DÉTOURNEMENT DE TEXTE

CHEIKH SANS ÉMISSION, ROGER VLIM
PROMODIFA / CRAC #30, 1977

Dès les premières pages, et passé un prologue inutile, j'avais comme une sensation de déjà lu - sensation qui se précisa très rapidement.
Ce Cheikh Sans Émission, signé Roger Vlim, pseudonyme de Roger Vlatimo, je l'avais en effet déjà lu. Pas sous ce titre, naturellement. Et pas en collection CRAC (super intitulé, n'est-il pas ?) des éditions Promodifa. Il s'agissait plutôt d'un roman de Gil Darcy - Luc Ferran Défie Le Diable - écrit par Vlatimo himself et publié dix ans plus tôt aux éditions de l'Arabesque.


L'original débutait par le procès à ciel ouvert d'un ingénieur français, Robert Larreu, accusé par les autorités marocaines d'avoir provoqué l'effondrement d'un barrage.
"Cette accusation d'incompétence ulcérait plus Larreu qu'elle ne l'indignait. En bon Toulousain, il avait le sang chaud et la tête près du bonnet. Il dut faire un effort pour ne pas exploser."
Retiens toi mon gars, retiens toi, la cavalerie est là. Car l'état français, flairant une grosse magouille sous cette embrouille, envoyait Luc Ferran clarifier la situation, c'est à dire : combattre pleins de méchants arabes, rencontrer trois jolies jeunes filles et dédouaner Larreu en démantelant le réseau criminel d'un vil Cheikh nommé El Chitan et qui, avec l'aide d'une bande de sales indépendantistes nord-af' montés sur un terraplane dernier cri, terrorisait les autochtones du coin.


Dans la version Promodifa, c'est tout pareil ... à quelques variations près. Vlatimo racourcit son texte ("Larreu dut faire un effort sur lui-même pour ne pas exploser. En bon Toulousain, il avait le sang chaud et la tête près du bonnet."), remplace Luc Ferran par un certain Patrice Saint-Clair (une référence au Magnifique peut être ?) et effectue du hors-piste pour caser les scènes de sexe - scènes de sexe par ailleurs assez rares, fort courtes et diantrement prudes.
Je donne les chiffres pour vous édifier :

2 accouplements et demi, dont un semi-viol et une danse du ventre, l'ensemble cumulant au total moins de 7 pages de texte et sans aucuns de nos termes porno-retro favoris. Le lecteur pervers en sera pour ses frais.
Pas de verge turgescente, pas de fente humide, pas d'imposante dague de chair pourfendant le moite fourreau d'une femelle aux abois, non, tout juste quelques vertiges sensuels, quelques désirs enfièvres et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ellipses.

UNE HONTE !
Il en est de même quant à la virilité du bouquin. Cheikh Sans Émission a beau se trouver publié en 1977 chez Promodifa, il n'en reste pas moins qu'il s'agit du léger remaniement d'un texte paru à la fin des années 60 aux éditions de l'Arabesque. Malgré ses retouches à la truelle, ça ressemble donc plus à de l'espionnage médiocre qu'à de la fiction couillue et débile pour amateurs de poupées girondes, de gros flingots indescement exhibés et de massacres en chaine sur fond de bande son héroïque, synthés sentencieux et drum-kits en folie.

En bref, une mauvaise pioche, tout juste sauvée (dans mon cas) par la constatation que Roger Vlatimo, en recyclant ses vieux textes pour produire de nouvelles saloperies, se montrait tout aussi filou et amusant qu'un André Guerber ou un R-G Mera.
Mais en ce mois d'Avril thématique, c'est quasiment du hors sujet.

2 commentaires:

artemus dada a dit…

Même pas une ellipse moite fendue par un vertiges turgescent ?!

C'est à désespérer du genre humain.

ROBO32.EXE a dit…

je sais, je sais...
ne remue pas le couteau dans la plaie !