LE STYLE RANDA

PÉRILS SUR LA GALAXIE, PETER RANDA
FLEUVE NOIR / ANTICIPATION 724, 1976

La couverture justifie tout. Une tête géante de singe flottant au dessus d'une cité futuriste quadrillée par des hélicoptères. Triplette gagnante : singe plus hélicos plus futur. Sans compter Brantonne.
Par contre, le titre est assez passe-partout. Périls sur la galaxie, ça veut dire beaucoup de chose. Tellement de choses que presque tous les romans Anticipation pourraient se nommer Périls Sur La galaxie.

Enfin... passons.
Donc, dans ce péril précis qui menace notre bonne vieille galaxie, une race extraterrestre essaye d'asservir l'humanité via l'utilisation de singes télépathes domestiqués. Heureusement, un homme, amnésique mais à la volonté de fer, héros typique de Peter Randa (la quarantaine bien tassée, conformiste résistant, machiste sûr de lui) s'oppose à ce gigantesque complot en tuant froidement les singes oppresseurs, les uns après les autres, avec son pistolet fulgurant du futur reglé en intensité maximale.
Vous étiez prévenus : C'est du Peter Randa. Il ne faut s'attendre ni à de la subtilité ni à de l'innovation. Le bouquin est d'ailleurs construit à l'identique de Brigade du Grand Sauvetage - un autre morceau de médiocrité divertissante estampillée Randa senior et dans lequel une sale race extraterrestres (originalité : ils étaient communistes) tentaient d'asservir l'humanité via l'utilisation de plantes en pots télépathes (les plantes, pas les pots !).
Plus
intéressant, par contre, dans Périls Sur La Galaxie, est le dénouement, qui voit Randa recycler certaines idées déjà grassement employées dans ses romans noirs - je pense surtout à son assez satisfaisant Dis-Moi Tue, un série noire publié en 1956 sous son vrai nom (André Duquesne) et utilisant la gémellité et toutes ses astuces scénaristiques comme point de départ.
Pour Périls Sur La Galaxie, c'est malheureusement bien plus indigent - l'effet est assené au lecteur en un bancal twist final, donnant ainsi une réelle impression de facilité (fallait bien terminer) mais éclairant néanmoins sur les méthodes d'un écrivain monstrueux.
J'entends
monstrueux en terme de rendement puisque Randa est indéniablement un poids lourd du récit populaire. Pour les chiffres, je vais faire appel au Guide Du Polar (signé Lebrun & Schweighaeuser, en 87, chez Syros) : 104 titres en Special-Police, 83 en Anticipation, ça fait déjà beaucoup. Rajoutons à cela ses Angoisses (5), ses Aventurier (27) et surtout sa production en dehors du Fleuve, très souvent multi-republiée par Dermée et Gueber sous divers titres et pseudonymes, de Transworld Publication à Euredif. L'œuvre est immense mais (jusqu'à preuve du contraire) ne comporte en fait que trois ou quatre romans distincts.
Et c'est un peu ça, la méthode Randa. Une série de combinaisons où chaque scène est la ré-écriture d'une scène déjà intervenue dans un roman précèdent et où chaque ficelle se voit re-utilisée sans vergogne bien après avoir rendue l'âme.
Rien ne se perd et rien ne change. Certaines personnes appellent ça "le style."
Pourquoi pas...

1 commentaire:

Myrrha Kerenko a dit…

Yes.
Peter Randa! I call it style. He had really the art to proceed by suggestions. And say it clearly: "L'Escalier de l'ombre", as well as "Le banquet des ténèbres" and "L'entité négative" were written with great class. A shame that this titles have never been reissued.