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NOUS AFONS LES MOYENS DE FOUS FAIRE RONQUER !

K COMME KARNAVAL, PAUL VENCE
PLON / SERVICE ACTION # 1, 1982

J'ai beau avoir un sacré rendement niveau lecture en masse de saloperies imprimées, je ne pensais tout de même pas tomber si bas.
De quoi que je cause ? De Philippe Randa, le fils fachoïde du déjà pas très net André Duquesne.


Bon, je l'avoue, j'aime assez l'œuvre du père. Ses polars, malgré leurs grosses ficelles et un style répétitif, constituent d'agréables lectures et sa SF, de par son étalage de complaisances militaristes et de conneries machistes, entretient un charmant je-ne-sais-quoi aux fort relents de mauvais gout.
Malheureusement, si le daron était une épée dans sa catégorie, Junior, par contre, c'est une toute autre paire de manches. Disons même que niveau littérature populaire, c'est un sacré manche. Pour preuve, ce premier épisode de sa série Service Action, une production Gérard de Villiers signée sous le pseudonyme de Paul Vence et qui aurait mieux fait d'être intitulée Service Sieste - je dis ça en connaissance de cause puisque K Comme Karnaval m'a véritablement endormi.

Mais ne nous emballons pas, procedons dans l'ordre.

Notre héros du jour se nomme donc Robert Czskalszski, dit Skal, super-espion français, "cocktail bien dosé de qualités intellectuelles, physiques et professionnelles supérieures" - n'ayons pas peur des mots !
Dans cet épisode, Robert est envoyé à Munich pour y récupérer de mystérieux documents confidentiels. "A Munich, en ce moment," lui explique son patron, "c'est la période du carnaval, une gigantesque fête teutonne. La bière coule à flots, les femmes sont chaudes comme des petits pains sortant du four et avides comme des nonnes."
Charmante évocation.
Bref. Dès le troisième chapitre, la mission de Robert se révèle être un échec. En effet, les documents confidentiels lui passent sous le nez et il se retrouve comme un con avec le cadavre de son indic' sur les bras. Ça ne semble tout de même pas trop le désarçonner puisque quelques pages plus tard (et quelques litres de bière ingurgités en plus), il se tape une gonzesse déguisée en Lili Marlène et dont les seins "saillaient dans le tissu, telles (sic) deux fusées d'obus."
On apprend par là même que Robert est un rapide. "En trois minutes, tout fut consommé."

Malheureusement, c'était aussi un piège. Robert est lâchement assommé alors qu'il bazardait sa purée. Il se réveille un paragraphe plus bas dans une impasse sombre, se frotte le crâne, se demande ce qu'il fout là puis manque de se faire canarder par des salauds alors qu'il regagne son hôtel. Il commence donc à se poser quelques questions quant à l'identité de ses adversaires. "Une fois de plus, il énuméra les possibilités : KGB ? CIA ? Ça pouvait être n'importe qui."
Bravo fiston, super déduction ! Et ça continue !
Page 83 : "Les questions fondaient sur Skal comme les moustique sur une peau de colon, le soir, sous les tropiques."
Page 86, ç'en est trop ! Robert n'en peut plus de toutes ces interrogations. "Il en avait vraiment marre de ce boulot trop con, de ses suppositions, des déductions impossibles, de cette fouille pour inspecteur de quartier, de la marche à l'aveuglette, en plein brouillard, les pieds dans des sables mouvants. Il n'arriverait à quelque chose que par l'action : c'était une évidence [...]"

Fier de sa décision, il s'en va donc se taper la cloche dans un resto. Jambonneau braisé sur son lit de choucroute, le tout accompagné par une bouteille de blanc. Que d'action ! Que de rebondissements ! Mais arrivé au café, c'est le drame ! "Les questions revinrent immédiatement, fondant sur lui comme les escadrilles kamikazes piquant sur les porte-avions yankees, à Midway."
C'est beau, c'est poétique.
Moi, j'en profite tout de même pour m'endormir un petit coup. Quand je me réveille (oui, je tourne les pages en dormant), Robert est en train de se taper une nouvelle gonzesse. On est content pour lui mais malheureusement, ça ne rate pas : alors qu'il vient de terminer sa petite affaire, il se fait à nouveau assommer.

Décidément, c'est une habitude !
Chapitre 8. Robert est donc fait prisonnier par les méchants. Chapitre 9. Robert s'échappe de chez les méchants - et là, attention, c'est très important, a lieu la toute première fusillade du bouquin !
Nous sommes page 140. C'est incroyable ! 6 pages d'action non-stop ! De l'action mollassonne, certes, mais de l'action quand même. Faut en profiter, il n'y en aura pas d'autre. 100 pages plus tard (et une nouvelle petite sieste en pointillés) le bouquin se termine. Il ne s'est rien passé de plus (hormis une course-poursuite à 50 km/h.) mais par contre, Robert a trouvé les réponses à toutes ses questions.


Primo, les méchants, ce sont des agents du M.O.S.S.A.D. infiltrés dans l'industrie militaire franco-suisse pour voler les secrets de bidules radars machin-chouettos et secondo, les documents confidentiels, ce sont les listing de ces même agents secrets Israéliens, aimablement fourni au Service Action (sic) par un ancien nazi rancunier.
On croit rêver ! Le nazi qui dénonce aux gentils des services secrets français les méchants noyauteurs juifs. Question morale, ya pas à dire, c'est du super reluisant !


Reste que dans le genre espionnage de mauvais aloi et nauséeux, ce Service Action a beau faire, il est loin d'égaler les aventures de Pierre Mauborg, que Randa sénior signa dans les années 50 sous le pseudonyme de Diego Suarez et que l'on pourrait décrire par "Mickey Spillane rencontre Jean-Marie Le Pen rencontre Le Gorille de Antoine Dominique" ...oui oui, je sais, j'ai de drôles de comparaisons... et d'ailleurs, bille en tête, je persiste et signe puisque dans le cas de Service Action, ce serait plutôt "Paul Kenny rencontre une tisane à la camomille et un tube de barbituriques."
Inutile d'en faire l'essai, vous en connaissez déjà les effets.

Et tant que j'y suis, voici les couvertures des 3 volumes suivants. On peut au moins reconnaitre ça à Service Action : les illustrations de Loris sont superbes.
(Malheureusement, ça se gatte un peu par la suite...)
Bien entendu, la dernière image est dédiée à Filo, rapport à sa semaine de la motocyclette.

LE STYLE RANDA

PÉRILS SUR LA GALAXIE, PETER RANDA
FLEUVE NOIR / ANTICIPATION 724, 1976

La couverture justifie tout. Une tête géante de singe flottant au dessus d'une cité futuriste quadrillée par des hélicoptères. Triplette gagnante : singe plus hélicos plus futur. Sans compter Brantonne.
Par contre, le titre est assez passe-partout. Périls sur la galaxie, ça veut dire beaucoup de chose. Tellement de choses que presque tous les romans Anticipation pourraient se nommer Périls Sur La galaxie.

Enfin... passons.
Donc, dans ce péril précis qui menace notre bonne vieille galaxie, une race extraterrestre essaye d'asservir l'humanité via l'utilisation de singes télépathes domestiqués. Heureusement, un homme, amnésique mais à la volonté de fer, héros typique de Peter Randa (la quarantaine bien tassée, conformiste résistant, machiste sûr de lui) s'oppose à ce gigantesque complot en tuant froidement les singes oppresseurs, les uns après les autres, avec son pistolet fulgurant du futur reglé en intensité maximale.
Vous étiez prévenus : C'est du Peter Randa. Il ne faut s'attendre ni à de la subtilité ni à de l'innovation. Le bouquin est d'ailleurs construit à l'identique de Brigade du Grand Sauvetage - un autre morceau de médiocrité divertissante estampillée Randa senior et dans lequel une sale race extraterrestres (originalité : ils étaient communistes) tentaient d'asservir l'humanité via l'utilisation de plantes en pots télépathes (les plantes, pas les pots !).
Plus
intéressant, par contre, dans Périls Sur La Galaxie, est le dénouement, qui voit Randa recycler certaines idées déjà grassement employées dans ses romans noirs - je pense surtout à son assez satisfaisant Dis-Moi Tue, un série noire publié en 1956 sous son vrai nom (André Duquesne) et utilisant la gémellité et toutes ses astuces scénaristiques comme point de départ.
Pour Périls Sur La Galaxie, c'est malheureusement bien plus indigent - l'effet est assené au lecteur en un bancal twist final, donnant ainsi une réelle impression de facilité (fallait bien terminer) mais éclairant néanmoins sur les méthodes d'un écrivain monstrueux.
J'entends
monstrueux en terme de rendement puisque Randa est indéniablement un poids lourd du récit populaire. Pour les chiffres, je vais faire appel au Guide Du Polar (signé Lebrun & Schweighaeuser, en 87, chez Syros) : 104 titres en Special-Police, 83 en Anticipation, ça fait déjà beaucoup. Rajoutons à cela ses Angoisses (5), ses Aventurier (27) et surtout sa production en dehors du Fleuve, très souvent multi-republiée par Dermée et Gueber sous divers titres et pseudonymes, de Transworld Publication à Euredif. L'œuvre est immense mais (jusqu'à preuve du contraire) ne comporte en fait que trois ou quatre romans distincts.
Et c'est un peu ça, la méthode Randa. Une série de combinaisons où chaque scène est la ré-écriture d'une scène déjà intervenue dans un roman précèdent et où chaque ficelle se voit re-utilisée sans vergogne bien après avoir rendue l'âme.
Rien ne se perd et rien ne change. Certaines personnes appellent ça "le style."
Pourquoi pas...

SEMAINE NOIRE # 6 : ESPIONNAGE AU RABAIS POUR LECTEURS EN DETRESSE


BOITE DE NUIT POUR ESPIONS, FRANKIE BELINDA
COLLECTION LA LOUPE ESPIONNAGE, 1957

Chers amis, voici une perle bien périmé comme il faut, à la limite de l'illisibilité et du non-sens. Les aventures du colonel John Kallum, en de très nombreux volumes, tous signées par un certain Frankie (F.P.) Belinda, faux américain, vrai Belge, auteur discount mono-terrain officiant uniquement dans les latrines francophiles de l'espionnage made in années 50, quelque part entre du Paul Kenny ravagé et du Jean Bruce alourdi. Une classe à part, indiscutablement. Le plus beau fleuron de l'espionnage au rabais. Mais je reviendrais là dessus très bientôt, avec plus de détails.
(j'en fremis d'avance !!!)
Car Boite de Nuit pour Espions, c'est pas uniquement du Frankie Belinda. C'est même du demi Belinda. Moitié Belinda et moitié... on ne le saura jamais vraiment. 80 pages d'un scribouillard anonyme télescopées avec 80 pages en provenance directe du cervelet malade de ce cher Frankie.
À l'arrivée, ça donne un truc insensé - surtout que le lecteur, trop heureux d'obtenir ce splendide ouvrage avec une blonde pulmonée en couverture, n'était pas prévenu pour un sou. Il est où John Kallum dans cette histoire, bordel ? Et pourquoi c'est presque bien écrit pour une fois ?
Car, en effet, Boite de Nuit pour Espions, dans ses 80 premières pages, n'a rien à voir avec l'approximative diarrhée littéraire que nous distille habituellement Frankie. Pour tout dire, ça ressemble presque à un remake un peu branque de Comme Une Fleur de Richard Stark - avec un ex-boxeur au passé un peu louche qui règle ses affaires financières crapoteuses avec la toute finesse de son direct du droit. Pas très original, tout juste distrayant - et pour du roman poubelle, c'est assez exceptionnel.

Puis, page 86, enter Frankie Belinda. Et rien ne va plus.
Après une longue digression inter-textuelle au comique balourd et indigeste (merci Frankie), John Kallum débarque de nulle part et dégage sans ménagement le précédent narrateur. La suite n'a alors plus rien à voir avec la première moitié du bouquin. Un vrai massacre. Tout les personnages deviennent des espions à la solde d'une cinquième colonne germano-coco, n'entretenant plus d'autre rapport que nominatif avec leurs analogues de la partie Belinda-free. Forcement, l'auteur n'ayant rien d'autre à raconter, John Kallum fait le ménage à coup de fer à repasser les gens, versant dans l'action une petite larme émue pour la poupée pulmonée qui a dû y passer because, malgré ses accointances idéologiques pas très nettes, elle était quant même bien foutue la garce ("Son short, c'était voulu, était tellement étroit qu'on l'aurait cru peint sur ses fesses nerveuses").
Mais pour mieux conclure, autant laisser la parole à Frank :
"[...] l'auteur, ce splendide, ce formidable, cet auteur admirable qu'est l'auteur... vous l'aviez deviné... qui se trouve être dans un juste milieu entre les lecteurs et l'éditeur, ne conçoit plus de livre sans changement de rythme, sans atermoiements divers, judicieusement choisis, qui lui permettent d'allonger son texte, car le spectre des minimums de trois cent mille signes plane au dessus de la rotative qui l'imprimera et il adore la conscience professionnelle des typographes à qui sont confiés ses manuscrits alors... zut ! L'auteur ne sait plus où il en est [...] Qui est-ce qui m'a foutu un auteur pareil ?"
En effet...


DEUXIÈME BUREAU CONTRE X, CESAR VALENTINO
ÉDITIONS DE LA SEINE, 1954 ou 55 (?)

Non mais c'est quoi ce titre ? Deuxième Bureau contre X ? Pour un roman à l'eau de rose soporifique et sans l'ombre d'un quelconque agent, même retraité, de notre grand deuxieme bureau français ? Vous parlez d'une arnaque !
L'auteur, qui crut malin de se dissimuler sous le ridicule pseudonyme de Cesar Valentino (on t'a encore reconnu Maurice !), aurait mieux fait d'appeler son ouvrage Martine dans les Vosges. Du vrai torchon pour fillettes, à peine digne d'un bibliothèque verte défraîchi, avec une gamine bon chic bon genre qui gaspille ses vacances d'été dans cette passionnante région pleine de sapins et de barbus, fait la connaissance d'un beau péon un peu rebelle car braconnier, perd sa virginité au bord d'un lac suisse et, finalement, après moultes aventures que l'auteur aurait certainement adoré nous raconter si il en avait eu les signes necessaires, regagne Paris.
Bon, après, ça devient encore plus passionnant. Le braconnier se retrouve en prison. Martine se retrouve enceinte. Seule et sans emploi, elle décide alors de se prostituer pour élever sa fillette. Cette dernière meurt néanmoins d'une grippe foudroyante. Bon. Martine n'ayant rien d'autre à faire, elle continue à tracer sa voie dans la prostitution mais le braconnier, finalement sorti de prison, la retrouve, la sauve de la rue et après, c'est un happy-end grâce à l'argent qu'il a extorqué aux espions communistes.
...Je me disais bien que j'avais oublié quelque chose dans mon résumé.
Car, en effet, trois espions, dont un petit chinois pervers, se cachent dans les pages de cet extravagant roller-coaster émotionnel qu'est Deuxieme Bureau Contre X.
Si la couverture n'était pas aussi jolie, j'aurais certainement exigé un remboursement.


CETTE FILLE EST DANGEREUSE !, DIEGO SUAREZ
EDITIONS DE LA SEINE, 1954

Encore un titre mensonger et un pseudo craignos. Ça, c'est bien les éditions de la Seine. À une époque où n'importe quel scribouillard s'attribuait un blaze anglo-saxon bien viril pour mieux vendre sa soupe, notre super-éditeur de seconde zone préférait le charme suranné de l'Amérique du sud dans la ligné de l'hypercephalé Diego Michigan. Je sais pas si, commercialement parlant, ça fonctionnait si bien que ça. Cesar Valentino et Diego Suarez, c'est pas tip top comme marque. D'ailleurs, ni l'un ni l'autre n'ont fait long feu.
Mais attention, la comparaison s'arrête là. Diego Suarez, ça n'a rien à voir avec la guimauve Harlequin de Valentin. Diego Suarez, c'est aussi André Duquesne pour les lecteurs de la Série Noire, Peter Randa du coté du Fleuve Noir Special Police et Herbert Ghilen aux éditions de la Seine, qui de toute manière ne faisait pas très gaffe à l'identité de ses auteurs. Bref, Diego Suarez, à tout les niveaux, c'est pas du tendre.
Le bouquin débute à Paris, avec un dur un peu truand sur les bords qui se fait engager par un drôle de gus aux accointances louches pour escorter une poupée (la soi-disante dangereuse du titre) au Caire. En fait, tout ça n'est qu'un prétexte à des imbroglios d'espions sous le soleil du moyen orient, un genre qui faisait fureur dans les années 50, avec des ruskoffs qui suent, des allemands qui magouillent, des chintoks qui exécutent, des frenchies qui bastonnent et des arabes qui violent en groupe de trente notre pauvre héroïne jusqu'à ce que mort s'en suive.
Car cette fille n'était pas dangereuse du tout. Et notre auteur plutôt raciste, ce qui n'était pas vraiment à prouver - les serviteurs dans ce roman sont tous noirs, illettrés et se font quérir à coup de "négro, vient par ici." Charmant.
"Nous ne répondons même pas. Nous marchons droit à la porte d'entrée. Plus il y en aura et plus nous en tuerons. Nous sommes des machines, plus des hommes, et surtout pas des êtres humains."
Après un climax de violence froide façon polar italien des années 70 (chapitre 7), le roman s'essouffle peu à peu, jusqu'à se terminer sur une suite de coups de théâtre pas très passionnants. Mais l'intérêt est résolument ailleurs : dans le style, les descriptions et les propos des personnages, reflets de l'étrange personnalité de l'auteur. André Dusquene. Peter Randa. Diego Suarez. Un romancier populaire marginal, anarchiste d'extrême-droite, raciste, misanthrope, misogyne. Un incompris volontaire, à la fois militariste, individualiste et révolté. Une étrange combinaison pour des lectures au gout fort rance, écrites avec les tripes et gonflées de contradictions.
Du noir corsé, pas très recommandable - tout l'intérêt de la chose, non ?

SCI-FI ((( Z ))) POP # 3 : UNE GROSSE INDIGESTION D'ANTICIPATION


LES FOUDROYANTS, MAURICE LIMAT

FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 164, 1960

Je ne m'expliquerai jamais pourquoi j'aime bien Maurice Limat, avec son écriture lourdingue et ses sujets invariablement traités sur le même mode. Des drames fantastico-absurde, de la SF Harlequin, des histoires d'amour naïves saupoudrées d'explications scientifiques échevelées - ce qui a tout de même le mérite de les rendre assez amusantes. Le tout trop et trop mal écrit, avec passion mais sans retenue, maladroitement.
Bref, c'est constamment médiocre, quand ça n'est tout simplement pas complètement mauvais. Et pourtant, une fois sur deux, c'est franchement distrayant - du genre Fréquence ZZ, évoqué il y a de cela quelques semaines ou Moi Un Robot, mon tout premier Limat - un choc (relatif).

Du coup, c'est le même effet que pour B.R. Bruss. En dépit des mauvais ouvrages, j'y reviens constamment. Il n'y a rien à faire avec la littérature populaire : c'est trois lectures laborieuses pour une découverte enthousiasmante.
Mais je vais pas tourner autours du pot plus longtemps. Les Foudroyants est un très mauvais Limat. Vraiment pénible, très pénible, extrêmement pénible - surtout les 120 dernières pages. Je résume tant que j'en ai encore le courage : C'est Ric, René et Martine qui font du camping sauvage sous la pluie. Ric est désintégré par la foudre et son portrait photographique (???) se fixe sur la poitrine de René. Quant à Martine, fiancée à Ric, elle est sous le choc. Sauf que Ric n'est pas mort : il s'est transformé en énergie électrique. Et il tente de reprendre contact avec ses deux amis, via des manifestations magnétiques, le code morse et la télévision. Mais comme il n'est pas très dégourdi (en fait, c'est un sportif), ça ne fait qu'aggraver les choses. Du coup, Robin Muscat, notre habituel inspecteur de L'Interplan, est dépêché sur place.
Comme le dit en page 28 son patron : "Idiote cette affaire ! (...) avec le boulot que nous avons ! Les pierres radioactives, c'est bien plus important !"
Ça, c'est bien vrai. J'aurai largement préféré lire une histoire avec de la rocaille atomique. Et des brigands de l'espace. Ça aurait été bien plus plaisant.
Reste le passage homo-érotique de la page 101 :
"René, les mains crispés contre son sein, scrutait le lent travail silencieux qui pénétrait sa chair... Ric agissait sur lui mais, cette fois, avec douceur, avec une délicatesse surprenante. Comme s'il eut compris qu'il ne fallait pas faire souffrir René.(...) Hautement intrigué, René demeura un instant immobile. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait."
Bravo Maurice. C'est du propre.


LA BRIGADE DU GRAND SAUVETAGE, PETER RANDA
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 683, 1975

Embrayons avec de la vraie littérature certifiée pour nous les hommes virils amateurs de batailles cosmiques. Pas de la série rose pour mauviettes perverties (CF. ci-dessus) mais du vrai roman burné, avec une conscience politique en prime.
Peter Randa, la droite dure du Fleuve Noir, le Belge militariste, le Robert Henlein du poche jetable. D'ailleurs, cette Brigade du Grand Sauvetage, c'est des bouts de Marionnettes Humaines et un soupçon d'Etoiles Garde-à-Vous régurgité en 220 pages chrono, intrigue linéaire et traitement confus compris. Pas vraiment un classique perdu - bien au contraire.
L'histoire : Lars Eldon, militaire de choc, affronte un organisme végétalo-galactique terroriste reclus sur une planète désertique. Sauf que notre héros se retrouve parasité malgré lui par la sève de la méga-plante communiste. Du coup, il vire mécréant, sabotant à tout-va ses propres installations et zigouillant ses hommes - sauf ceux déjà infestés, qu'il repère télépathiquement et avec qui il monte des petites conspirations foireuses.
"L'horreur est en moi... Une pensée étrangère... Une pensée sans rapport avec la mienne... On dirait que c'est sale, visqueux... Oui... Une sorte de lèpre de la pensée rode en moi..."
Ça, c'est l'habituel symptôme d'une appartenance politique pas très propre. Heureusement, par la force de sa volonté de fer boosté par une reprogrammation patriotique et l'amour d'une jeune infirmière gironde, Lars Eldon réussi à reprendre le contrôle de sa personne puis, à coup de robots bombes atomique, en termine avec la menace végétalo-coco. Du vrai travail de pro.

L'indigestion guettant, je vais pas m'appesantir là-dessus plus longtemps. J'allais poursuivre avec Bulles D'Univers de Paul Bera alias Yves Dermeze - un bon auteur sur un roman assez chiant - mais, n'ayant pas grand chose à en dire, autant terminer en beauté...


TERMINUS 1, STEFAN WUL
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 130, 1959

C'est un superbe Fleuve Noir. Et c'est aussi le plus "mauvais" des Stefan Wul - ici dans sa dernière année au Fleuve, signant son avant-dernier roman pour l'éditeur avant un long hiatus - Terminus 1, donc. Un drôle de paradoxe à la réputation négative pas vraiment mérité.
Car si Terminus 1 est bien moins flamboyant et abouti que, disons, Piege sur Zarkas ou Niourk, il s'affirme néanmoins comme un petit joyaux de littérature populaire, avec une écriture étincelante et un rythme parfait.
Son seul véritable défaut, c'est d'être signé Stefan Wul, l'astre fulgurant de la première décennie du Fleuve.

L'histoire, comme d'habitude chez Wul, est basé sur un caneva archi-usé. Dans Terminus 1, ce sont les aventures d'un jeune télépathe qui, influencé par une vieille connaissance aux accointances pas très nettes, part à la recherche d'un cimetière de fusées spatiales pour y récolter un métal rare et rencontre, en cours de route, l'amour. Bref, c'est du récit classique, sans originalité, quasiment picaresque sous son habillage science-fictif rétro et débridé (le héros possède un transmetteur de matière et se déplace avec un jet pack custom).
Stefan Wul déroule le tout de manière routinière - prologue, préparation de l'expédition, voyage spatial, arrivé sur la planète et, enfin, l'expédition en elle-même. Puis dans les 40 dernières pages, il atteint un long climax stylistique. La découverte de l'océan de verre et du cimetière de métal donne lieu à une série de descriptions hallucinées, baroques et folles. Jusqu'à une fin abrupte, faussement tragique mais très belle, presque légère - comme le reste du roman.

Dans sa structure linéaire au service de visions surréalistes, on peut finalement aborder Terminus 1 comme la feuille de style des oeuvres qui, 20 ans plus tard, feront la réputation de Gilles Thomas puis de Serge Brussolo en Anticipation.
Terminus 1, c'est en quelque sorte le maître-étalon du roman de gare parfait. L'oeuvre la moins représentative de son auteur et la plus emblématique de sa collection. Logique.