SALADE D'ESPIONS, ALBAN SAVIGNAC
RECEPTION A LA MORGUE, ALBAN SAVIGNAC
ÉDITIONS DE LUTECE / SÉRIE NOIRE ET ROSE, 1963 / 1962
Un roman noir de gare débute généralement de deux façons assez semblables. La première : un personnage rentre dans une pièce (un bureau de détective, un bar, un salon privé) pour y déclarer plus ou moins clairement l'ordre du jour.
La seconde : le héros (un détective, un journaliste, un espion) reçoit un coup de téléphone et s'empresse d'y répondre pour se lancer avec décontraction dans de nouvelles (ou uniques) aventures.
Il existe aussi une foultitude d'introductions bien moins grossières, mais ces deux-là sont les plus prisées par les scribouillards aux poches trouées.
Inutile de se compliquer la vie quand il s'agit de boucler en quelques jours un stupide roman à sensation pour financer ses rations quotidiennes de berger blanc, n'est-ce pas ?
Mais au petit jeu de l'économie d'inspiration, Alban Savignac est encore plus retord. Un vrai filou. Quasiment du calibre d'un Frank Peter Belinda. Son Salade d'Espion s'ouvre ainsi dans un magistral enchaînement des deux procédés : le héros reçoit un coup de fil d'une souris lui demandant l'autorisation de passer le voir chez lui. Tout ça pour lui proposer une affaire, de visu.
Et hop, dix pages de gagnées !
Ça, c'est la marque de fabrique Savignac : Le remplissage. Et l'humour aussi. En seconde position. Car Monsieur est un émule intéressé et pas très glorieux du grand San Antonio. Du coup, Alban Savignac, c'est aussi le nom de notre héros, un super-espion franchouillard plutôt minable.
En fait, il a toutes les tares du français. Il est alcoolique, séducteur à la petite semaine et beau parleur. Et pour ce qui est de parloter, Savignac carbure à la duracell longue durée. Il divague. Il blague. Il place ses bons mots et entrecoupe sa diarrhée verbale par des réflexions impétueuses sur la vie, l'alcool et le cul des gonzesses. Il occupe l'espace narratif à fond les ballons. Et quand il a épuisé une bonne douzaine de fois l'ensemble de son vocable d'homme moderne des années 60, il va au bistrot se faire servir d'interminables tournées avec des copains de boissons récupérés en cours de route. Et rebelotte. Ça divague en chœur, jusqu'à ce qu'une entêtante préoccupation se fraye un chemin dans les méandres de son cerveau embrumé.
PLUS QUE DIX PAGES POUR CLOTURER L'INTRIGUE !
L'intrigue ? Bordel ! Nous l'avions complètement oublié !
Je vais donc faire vite, il ne me reste plus que quelques lignes avant d'en terminer avec cet auteur exceptionnel.
Dans Salade d'Espion, Savignac fait capoter le trafic de documents confidentiels monté par une morue moche à hurler (de rire ?). Quant à Réception à la Morgue, son tout premier opus, il surveille du coin de l'œil les agissements louches d'une espionne camouflée en star du cinéma supersexy. A part ça, c'est bien plus bête qu'un mauvais San-A et c'est bien moins drôle. D'ailleurs, ce n'est ni très distrayant, ni très lisible. Et pourtant, j'aime bien.
A petite dose, s'entend.
La seconde : le héros (un détective, un journaliste, un espion) reçoit un coup de téléphone et s'empresse d'y répondre pour se lancer avec décontraction dans de nouvelles (ou uniques) aventures.
Il existe aussi une foultitude d'introductions bien moins grossières, mais ces deux-là sont les plus prisées par les scribouillards aux poches trouées.
Inutile de se compliquer la vie quand il s'agit de boucler en quelques jours un stupide roman à sensation pour financer ses rations quotidiennes de berger blanc, n'est-ce pas ?
Mais au petit jeu de l'économie d'inspiration, Alban Savignac est encore plus retord. Un vrai filou. Quasiment du calibre d'un Frank Peter Belinda. Son Salade d'Espion s'ouvre ainsi dans un magistral enchaînement des deux procédés : le héros reçoit un coup de fil d'une souris lui demandant l'autorisation de passer le voir chez lui. Tout ça pour lui proposer une affaire, de visu.
Et hop, dix pages de gagnées !
Ça, c'est la marque de fabrique Savignac : Le remplissage. Et l'humour aussi. En seconde position. Car Monsieur est un émule intéressé et pas très glorieux du grand San Antonio. Du coup, Alban Savignac, c'est aussi le nom de notre héros, un super-espion franchouillard plutôt minable.
En fait, il a toutes les tares du français. Il est alcoolique, séducteur à la petite semaine et beau parleur. Et pour ce qui est de parloter, Savignac carbure à la duracell longue durée. Il divague. Il blague. Il place ses bons mots et entrecoupe sa diarrhée verbale par des réflexions impétueuses sur la vie, l'alcool et le cul des gonzesses. Il occupe l'espace narratif à fond les ballons. Et quand il a épuisé une bonne douzaine de fois l'ensemble de son vocable d'homme moderne des années 60, il va au bistrot se faire servir d'interminables tournées avec des copains de boissons récupérés en cours de route. Et rebelotte. Ça divague en chœur, jusqu'à ce qu'une entêtante préoccupation se fraye un chemin dans les méandres de son cerveau embrumé.
PLUS QUE DIX PAGES POUR CLOTURER L'INTRIGUE !
L'intrigue ? Bordel ! Nous l'avions complètement oublié !
Je vais donc faire vite, il ne me reste plus que quelques lignes avant d'en terminer avec cet auteur exceptionnel.
Dans Salade d'Espion, Savignac fait capoter le trafic de documents confidentiels monté par une morue moche à hurler (de rire ?). Quant à Réception à la Morgue, son tout premier opus, il surveille du coin de l'œil les agissements louches d'une espionne camouflée en star du cinéma supersexy. A part ça, c'est bien plus bête qu'un mauvais San-A et c'est bien moins drôle. D'ailleurs, ce n'est ni très distrayant, ni très lisible. Et pourtant, j'aime bien.
A petite dose, s'entend.
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