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LA CARTE DU TENDRE

LE JUDOKA ET LES FILLES AUX YEUX D'OR ERNIE CLERK, LA TABLE RONDE, 1963
RÉÉDITION : SURSIS POUR LE JUDOKA, ERNIE CLERK, ALBIN MICHEL ESPIONNAGE # 4, 1965

L'astuce est plutôt cocasse. Sur le slip de Marc Saint Clair, alias le Judoka, se trouve tracé à l'encre sympathique un document ultra confidentiel, façon schéma de chasse au trésor avec plein de flèches de partout et une grosse croix rouge qui signale la base secrète des méchants.
Ainsi, équipé de son super slibard, notre héros mène l’enquête.
"C'est la plus transportable des cartes que vous puissiez avoir" dixit un colonel de l'U.S. Army au Judoka.
La plus transportable, OK... mais pas forcement la plus pratique. 
Déjà, faut pas déconner. Une érection mal maîtrisée et la carte devient indéchiffrable. C'est ballot !
Ensuite, son utilisation n'est pas des plus simple. Se débraguetter le falzar à chaque embranchement, se le rincer au jus de citron et y vérifier enfin si c'est bien dans la bonne direction que l'on se dirige, tu parles d'une procédure à la gomme !
Quant à affirmer que le service trois-pièces d'un agent secret constitue la meilleure des planques à documents possible, ce serait bien mal connaître les héros de ces bons vieux récits d'espionnage à 8 francs 15 la séance. Avec le nombre de petites poulettes devant lesquelles ils tombent le bénouze, la couleur et les motifs de leur calebar sont aussi secrets que la vie privée d'une vedette télé abonnée aux unes d'Ici Paris, France Dimanche et Voici réunies.
Ou comme le chantait Jean-Pierre Calçon, pardon, Kalfon, "Quel émoi ! Quel ennui !"
Néanmoins, au rayon des idées idiotes employées dans les romans d'espionnage des années 50 et 60, ce sous-vêtement en toc que nous exhibe Ernie Clerk histoire de mieux téléguider son héros vers le repère des méchants (et donc - d'une pierre deux coups - vers la fin du bouquin) est loin, très loin, de valoir certaines coupures du genre, morceaux d'anthologie tellement loufoques et stupides dans leur registre qu'ils en vinrent à me tirer, lors de leur lecture, des larmes d'un bonheur pervers et continuent rétroactivement à me titiller les bas instincts de la matière grise, à la manière d'une remembrance de quelques joyeuses séries Z aux trucages calamiteux et scénarios bouffés aux mites.
Je pense par exemple à l'espion d’Étrange Mission (Éditions de l'Arabesque, Espionnage # 556, 1968), un corse têtu comme une mule et con comme un âne qui se débarrassait de ses adversaires en leur offrant des myrtilles cueillies dans la forêt et sur lesquelles un renard malade avait pissé. Les méchants, inconscients du redoutable stratagème dont ils allaient être victimes, se goinfraient alors des baies avant de tomber raide-morts, foudroyés par une zoonose express !
Dépassé, James Bond et ses gadgets dernier cri. La myrtille imbibée d'urine de canidé valétudinaire, ça c'est du sérieux !
Je pense aussi à Hubert Bonisseur de la Bath qui, dans OSS 117 chez les Hippies (Presses de la Cité, 1970), se trouvait forcé par de vils beatniks maoïstes à gober des buvards de LSD. Le suspense à son comble, laissant le lecteur trembler comme une feuille. Hubert allait-il perdre la boule, se laisser pousser les tifs, plaquer la barbouzerie pour fonder un groupe de rock psychédélique en Californie ? Que nenni ! 
Notre homme résistait vaillamment à la tentation du trip cosmique. Et ce, sans verser la moindre goûte de sueur. Car, c’était bien simple, à l'aide d'une petite pilule made in CIA, Hubert s'était immunisé contre les effets de l'acide lysergique. 
Hell yeah !
Je pense enfin (et en vrac) à la brosse à dents talkie walkie de l'agent spécial Malran dans La Panthère se Rebiffe de Paul Berg (S.E.G. Espionnage # 73, 1966), aux "ologrammes" (sic) plus vrais que nature d'H.T. Perkins dans La Déesse et l'Artiste (une bonne demi-dizaine d'éditions, de 63 à 75), à cette soucoupe volante pilotée par des cow-boys dans Stop Destruction Immédiate (F.P. Belinda, La Loupe Espionnage # 6, 1953), à la moelle épinière des bons élèves d'un lycée français qu'un savant fou subtilise afin de transformer ces derniers en cancres gauchistes (Les Corruptibles, Jimmy G. Quint, Presses Noires Espionnage # , 1967) ou encore à ce four micro-onde géant qui manque de rôtir l'agent X.117 dans Mission D.D.P. Terminé (André Favières, La Loupe Espionnage # 44, 1957).
Bref, face à pareille concurrence, Ernie Clerk et son Judoka peuvent renfiler leur kimono.
Un vieux slip sale qui fait carte michelin ? 
Il en faudra beaucoup plus pour nous épater !

CRÉTIN ET FIER DE L'ÊTRE !

RENDEZ-VOUS À SAN-FRANCISCO, G. DE VILLIERS
PLON / S.A.S. # 5, 1966

Qui est le plus crétin dans l'histoire ? L'auteur ou son personnage ? Le choix est duraille. 
D'un côté, il y a Gérard de Villiers, star incontesté de la littérature pour hommes, négrier ultime du roman de gare, unique milliardaire du genre. 
De l'autre, c'est le prince Malko Linge, alias Son Altesse Sérénissime, "Chevalier de l'ordre des Séraphins, Margrave de la Basse-Lusace, grand Voyvode de la Voyvodie de Serbie, Maître de l'ordre de la Toison d'Or, chevalier de droit de l'Aigle Noir, comte du Saint-Empire Romain, Landgrave de Kletgaus, bailli d'honneur et de dévotion de l'ordre souverain de Malte [et] barbouze hors-cadre à la Central Intelligence Agency, section Action."
Ou comme le chantaient les Coco-Girls du Collaro-Show : "ce mec est too-much, ce mec est trop."
Entre les deux, se trouvent les bouquins. 
De sacrés morcifs.  
Surtout ce Rendez-Vous À San-Francisco, cinquième volume de la série. Avec ses 320 pages au compteur, il enfonce largement la concurrence des besogneux du 190 pages réglementaires à 3 francs la livrée. C'est du luxe. Sans compter que De Villiers, comme à son habitude, s'applique à calquer son style sur celui, efficace et distingué, des brutes de la Série Noire - Chandler et Chase en tête. 
Malheureusement, si les leçons ont été correctement ingérés, le résultât laisse à désirer. Les tentatives de bons mots tombent régulièrement à l'eau et son art de la formule ne fait jamais mouche.
Mais qu'importe. Ne jouons pas les difficiles car il y a l'intrigue. Un truc propre à te foutre la matière grise en ébullition, façon Du Rififi En Californie, si tu vois ce que j'veux dire.
Résumons : San-Francisco est plongé dans une drôle de mêlasse. 20 % de sa population est devenue dingue - ou plutôt : 20 % de sa population a viré communiste, comme ça, sans prévenir, du jour au lendemain. Fini les réunions tupperware et les virées en 4x4, place aux meeting politiques et aux films d'art et d'essai. Pire, 2 agents du F.B.I. ont eux aussi chanstiqués de bord. Gros drame.
"Un silence horrifié s'abattit sur l'assistance. En trente-cing ans d'existence, le F.B.I. n'avait connu que deux traîtres, et encore l'un d'entre eux était un Noir."
Bref, l'heure est grave. Afin d'éclaircir cette semoule chelou, Malko (accompagné de ses gardes du corps Milton Brabeck et Chris Jones) est envoyé en Californie et Gérard de Villiers se permet son premier placement produit.  
Nous sommes à la page 45, Malko a besoin d'une voiture. Il s'en va en louer une chez Hertz (bruit de caisse enregistreuse) puis, tant qu'à faire, drague l'employée, une magnifique franco-sino-tahitienne à grosses loches et petite personnalité. La suite du programme est connue de tous : restaurant, discothèque et chambre d'hôtel. Puis, harassé par ses prouesses sexuelles, Malko s'endort comme un bienheureux.
"Il ferma les yeux avec une gros soupir de reconnaissance pour la maison Hertz."
(nouveau bruit de caisse enregistreuse)
Le reste du bouquin s'étire paisiblement. Malko passe son temps au plumard, les 20 % de la population de San-Francisco brûlent leur ville dans des séries d'émeutes assez peu spectaculaires, Gérard place l'habituelle publicité pour la Scandinavian Airline System (alias la S.A.S., "la seule compagnie qui va à la fois aux Etats-Unis et dans les pays derrière le rideau de fer."), un chat aux griffes imbibées de curare par un blanchisseur chinois se fait dézinguer par Milton et Chris (les gardes du corps) et deux soeurs jumelles démoniaques (car Chinoises) trucident la magnifique franco-sino-tahitienne à grosses loches et petite personnalité de chez Hertz, ce qui force ainsi Malko a sortir de son pieu et a reprendre son enquête.
Enquête qui se résume alors à tirer à vue sur tout blanchisseur et soeur jumelle de type asiatique arpentant le secteur. 
Inutile de dire que cette brillante stratégie porte rapidement ses fruits et permet à Malko de débarquer dans la base sécrète des méchants bridés.
Et là, c'est la grosse révélation du bouquin, l'astuce qui te fout sur le derche, le machin maousse qui te laisse baba.
La lobotomie communiste des 20 % d'habitants de San-Francisco ? C'était bien simple. Nos vilains Chinois avaient en fait infiltré une station locale de télévision et, ni vu ni connu, ils y diffusaient des films. Mais pas n'importe quels films. Pas du Jean-Luc Godard ou des bidules de cet acabit à te faire ronquer tout individu capitaliste normalement constitué. Non, non. Du certifié 100 pour 100 pur jus américain. Publicités, feuilletons, westerns... 
"Je ne vois pas ce que ça a de subversif" remarque une huile de la police.
Heureusement, Malko est là pour lui expliquer :
"[il] prit la première bobine et commença à l'examiner image par image, à la lueur du projecteur. Il n'eut pas à aller loin. Au bout de quarante centimètres environ, il trouva une image qui ne se raccordait pas aux autres. Il y avait une simple phrase qu'il lut à l'envers à haute voix :
Le communisme vaincra.
[...] Vingt-cinq images plus loin, le même slogan revenait, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la bobine."
Faisons court. Les films sont alors retirés de la circulation et tout redevient normal à San-Francisco.
The End.
Quant à la question qui ouvrait ce billet, c'est toujours aussi duraille de trancher. 
Qui est le plus crétin dans l'histoire ?
Le lecteur, peut être.

ESPIONNAGE AU RABAIS : LE RETOUR !

SURSIS POUR UNE ESPIONNE, A.G. PRIMETT
INTER ESPIONS CHOC # 4, 196?

La première partie est prometteuse. Chapitre un. Le méchant débarque en alpha-romeo blanche. Il s'appelle Sandor Crasick et c'est un espion soviétique. Accent slave, gueule reptilienne et nom de famille fonctionnant comme une mot-valise. Crasick, c'est la combinaison de crazy et de sick, de fou et de malade. Vaste programme !
Surtout, l'affreux possède la couverture adéquate : directeur d'une clinique pour détraqués mentaux aux abords de Marseille. Ou comme le souligne un gardien de la paix, en page 26 : "je trouve qu'il fait un peu docteur pour film d'épouvante, avec ses yeux bleus qui vous fixent au point d'en être gênants."
Bref, il a la gueule de l'emploi. Mais ce n'est pas un raison pour se cantonner à de la figuration. Il a un rôle à jouer, le Crasick. Il doit dérober "les plans du nouveau chasseur vitesse mach 8 groupe 357 à grand rayon d'action." Ça ou la recette du coq au vin, c'est du kif. L'important, c'est qu'il commette un vil forfait à l'encontre de la France. Et les vils forfaits, je vais te le dire, c'est un peu à ça qu'on reconnait les méchants.
Pour ce faire, il s'est donc entouré de deux acolytes tout aussi méchants que céziguepate : Sacha, le tueur discret, et Sonia, la belle blonde bien balancée répondant au doux matricule de KW17. Malheureusement, nos trois zigotos sont des bras cassés. Les plans du mach 8 groupe 357 leur passent sous le blair et les services secrets français leur foutent au train leur meilleur gusse, un type qui, comme Crasick, a la gueule de l'emploi.
"Ses cheveux noirs sont épais et souples, ses yeux sont bruns, vifs, intelligents. Une bouche sensuelle met une note apaisant sur l'ensemble énergique du visage. Son nom : Gérard Delambre, agent J 137 des services de contre-espionnage français."
Voila l'homme ! Un vrai tombeur de nénettes, avec son physique de jeune premier façon feuilleton télévisé.
"Quelle carrière cinématographique il aurait pû faire ! De quoi tourner la tête aux spectatrices peu farouches, et même aux autres !" s'exclame en son fort intérieur Virginia, une gironde poulette du SR qui en pince pour J 137. Mais la pauvre n'aura pas le temps de croquer le fruit de ses désirs, elle avalera le bouillon de onze heure avant la fin du bouquin. Le sursis pour une espionne du titre, c'était bien sa pomme qu'il concernait !
À part ça, pas grand chose à signaler. J'ai pris du plaisir à m'envoyer la chose mais ce n'était pas non plus le fade ultime.
Primo, Gérard Delambre, il est un peu trop terne, comme super espion. La preuve, c'est qu'il débarque dans le bouquin à mi-parcours. Parole ! Si j'étais le héros d'un récit d'espionnage et que l'auteur ne me faisait entrer en scène qu'après la page 83, pour sûr que je me rebifferai sévère dans les coulisses !
Et secundo, c'est l'absence totale d’éléments spectaculaires. Pas d'action ni d'explosions, seulement une petite fusillade et un court échange de gnons vers la fin - autant dire : le minimum syndical.
Même chose pour les décors. Ils sont signés Roger Harth, c'est pas possible autrement ! Pourtant, il y avait de quoi faire violemment frémir le lectorat, rien qu'avec l'asile de fou du vilain, mais le roman préfère se cantonner à du petit budget pour mémé.
En l'état, ça équivaut à faire rouler James Bond en Méhari... et avec la jauge dans le rouge en sus.


BAZAR À ZANZIBAR, SIM FINCHLEY
INTER ESPIONS CHOC # 7, 196?

Bouh ! Quelle mauvaise foi ! James Bond en Méhari et à l’arrêt sur un bas côté d'autoroute, ça a son charme. Je m'en suis rendu compte en attaquant le second bouquin d'espionnage de mon dimanche, Bazar à Zanzibar. 
Là, pour le coup - et pour rester dans les comparaisons cinématographiques - c'était plutôt Eddie Constantine paraplégique en chaise roulante et qu'on envoie voltiger dans les escaliers.  
D'abord, il y a le style, façon Série Noire à la ramasse. On est pas très loin des Sam Morgan de Slim Harrisson ou des O.K. Devil que sortait la S.E.G. à la même époque.
Comprenne qui pourra.
Ensuite, il y a l'intrigue. Et là, faut vraiment s'accrocher. La chaise roulante dans l'escalier, disais-je. Et l'escalier en colimaçon. Ouille, ouille, ouille ! Mince de chute !
Je vais néanmoins essayer de te la faire courte...
Donc, dans ce bouquin, de vilains Chinois, camouflés dans l'import-export ou la restauration rapide, foutent le bazar à Zanzibar, cette paisible colonie Anglaise. 
À la demande des autorités rosbiffes, les services secrets ricains chargent le colonel Guill - "l'agent number one de la CIA" - de mettre un terme à la nouba des bridés.
Son fidèle .22 long riffle glissé sous l’aisselle et ses deux valises en pogne, notre gonze s'en va donc à l'aventure mais, une fois sur place, patatra, c'est la tuile !
Il manque de se faire estourbir par un pot de bégonia tombé d'un rebord de fenêtre (c'est dangereux, ces choses-là) puis apprend que l'agent X12-32 (alias Lola Barnett, une chouette poupée avec qui Guill était censé collaborer) vient d'être kidnappé par de mystérieux méchants non-identifiés.
Je n'en suis qu'à la page 24 mais déjà, je souffre. Et la chute continue.
Guill fait la connaissance d'un gros trafiquant Belge, se retrouve ensaucissonnée à des rails ferroviaires (ça, c'était plutôt bien vu), joue au poker avec un Allemand sournois et rencontre pleins de personnages secondaires dont tu te fiches éperdument, comme le major Parkinson, un gars qui tremble constamment.
À la toute fin, je te rassure, Guill retrouve X12-32 (qui, entre temps, s'était refait kidnapper une ou deux fois supplémentaires) et, tant qu'on y est, met la main sur de précieux microfilms que le trafiquant Belge, cet idiot, cachait dans son paquet d'Amsterdamer.
Inutile de faire plus long. Ce bazar-là était vraiment trop zanzibarbant !

BADABOUM SURPRISE !

EFFACEZ LES BARRAGES, IGOR VALAK
LE CARIBOU # 84, 1964 ou 1965 (?)

Il est riche, il est beau, il est libre comme l'oiseau.
Qui ? Lui ! Lui, l'espion one-shot, l'agent free-lance. Ses dents sont blanches, ses yeux sont bleus, il n'a pas de nom mais échappe à l'anonymat grâce à deux petits détails : ces amis le prénomment Pierre et ses employeurs l'immatriculent K2.
Et c'est d'ailleurs exclusivement sous ce sigle rudimentaire – une lettre, un chiffre, score minable au scrabble – que l'auteur le désigne 180 pages durant.
Résultât : des ribambelles de K2 par-ci et de K2 par là. Jamais matricule d'espion ne fut autant sur-employé.
K2 qui fait du ski et K2 qui prend l'avion, K2 qui roule en jeep et K2 qui drague des filles, K2 qui bastonne des affreux et K2 qui mousse dans l'eau.
Ne rions pas. Ce dernier point est essentiel. Notre homme est un assidu de la fréquentation des salles de bain. Il passe des paragraphes entiers à se récurer la couenne à grands coups de savonnette avant de se l'assaisonner à l'eau de Cologne tout en se désaltérant d'un mignon petit thé citron.  Mais gaffe à la berloque ! C'est pas une gonzesse, le K2, non, c'est un espion hyper-hygiénique, une barbouze gravure de mode, «un étrange mélange de dureté et de raffinement.» Et l'auteur de conclure : 
« En lui on retrouvait toute la philosophie de l'Occident et de l'Orient confondus. »
Mais au diable le raffinement, passons à la dureté !
Car dans son genre, l'agent K2 est un expéditif et, lorsqu'il s’attèle à l'interrogatoire d'un suspect, le voilà qui donne dans le musclé. K2 frappe, K2 tord, K2 brise et K2 coupe, sans pitié, sans remords... et sans preuves !
« Vous m'accorderez que, si on attendait d'avoir des certitudes, les 8/10 de tous les salopards du monde seraient toujours en liberté. »
On lui accordera surtout qu'avec une intrigue aussi balisée que celle d'Effacez Les Barrages, sa seule et unique aventure, K2 avait assez peu de chance de se tromper de cible.
Suivez la flèche, les vilains font la queue-leu-leu pour goûter au jus de phalanges et de plomb brûlant que notre héros leur distille avec la générosité de l'agent secret en goguette punitive. 
Paf ! Bam ! Boum ! On nage dans les basses eaux du roman populaire écrit à la va-vite, 24 chapitres que l'on imaginerait parfaitement retranscrit au format du fotonovela.
Et pourtant, pourtant, en dépit du style ultra-rudimentaire de l'auteur, de ses accents grandiloquents, de cette manie qu'il a de qualifier les nord-Africains d'Asiatiques (???), en dépit aussi de l'esprit jouissivement bis de son scénario (les femmes sont toutes des nymphomanes à fortes poitrines, un méchant se voit qualifier d'«expert en hypocrisie sournoise,» la fusillade finale ressemble à une bataille de soldats en plastoc...), Effacez Les Barrages surprend en adoptant un ton pro-tiers-mondiste.
La flèche était un leurre et l'idéologie en noir et blanc goûte enfin à la couleur.
«– Les Africains qui attaquent l'Amérique... c'est une histoire de fous !» s'exclame un agent de la C.I.A. Histoire de fou ? Pas vraiment. 
Car, comme le déclare le (faux) méchant Arabe avec lequel K2 finit par s'allier :
« Je voulais donner une leçon aux puissances du monde. Leur faire comprendre qu'on ne jouera pas toujours impunément avec notre faiblesse. »
Morale rafraîchissante dans la mare ultra-réactionnaire du genre et qui fait de K2 l'hybride contre-nature du Judoka d'Ernie Clerk et du Toubib de Karol Bor

LE LABORIEUX LABEUR DU CASSEUR DE CRÂNES

LUC FERRAN CHASSE EN ÉTHIOPIE, GIL DARCY
L'ARABESQUE / ESPIONNAGE # 515, 1968

Ça débute plutôt mal, ça sonne même assez maussade. Page 29, après s'être vu assigné son ordre de mission par son chef de service le colonel Morlieux, Luc Ferran reçoit de ce dernier le conseil suivant :

"Cantonnez-vous à la recherche de la bande magnétique. Évitez de vous heurter à l'adversaire."
Évitez de vous heurter à l'adversaire, qu'il lui bonni, le vieux singe. ÉVITEZ DE VOUS HEURTER À L'ADVERSAIRE !
Mézigue, pronto, ça lui coupe le cigare de l'excitation. Car si il lit de l'espionnage, bibi, c'est justement pour la carambole, la tamponette, le rififi, la chourinade, le badaboum, la ratatouille, bref, pour la bagarre.
Faut qu'ça cogne et qu'ça saigne, qu'ça s'dérouille à pleine beigne.

Après, que l'espion se doive aussi de mettre la pogne sur une bande magnétique ultra-confidentielle contenant des informations du même acabit, pourquoi pas. Ça fait, soyons honnêtes, parti des règles du jeu. Un agent secret court toujours après des documents secrets. Nature. Sauf de nos jours. De nos jours, c'est plutôt triste. Un clic droit de souris, une pièce jointe par courriel et l'affaire est dans le sac. Rien de secret, tout se perd. Triste époque. La bande magnétique (et le micro-film), ça, ça avait de la gueule, mon pote !
Et donc, Luc Ferran est envoyé en Éthiopie pour y dégauchir une putain de bande magnétique et l'autre con lui dit : pas de ram-dam !
Mais c'était mal connaitre le gonze qui se cachait alors sous le pseudonyme de l'auteur.
Car à l'époque, Gil Darcy, c'était Roger Vlatimo - un Catalan pas très finaud, un vrai tartineur de saindoux littéraire mais qui, question asticotage d'amabilités brutales, s'imposait comme un as dans la main blême de l'espionnage populaire. Vlatimo, au même titre qu'un Ernie Clerk, qu'un Alain Page (mais sans la distanciation maligne) ou qu'un H.T. Perkins (mais uniquement lorsque ce dernier tenait la forme olympique - chose ma foi assez rare), Vlatimo aimait le barouf, la casse sanglante, les coups d'éclats qui font mal et qui sonnent durs.
Sous son égide, Luc Ferran - qui jusqu'alors n'était finalement qu'une version moins ennuyeuse mais passablement gentillette de Francis Coplan ou d'Hubert Bonnisseur de la Bath - Luc Ferran devint une sorte de super-barbouze castagneuse, "une merveilleuse machine animale obéissant à une intelligence aiguë et à une volonté d'acier. Quand les circonstances le lui imposaient, il était capable de tours de force défiant l'imagination."
Du coup, les recommandations de son patron, Luc Ferran, il s'en tartine le papillon. Et en avant pour la danse du scalp !
Par exemple, chapitre 4, ce sera l'application à un gigantesque mastard d'une ribambelle d'atémis, tobi-kéris, jun-toukis et autres até-souhés foudroyants. Ou encore, chapitre 7, la confrontation mano-a-mano avec un éléphant dressé pour écrabouiller des thorax. Ça ne vaut certes pas le requin affamé de Luc Ferran Traque Le Virus (je m'en suis déjà plaint précédemment) mais ça suffit à produire son petit effet.
Et puis, il y a aussi Aïcha Zemmour, la méchante de l'épisode, qui joue aux réincarnations de la reine de Saba et dont le "corps tout entier était un appel permanent à la volupté." Luc Ferran se rend sous sa tente pour lui distribuer une paire de mornifles mais n'a pas le temps de lui tâter les roploplos : la belle est protégée par une tribu de "collectionneurs de testicules."
Notre héros prend donc la fuite sans demander son reste, il est comme cette société capitaliste dont il défend vaillamment les intérêts : il tient précieusement à ses bourses.

Par la suite, il reviendra tout de même lui faire une petite visite, armé jusqu'aux dents et accompagné de quelques mercenaires patibulaires ("certainement pas la crème de la population") afin d'expliquer son point de vue de mec viril à toute cette bande d'amateurs de roubignoles farcies qui se trimbalent avec un os de poulet coincé dans le tarin et une plume d'autruche vissé au valseur.
Mais tout cela nous éloigne copieusement de la bande magnétique, me dira-tu... Et là, je t'arrête illico mon pote, t'as faux sur toute la ligne !
Car fort de ses rencontres musclées avec la nénette, le mastard, l'éléphant et la tribu de réducteurs d'hommes, Luc Ferran la récupérera, cette foutue bande magnétique.
Il la récupérera à la toute dernière page du roman, dans le régime de casseroles en inox qu'un quincailler Grec entassait au fin fond de son échoppe poussiéreuse de Djibouti.

Quincailler Grec qui devait très certainement fournir en cocottes-minutes et marmites en fonte la tribu des affreux jojos castrateurs afin que ces derniers puissent mitonner les joyeuses de l'homme blanc à toutes les sauces...

La boucle est donc bouclée et, histoire de retomber élégamment sur nos pattes, je conclurai en t'affirmant que oui, c'est bien en remuant la vase, en dérouillant ses ennemis, en faisant du rifle et en foutant des peignées à tout va, en bref, c'est bien en se heurtant à l'adversaire que le héros rempli sa mission... et l'auteur son bouquin... et mézigue son billet.
Ou comme l'écrivent en abrégé les agrégés : CQFD !

TOUT DANS LA BARBE !

LE BARBU MÈNE L'ENQUÊTE, M. VARDAR
LE BARBU CHEZ GAGARINE, M. WARDAR
PRESSES INTERNATIONALES / ESPIONNAGE # 2, 1962
LIBRAIRIE DE LA CITÉ / LE CARIBOU # 55, 1963

Il est breton et poilu, se nomme Paul Kerbatten, surnommé "Le Barbu," immatriculé "2.002," ex-agent du renseignement pour la résistance française lors de la seconde guerre mondiale. Son physique est vaguement adipeux ; son comportement pour le moins étonnant.
"Sous des dehors blagueur, vous êtes un agent consciencieux, bien que porté sur la boisson ! " le tance le Commandant Radiguet, son chef de service.
Blagueur, c'est certain. Porté sur la boisson, c'est peu dire. Passionné de Pernod et pilier de nombreux comptoirs parisiens, Kerbatten collectionne les adresses de rades comme d'autres les numéros téléphoniques de petites poulettes.
Les deux syllabes de son surnom, d'ailleurs, ne mentent pas : le Barbu boit dans des bars et c'est ainsi que débute l'action de son premier forfait, le Barbu Mène L'Enquête.
Chapitre premier. Kerbatten, alors retiré du métier d'espion et versant dans un journalisme aux piges de dilettante, s'enfile peinardement des glass d'anisettes dans un bistroquet de la rue Vieille-du-Temple lorsque l'on manque de l'y dessouder à la manière du Chicago des années 30. Staccato d'arme à feu sur la vitrine. En individu avisé, notre héros chanstique donc d'établissement mais rebelote ! à peine installé au zinc et c'est une nouvelle séance de tir aux pigeons qui démarre !


"Si on mitraille dans tous les endroits où je vais boire un verre, ils vont avoir du travail, les gars..."
Les gars en question, ce sont les agents du C.I.E., Centre International d'Espionnage, un organisme indépendant dirigé par d'anciens nazis de l'Abwher et qui court après un mystérieux carnet répertoriant les noms et adresses des principaux agents secrets occidentaux.
Du grand n'importe quoi, comme prémices, mais du grand n'importe quoi fonctionnel, du grand n'importe quoi qui carbure... et qui carbure d'autant plus que, si le Barbu connait la cachette du dit carnet, c'est surtout abwher, abwher, abwher, c'est abwher qu'il lui faut !

Ainsi, et afin de ne plus être dérangé dans ces activités d'ivresses quotidiennes par les pétarades intempestives des automatiques ennemis, Kerbatten reprend du service à la S.D.E.C.E. et se lance dans le dézingage en série de ses ennemis.
La suite est assez épatante, tant le roman réussi à concilier le ton froid des récits d'après guerre avec la personnalité cocasse, atypique, un brin grotesque de son barbu de héros.

"Quand on fait de l'espionnage, il ne faut pas être gros comme un poussah, ni se laisser pousser la barbe..." déclare une mata-hari aussi soviétique que péremptoire à un Paul Kerbatten déjà bien imbibé et qui n'a que faire de l'avis d'une gonzesse.
Car, comme il l'affirme lui-même,
"un breton, tu ne sais pas ce que c'est. Ça boit, mais ça a le crâne solide... Alors, bas les pattes ! "Et de se lancer, après avoir correctement dérouillé la morue, dans un périple fort chaotique sur fond de terroir et de routes nationales, en compagnie d'un maquereau de seconde zone et armé d'un soufflant d'occasion.
On oscille constamment entre l'humour un tantinet grassouillet des polars d'alcooliques (notre homme adoptant parfois la fausse identité de Bébert le Tatoué, c'est dire !) et le sérieux gris et dur des récits d'agents secrets en imper' mastic.
Dans l'ensemble, on est jamais bien loin de l'atmosphère paranoïde, nostalgique et douçâtre dans laquelle baignait L'Espion Va À Dame d'Alain Moury, dans laquelle baignait aussi certains romans de Frédéric Charles au Fleuve Noir.
Des références de grand standing.

L'année suivante, Kerbatten connaitra une seconde (et ultime) aventure, Le Barbu Chez Gagarine, à la qualité diantrement inférieure. Sur la couverture, l'auteur doublait le "V" de son pseudo - passant ainsi de M. Vardar à M. Wardar - et à l'intérieur du bouquin, le héros, dans le seul but d'infiltrer incognito les principaux centres de recherches et de renseignements soviétiques, perdait ce primordial attribut facial qu'était sa barbe.
Le résultat, comme presque tous les romans d'espionnage se déroulant derrière le rideau de fer, est assez ennuyeux. La faute à ce respect d'une schématique de voie ferrée, entre aller et retour, entre intrigues moscovites à rallonge et trahisons d'honorables correspondant, entre alliances de circonstances et fuite dramatique vers l'ouest.
Un programme que l'auteur résume en une courte ligne, page 135 :

"En somme, le Barbu faisait son petit Michel Strogoff à rebours..."
Mieux vaut en rester là.

LA NULLITÉ TOUTE NULLE

LE MYSTÉRIEUX RADAR, COMMANDANT RENÉ
SOGEDIDE / ENQUÊTES # 2, 1954

On ne pourra pas dire que je n'étais pas prévenu. Au contraire. Je savais très bien ce qui m'attendait. Les bouquins du commandant René, j'y avais déjà touché, j'en étais même plusieurs fois récidiviste, parfaitement au courant de leur potentiel néga-jouissifs, de cet anti-plaisir qu'ils te distillent à longueur de ligne.
Car il faut bien l'avouer, l'affreux gradé, question roman de gare d'espionnage années 50, question roman de gare tout court, c'est la nazerie ultime.
Et ne va pas lui chercher de concurrents.
Ce mec était imbattable, ce mec radioactivait la nullité à t'en faire péter un plein régiment de compteurs geiger et ce n'était pas de cette nullité amusante, trépidante, renversante, façon Roger Maury ou Frankie Bellinda, qu'il irradiait, le gonze, mais bien de cette nullité nulle, de cette nullité qui n'a rien à donner, de cette nullité sur laquelle rien n'est à sauver.

La nullité toute nue.
Je le savais, et pourtant ça ne m'a pas empêché d'y replonger. C'est ainsi, c'est comme ça et je ne me referais pas, j'ai passé l'age. J'ai la volupté du vieux papier. À peine je touche un 200 pages qui tombe en mietes et me voila parti, plus possible de me contenir, faut que je le lise le bidule, que je ligote la chose.
Et c'est encore pire lorsque la couverture est enjolivée d'une belle pépée bien pulmonée et bien croquée - ce qui est ici le cas.
Elle s'appelle Glady, la belle pépée bien pulmonée, Glady Kennedy, et l'auteur, tout en se pignolant la matière molle, nous la décrit par le menu en page 11 :

"C'était l'aimable silhouette d'une femme mince, svelte, aux jambes fines, magnifiquement galbées, au bassin étroit, à la poitrine ferme, bien en place, que l'on devinait dure sous la canadienne grise au col de fourrure relevé... Des cheveux d'un blond artificiel, agressif, s'étalaient et tranchaient sur la fourrure. Nez au vent, cigarette aux lèvres, mains dans les poches de la canadienne, la femme allait d'un pas décidé, garçonnier, sans rien de disgracieux, de saccadé, qui en rompit l'harmonie. La fumée de la cigarette s'élevait en bouffées capricieuses, selon un rythme qui scandait la chanson sifflotée par la jeune femme. Une chanson qu'elle fredonnait malgré elle, machinalement, une chanson dont elle ne pouvait se libérer et qui traduisait peut-être un état d'esprit : je l'ai tellement dans la peau..."
Et Gladys Kennedy, lorsqu'elle ne chantonne pas de vieilles rengaines idiotes en fumant son clope, Gladys Kennedy officie comme secrétaire pour le compte de Billy Johnston.
Billy Jonhston qui, lorsqu'il ne se pinte pas la gueule dans des boites à entraineuses de Berlin ouest, veille sur une usine ricaine installée en Allemagne.
Usine ricaine installée en Allemagne qui, lorsqu'elle ne produit pas des grilles pains et autres sèche-cheveux, sert de paravent aux expériences top secrètes du professeur Erzeber.
Professeur Erzeber qui... eh bien, qui ne fait rien d'autre que de mener à bien ses recherches sur un mystérieux radar sans antenne.
Mystérieux radar sans antenne que le professeur Erzeber décrit à Billy Johnston en ces termes (et ce, pendant que Glady Kennedy tape des lettres à la machine et que l'activité de l'usine ricaine installée en Allemagne bat tranquillement son plein) :

"...il s'agit d'une découverte capitale. La puissance qui possédera ce radar sans antenne aura une supériorité incontestable sur des adversaires qui, eux, utiliseront toujours les radars du modèle courant, fussent-ils même les plus perfectionnés... Cet appareil, à peine plus volumineux qu'une machine à écrire et qui tient dans une valise, compose l'unique matériel nécessaire à capter toute interférence..."
Ainsi conté, ça peut sonner choucard mais faut pas se berlurer. C'est nul. C'est d'autant plus nul que passé le chapitre 3 - et la disparition mystérieuse du non moins mystérieux radar - le roman s'enlise dans une enquête au rythme aussi apathique que le système nerveux d'un moribond avalant son aller simple pour la grande maison de repos, là-haut, dans les nuages, à la droite de Saint Pierre.
Et c'est d'ailleurs tellement minable que le commandant René se voit obligé, à la fin du roman, de payer de sa personne et d'apparaitre as himself pour tout expliquer à ce ramassis d'abrutis et d'incompétents que sont ses personnages.
Car c'était le professeur Erzeber, ce gros malin, qui avait caché le mystérieux radar au fin fond d'une des armoires de son labo.
Pourquoi ? Parce que !
Et personne n'avait pensé à fouiller dans le labo.
Pourquoi ? Parce que !
Quand au commandant René, il en profite pour se rembourser ses frais de déplacement en s'offrant une petite séance de bête à deux dos avec cette belle pépée bien pulmonée de Gladys Kennedy.
Pourquoi ? Parce que ! Parce que...
"...je ne me fais pas prier pour peloter la brune après la blonde et m'attarder à trousser la rousse..."
Quel coquin, ce René !

LE MARDI GRAS DES MATRICULES

AGENTS DOUBLES, A. FAVIERES
K-303 APPELLE WASHINGTON, A. FAVIERES
MISSION D.D.P. TERMINÉ, A. FAVIERES
LA LOUPE / ESPIONNAGE # 32, 40 & 44, 1956 / 1957

Bienvenue dans le monde fou fou fou d'André Favières.
André Favières, yes m'am !
I
l était au roman de déduction ce que la revue Détective sera toujours au journalisme d'investigation. Il était à l'espionnage ce que la magie perlinpinpin est aux sciences exactes.
Alors rigoles, rigoles, mais rira bien qui rira le dernier.
Car chez lui, chez Favières, la logique marche sur la tête, les araignées pendent aux plafonds, les douze coups de minuit retentissent à tout instant et voila que tu sursaute comme un mambo griffé par le bras d'un pick-up fonctionnant au courant alternatif.
Ça déménage la pulpe du crâne, ça remue sans prévenir et ça séduit sans se dédire - à l'image de ces phrases tarabiscotées traversées d'une infinité de points de suspension, saccadées par des bruitages cocasses...

( "Zoum... Zoum... Plouf... Plouf..." )
...et autres halètements d'une machine à écrire comblant les vides de l'inspiration...
...À l'image aussi de ces cocktails grammaticaux, de cette temporalité désarticulée - désaccordée même - propre aux bouquins torchés à la va-vite et qui fait qu'un verbe au présent peut débouler dans un paragraphe narré à l'imparfait...
...la fausse note qui distingue plus qu'elle ne dépare...
...À l'image surtout de cet univers aux couleurs encore vives sous la couche poussiéreuse de l'oubli, univers à facettes miroitantes, univers peuplé d'assassins sadiques, de Fantômas du dimanche, de monstres sanguinaires, de femmes masquées (loups de velours, gants de soie), de filles faciles (chattes de gouttières, tigresses de dancing), de chinois fourbes, d'enquêteurs intrépides et d'agents secrets aux matricules tarabiscotés - "Des X... Des Y... Des anonymes."
En bon Niçois, Favières aime le carnaval et ses déluges de sons, de lumières et d'excentricités. Ses personnages sont comme des fêtards un peu éméchés partant à l'assaut des espaces indéfinis de ses textes - ruelle tortueuse, base secrète, laboratoire lambda, pièce obscure, pavillon de banlieue, jardinet en friche - lieu X temps Z - tout se mélange en une géographie variable, donc propice à l'addition + solution d'événements improbables : un meurtre, un cri, une confession, une bagarre, une fuite.
Quatre murs, un drame, douze explications.
Et la farandole grotesque de ces fameux masques d'espions, ces quelques signes agencés par un fana de bataille navale en pleine rêverie éthylique :
S.K./95, X.100, A.713, J.J.O./6, G.W.A.7, J.K.T./13, X.O.S.7, J.B.B./75, P.77, CKT.X, C.13, S.C.S./95, K303,
N'EN JETEZ PLUS !

...Si !
Un dernier...
...X.117 !
Car c'est lui, l'espion star d'André Favières - son OSS 117, son FX-18, son R-30 personnel - L'AGENT X.117 - de son vrai nom le major Mac Tongay, de son surnom l'Increvable Mister X.
Courageux g'man du F.B.I., il répond aux ordres d'un certain mister Yekil (toute l'essence tordue du style Favières, synthétisée en un seul et unique "Y") et apparait pour la première fois - mais sans y tenir la vedette - dans Agents Doubles, un épisode de la série policière mettant en scène l'inspecteur Claude Armand et l'écrivain criminaliste André Gérard.
Ces deux-là, Armand et Gérard, connurent au cours des années 50 - et toujours sous la plume d'un André Favières alors quasi-débutant - un petite quinzaine d'aventures, toutes publiées aux éditions Jacquier : Le Manchot Obsédé, Le Chat gris Ne Répond Pas, Le Terrible Secret de Sonia Marlow... Des bouquins à sensations fortes et redondantes : un cri dans la nuit, un meurtre dans le noir, une drogue qui tue et une autre qui rend fou, un cadavre qui disparait, un singe qui rode et un dingue qui complote...
Favières y pille Edgar Poe, Marcel Allain, Léon Groc, H.J. Magog, malaxe, digère, dégueule et s'affirme en anti-Simenon primaire.
Un génie maladroit du crime maladif, ce Favières. À l'avant-pointe de l'indifférence et du hall de gare, il inventait le giallo littéraire et faisait raisonner sur les touches de son underwood des ébauches de coups de zoom et de filtres couleurs.
Ainsi, dans les romans qui leur sont dédiés, André Gérard et l'inspecteur Armand affrontent des désaxés sexuels, des fous mathématiciens, des voyeurs cruels, des artistes dérangés - toute une faune grotesque qui permet à l'auteur, sous son habituelle cascade stylistique de signes et de bruits, de questionner cette fenêtre qui "s'ouvre sur le secret de la conscience d'un homme" et d'accumuler rebondissements aberrants et situations inextricables sans avoir le moindre petit compte à rendre concernant les "pourquoi" et "comment" des choses racontées à son lectorat. Favières déroule un tapis de Fakir... et qui aime le suive !
"Clarté... Confusion... Pêle-mêle" écrit-il dans Agent Double. Ou comme le note son alter-ego de papier André Gérard en page 84 du même opus :
"À quoi bon chercher à voir clair dans cette histoire embrouillée et invraisemblable ?
À quoi bon chercher une solution ? Elle viendra bien toute seule et au bon moment."
Mais question espionnage d'épouvante, Agent Double ne peut faire figure que de simple mise en bouche et, deux trimestres plus tard, voila Favières qui remet le couvert, poursuivant - en parallèle aux proto-gialli d'Armand et Gérard, - son exploration toute personnelle des imbroglios de la guerre froide dans une série entièrement consacrée à l'agent X.117.
Le premier volume s'intitule K-303 Appelle Washington, le second, Mission D.D.P. Terminée ! et, encore plus agité du citron que dans ses précédents exploits, comme en proie à une louftinguerie de haute compétition, Favières s'y déchaine la binette jusqu'à te rupturer l'anévrisme.
Péripéties farfelues, frénétiques, forcenées, presque fiévreuses, il donne le meilleur de lui-même et tout ce que j'ai pu décrire plus haut - les points de suspension, les bruits cocasses, les frissons à quat'sous - s'y retrouve amplifié jusqu'aux limites de la déraison.
Les mitraillettes crachent des rafales de "zoum... zoum... zoum...", les silencieux font "zzz... zzz... zzz...", les loupiotes multicolores "krch... krch... krch...", le cœur du héros "boum !... boum !... BOUM !" et les touches du clavier broient des bribes d'un anglais ultra-rudimentaire :
"But you are cresy, Suzy !" ...lance X.117.
Cresy, oui, cresy like a foul, le Favières. Cresy comme les ridicules petits poèmes qui ouvrent ses bouquins, cresy comme les incroyables bouts d'intrigues qu'il te déverse sur la poire.
Et exactement comme si les aventures en solo du major Mac Tongay, alias X.117, le libéraient des restes d'un carcan discursif - ce même carcan qui peinait déjà à faire entendre raison aux intrigues du duo Armand et Gérard - Favières prend son envol dans le ciel gris de l'espionnite.
Pas d'imper' couleur muraille, pas de filatures interminables. Il travaille ses récits à l'opposé du spectre d'un Jean Bruce ou d'un Paul Kenny. Des frusques voyantes et des échauffourées tonitruantes. Rien n'est trop beau pour dynamiser (ou plutôt DYNAMITER !) les rails d'incertitudes et de démences sur lesquels naviguent ses histoires.

"Aventures, vitesse, action, danger et bagarres"
X.117, l'increvable mister X, vit dans un kaléidoscope de fictions irrationnelles aux accents héritées des aberrations du Grand Guignol et aux structures en marabout de ficelle.
Dans K-303 Appelle Washington, des agents du M.V.D. tendent ainsi un traquenard aux gars du F.B.I. dans la poterie d'un honorable correspondant Chinois. Les deux camps s'affrontent dans le noir puis les soviétiques prennent le dessus, enferment les espions ricains dans un four électrique géant et font pression sur X.117 en le mettant en marche, condamnant ainsi ses collègues à la rôtissoire.
"Rendez-vous... Et je les libérerai. Sinon, ils cuiront dans leur jus."
Impayable ? Oui da ! Mais Mission D.D.P. Terminée, l'épisode suivant - sorte de super-production spy-fi à la Cecil B. 2000 - fait encore plus fort.
Mac Tongay y infiltre incognito le Pirados, un mystérieux paquebot au pavillon noir frappé d'un crane de mort, véritable tour de babel flottante, laboratoire nucléaire top-secret, salle des fêtes pour noceurs décadents et repère venimeux d'espions en tout genre qui, inlassablement, s'entretuent de coursives en coursives afin d'entrer en possession des plans du V.X.777.
"Dans les angles obscurs, des ombres se rencontraient, se frôlaient, s'empoignaient... Des mots de haine jaillissaient en langues différentes. De ci, de là, un corps se levait au dessus du bastingage, voltigeait, disparaissait dans l'immensité des eaux. Et... Encore des coups de feu et... Encore des silhouettes étranges qui avançaient furtivement, se collant contre les parois, se camouflant derrière les mâts, s'effaçant dans quelques renfoncement."
Rarement ai-je lu bouquin d'espionnage aussi débridé, aussi non-sensique, aussi drôle dans ses effets de manche qu'enthousiasmant dans son trop-plein d'action.
C'est un corso morbide et sanguinolent que l'auteur improvise, page après page. Je me répète mais Favières aimait vraiment le carnaval - jusqu'à peupler ses récits de clowns et de saltimbanques, jusqu'à multiplier les figurants, jusqu'à travestir son héros en chinois... transformant ainsi le major Mac Tongay en mister Mac Tchongh Ay, agent asiatique anonyme, perdu dans la foule des "faces de citron" qui, invariablement, hantent les romans de l'auteur.
Péril jaune, trouille verte et pétards de kermesse. Chez Favières, aucune astuce ne nous est épargnée.
C'est la règle.
De la facilité poussée dans ses ultimes retranchements nait l'insolite.Et l'auteur, élucubrateur extravagant du récit de gare, baryton barbouillé du roman populaire à 1 franc 20 la livraison et dont le répertoire ne se nourrissait que des plus beaux travers du genre, l'auteur devait forcement le savoir...
...puisqu'il ne se privait pas d'en abuser...
... Jusqu'à l'excès !



"En effet, je vis trop intensément la vie de mes héros. Je me mets dans la peau de chacun d'eux : juge, policier, criminel ou espion... Je tue, je juge, je meurs avec eux chaque fois... C'est bête comme tout, mais on ne se refait pas, on est comme on est."
- André Favières,
Mission D.D.P. Terminée ! (1957)
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P.S. : Que soit ici remercié Maciste, participant (ultra-actif) du forum À Propos de Littérature Populaire et animateur passionné de la librairie en ligne Le Rayon Populaire !

LE JUDOKA CRISPÉ

LE JUDOKA ET LES SABRAS, ERNIE CLERK
FLEUVE NOIR ESPIONNAGE # 873, 1971

Le méchant de cet épisode, c'est un vrai de vrai, un vrai méchant. Il se nomme le Chacal et "il sait que le ciel est avec lui, contre ces femelles de français."
Le héros, lui, c'est un homme, un vrai de vrai, un vrai français. Marc Saint-Clair, dit le Judoka. "Un physique de jeune premier de western" et des aptitudes martiales hors du commun.
Oui, le Judoka, ce n'est pas Monsieur tout le monde, car...
"...tout le monde n'est pas champion toute catégorie de judo et ne passe pas sept à huit heures par jour à s'entrainer dans ce qu'il y a de plus viril et de plus dangereux en matière de sport."
6eme Dan de judo et free-lance de l'espionnage international, Marc Saint-Clair possède en outre un super bateau baptisée "Le Katana," porte avec classe et distinction ses "quatre-vingt treize kilos de muscles surentrainés" et sort avec un poulette de luxe prénommée Nathalie, un peu cruche sur les bords mais pas bêcheuse pour un sou.
Comme elle l'avoue elle-même en page 85 : "J'ai un fond d'Orientale en moi [...] j'adore être soumise à la volonté d'un homme, pour peu qu'il en vaille la peine, comme Marc."

Brave fille.
L'auteur, de son côté, semble être comme envouté, comme pénétré jusqu'au plus profond de son moi par la puissance ultra-signifiante que son héros dégage dès qu'il entre en scène. Le Judoka et les Sabras, dix-huitième et dernière aventure de Marc Saint-Clair, sonne comme une déclaration d'amour au Judoka, ce mec, ce gonze, cet homme, ce dieu.
"À cette époque de tignasses crasseuses et de laisser-aller, il donnait une impression de netteté raffinée. À cette époque de cas de conscience, de compliqués, il semblait un roc sur lequel les complications n'avaient plus qu'à glisser."
Bien entendu, pour justifier les émoluments enamourés que lui déverse à longueur de pages Ernie Clerk, le Judoka s'active, se démène, se défonce sans regarder à la dépense.
Il a la transpiration généreuse et l'on n'ira surement pas raconter que ses doigts de pieds se roulent des pouces sur la chaise longue du délassement.

Je récapitule : au cours des 230 pages de cette ultime mission, Marc Saint-Clair repêche en pleine mer un faux pilote juif, emballe une journaliste lubrique amatrice de sensations dures, casse des bras dans un rade à Arcans Nord'Af', fait une démonstration de judo dans un dojo de Marseille, s'entraine au tir rapide à coup de 38 spécial, drague une espionne du Mossad amatrice de parties fines, visite Israël en touriste VIP et dézingue à Beyrouth l'assassin de Ben Barka.
Le bouquin est copieusement rempli mais pas exactement de la tambouille attendue. Le Chacal, ce vrai méchant super méchant ? Il passe à la trappe dès le second chapitre. On espère le voir repointer du tarin dans un final retentissant et l'on en est pour ses frais.
Le Judoka Et Les Sabras est un bouquin d'action privé de direction, privé d'enjeux. Marc Saint-Clair étale ses biscotos comme un Atlas de province avec, à ses côtés, un Ernie Clerk transformé pour l'occasion en monsieur Loyal et qui, entre deux crises de flagornite aigüe pour son surhomme, se répandrait en commentaires socio-politiques sur le monde moderne et ses travers.
Un petit exemple ?
Eh bien, selon Ernie, si le système éducatif occidental est défaillant, c'est...

"...la faute aux hommes, ou tout au moins à ceux que l'on appelle encore, improprement, des hommes : ceux qui se promènent chevelure mise en plis et permanentée, ceux qui moulent leurs fesses dans des pantalons de tapisserie, ceux qui vont faire leurs cours l'échine basse, la concession à la bouche et l'angoisse aux tripes, prêts à toutes les insultes, à toutes les humiliations avant même de franchir la porte de leurs amphithéâtres. Évolution des temps ? Non, plutôt recommencement. Une consolation : la décadence n'est jamais définitive, il y a toujours des centurions pour relever le défi."
C'est drôle comme un bon morceau de Sardou (je pense à J'accuse, cet impérissable tube de death-disco) mais, à la longue, ça lasse.
Et c'est cela, le gros problème du Judoka. Dans le genre, ça pourrait être absolument génial et génialement parfait si l'auteur et son héros ne nous paraissaient pas si tendus, si crispés, si raides dans leurs frusques de papier.
C'est ça, le truc.
On aimerait bien, juste l'espace de quelques instants, qu'ils arrêtent de rouler des mécaniques.
Qu'ils relâchent la pression.
Qu'ils prennent le temps de s'abonner à Hara-Kiri, de se décapsuler une petite bière, de placer un morceau de rock planant sur la platine et d'aller faire un tour aux waters, avec une revue d'humour sexy pouet-pouet sous le bras.

Simplement histoire de se vidanger la mécanique interne des méninges.
Car ça n'a jamais fait de mal à personne.
Et puis,
...avouons.
Y a pas que le judo, dans la vie.

OÙ EST PASSÉ FRANK SINATRA ?

Tout comme Elvis Presley gratifia de sa be-bop-a-lulesque présence les pages d'un épisode de Satanik (alias Satanas, alias Demoniak), Frank "The Voice" Sinatra eu droit à son cameo non-officiel dans un épisode de la série Goldboy.
Goldboy, tu le sais probablement déjà mais je te le redis afin de te rafraichir la mémoire-vive, Goldboy, c'est Goldrake - l'agent sexy numéro 1, Le Magnifique en mode fumetti, Belmondo chez ces toqués d'Italiens.
Bien entendu, qui dit Goldboy dit Ursula, l'assistante ultra-sexy de notre héros et dont les traits évoquent (et plus si affinités) le visage et le corps de Miss Andress, la Honey Rider en chef.
Et qui dit Frankie dit Dino, le seul et l'unique, le Dean Martin.


Continuons en suivant le même pattern.
Qui dit Dino dit p'tites pépées. En l'occurrence, ici, c'est Allison Parks, la lapine playboy de l'année 1966.
Du monde au balcon, et tout ça pour pas un rond.


Et qui dit Frankie, qui dit Dino, qui dit p'tites pépés dit Ratpack donc dit Sammy Davis Junior.
Et là, c'est le drame.
Bordel. Y'a comme un bogue dans le système. Pourquoi, pourquoi, mais bon dieu pourquoi Sammy Davis Junior chante-t-il du Polnareff ?
Et ça ne s'améliore pas en case suivante (non-reproduite ici, remerciez-moi) puisque notre bon vieux Sammy, ayant certainement oublié les paroles tarabiscotées de l'autre folle permanentée, décide d'improviser un "lalalalère lalala" du plus mauvais effet...
J'accélère. Car il faut causer de l'intrigue qui, comme toujours chez Goldrake, se révèle excellente de bout en bout. On a l'impression d'être raide saoul mais sans l'appréhension de la gueule de bois.
Autant l'avouer, c'est du petit lait.

Ainsi, dans cet épisode, Frank Sinatra est enlevé par un espionne cubaine nymphomane et son comparse scientifique barbichu qui, lui même, se fait enlever par des Porto-ricains (une variante au porto du cocktail Martini-ricain), Porto-ricains et scientifique barbichu qu'on ne reverra plus mais de cela, on s'en fout, because Ursula est elle aussi enlevée par le sbire de l'espionne et du scientifique, une sorte de robot humanoïde avec des faux airs du Morpho de L'Horrible Docteur Orloff mais en plus pervers, le sagouin car qui dit Goldboy dit perversions (sexuelles) donc dit Ursula qui se fait (au choix) violer et/ou fouetter par des mécréants car, c'est bien simple, Ursula, si elle apparait dans les épisodes de Goldboy, c'est uniquement pour se faire torturer salinguement par des détraqués du bulbe.
Dur dur, la condition féminine !
Bon, ici, c'est le fouet uniquement - pas de viol - mais à la place, on a droit à un petit tour de bondage dans les airs, à l'arrière de l'hélico de Morpho - ce sacré gredin nous prouvant ainsi qu'il est resté un grand n'enfant dans l'âme.
(Moi aussi, j'adore les hélicos...)


Rassurez-vous, Ursula n'en meurt pas. Sauvée in-extremis par Goldboy, elle en est quitte pour quelques égratignures et un petit séjour à l'hôpital tandis que notre héros poursuit son aventure en solo, ne rechignant pas à payer de sa personne pour tirer Frank Sinatra des griffes de l'espionne nymphomane.
Quelques images pour ton édification perso :





Concluons rapidement. Car c'est le problème avec Goldboy : c'est tellement génial qu'on a envie de tout scanner. Alors histoire de pas trop m'épancher, je laisse le mot de la fin à Frankie et Goldy...
YEAH !