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LE DARD À FREDO

LES AVENTURES DU JANISSAIRE SAM CLITONIO, A.NAVLIS
S.E.C.L.E. / RÉGINE DEFORGES, 1978

Contrairement à ce que son titre tend à nous faire croire, Les Aventures du Janissaire Sam Clitonio n'est pas une parodie pornographique des aventures du Commissaire San Antonio. Et c'est bien triste.
C'est d'autant plus triste que les décalques filouteux du versant comique de l'œuvre de Frédéric Dard ne sont pas monnaie courante. En excluant l'aimable Alban Savignac aux éditions de Lutece (car pas si San-Antonionesque que ça) et 8 petites pages d'un certain San Bigonio, publiées en fin d'un volume de la maison-pirate André Guerber (Pour Venger Un Pote de Joseph Benoist, Pocket Suspense / 1977), je ne vois pour combler ce vide que la série du Colonel Ceruse, aux Presses Noires, et qui comptabilisa une vingtaine de récits d'espionnage débilourd-franchouplouc à la qualité d'écriture désastreuse, à l'humour lamentable et au rythme lymphatique aussi foudroyant dans ses effets qu'une pleine attaque de mouches tsé-tsé enragées.

Pour les aventures du janissaire Sam Clitonio, le topo sera grosso-modo identique : mal écrit, mal rythmé, désespérément pas drôle. André Navlis, habitué du Media 1000 / Jacques de St Paul (le fleuron du porno ennuyeux en hall de gare), semble naviguer à l'aveuglette. Il a un titre, il ne lui manque que le contenu. Alors il improvise. Il va même jusqu'à singer le style San Antonio - mais sans la substance - en des suites décousues de calembours irrécupérables et de non-sens atterrants. Un exemple pour la route :

"On m'appelle Sam Clitonio, pas pour des prunes !... Je suis l'amateur de lichette !... L'arcan le mieux monté de la côte !... Toujours serviable avec les dames, et volontaire pour toute épreuve pornographique, comme disent les censeurs sodomites, et tout moyen de s'éclater !... J'ai tout essayé !... L'herbe, l'opium, les cocktails (ceux qui s'éclusent, et se flambent !), l'eau bénite, le zen, le lettrisme, la politique, le nautisme, le yoga, la musique, la bédé, la zoophilie, j'ai pas trouvé chaussure à mon vier, c'est un monde tout de même, la seule place où je m'envoie en l'air c'est dans le corps de ces demoiselles !... Je suis désastreusement quelconque..."
Tu l'as dis bouffi.
En voila un, en tout cas, qui ferait bien d'essayer d'arrêter. Pas de chance, il continue. S'en permet même des vertes et des pas dures. "Qu'on me pardonne cet à-peu-près, la mutinerie phallique m'y contraint... Branle-bas de con bas !" La lucidité, c'est sympa, mais que raconte-t-il d'autre, notre hurluberlu mal conçu ?
Rien, justement. Rien du tout. Il n'est pas commissaire donc il n'enquête pas. Il est contrebandier mais n'en fout pas une. Il baise des filles, soit, mais ça ne permet pas de remplir 190 pages. Alors il nous parle un peu de son enfance (bâillement), de quelques filles (bâillement), de ses divers trafics... inutile que je me répète, vous l'avez compris. Navlis ne va nulle part, il effectue du sur-place alimentaire. Pense certainement à ses factures en retard. Sort de temps à autres quelque ridicule métaphore prompte à vaguement réveiller l'amateur de mauvais goût. "Je laissais couler ma quille en elle, majestueusement, comme au grand large," déclare-t-il pour mieux imager ses assommants accouplements répétés.
Pour le reste, le pavillon est en berne. Le titre est mensonger. Si vous cherchez Bérurier et Pinuche, version paillarde, passez votre chemin. Si vous cherchez une bonne tranche de rigoldingue cochonne, faites-en de même. Dans les aventures de Sam Clitonio, en dehors du titre et d'une mention-éclair à Sam Bot (dont je n'ai su retrouver la page), il n'y a rien à sauver.

J'EN RÊVAIS, LORD BIONIC L'A FAIT !

LORD BIONIC SORT DE L'OMBRE, JO BARRACK
ÉDITIONS DE L'ENCLOS, 1979

Les gars, accrochez-vous, je fais péter un grand cru, un millésime 1979 de l'érotisme neuneu et celui-là débute en fanfare.
Jo Barrack, écrivain, journaliste, loser, dépose à la banque un gros chèque perçu pour la rédaction du précédent volume des aventures de son mystérieux alter-ego, Lord Bionic.
Soudain,
badaboum ! La banque est prise d'assaut par une horde de nanas sexy. Combinaison blanches et casques de moto, exactement les mêmes que sur la couv'. Et les girls armées ont la ferme intention de vider le coffre central. Puis, comme elles sont aussi un peu farceuses sur les bords, elles forcent les clients, dont Jo Barrack, à se dévêtir. Le calbut sur les pompes et la queue à l'air. La grande classe.
Barrack, tout absorbé à ses pensées narratives, évoque alors un certain Pollux. N'ayant pas lu le volume précédent, Lord Bionic Entre En Scène, Je me gratte le crane, perplexe.
Qu'est-ce-que
c'est que cette connerie de Pollux ? Un satellite dans le ciel permettant la télé-transformation en Lord Bionic ? Un chien robotique, fidele compagnion de Lord Bionic ? Le super-computer quantique et ultra-puissant de Lord Bionic ? Non, rien de tout cela.
Pollux, c'est le sobriquet de la bite à Lord Bionic.
"Dans mon pantalon, à mon appel cérébral, je sentis avec soulagement Pollux se sensibiliser. Il l'avait parfaitement décrypté, s'allongeait maintenant gaillard, à l'état d'érection, fin prêt à me secourir, je le sus immédiatement. C'était gagné, Lord Bionic pouvait dès lors agir. Je n'étais plus le Jo Barrack pusillanime, qui craignait pour ses lunettes, mais lui. La fiction avait rejoint la réalité, le feuilletoniste, son héros de papier."
Mais attention, n'est pas n'importe quelle bite que la bite à Lord Bionic. Car Pollux, c'est de la prothèse pénienne de luxe, du hi-tech dernier cri ultra-secret, un machin bio-électronique alimentée par une centrale thermo-nucléaire miniaturisé et installée dans les roustons. Ainsi duracelisé à mort, Pollux peut alors projeter des rayons lasers, percer des murs, éclairer une pièce, diffuser toutes sortes de fréquences, hypnotiser les gens et... faire l'amour aux femmes.
Longtemps.
Très longtemps.
"Je priai Pollux d'ouvrir les vannes, et je me libérais brusquement en elle. Littéralement portée par mon membre, elle reçut la manne dans un double rale de plaisir. Je me retirai et commandai à ma centrale bio-ionique de refaire le plein, séance tenante. [...] A présent complètement tourné vers elle, sans prendre aucun repère, je bombardai gaillardement son canal vaseliné, de la pointe d'un Pollux déchaîné, bien décidé d'enlever le bastion portuaire en deux temps et quelques percussions."
Adieu poésie, amour, biologie, bonjour frappe chirurgicale, estocade millimétrée, calibre à haute précision ! Quel sacré petit bonhomme ce Pollux ! Il casse littéralement la baraque (sic), et sans même s'essouffler. D'ailleurs, son activité sexo-motrice est tellement passionnante que Jo en oublie de raconter une histoire. Et c'est là que le bat blesse, à mon goût.
Voila un personnage, ou plutôt un membre, hors du commun, incroyable, délirant, et l'auteur se contente paresseusement de lui faire exécuter les scènes habituelles du porno-populo, tendance espionnage mou, 190 pages durant. Ça ronronne mais ça ne déménage pas, ça manque de fantaisie, d'explosions, de fusillades, d'effets spéciaux. Imaginons Pollux contre les Talibans, ou Pollux contre les Martiens. Pollux contre des monstres japonais. Le Fulguro-Pollux. Pollux torpillant un sous-marin russe. Pollux dans des dimensions alternatives. Pollux fait du cinema, ou même Pollux à la plage.
Mais je suis peut être trop exigent. Il me suffira de lire un Euredif pour bien réaliser que, dans la catégorie Érotisme à la con, Lord Bionic est bien au dessus du lot.