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RAYON QUI TUE ET SEXE EN KIT

COSAQUE-STORY, PAUL KENYON
EPP / EROSCOPE # 5, 1975

Troisième aventure de la comtesse / espionne / top model / milliardaire Penny S. - Pénélope Saint John Orsini pour les initiés - Cosaque-Story se présentait sous des auspices qui ne m'excitaient que très mollement l'éponge à phosphore.
C'est bien simple, les récits se déroulant derrière le rideau de fer, ça a plus tendance à m'engourdir le palpitant qu'autre chose. Heureusement (et pour suivre l'habituel adage Spillanien) le premier paragraphe du premier chapitre sut parfaitement capter mon attention.
Il s'agit d'une description de Pénélope par le menu. Et ce n'est pas du menu enfant dont je te cause. On a des formes et du charnel. on a surtout des chevilles "longues et fines et d'une ligne si mélodique qu'on songeait à un poème mis en musique."
L'affaire est dans le sac. C'est balourd et engageant, ridicule et séduisant.
Pénélope, la fille aux gambettes en tracé sinusoïdal non saturé, fait l'amour avec un cinéaste Norvégien de bis auteurisant puis se trouve lancée sur la piste d'un mystérieux rayon laser qui bousille du satellite russe et ricain.
"Très probablement un laser à gaz dynamique" nous informe un spécialiste en la matière, page 111. "On injecte un mélange de bioxyde de carbone chauffé dans un tube à une vitesse supersonique pour obtenir une réaction très puissante par laser."
Ça fait peur. D'autant plus que l'inventeur de ce super faisceau annihilateur se nomme le Professeur Thing.
Le blaze en impose. L'apparence aussi.
Chinois et albinos, il représente le super-vilain typique des productions Lyle Kenyon Engel : un être monstrueux, imbu de sa personne, affligé de quelques encombrantes tares physiques et gonflé du désir maladif de tout détruire.

"Il était extraordinaire. Sa silhouette décharnée et filiforme, étirée jusqu'à la caricature, semblait surgi des phantasmes mystico-morbides d'un Gréco."
N'oublions pas l'essentiel : dans l'orbite creuse de son œil droit scintille un rubis rouge !
Death is a ruby light, dixit le titre original - ou comme le veut la formule anglo-saxonne : God is in the details. Chez Kenyon, le gâteau est toujours sauvé par sa cerise.

Pendant ce temps, la comtesse traverse la Russie. Fait équipe (dans tous les sens du terme) avec Alexei, un espion communiste. Rencontre de méchants autochtones qui la violent sauvagement sous une tente.
L'auteur se permet quelques phrases audacieuses (" son sexe était armé, braqué et prêt à faire feu ") et nous éclaire, de la page 120 à 122, sur le passé romantique et professionnel de notre héroïne.

Les fanas de la série apprécieront l'ensemble à sa juste valeur. Les autres passeront leur chemin mais d'eux, on s'en contre-barbouille grassement l'œilleton lunaire.
Car Cosaque-Story, ça ne vaut peut être pas Opération Extase, ça ne vaut peut être pas non plus Dépravez-Moi Ça mais ça reste très distrayant et ça rempli largement son contrat : emballer du 220 pages de récit pornospionnage premier degré, sans valeur ajouté et sans autres fioritures qu'un style ampoulé, du sexe en kit et quelques menues idées rigolotes.
Je l'écrivais plus haut : c'est balourd, c'est engageant, c'est ridicule et c'est séduisant.
Et si ça ne te suffit pas, désolé, mais je ne peux rien de plus pour toi...

BAISODROME HOLOCAUSTE

OPÉRATION EXTASE, PAUL KENYON
EPP / EROSCOPE # 1, 1975

J'ai déjà causé à 5 reprises de Lyle Kenyon Engel. Le lecteur intéressé pourra se référer au label approprié. N'empêche, laisses moi en remettre un petit coup, ça ne fait pas de mal :
Bulldozer de la vulgarité imprimée, Phil Spector de la littérature virile, bookpackager spécialisé dans tout ce qui jute et qui tache, Lyle Kenyon Engel détournait à des fins purement intéressées les grosses locomotives du roman populaire des années 60/70.
De l'action, des espions, de la violence, du cul, un peu de science-fiction et le tour était joué. Il optimisait la sauce. James Bond devenait américain et queutard, Modesty Blaise se voyait repensée en nymphomane à gros nichons.

Il fit ainsi usiner par son pool d'auteurs-mercenaires des épisodes de Nick Carter Killmaster, de John Eagle Expeditor, de Blade et surtout de The Baroness - crème de la crème du sexpionnage sérieux, écrit sous le pseudonyme-maison de Paul Kenyon et traduit en France dans la collection Eroscope, sous le nom de Penny S.

S COMME SECRÈTE, SENSUELLE, SEXUELLE affirmait l'accroche publicitaire. Me faites pas gober vos couleuvres, les mecs. "S" biscotte placé juste après Penny, ça donne Pénis.
La classe française. Des chibres et des lettres. Ou alors est-ce mézigue qui aurait l'esprit tordu à imaginer telle combinaison.
Car, il faut bien l'avouer, la lecture de Penny S, ça vous chamboule un homme. Après ça, vous n'êtes plus le même, vous voyez le monde différemment. Tout vous semble morne et fade et une question, obsédante comme le clignotement d'un néon détraqué le soir après un acide, vous assaille le cortex :
Où sont-elles donc, ces filles libérées, mannequins meurtriers capables des plus improbables gymkhanas - au lit comme à la ville - et qui combattent, entre deux pauses rimmel, le regard assuré et la hanche hardie, des espions sadiques au priapisme effréné et des savants fous dont l'ébullition de la matière grise ne sert qu'a compenser la triste mollesse de l'appareil génital ?
Réponse : nulle par ailleurs.
On en lit peut être quelques (gros) fragments du coté de La Panthere, de BIS, de OSSEX ou de Cherry O mais jamais les choses n'ont été hissées à ce degré de démesure.

Oui : Penny S représente un monde d'outrance tapageuse, d'exagération sans distinction. On ne monte pas l'ampli jusqu'à 11, on le pousse jusqu'à 1000. C'est la Veuve Noire dévergondée en blue movie, dessinée par Frank Thorne sous viagra, évoluant dans les pages d'une revue de mode au contenu égrillard et suivant la trame générale d'un Matt Helm pleinement conscient de son potentiel pornographique.

Laisses tomber la finesse, bébé. Visualises l'étal d'un boucher sur lequel poseraient quelques playmates surgonflées, mitrailleuses en pogne, éclairées kaléidoscopiquement, rouge, vert, bleu, et sonorisées à gros coups de guimbarde disco et de bruits d'explosions. Visualises Andy Sidaris à la cinecittà, avec la classe de Russ Meyer, avec plus de budget et surtout avec plus d'imagination.
DANS UN MONDE VIOLENT ET ÉROTIQUE, UNE FEMME D'ACTION ET DE PLAISIR !
Top model multimilliardaire, comtesse italienne à l'hyper-sexualité assumée, agent tellement secrète qu'elle en ferait passer la plus discrète des barbouzes pour un candidat de télé-réalité abonné aux couvertures de la presse people, Pénélope Saint-John Orsini, dit Penny S, dit The Baroness, est une majestueuse inflatable doll littéraire, une féministe de papier propre à contenter dans tous ses excès les sales machos à la logique déréglée que nous sommes.

Lyle Kenyon Engel avait parfaitement compris les désirs de sa clientèle et la formule que ses auteurs-anonymes appliquent à ses productions, formule immuable dans ses moindres détails, en était l'exact reflet. Car tous les Penny S se ressemblent. Tous proposent le même dosage des mêmes ingrédients. Une sorte de contrat-confiance scellé dans la routine des séries confectionnées à la chaine.

Dans Opération Extase, son premier forfait (j'ai mis du temps mais j'y arrive !), Penny court après une nouvelle drogue, le Grand D, sorte de super LSD qui tue ses consommateurs en leur refilant une super-trique du tonnerre.
L'homme derrière cette diabolique invention (" elle balaiera les États Unis, corrompra la jeunesse et désintègrera la société occidentale ") se nomme monsieur Sim mais n'a strictement rien à voir avec feu notre chétif comique national.
Sim, version Penny S, est anglais, obèse et en proie à une crampe congénitale. C'est à dire qu'il bande dur et non-stop depuis sa naissance. Un véritable exploit pour le pénis incriminé puisque, en tenant compte de l'ultra-adiposité de son possesseur, il doit constamment " se frayer un véritable sillon dans les vagues inférieures du bas-ventre. "
Miam miam !
L'auteur, de son coté, joue sur du velours. La progression de l'intrigue est parfaite,. Penny S et ses compères enquêtent dans divers endroits des états unis (une communauté hippie, un gang de hells angels, une partouze mondaine et mafieuse) puis partent affronter Mr Sim à Honk Kong.
Là bas, notre héroïne y rencontre aussi son habituelle contre partie masculine, à la fois allié de circonstance et agent double semant le trouble.
Comme le disent les américains, it takes two to tango.
Et comme l'affirme l'auteur, " elle savait qu'il savait qu'ils coucheraient ensemble tôt ou tard, aussi sûr que deux et deux ne peuvent faire que quatre. "

S'en suivent alors les exploits érotiques imposés par le cahier des charges :
"Il plonge maintenant en elle avec la régularité et la puissance d'une bielle fabuleuse"
ou encore :
"[...] elle est glèbe labourée par le soc invraisemblablement doux et puissant de son amant."
Tango tonitruant ! Notons d'ailleurs que chez Penny S, les scènes porno se conjuguent au présent alors que la narration dite "classique" (action, intrigue, enquête) se déroule au passé.
L'effet, maladroit, tend très certainement à inclure dans son cours le lecteur pervers qui ne passe dans le coin que pour se faire reluire le piston en solo, le salingue !
Mais que l'amateur d'action et l'allergique à la branlette ne se sentent pas pour autant floués. Les industries Kenyon ne laissent personne en carafe.

Ainsi, dans Penny S, quand ils ne copulent pas dans toutes les positions concevables, les protagonistes se bastonnent et se dézinguent à tous les étages. Fusillades, courses poursuites, traquenards, il y en a pour tous les gouts.
Amour + guerre = BAISODROME HOLOCAUSTE = grand spectacle assuré.
Ce billet étant trop long, concluons à l'arrachée : Opération Extase est, avec Dépravez-Moi Ça, l'un des meilleurs épisodes de la série. Je dirais même plus : une lecture essentielle pour ceux qui se sentent concernés par le genre.

Dernier point avant d'en terminer pour aujourd'hui : le contrat-confiance scellé dans la routine des séries fabriquées à la chaine, ça n'empêche pas les variations qualitatives d'un titre à l'autre. Petit détour, donc, du coté de trois Penny S clairement moins enthousiasmants...

Par exemple, Le Lit De L'Amazone, deuxième épisode de la série, est aussi (c'est triste mais ç'en est ainsi) la plus ennuyeuse aventure de Penelope Saint-John Orsini qu'il m'ait été donné de lire. Et pourtant, tout y était réuni pour m'exciter un maxi-grand-max : on y trouve des nazis réfugiés dans la jungle de Rio, traficotant un super rayon de la mort avec des diamants, rêvant d'un nouveau Reich de mille ans et se distrayant le dimanche en balançant ennemis et traitres dans un lac peuplé de piranhas ultra-voraces. On y trouve même le fils caché d'Hitler, c'est dire le bonheur !
Las ! L'auteur (Manning Lee Stokes ?) devait probablement être en rupture de son stock d'alcool ou de drogue. On le sent qui renâcle à la tache comme un vieux bourrin têtu. Son potentiel tristement gaché, Le Lit De L'Amazone en devient presque soporifique et les dernières pages sont accueillies avec soulagement.

On s'en sort mieux avec Lune De Fiel, cinquième épisode à l'accroche fabuleuse : "Quarante-huit heures pour détruire l'horreur venue du ciel, et pour seule arme, son sexe..."
J'imagine que le roman est encore une fois écrit par Manning Lee Stokes : on y retrouve son rythme brinqueballant et sa passion pour les freaks sadiques (ici : un nain obsédé sexuel)
Le reste est à l'avenant. Penny combat des ruskoffs dans le désert glacial de l'Arctique, empêche un virus extraterrestre de se rependre sur terre et se fait lécher le clitoris par un loup des neiges. Les standards sont honorés mais je n'en suis pas non plus tout retourné. Disons que le boulot est solidement effectué mais manque un peu d'éclat.

Même chose concernant Fuel Aux As, huitième épisode : c'est solide, c'est agréable mais c'est aussi terriblement terne. Avec plus de folie et un rythme moins lâche, l'affaire aurait aisément pu être dans la fouille. En l'état, ça ressemble un peu trop à Matt Helm Contre La Mort Noire mais sans le talent de Donald Hamilton.

Restons sereins. On ne gagne pas à tous les coups.

ESPIONNAGE POUR GRANDS GARÇONS

DÉPRAVEZ-MOI ÇA ! (HARD-CORE MURDER), PAUL KENYON
EEP / EROSCOPE # 7 / PENNY S. # 4, 1975 (US:1974)

Avec son accroche géniale ("La mort aux trousses, le désir au ventre, elle doit céder aux étranges caprices du Prince du Porno..."), sa couverture punchy-cheap (WHAM!) et son estampillation en label-qualité Eroscope (sous-branche des Éditions et Publications Premières, ou EPP, l'éditeur favori des routiers circa-1976), je le sentais, je le savais : j'allais en avoir largement pour mon flouze (approximativement 0,33333 centimes d'euros le présent volume - je rentabilise à fond mon temps de cerveau disponible).
En plus, Paul Kenyon, Penny S., tout ça regroupé, ça sonnait un peu comme une tentative d'extorsion en masse du lectorat de Paul Kenny mais je me trompais.
Penny S. (ou The Baroness en V.O.) est bel et bien une série anglo-saxonne. Quant à Paul Kenyon, il s'agit d'un house-name regroupant divers mercenaires de la plume outre-atlantique, dont certains officiaient (plus ou moins à la même époque) sur les méga-franchises Nick Carter : Killmaster ou Mack Bolan : L'Exécuteur.

Ça vous donne une petite idée du niveau global (à l'échelle de la grande littérature pour mecs) de ce bijou pour les pervers du gare détraqué.

Kenyon fait, avec Penny S., dans le roman d'action péchu, tendance espionnage seventies haut en couleur, gadget à gogo, ultra-pop, et tartine le tout d'une grosse couche de pornographie pour gentils garçons. C'est Modesty Blaise revue et corrigée par les Érotique de GDV.
Ainsi, entre deux passages de fusillades, de kung-fu fou, de courses-poursuites endiablées et d'infiltration pas trop furtive en zone ennemie, hop, voila que surgit le long passage (environs 4 pages) d'Harlequin pour mecs appliqué aux travaux pratiques de biologie très intime. Genre : "Trouvant la fleur de son clitoris raidi, il lecha le bourgeon."
C'est jamais vulgaire, mais pas subtil pour autant. L'auteur ne nommera pas le sexe masculin "bite" mais parlera plutôt de "cierge enflammé comme un sceptre", de "harpon raidi " ou de "longue épée" qui "prend sa place dans sa gaine". Ou son fourreau, selon l'humeur.
Bref, un véritable festival, une ode au zizi, le vrai, le dur.
Quant au méchant, il n'est doté que d'une "petite saucisse de Francfort" qui pendouille tristement à longueur de tournage.


Car, dans le présent volume, le méchant est un cinéaste de films pornos un peu snuff sur les bords et les largeurs. Une sorte d'Harry Novak diabolique, financé par la mafia pour tourner un Caligula anachronique, délirant, avec des mises à morts authentiques, des passages zoophiles cinémascope et un plateau de block-buster situé en plein coeur du désert du Nevada, dans une ville fantôme mélangeant l'architecture de la Rome antique aux décors des westerns chantants des années 30.
Ingénieux
, n'est-il pas ?

Notre héroïne, Penny S., ou plutôt Penelope St-John-Orsini (à la fois jeune et richissime comtesse italienne, mannequin super-star et espionne américaine ultra-secrete top niveau), est alors chargée de mettre un terme aux agissements de l'affreux du celluloïd. Et tant qu'elle y est, de récupérer puis de détruire certaines bobines compromettantes mettant en scène, et contre leur grès, des femmes de ministres du gouvernement US.
Kenyon délire un max. Ça pourrait être du Ron Goulart spy-fiction et érotique au premier degré. Et les gadgets sont assortis au propos. Ainsi, et outre les micro-ordinateurs à profusion avec connections satellitaires incluses (figure essentielle du genre), on a droit au magnétophone tampon périodique, au soutien gorge montgolfière (taille 110 E expansif à l'infini) et, clou du spectacle, au pistolet gros calibre maquillé en (et pouvant faire office de) phallus artificiel.
Que du bonheur !