L'ESPION VA À DAME, ALAIN MOURY
ROBERT LAFFONT / AGENT SECRET # 1, 1964
On ne nait pas espion, on le devient. Un peu comme le fonctionnariat, il s'agit de passer un concours et dans le cas des agents secrets, le concours est de circonstance.
Schéma classique du genre : c'est par hasard que l'homme lambda se transforme en soldat de l'ombre.
" Il n'était pas Tarzan. Il n'était qu'un petit bonhomme dépassé par les événements " écrit Alain Moury dans L'Espion Va À Dame, premier roman de la collection Agent Secret chez Robert Laffont, première réussite.
Son " petit bonhomme dépassé par les événements " se nomme Léonard Roussange. Vaguement scientifique, vaguement esquissé dans ses rapport sociaux, dans son rapport au monde, dans sa vie en général. Une blessure sentimentale relativement récente, pas d'opinions politiques marquées, aucun passion dévorante.
Le pantouflard dans toute sa splendeur.
Il loge au quatrième étage d'un immeuble moderne et se sent intrigué par ses voisins de palier, monsieur et madame Schmidt, couple pas très net de soi-disant Alsaciens. Il en vient à surveiller leurs allées et venues et c'est le doigt dans l'engrenage.
Spy-fiction introspective, écriture soignée, absence d'action, c'est de la littérature de gare raffinée, du caviar en bleu de travail.
Le premier revolver n'apparait qu'en page 144 (dieu merci, il est équipé du traditionnel silencieux) et Roussage passe son temps à affronter des femmes plus fortes que lui.
Elles sont dures, il est mou - triste héros du quotidien, être légèrement adipeux, peureux, nerveux mais qui, peu à peu, va se révéler à lui même.
Il y a du Eric Ambler, chez Moury. Dans la plume, dans les thèmes et dans le ton. Certains affirment même, les affreux, qu'il s'agirait là d'un pseudonyme de Frederic Dard - leur équation voulant que, dans la littérature jetable, si c'est bien torché par un illustre inconnu, alors c'est signé Dard.
On a lu plus cocasse.
De toute façon, on s'en tamponne le coquillard.
Dard ou pas, ce premier roman - bourré de qualités - mérite amplement d'être (re-)découvert.
ROBERT LAFFONT / AGENT SECRET # 1, 1964
On ne nait pas espion, on le devient. Un peu comme le fonctionnariat, il s'agit de passer un concours et dans le cas des agents secrets, le concours est de circonstance.
Schéma classique du genre : c'est par hasard que l'homme lambda se transforme en soldat de l'ombre.
" Il n'était pas Tarzan. Il n'était qu'un petit bonhomme dépassé par les événements " écrit Alain Moury dans L'Espion Va À Dame, premier roman de la collection Agent Secret chez Robert Laffont, première réussite.
Son " petit bonhomme dépassé par les événements " se nomme Léonard Roussange. Vaguement scientifique, vaguement esquissé dans ses rapport sociaux, dans son rapport au monde, dans sa vie en général. Une blessure sentimentale relativement récente, pas d'opinions politiques marquées, aucun passion dévorante.
Le pantouflard dans toute sa splendeur.
Il loge au quatrième étage d'un immeuble moderne et se sent intrigué par ses voisins de palier, monsieur et madame Schmidt, couple pas très net de soi-disant Alsaciens. Il en vient à surveiller leurs allées et venues et c'est le doigt dans l'engrenage.
"C'était comme une espèce d'enchainement, il n'y avait plus moyen de résister."Et voila donc Léonard Roussange entrainé malgré lui au fin fond du Calvados, enquêteur improvisé de ce qu'il considère comme un petit mystère campagnard. Car il s'imagine une intrigue bateau de roman policier, avec mari trompé et femme assassinée, mais se retrouve finalement enlisé jusqu'au cou dans une affaire d'espionnage international, une sale combine dans laquelle barbotent pèle-mêle de l'ex-nazi, de l'Arabe et du Juif.
" C'était un univers de schizophrènes "...avoue notre homme dans l'un de ces nombreux monologues qui font tout le charme du bouquin. On croirait lire une version sixties des polars tortueux, cyniques et désenchantés de Pascal Marignac. Autant dire que, dans le genre, cet Espion Va À Dame se montre assez atypique.
Spy-fiction introspective, écriture soignée, absence d'action, c'est de la littérature de gare raffinée, du caviar en bleu de travail.
Le premier revolver n'apparait qu'en page 144 (dieu merci, il est équipé du traditionnel silencieux) et Roussage passe son temps à affronter des femmes plus fortes que lui.
Elles sont dures, il est mou - triste héros du quotidien, être légèrement adipeux, peureux, nerveux mais qui, peu à peu, va se révéler à lui même.
Il y a du Eric Ambler, chez Moury. Dans la plume, dans les thèmes et dans le ton. Certains affirment même, les affreux, qu'il s'agirait là d'un pseudonyme de Frederic Dard - leur équation voulant que, dans la littérature jetable, si c'est bien torché par un illustre inconnu, alors c'est signé Dard.
On a lu plus cocasse.
De toute façon, on s'en tamponne le coquillard.
Dard ou pas, ce premier roman - bourré de qualités - mérite amplement d'être (re-)découvert.
2 commentaires:
Tant de choses à faire et si peu de temps...
Triste constat...
...mais, heureusement, ce type de bouquin se lit en 2 ou 3 petites heures ;-)
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