ESPIONNAGE POUR GRANDS GARÇONS

DÉPRAVEZ-MOI ÇA ! (HARD-CORE MURDER), PAUL KENYON
EEP / EROSCOPE # 7 / PENNY S. # 4, 1975 (US:1974)

Avec son accroche géniale ("La mort aux trousses, le désir au ventre, elle doit céder aux étranges caprices du Prince du Porno..."), sa couverture punchy-cheap (WHAM!) et son estampillation en label-qualité Eroscope (sous-branche des Éditions et Publications Premières, ou EPP, l'éditeur favori des routiers circa-1976), je le sentais, je le savais : j'allais en avoir largement pour mon flouze (approximativement 0,33333 centimes d'euros le présent volume - je rentabilise à fond mon temps de cerveau disponible).
En plus, Paul Kenyon, Penny S., tout ça regroupé, ça sonnait un peu comme une tentative d'extorsion en masse du lectorat de Paul Kenny mais je me trompais.
Penny S. (ou The Baroness en V.O.) est bel et bien une série anglo-saxonne. Quant à Paul Kenyon, il s'agit d'un house-name regroupant divers mercenaires de la plume outre-atlantique, dont certains officiaient (plus ou moins à la même époque) sur les méga-franchises Nick Carter : Killmaster ou Mack Bolan : L'Exécuteur.

Ça vous donne une petite idée du niveau global (à l'échelle de la grande littérature pour mecs) de ce bijou pour les pervers du gare détraqué.

Kenyon fait, avec Penny S., dans le roman d'action péchu, tendance espionnage seventies haut en couleur, gadget à gogo, ultra-pop, et tartine le tout d'une grosse couche de pornographie pour gentils garçons. C'est Modesty Blaise revue et corrigée par les Érotique de GDV.
Ainsi, entre deux passages de fusillades, de kung-fu fou, de courses-poursuites endiablées et d'infiltration pas trop furtive en zone ennemie, hop, voila que surgit le long passage (environs 4 pages) d'Harlequin pour mecs appliqué aux travaux pratiques de biologie très intime. Genre : "Trouvant la fleur de son clitoris raidi, il lecha le bourgeon."
C'est jamais vulgaire, mais pas subtil pour autant. L'auteur ne nommera pas le sexe masculin "bite" mais parlera plutôt de "cierge enflammé comme un sceptre", de "harpon raidi " ou de "longue épée" qui "prend sa place dans sa gaine". Ou son fourreau, selon l'humeur.
Bref, un véritable festival, une ode au zizi, le vrai, le dur.
Quant au méchant, il n'est doté que d'une "petite saucisse de Francfort" qui pendouille tristement à longueur de tournage.


Car, dans le présent volume, le méchant est un cinéaste de films pornos un peu snuff sur les bords et les largeurs. Une sorte d'Harry Novak diabolique, financé par la mafia pour tourner un Caligula anachronique, délirant, avec des mises à morts authentiques, des passages zoophiles cinémascope et un plateau de block-buster situé en plein coeur du désert du Nevada, dans une ville fantôme mélangeant l'architecture de la Rome antique aux décors des westerns chantants des années 30.
Ingénieux
, n'est-il pas ?

Notre héroïne, Penny S., ou plutôt Penelope St-John-Orsini (à la fois jeune et richissime comtesse italienne, mannequin super-star et espionne américaine ultra-secrete top niveau), est alors chargée de mettre un terme aux agissements de l'affreux du celluloïd. Et tant qu'elle y est, de récupérer puis de détruire certaines bobines compromettantes mettant en scène, et contre leur grès, des femmes de ministres du gouvernement US.
Kenyon délire un max. Ça pourrait être du Ron Goulart spy-fiction et érotique au premier degré. Et les gadgets sont assortis au propos. Ainsi, et outre les micro-ordinateurs à profusion avec connections satellitaires incluses (figure essentielle du genre), on a droit au magnétophone tampon périodique, au soutien gorge montgolfière (taille 110 E expansif à l'infini) et, clou du spectacle, au pistolet gros calibre maquillé en (et pouvant faire office de) phallus artificiel.
Que du bonheur !

4 commentaires:

losfeld a dit…

La grande classe tout ça! Encore une belle découverte derrière des bouquins que je laissais passer mais que je vais dorénavant ramasser le coeur joyeux...

ROBO32.EXE a dit…

... D'ailleurs, il va m'en falloir des nouveaux, des Eroscope, je suis en train d'épuiser tout mon stock. Ces saloperies, l'air de rien, ça se dévore avec autant d'aisance qu'un paquet d'haribo polka.
Faut que je me refrène !
sinon, prochainement, je vais parler de l'autre mega-collection EPP : O.$.$.E.X. et toutes ses fausses franchises - Cherry O, Coxman, BIS, PDG et PDG Kung-Fu... les titres sont évocateurs, non ?

losfeld a dit…

C'est cool j'en connais pas la moitié, vivement la suite!
A propos de joyeusetés, j'ai un truc qui devrait fortement t'intéresser! Envoie moi un mail. Tu m'avais donné le tien me semble mais je l'ai paumé...
arozisarozis @ yahoo .fr

Anonyme a dit…

Concernant les Eroscope et autres Cherry O et OSSEX, j'ai des doubles. Est-ce que vous pratiquez l'échange de bouquins ? Si oui n'hésitez pas me contacter.
Et encore merci de m'avoir mis dans vos liens. Cela m'amene pas mal de trafic.
herve_bleiz (Site 'bric a brac')