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VAMPIRELLA # 2 (1978)

30 pages extraites du numéro deux de la revue Vampirella (nouvelle série, juin 78) ... mais 30 pages (presque) sans Vampirella !
4 histoires, deux en noir & blanc, deux en couleurs. Une pépite, un coup de cœur, un abattage classique et une rigolade sans prétentions.
ITEM ! La première, c'est la rigolade sans prétentions - Le Ver Lisant - scénarisée par l'éclectique Gerry Conway (éclectique car capable de produire concomitamment du Superman et du OSSEX) et dessinée par cette bonne brute de Richard Corben, le bucheron du crayon qui tache.
ITEM ! La deuxième, c'est mon coup de cœur, du Wally Wood en très grande forme et qui se déchaine sur une romance spatiale aussi licencieuse que tentaculeuse.
ITEM ! La troisième, Le Fantôme de Pleasure Island, est parfaitement prévisible dans son déroulement mais Alex Toth était un dessinateur tellement génial qu'il aurait très bien pu t'illustrer le bottin téléphonique sans qu'une seule seconde tu ne prennes conscience de l'entourloupe en cours. Du grand art !
ITEM ? Quand à la dernière, j'imagine que tous les fans de Bernie Wrightson la connaissent... mais qu'importe ! C'est une variation sur le destin de la créature de Frankenstein, une variation maniérée comme une gravure du dix-neuvième... ou un morceau d'heavy-metal angliche des early eighties...
Dans tous les cas, c'est tellement leaubich' que ça se passe de ma jactance de clavecin azerty mal branlé.
Piout-piout-piout....

Mais j'espère que tu biches ça autant que moi j'ai pu le bicher, bébé.
Oh yeah, amen !
























L'ARBRE MUTANT TRIPOTEUR !

Ah, ça, pour tripoter, il tripote, le gros vicelard ! Il ne se gène pas, pépère, avec ce territoire charnu largement exposé à l'assaut concupiscent de ses feuilles - feuilles très certainement gonflées d'une sève en ébullition. Bref, mis en présence d'une poupée bien balancée, ce gonze-là ne se révèle pas être de bois. J'dirais même plus:
La fesse et le nichon, ça ne le laisse pas de marbre, l'arbre !

C'est en tout cas ce que j'ai pu apprendre à la lecture du numéro 5 de Goldrake - quatrième trimestre 1967 - une histoire titrée "On ne vit qu'une fois."
Erika, la petite copine à Goldrake, vient d'être enlevée par leur ennemi juré, le Calamar Géant.
Et ce dernier, vicieux comme seul peut l'être un super-vilain de petit-format italien, réserve à la belle blonde un sort peut enviable.
La preuve en images :

La suite est par contre plus difficile à scanner - les bédés petit-format des éditions de Poche sont aussi rigides que fragiles (pas de contrepèteries, SVP) et les cases se font bien souvent bouffer par la marge centrale - je me contenterais donc de te la retranscrire en ASCII.
(Désolé, mais cette fois, va falloir que tu fasses fonctionner ta boite à images mentales.)
Prêt ? Ok, c'est parti !
L'horrible végétal enlaça Erika de ses branches chargées de désir...
- AU SECOURS !
Lentement, il écarta la fine chemise...
Puis, les feuilles à ventouses, semblables à des lèvres chaudes, commencèrent à courir sur le corps de la jeune femme. Un parfum enivrant s'exhalait de la plante, bouleversant les sens d'Erika...
- AAH ! Non... non !
Triturant nerveusement son poignard, l'énigmatique Calamar Géant observait la scène fasciné. Sa respiration s'était faite courte et sifflante.
- Prends-là, elle est à toi !
Maintenant, les branches s'agitaient convulsivement...
Puis un hurlement rauque jaillit des lèvres d'Erika.
- AAAH !
Torride, n'est-il pas ?
Les végétophiles en auront très certainement la canne à sucre en émoi.
Quant à Goldrake, l'espion Belmondisé, je compte bien en recauser d'ici quelques jours avec le numéro 6 de sa première série, une aventure aussi frappadingue qu'exhalirante : OPÉRATION DRAGON FLAMBOYANT !

LES AVENTURES DE DRACULA # 1

La journée s'annonçait merdique comme à son habitude lorsqu'au fin fond d'une bouquinerie snob des hauts de Ixelles, dans un recoin sombre et mal-entretenu comme le cul d'une rombière aux soixante-dix berges bien tassées, je me dénichais l'intégrale des Aventures de Dracula.
Quasi-intégrale plutôt, puisque le numéro # 9 pointait aux abonnés absents mais qu'importe, cette dérobade n'allait pas ternir mon embellie. Je me retrouvais enfin avec la quasi-intégrale des Aventures de Dracula dans les pognes !

Ce qui savent de quoi je cause en ont surement déjà quelques bouffées de chaleur. Pour les autres, les cavedus de la bibliophilie perverse, les attardés du roman populaire dégénéré, je vais m'empresser de développer.

Vers le milieu des années soixante, mon éditeur filou favori, André Guerber, alors exilé en Italie, lançait sur le marché français sa toute nouvelle maison d'édition : Bel-Air. L'aventure durera 5 ans, de 1963 à 1968. On y trouvait du polar (Detective Pocket), du western (Western Pocket), du photo-roman à la Satanik (Lord X) et une collection de récits d'horreur, Les Aventures de Dracula, alias Dracula Pocket, adaptations françaises des Racconti di Dracula, série soi-disant culte chez nos amis ritaux.
Comme l'écrit Sergio Bissoli : "I Racconti di Dracula, Prima Serie sono diventati rari, introvabili e i collezionisti pagano milioni per averli."
Traduzionne : c'est rare, introuvable et les collectionneurs sont prêts à débourser leurs millions pour s'en alpaguer un.
Les cons.
D'autant plus cons que ma pomme, elle s'est dégauchi la quasi-intégrale à un blot qui fait passer la conserve de cassoulpif carrouf' discount pour une tambouille de luxe servie en queue de pie chez les trois gros.
25 centimes la pièce, 2 euros 75 le pacsif.
Sur le coup, y'avait pas à dire, les misères de l'existence, je les relativisais sévère. Mais trêve d'auto-fiction. T'es pas venu pour ça et je n'ai pas que toi à foutre.
Reprenons.
Car il y a quelque chose de primordial à bien s'imprimer dans la binette au sujet de cette collection, c'est que ça a beau s'appeler Les Aventures de Dracula, du célèbre suceur de sang, Bram Stokesque, Bela Lugosesque ou encore Christopher Leesque, tu n'en apercevra pas la moindre proéminence dentaire.
Dracula ? C'est bien simple, l'est pas là, repassez plus tard.
En fait, c'est un peu comme les faits divers au père Bellemare, ceux là même qui sont compilés en bouquins pour mémés chez Albin Michel. Le Pierrot, il apparait peut être en couverture mais dans le texte, ce sont d'autres gonzes qui se font écraser par des voitures, mastiquer par des clébards ou voler par des loubards.
Mais tout le charme des Aventures de Dracula ne saurait être réduit à cet amusant subterfuge éditorial. Il se trouve ailleurs : dans le format des romans (tout fins, en 17,5 par 10,5), dans leurs couvertures clinquantes (les 4 premières sont signées James Hodges, la suite est assurée par des Italiens) et surtout dans ce style d'écriture propre aux éditions Bel-Air, cette prose si particulière qui fait qu'entre six fautes d'orthographe, trois problèmes typographiques et douze inversions grammaticales, les personnages déroulent leurs activités, demandent de l'aide à l'externe, donnent des élucidations ou encore se disent affectionnés à un endroit.

Une légende voudrait d'ailleurs que nombreux soient les professeurs de français ayant succombé à la lecture d'un roman Bel-Air - certains se sont suicidés, d'autres peuvent encore être approchés dans des asiles aux couloirs tortueux... pauvres bougres lobotomisés, victimes bavotantes d'une sous-litterature radioactive, on les reconnait à leur manie de recopier sans cesse les même passages sur les murs de leur cellule tout en essayant vainement d'en corriger les erreurs, les membres agités des tremblements spasmodiques caractéristiques d'un sevrage trop intense.


Car Les Aventures de Dracula, en plus d'être de courts bouquins mal torchés et mal traduits, sont aussi des textes qui (comme bien d'autres productions André Guerber) s'essayaient à une forme sournoise de marketing pour lecteurs alcooliques.
C'est bien simple : toutes les marques de bibine consommées par les protagonistes s'y voient inscrites en grosses lettres capitales.

CINZANO ! DUBONNET ! ZIZI COIN-COIN !
(Pardon, je m'emporte... le zizi coin-coin n'existait pas encore à l'époque...)
Enfin, bref, t'as compris le truc. Et moi j'ai soif. Pour citer Roger Duchesne dans son grand classique Faut Les Avoir Accrochées, ce billet, c'est "un véritable chemin de croix avec la différence que c'est ma soif que je traine, moi."
Mais reprenons. Bis répétita.
Et attaquons nous méthodiquement aux quatre premiers romans parus dans cette collection.


TERREUR AU CHATEAU, MAX DAVE
ÉDITIONS BEL-AIR / DRACULA POCKET # 1, 1966

Une marquise recluse, Alba d'Aragon, invite dans sa demeure, un château perdu au fin fond de la campagne anglaise, ses héritiers afin de leur faire part de ses décisions testamentaires.
Mais la nuit venue, le château est en proie à une série d'événements étranges. Les pleurs d'une mystérieuse petite fille raisonnent en écho dans ses couloirs et certains héritiers en viennent à décéder violemment. Il y a ceux qui meurent de peur et ceux qui chutent d'une corniche après leur promenade digestive.
Chouette ambiance !
D'autant plus que Gustave, le majordome, semble connaitre la vérité mais préfère ne rien dire. Albert, un héritier malpoli, le soupçonne d'ailleurs de vouloir faire main basse sur le magot.
Et pendant ce temps, Grant joue aux échecs, Georges et Betty s'aiment tendrement et Charles, le seul non jean-foutre du coin, mène l'enquête à la vitesse d'un escargot de course.


Comme entrée en matière dans la collection, voila une Terreur au Château fort peu folichonne. Toutes les tares du roman Bel-Air s'y trouvent concentrées (récit idiot, remplissage de paragraphe éhonté, personnages sans saveur, confusions en tout genre et tournures de phrases aussi confuses que l'esprit d'un dyslexique saoul...) et pourtant, on ne s'y amuse pas un seul instant.
La faute à cette histoire à dormir debout, mollement raconté, souffrant d'un rythme apathique et d'une absence totale d'excès. Du sang, de la folie, des monstres et du sexe ? Non, juste deux pauvres fantômes au désir de vengeance pas très clair...
Reste, heureusement pour nous, cette marque de fabrique Bel-Air : les publicités pour boissons alcoolisées intégrées au récit. Ici, c'est DUBONNET qui est chouchouté - même si, page 11, le CHAMPAGNE CREMANT est brièvement évoqué et qu'en page 95, un petit CINZANO se fait déguster.
SANTÉ !


LE SOSIE INFERNAL, MAX DAVE
ÉDITIONS BEL-AIR / DRACULA POCKET # 2, 1966

Cette fois-ci, par contre, c'est la bonne. Le moteur à conneries est lancé.
"Peut-il un homme faire la copie exacte de lui-même ? " demande une quatrième de couv' aussi - hips - noire que son fond est rouge.
"Peut-il un roman faire mieux que le précédent ? " ai-je envie de rajouter, en ouvrant - prost ! - une nouvelle KAISER PREMIUM BEER. Et la réponse ne se fait pas attendre. Elle est affirmative. On le sent dès la première page : Le Sosie Infernal sera aussi atterrant qu'enthousiasmant.
Un régal faisandé. Une pâtée pour fin gourmet.


Le héros de cette histoire, narrateur première personne du singulier, se nomme Robert. Bob pour les intimes. Alors qu'il se remet difficilement d'une douloureuse rupture sentimentale ("c'était une petite putain, pourtant j'étais amoureux d'elle..."), le voila qui est contacté par son vieil ami Martin Hogarth, un scientifique qui procède à d'étranges expériences dans son château des Highlands écossaises.
Bob s'empresse donc de rejoindre Martin, visite son labo ("mais c'est un laboratoire atomique - dis-je abasourdi."), y retrouve d'anciennes connaissances, se verse une petite rasade de ZINZANO (sic) BLANCO et, surtout, y apprend avec effarement les recherches auxquelles s'adonne désormais son vieux pote : le clonage !
Ou plutôt, comme cela est écrit dans ce roman : la copie d'êtres humains.
Copies d'êtres humains qui, comme de bien entendu, vont dévier et devenir mauvais. Mais si l'on s'imagine la suite prévisible, c'est sans compter ce gros plaisantin de Max Dave qui, passé le premier tiers de son œuvre, fait apparaitre un esprit maléfique, le fantôme revanchard d'un ancien châtelain, une saleté d'ectoplasme qui souhaite dominer le monde et compte y parvenir en dirigeant une armée de clones.
"Je me sentis suffoquer; le programme de cet être diabolique, invisible, était trop clair; créer une quantité de sosie à en faire un bataillon d'assassins."
Retournement aussi ahurissant que crétin. Et la suite tient le rythme. Max Dave en oublie même d'exécuter le traditionnel numéro des histoires de clone (lorsqu'une copie en arrive à remplacer l'original sans que l'entourage de ce dernier ne s'en rende compte), préférant agiter ses sosies comme de vulgaires zombies.
Pas de finesse, pas de subtilité. Que du bonheur pour les esprits mongoloïdés à la sous-contre-culture que nous sommes.

Notons, en guise de conclusion que le personnage principal et sa compagne réapparaitront dans le numéro # 6 des Aventures de Dracula, L'Homme de l'Au-Dela, pour y éclaircir un mystère resté en suspend à la fin de ce roman, celui du feu follet qui aide le héros à combattre le vilain fantôme...


LES LOUPS DE LA VIOLENCE, MICHAEL SHIOLY
ÉDITIONS BEL-AIR / DRACULA POCKET # 3, 1966

Volume le plus atypique de toute la série puisque bien écrit et mené en main de maitre, Les Loups de la Violence n'aurait certainement pas dépareillé dans la collection Angoisse des éditions du Fleuve Noir.
Rien à voir avec votre Bel-Air habituel. Même le DUBONNET et le CINZANO n'y jouent qu'un tout petit rôle - certainement casés à la va-vite et après redaction par l'éditeur.
Aurait-on, du coup, non pas affaire à une traduction empressée d'un roman italien mais bien à un texte fourni par un auteur français ? C'est ce que semble affirmer Claude Herbulot sur le forum À Propos De Littérature Populaire, donnant par là même le nom de Guy de Wargny comme signataire de ce Loups de la Violence.
Difficile d'ailleurs d'en douter en lisant, chapitre deux, cette description saisissante d'un château (encore et toujours) écossais :
"Nous avons devant nous les éléments les plus contrastant de la vie même, sans le secours d'une figure... sans fiction, ni la présence d'un être vivant ! De la misère qui couve dans l'obscurité méphitique de la Vallée Noire, à la splendeur d'une aspiration atteinte, comme les tours du château qui font un déluge de lumière..."
Nous sommes loin, très loin, du scribouillage malhabile auquel les éditions Bel-Air nous ont habituées. Et il en est de même pour l'intrigue, prenante et adroitement menée, opposant dans une région en proie aux superstitions deux couples d'amis un tantinet bohème à une femme vampire à la beauté fascinante.
La première partie est excellente, la suite manque vaguement d'entrain et le final recourt à la figure fatiguée du rêve prémonitoire mais le tout s'affirme néanmoins comme un fort beau roman de fantastique populaire.
Avis aux amateurs : ces loups de la violence sont véritablement à redécouvrir !


LE MONSTRE DE PRESTON, MAX DAVE
ÉDITIONS BEL-AIR / DRACULA POCKET # 4, 1966

Le grand retour de Max Dave après l'interlude de Wargny et c'est encore une fois l'écosse, sa campagne, ses châteaux et ses affaires d'héritages qui sont à l'honneur.
Maintenant, soyons clair et faisons vite.
De cette première fournée de quatre titres, Le Monstre de Preston constitue la lecture la plus éprouvante. L'auteur semble même s'en rendre compte - c'est dire ! - puisqu'il fait prononcer par le narrateur ce terrible aveu :

"Je dois vous confesser n'être pas très capable de raconter des histoires, même si cette nuit, j'ai décidé de le faire !"
Du fait, cette histoire, nous ne la comprendrons jamais vraiment. Inutile que je résume. Le Monstre de Preston, c'est 160 pages d'une confusion totale, sans enjeux, sans tension, sans aucun rebondissement et que l'auteur tentera en vain d'éclaircir en faisant appel à cette fameuse substance illicite qu'est le haschich.
"Un terrible stupéfiant qui, s'il est fumé, peut provoquer des cauchemars terribles à ceux qui ne sont pas habitués à son usage !"
Bref, rien à voir avec la joyeuse crétinerie du Sosie Infernal. Rien à voir non plus avec cette agréable surprise qu'était Les Loups de la Violence. On en vient même à regretter l'ennui poli du Château de la terreur. C'est dire si ce Monstre de Preston est à éviter...

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La suite des Aventures de Dracula le mois prochain avec les numéros # 5, 6 et 7 de la série : Le Piege du Diable, L'Homme de l'Au-Dela et... Le Chat Noir (!!!)

Ah, c'était vraiment des p'tits rigolos, les mecs de chez Bel-Air !

(et un précédent billet concernant le consternant numéro # 11 peut être ligoté ici :
http://muller-fokker.blogspot.com/2008/09/la-maldiction-de-nostrablairus.html)

JIMMY TORO / FUTURELLA # 2

Futurella # 2 par Gi Toro alias Jimmy Toro (et Suat Yalaz de son vrai nom), artiste turc qui produisit en France, du début des années 70 à la fin des années 80 une énorme quantité de petit-formats "à la Elvifrance" pour les filoux d'Edi2000/Edilau/Editora/SPS/etc.
La plus part du temps, ça donne d'indigestes copypasta d'œuvres cinématographiques à succès (Futurella étant, grosso-modo, un mélange de Star-Wars, Flash Gordon et Barbarella), des réutilisations à gogo de cases et de très nombreux swipes des dessinateurs phares de l'époque (Mézières, Moebius, Manara, pour la lettre M) - ce qui n'empêche pas Gi Toro de développer un très beau style, (parfois) classe et (souvent) efficace, lui assurant une place de choix dans le peloton de tête des forçats doués de la bédé de gare.
Par contre, on ne peut pas dire la même chose de son assistant, l'ignoble Vince Vita, mais ça, c'est une autre histoire...
Et pour une liste (complète ?) des publications de nos deux compères, c'est ici qu'il faut aller...
merci donc aux p'tits gars de bdtrash :)

WAMPIR # 1 (1967)

Suite à un post du blog "Amazonie-Bay", voici le numéro 1 de Wampir, photohistoires d'épouvante, daté de novembre 1967 aux éditions Ponzoni, Milan (= Satanik)...
Donc, prochainement sur le Pulpbot : des cases de l'homme-loup se transformant ? La créature du docteur Frankenstein dans toute sa splendeur ?? Un joli article sur le Kriminal d'Umberto Lenzi ??? Ok, ok, bientôt, dès que je dégotte un nouveau scanner :)




CE SACRÉ JAN A. REY !

LA MOMIE DU PROFESSEUR SYNISTRE, JAN A. REY
JACQUIER / LA LOUPE EPOUVANTE #3, 1953

Un drole de coco, ce Jan A. Rey. Malgré l'anagramme apparent, le bonhomme n'entretenait aucun rapport avec le célèbre auteur des Harry Dickson. Niçois d'adoption (dixit l'éditeur dans ses habituelles présentations dithyrambiques de quatrième de couverture et troisième page de garde), notre Rey factice ne publia que trois petits romans, tous aux éditions Jaquier et un dans chacune des sous-collections de La Loupe. Son premier paru ainsi en Épouvante, son second en Espionnage et son troisième en Policier. Et une fois cette tournée symbolique effectuée (de 1953 à 1956), voila que Jan A. Rey (ou tout du moins son appellation certifiée à La Loupe) disparait à tout jamais de la circulation, ne subsistant alors dans les mémoires qu'en tant qu'exemple parmi de nombreux autres des magouilles éditoriales franchement tarabiscotées de l'époque.

Il est tout de même assez triste de réduire Jan A Rey au sort typique du cheptel de gribouilleurs anonymes des éditions Jacquier et qui, lorsqu'ils ne constituent pas de possibles avatars officieux de Frederic Dard, ne valent plus grand chose aux yeux des tristes amateurs de litt' pop bien coté sur ebay.
Car tout comme Frank Peter Bellinda, et attendant de s'attaquer à Bill Blondy, Francis Richard ou N.T. Bobmarkson, il faut lire Jan A Rey ne serait-ce que pour gouter à la saveur unique d'un roman La Loupe première période (soit entre 52 et 57) et dans cette optique, La Momie Du Professeur Synistre peut faire figure de choix absolument parfait. Voila un roman au déroulement totalement fantaisiste, n'arrivant jamais à tenir en place et pouvant se résumer à cette maxime des Shadoks : "
pourquoi faire simple lorsque l'on peut faire compliqué..."
Car c'est certain, on ne taxera jamais Jan A Rey de faire le radin sur les retournements de situation ou de s'en tenir au strict minimum du genre. Pour ce qui est du service, le lecteur est gavé comme une oie : L'auteur multiplie les rebondissements jusqu'à l'indigestion. Rien que dans les 20 premières pages du présent roman, notre héros, un jeune homme un peu perdu, croise le fantôme d'une reine égyptienne, découvre un collectionneur fou de momies, boit une tisane provenant d'un sarcophage maudit, ressent quelques hallucinations et voyage dans le temps, jusqu'à l'époque des pharaons. Par la suite, des bijoux disparaissent, des cadavres s'accumulent et notre héros devient fou. Traqué par la police, il se refugie chez le professeur Synistre et fait l'amour à un cadavre momifié ! "Une nuit sublime dans un atroce délire érotique," déclare-t-il après. Pour un peu, on se croirait dans un feuilleton de Louis Feuillade, une certaine grâce en moins - chose peu étonnante pour un récit estampillé La Loupe. La bizarrerie se pare de maladresse et Rey ne fait pas dans la finesse. Il chausse ses gros sabots pour faire peur. Ce sont des points de suspensions à n'en plus finir et des balbutiements de phrases interminables, comme sorties d'une nouvelle de Lovecraft trop abimée à la traduction.
"Lorsque j'écris ces lignes, je me demande encore comment, à cet instant, une telle vision surgissant subitement des ténèbres ne m'a pas foudroyé de terreur...
Comment mon cœur ne s'est-il pas brisé sous l'emprise d'une si intraduisible sensation...

Il me sembla que mes nerfs hurlaient !... que mon cerveau craquait !...
Là... A quelques pas... une forme s'avançait, agressive...
C'était une apparition revetue d'un suaire noir !... A la place du visage, il y avait une face hideuse... rongée... décharnée... avec des cavités remplaçant les yeux. Une sorte de masque mou... car tout cela flottait comme une spectre en lambeaux !...
"
Inutile de préciser que La Momie Du Professeur Synistre se lit d'une traite sous peine, non pas d'en perdre le fil, mais bien le courage d'avaler ce gros gâteau sur-chargé à la chute un peu vulgaire car très (trop ?) terre à terre.


L'HORRIBLE DRAGON INVISIBLE, JAN A REY
JACQUIER / LA LOUPE ESPIONNAGE, 1954

Je continue mon (court) périple Jan A Rey avec son deuxième (et avant-dernier) roman, l'Horrible Dragon Invisible qui, contrairement à ce que le titre et la couverture semblent indiquer, n'est pas un récit d'horreur mais bien d'espionnage. De l'espionnage au traitement assez saugrenu au demeurant, jugez plutôt :
Marius Barbencanne, un gros marseillais à l'apparence et au comportement proche d'un Tartarin de Tarascon, chômeur professionnel de son état, gouailleur, bon vivant, est embringué bien malgré lui dans une tortueuse et explosive affaire internationale où se mêlent drogue, kidnapping, chantage, produits cosmétiques, chinois arracheurs de têtes, sous-vêtements à micro-films intégrés dans les coutures, flibusterie moderne, charmeurs de serpents et de multiples autres choses tout aussi farfelues.
Malheureusement, si le cadre est amplement fourni, l'exécution laisse à désirer et semble parfois assez fade. Les touches d'ironie sont tragiques, l'action est peu trépidante, les traits d'humour tombent à plat et l'intrigue est volontairement (et c'est bien là le plus grave) confuse.
On retiendra tout de même l'incroyable enchainement de péripéties donnant l'impression que cet Horrible Dragon Invisible s'agite sur les ressorts ultra-sensibles des fascicules d'aventures colonialistes des années 30. Tout comme dans La Momie Du Professeur Synistre, Jan A Rey déploie un inventivité quasiment infantile dans le renouvellement des tribulations de son héros. Le roman est excessif, alambiqué et retrouve par moment le charme et la naïveté propre au genre populaire.
Si tout le reste avait tenu la cadence, L'Horrible Dragon Invisible aurait alors constitué une lecture jouissive, vivifiante et atypique, mais dans son ensemble dépareillé et mal accordé, tout ce que ce petit roman permet est l'éclosion régulière de minces bouffées d'ennui dans le cœur du lecteur en bravant les 154 pages.
Pour autant, l'art (bon marché) et les manières romancières de ce Jan A. Rey sont tellement désuètes qu'il est assez aisé de tout lui pardonner...

GREAT SCOTT !

Ça y est, le second Showcase consacré à la série World's Finest vient de sortir. 516 pages de Batman , Robin et Superman en Team-up, mais surtout 516 pages de n'importe-quoi magnifique, avec des monstres farfelus, Mr Myxzptlk et Batmite qui s'affrontent, des voyages temporels et aussi dimensionnels, des expressions à l'ancienne bien comme il faut et, un essentiel, l'art ménager à la mode super-héroïque.
Par exemple, voici Superman reconverti en technicien de surface :


Que du bonheur, je vous dis !!!