est le panzer de la litterature. Que l'on rewrite tout Zola ainsi et j'achète ! Malheureusement, Gérard ne verse jamais dans l'outrance. Il n'a d'ailleurs qu'un seul gimmick stylistique : "un ange passa dans la pièce."
C'est pauvre.
La seconde raison : Malko. Ce type est un diplomate. UN DIPLOMATE ! Comment voulez-vous qu'il se passe quelque chose de palpitant dans ces foutus bouquins avec un diplomate comme personnage principal ? 250 pages d'intrigue de palais, de discussions steriles et de tourisme club-med Kosovo. Impossible. C'est presque pire que du Paul Kenny. D'ailleurs, les aventures de Francis Coplan, j'arrive à en venir à bout. Laborieusement, peut être, mais tout de même...
Alors, pourquoi, oui, pourquoi, je vous le demande, pourquoi je continue d'en acheter, des SAS ? Mais les couvertures, voyons, les couvertures, avec ces fières poulettes armées jusqu'aux dents et vaguement dépoitraillées qui percent le logo de la série. Magnifique ! Sublime ! Exceptionnel !
Il est juste triste que l'interieur soit si peu passionnant...

TIENS, VOILA DU BOUDIN (BIS)


PAS SI NAÏF AU SINAÏ, JACKY FRAY
SOS # 3 / PROMODIFA, 1976

Désolé pour ceux qui en font des crises d'urticaires, je poursuis dans le registre de l'espionnage bas de gamme aux orientations pornographiques appuyées et pas très fines avec, aujourd'hui, un plagiat bien décontracté du célèbre SAS de Gérard De Villiers, j'ai nommé le pas-célèbre-du-tout SOS des éditions Promodifa.

Les petits gars de Promodifa, j'en avais déjà un peu parlé en abordant le misérable cas de Dan Curtiss. Ils font partie de toute cette tripotée d'éditeurs fauchés et filous sévissant dans les années 70, à l'image de Transworld Publication, Oedip Éditions, France Sud Publications, Les Presses Européennes, Beaulieu, Bellevue-Capitol, Éditions de la Renaissance, Bastille Éditions, Poche-Select et quelques autres coquins, certainement tous plus ou moins liés les uns aux autres, ne serait-ce que par leur fâcheuse tendance à se passer de mentions légales et à ne disposer que d'un seul et unique catalogue d'auteurs, de titres et de maquettes pour multiplier leurs indénombrables et interchangeables collections.
Il s'agissait là, véritablement, des bas-fonds crapuleux de l'édition populaire, une horde d'encombrants d'étagères fermement décidés à s'en foutre pleins les fouilles à coup de romans policier ou d'espionnage et dont les textes aux origines parfois incertaines étaient souvent agrémentés par de long passages à l'érotisme aussi poussé que poussif. Et forcement, après quelques années de dégénérescence, entre la fin des éditions de L'Arabesque (où des futures stars Promodifa comme Jacky Fray et H.T. Perkins débutèrent) et l'avènement de SAS au rang du
best-seller number one pour français moyen, le mélange finit par ne plus ressembler qu'à du porno beauf vaguement structuré par une intrigue de menace internationale très basique et si possible bien raciste.

Car ils ont le pétrole... mais ils n'ont que ça. Ou presque. Ils ont aussi des usines clandestines fabriquant jours et nuits des armes de destructions massives à balancer sur la gueule de ces chiens d'infidèles.
Ainsi, dans ce peu recommandable mais plutôt divertissant Pas Si Naïf Au Sinaï, la Section Opération Spéciale de l'OTAN envoie deux super-espions occidentaux, Jeremie le diplomate et Béatrice la pouffiasse, enquêter sur une affaire de têtes nucléaires égyptiennes menaçant l'état d'Israel.
Ça, c'est le background politique de la chose. L'habituel bordel moyen-oriental. Bon, on s'en fout un peu, l'auteur aussi - en plus, la mission est bidon - mais, comme je vous l'expliquais plus haut, l'intérêt ici, c'est le porno bien gras et les clichés bien cons. Et un mélange des deux, c'est encore mieux. Comme, par exemple : l'arabe mâle, brute sexuelle dégoûtante, veut violer la femme occidentale. Ça, Jacky, il ne s'en fout pas du tout. Ça le passionne, c'est quasiment le point central de son roman. Il veut faire une étude anthropologique, un clash des cultures, et rien ne nous est épargné.
"Il releva sa djellaba, mit à jour son membre monstrueux que des tares héréditaires avaient boursouflé, bourgeonné d'excroissances répugnantes.
- Regarde ! glapit-il. Mais ce serait te faire trop d'honneur que de te prendre comme je le ferais avec une femme de mon pays. Pour toi, il faut une souillure. Je veux profaner ton corps."
Vous l'avez compris, c'est pas un marrant, le type à la djellaba de l'horreur. Heureusement, il ne se montre pas trop combatif et une grosse pierre lui réduit trois paragraphes plus loin le crane en bouillie. Ouf ! J'ai bien cru que Béatrice allait se faire sodomiser. Mais nos deux héros se sont à peine tirés de ce mauvais pas qu'ils tombent sur une bande de nomades.
Et les nomades, c'est bien pire.
"Le masque du Bédouin se déforma sous l'effet d'une fureur sauvage. Il cria un ordre. Aussitôt des hommes jaillirent des tentes, s'attroupèrent autours du couple. Leurs visages grimaçant de haine xénophobe exprimaient odieusement leurs sentiments (quelle phrase !). Plusieurs d'entre-eux tenaient à la main des poignards à lame courbe.
- Moi je prendre ! glapit le Bédouin en saisissant le bras de Béatrice."
je me permets (en guise de parenthèse lègere) de vous faire remarquer que, dans ce roman de Jacky Fray, les arabes en proie à un rut intense glapissent. C'est assez intéressant. Et comme le souligne justement Béatrice, Béatrice outragée, Béatrice libérée, page 71 : "Enfin, Jeremie, les hommes de ce pays ne pensent-ils donc qu'à ça ?" Ce à quoi le diplomate rétorque très finement : "Ils n'en ont pas l'exclusivité, ma chère."
Car, bien heureusement dieu merci inch allah, Pas Si Naïf Au Sinaï ne se résume pas qu'à du zizi belliqueux de bédouin en folie mais propose aussi à son lecteur une foultitude d'égyptiennes en chaleurs que nos deux espions épuiseront sans répis tout au long de leur périple. Et contrairement aux vils messieurs des sables à gros sexes difformes amateurs de pratiques coïtales barbares, nos cocottes orientales sont voluptueuses, très joueuses et toujours dociles. L'une d'elles déclare d'ailleurs, tout en se faisant déniaiser par Jérémie (car, étrangement, elle était vierge), "les filles sont faites pour le bonheur de l'homme et ne doivent rien espérer en retour."
Le chapitre suivant, elle se fait sauvagement violer par une joyeuse troupe de pillards patibulaires. Toujours très courageux, et ne pensant qu'à la réussite sa très importante mission, notre héros s'enfuit, abandonnant ainsi l'ex-pucelle à son triste sort. Il aura tout de même une pensée assez émue pour cette mineure si conciliante. "[il] ne regretta pas d'avoir défloré la jeune Ouria, elle aurait eu au moins une autre facette des rapports sexuels normaux."
Vous parlez d'un cynisme !

O.S.S.E.X. MOU

O.S.S.E.X. SE DÉCOUVRE, ROD GRAY
ÉDITIONS ET PUBLICATIONS PREMIÈRES, 1971

J'avais pas mal d'espoirs concernant O.S.S.E.X., principalement en raison de ma découverte toute récente des romans Penny S., ou
The Baronness en V.O., même éditeur (Les Éditions et Publications Premières), auteur et collection différente (Paul Kenyon / Eroscope) mais sujet similaire : les tribulations hardcore d'espionnes délurées dans les années seventies psycho-a-go-go. Soit du sexe, de la violence et des enjeux internationaux.
A mes yeux : un concept en or.
Et puis il y avait aussi le cas
Rod Gray, signataire de cette série et pseudonyme de Gardner Francis Fox, légendaire scénariste de comic-books pour DC (on lui doit, par exemple, la création de la Justice League of America, ex-JSA) et pourvoyeur massif, pendant son temps libre, en séries de sexpionnage seventies.
Ainsi, et outre O.S.S.E.X. (en anglais :
The Lady From L.U.S.T.), notre bonhomme produisait à la même époque, et sous d'autres pseudonymes, Coxman (Coxeman, The Man From O.R.G.Y.) et Cherry O (Cherry Delight).
Un palmarès qui m'en foutait plein la vue mais, malheureusement, le résultat papier fut bien moins reluisant.

Par respect pour une continuité que je sentais assez chargée (63 volumes parus en France), j'avais opté pour le tout premier de la collection : O.S.S.E.X. Se Découvre. Bon, c'est un choix comme un autre.

Les présentations se font l'espace du premier chapitre. Notre héroïne s'appelle
Eve Drum, alias Agent Oh Oh Sex, nouvelle recrue de l'O.S.S.E.X. et incarnation idéale de la femme-espion. Elle l'avoue d'ailleurs d'elle-même en page 11 : "J'étais une athlète féminine, une femme fatale, une encyclopédie ambulante, tout cela en même temps." Ce à quoi je me permettrais de rajouter qu'elle est blonde, nymphomane et pratique les arts martiaux.
Pour sa première mission, le grand patron l'envoie foutre en l'air une organisation ennemie de l'O.S.S.E.X., les terribles
mafieux de l'A.I.N.E. Enfin... terrible, terrible, c'est un bien grand mot, terrible, puisque tout compte fait, et en ignorant un acronyme qui passe assez mal à l'exportation française, nos crapules de l'A.I.N.E. ne font pas grand chose de très vilain. Tout juste le minimum syndical des organisations diaboliques en temps de guerre froide : s'intéresser aux inventions militaires du camp adverse, en dérober les plans et kidnapper le savant à l'origine du projet.

Bref, niveau intrigue, ce n'est pas très folichon. Bâillements et difficultés pour garder les yeux grands ouverts. On est loin, bien loin, de la fantaisie et de l'efficacité du
Dépravez-Moi Ça de Paul Kenyon. Ici, l'action est molle, le scénario ennuyeux et le sexe... eh bien, parlons-en du sexe !
Les descriptions d'activités sexuelles dans ce premier volume de O.S.S.E.X. sont consternantes. C'est le défaut majeur de ce roman : de longues études historiques et psychologique d'environs trois ou quatre paragraphes entrecoupent (pour soi-disant justifier) les passages érotiques. Ça doit faire plaisir à
Rod Gray d'en tartiner des tonnes et des tonnes, son encyclopédie de La Sexualité à Travers Les Ages sur les genoux pendant que ses personnages batifolent dans des positions acrobatiques. Mais moi, je suis un être frustre. Je m'en fous totalement d'apprendre jusqu'où remontent les racines du lesbianisme, ou qu'Aphrodite était nommée Kallipyge "en l'honneur de ses fesses qui recevaient des coups de fouets" ou encore que les hommes préhistoriques pratiquaient très régulièrement des orgies en l'honneur de leurs divinités. Moi je veux des romans de gare déglingués. De l'action, de la vulgarité, du punch, quoi ! Et autant dire que, 188 pages, avec des caractères assez petits et rien de très palpitant à se foutre sous la dent, ouais, je me suis bien emmerdé.


CEYLAN MAIS C'EST BON, ROD GRAY
ÉDITIONS ET PUBLICATIONS PREMIÈRES, 1975

Du coup, j'ai remis ça, non pas comme la logique me le dictait avec le deuxième épisode (La Chatte Empoisonnée), mais avec le trentième,
Ceylan Mais C'est Bon, 150 pages écrites en plus gros et qui débutent en fanfare, toutes trompes sorties.
"Le membre monstrueux pénétra la blonde pulpeuse qui ouvrit tout grand la bouche de surprise. Elle était en train de lécher la féminité d'une grande rousse et n'avait pas vu l'homme arriver derrière elle. Il ne lui fallut que quelques secondes pour s'habituer à cette situation nouvelle et recommencer à s'occuper ardemment de sa compagne."
Eh oui, vous me connaissez, la finesse, c'est mon dada.

Donc, ce trentième volume... attendez... j'ai bien dit 30 ? Et un peu plus haut, dans cet article, je parlais bien de 63 volumes de O.S.S.E.X. parus en France ?
Voila qui est assez étrange, puisque
Rod Gray, le véritable Rod Gray, le Rod Gray en direct des USA, ne publia que... 25 romans. Nous sommes, il me semble, dans un cas très similaire à celui de Jeffrey Lord et sa série Blade, une licence Kenyon de 37 romans aux états unis et approximativement 180 (et ça continue !) volumes en France, thanks to Gerard De Villiers.
Donc ce
Ceylan Mais C'est Bon (titre anglais factice : So Long ceylon) est très probablement une œuvre française, et tout aussi probablement signée par un certain Jacques Girod, mentionné page 4 en traducteur. Le coup classique.

Bref, passons. La question, aujourd'hui, reste : Ça vaut quoi, très exactement, ce
trentième volume ? Eh bien, malheureusement, ça ne vaut rien. Rien du tout. Pas exactement comme O.S.S.E.X. Se Découvre, car il y a une bonne idée d'intrigue (le super-cobaye d'une expérience militaire sur la sexualité s'échappe d'un labo top secret et Eve Drum est chargée de le tuer avant qu'il ne commette l'irréparable, soit ensemencer toutes les femmes de la planète, ou un truc d'approchant) mais notre faux Rod Gray n'en fait pas grand chose. Juste 30 pages au début (le prologue) et 30 pages à la fin (une fusillade débile et une conclusion à la con). Entre les deux, c'est 90 pages d'accouplements télécommandés, un véritable périple de touriste sexuel en extreme-orient avec les cabarets cochons, les hôtels de luxe et les spécialités locales. Rien de plus. J'étais littéralement dépité.
Seul point positif, les longs paragraphes d'histoire de la sexualité ont disparus. C'est pas grand chose, je l'avoue., mais qui sait ? Sur 63 volumes d'O.S.S.E.X., il y a peut-être un ou deux de qualité. Ils ne peuvent pas tous être de ce lamentable niveau.
Enfin, je l'espère...