LA PANTHÈRE SAIT NAGER, RENÉ CHARVIN
ÉTRANGE MISSION, MARC JOURDAN
LUC FERRAN TRAQUE LE VIRUS, GIL DARCY
ARABESQUE ESPIONNAGE # 554, 556, 545, 1968
Comme si la ration de la semaine précédente ne m'avait pas suffit, me revoila commandant une nouvelle tournée d'Arabesque Espionnage, grand fou que je suis. Cette fois, c'est le tiercé gagnant - ou presque. Il y a du bon, du très pourri et de l'excellent à l'arrivée. je procède donc dans l'ordre de lecture et le désordre qualitatif.
Le bon, c'est La Panthère Sait Nager, signé René Charvin, grand spécialiste du bouquin de femmes pour mecs - à moins qu'il ne s'agisse de l'inverse, du bouquin de mecs pour femmes, le bouquin de gare fleur bleue gentiment culbuté à la sauce espionnite sixties, le George Maxwell prude qui troquerait son hyper-violence caractéristique contre une belle dose de sensiblerie toute émoustillée des adeptes aux collections turquoise, bref, le roman d'action où l'héroïne n'est pas l'habituelle polka qui passe tout ses paragraphes à se malaxer les lolos, à écarter les équerres façon compas désarticulé, à se faire reluire gratis comme ça par des coquins de passage, non non mais bien la polka intelligente, la polka éveillée et moderne, la polka indépendante - en gros : la polka qui parle aux polka.
Dis comme ça, je vois ta gueule, t'as pas l'air super emballé et t'as plutôt tort car les aventures de la Panthère, personnage fétiche de René Charvin avant Belle et Gwen (ses deux héroïnes porno-seventies en Euredif), les aventures de la Panthère, disais-je, c'est tout de même assez sympatoche.
Ainsi, dans La Panthère Sait Nager, Eva Miller (alias la Panthère, 25 ans, agent de la section K., 1 metre 72, 65 kilos, 110-60-95) est lancée sur la piste d'une bande d'affreux neo-nazis bien décidés à extraire des profondeurs du lac Toplitz le fameux trésor de leurs satanés ancêtres germains tout en usinant en loucedé des biftons balourds pour déstabiliser l'économie mondiale.
Niveau roman d'espionnage, nous ne sommes pas très loin du rythme et de la qualité des Gerfaut qu'André Monnier produisait à la même époque. Disons que ça ne turbine pas plein tube, rock n roll jusqu'au plafond, ça roule même plutôt au pas mais l'ensemble fait preuve d'une efficacité fort convenable, Charvin allant du point A au point Z sans faire claquer le palpitant à mémé mais sans non-plus faire ronquer les mâles en bonne santé que nous sommes (hein les gars ?)
Bien entendu, si juste avant tu t'es tartiné du David Rome, c'est foutu, vaut mieux que tu décarres mais pour une lecture dominicale, si tu n'as plus de Matt Helm disponibles sous la pince, c'est de la purée de sacrement bonne qualité.
De toute façon, je reparlerai de René Charvin prochainement...
Dans l'ordre, je continue avec le pourri : Étrange Mission, une bouillie assez incroyable due à un certain Marc Jourdan, probable pseudonyme de Claude Moliterni. Je dis bien "probable" car en quatrième de couverture figure une photo de l'auteur et ni sa bouille défoncée de pugiliste roumain, ni sa carrure d'armoire normande ne rappellent la frêle silhouette du Moliterni, grand homme du neuvième art mais écrivain populaire assez souvent médiocre (du moins, pour ce que j'ai pu lire).
En tout cas, qu'il s'agisse de Moliterni ou de l'autre brute épaisse posant en quatrième de couv', aucune importance - nous ne sommes pas là pour fignoler sur les identités secrètes de nos gustaves. Néanmoins, si il s'agit bien du second larron, alors nous pouvons tout de même être certain qu'il ne se défaisait pas de ses gants de boxe avant d'aller taper sa douce prose à la machine. Et vu qu'il a aussi le profil de l'ouvrier en bâtiment, permettez-moi de rajouter que son infâme brouet fut sans aucun doute tartiné à la truelle : un joli pâté, bien indigeste, bien bétonné, poing à la ligne.
Mais le pire, ici, ce n'est pas véritablement le style. En littérature d'espionnage, tu le sais bien, le style, c'est facultatif. Et qu'importe si notre Marc Jourdan éprouve des difficultés à montrer clairement ses scènes d'action ou à décrire la bouche des femmes autrement que par un "trou voluptueux". Non, le gros problème, c'est l'intrigue - et ça, ça pardonne moins.
Ainsi, dans Étrange Mission, notre espion du jour, Tony Brocca, un corse qui en impose aux femelles de par sa forte carrure et son volumineux service trois-pièce, est envoyé à la poursuite d'un mystérieux réseau enlevant des scientifiques français et les séquestrant dans un hôpital de campagne sous le fallacieux prétexte d'une tuberculose à soigner. N'importe quoi, oui, mais cela n'empêche tout de même pas Tony Brocca de faire correctement son boulot d'espion : il enquête, il se bagarre, il se fait assommer, se retrouve lui aussi séquestré, s'enfuit dans la cambrousse, fait divers trucs sans intérêts puis décide d'en terminer car, voyez-vous, nous sommes en page 170 et cette affaire commence à salement traîner. Il décide donc d'en terminer une fois pour toute, une fois pour toute, une fois pour toute et là, pendant que j'effectue du remplissage, vous devez vous écrier : "MAIS COMMENT EN TERMINE-T-IL DONC, BORDEL ? "
Hola ! C'est vous qui l'avez voulu ! Moi je ne réponds plus de rien !
Donc, dans sa foret (puisque, à cet instant précis du roman, il se trouve dans une foret, pas très loin de la base-secrète/hôpital-de-campagne des vilains), Brocca cueille des myrtilles. Un gros paquet de myrtilles. Puis, tranquillement, il va voir les méchants, sonne à leur porte et leur offre les myrtilles.
Non, non, je n'ai encore rien bu. Car il y a un piège ! Les myrtilles, elles sont empoisonnées !
Je m'explique.
Brocca, il est pas con. Dans sa foret, il avait bien remarqué qu'il s'y trouvait des renards. Des renards qui, vraisemblablement, comme tout renard qui se respecte, font leurs besoins...
...sur les myrtilles, entre autres choses.
Et les renards, c'est bien connu, ils sont porteurs de germes mortelles. Ça se nomme une épizootie, parait-il. Bref. Les renards, ils ont pissés sur les myrtilles et ces crétins de méchants (qu'on ne sait toujours pas si ils sont russes ou chinetoques), eh bien, ils s'en font un festin. Quelques heures plus tard, paf, les voila tous morts !
Encore une affaire résolue, Agent Brocca !
Bon, après ça, impossible de continuer autrement, je m'ouvre trois grandes bières d'un coup. Voila... ça va mieux.
Donc. Troisième canasson. Pas un tocard cette fois-ci mais un vrai beau crack - à moins qu'il ne s'agisse d'un outsider car de Luc Ferran Traque Le Virus, bien qu'écrit par Roger Vlatimo, je n'attendais pas grand chose.
Luc Ferran, pour bien situer les choses, c'est en quelque sorte le Francis Coplan ou le OSS 117 des éditions de l'Arabesque. La star de l'écurie, créé par G.J. Arnaud et qui, d'années en années, passa entre les mains de nombreux auteurs, tous affublé du pseudonyme maison de Gil Darcy.
En 1968, le Gil Darcy en titre, c'est Roger Vlatimo, un auteur capable du meilleur comme du pire. Le pire, ce sont ses titres chez Guerber ou en collections Promodifa. Le meilleur, c'est principalement sa production en Arabesque, notamment ses Luc Ferran.
Pourtant, si j'avais déjà lu quelques bons Vlatimo (Luc Ferran Affronte Le Loup - très bon - ou Luc Ferran Defie Le Diable - pas mal), rien ne m'avait préparé à l'impeccabilité de son Luc Ferran Traque Le Virus, roman d'espionnage à l'impressionnant rythme frénétique et au swing furieux, cristallisant en 220 pages la trop rare essence du genre : action enthousiasmante, incessant déchaînement des péripéties, exotisme poudre aux yeux, révélations improbables et coups de théâtre rocambolesques, tout cela mené crescendo vers une résolution explosive.
Bien entendu, en professionnel généreux, Vlatimo ne laisse aucun paragraphe de répit à son lectorat. Dès le premier chapitre, Luc Ferran est en mauvaise posture - seul, à Hong Kong, traqué par un ennemi invisible, ses alliés implacablement exterminés et sa situation constamment chamboulé.
Comme tout bon roman d'action, Luc Ferran Traque Le Virus ne repose en réalité sur rien, sur du vide, ne se représente que comme une fuite en avant, une gigantesque traque avec pour seule et unique règle un retournement de situation toute les 8 pages.
Par exemple : Luc Ferran regagnant sa chambre d'hôtel et manquant de se faire assassiner par des hommes de main. Luc Ferran se réfugiant dans un bordel et se faisant agresser par un fanatique armé d'un couteau. Luc Ferran s'échappant par la mer et arrimé par des militaires chinois. Luc Ferran perdu sur une île mystérieuse, captif d'une secte étrange, torturé dans un temple, traqué dans la jungle, plongeant dans l'océan et combattant à mains nues un requin.
"Luc Ferran convenait avec lui-même qu'il nageait dans l'opaque."
Seules ombres au tableau : la révélation (trop encrée dans la réalité et pourtant peu véridique) de l'identité de ses ennemis et le traitement de ses amourettes exotiques, véritable préfiguration des espionnages-porno-misogynes que Vlatimo et ses confrères produiront pour le compte de Promodifa quelques années plus tard.
Mais inutile de bouder son plaisir. Quels qu'en soient les défauts, Luc Ferran Traque Le Virus est un roman jouissif et débridé, un roman qui détonne, à mille lieux de l'habituelle moribonderie d'un genre bien trop bavard, bien trop terne et timoré - combien de récits d'espionnage ai-je pu lire et dans lesquels rien ne se passe... Ici, c'est l'exact inverse, les pages sont saturées d'action, exubérantes et fougueuses.
220 feuillets de délires d'agents secrets... Voila exactement ce que l'espionnage populaire devrait toujours être !
ÉTRANGE MISSION, MARC JOURDAN
LUC FERRAN TRAQUE LE VIRUS, GIL DARCY
ARABESQUE ESPIONNAGE # 554, 556, 545, 1968
Comme si la ration de la semaine précédente ne m'avait pas suffit, me revoila commandant une nouvelle tournée d'Arabesque Espionnage, grand fou que je suis. Cette fois, c'est le tiercé gagnant - ou presque. Il y a du bon, du très pourri et de l'excellent à l'arrivée. je procède donc dans l'ordre de lecture et le désordre qualitatif.
Le bon, c'est La Panthère Sait Nager, signé René Charvin, grand spécialiste du bouquin de femmes pour mecs - à moins qu'il ne s'agisse de l'inverse, du bouquin de mecs pour femmes, le bouquin de gare fleur bleue gentiment culbuté à la sauce espionnite sixties, le George Maxwell prude qui troquerait son hyper-violence caractéristique contre une belle dose de sensiblerie toute émoustillée des adeptes aux collections turquoise, bref, le roman d'action où l'héroïne n'est pas l'habituelle polka qui passe tout ses paragraphes à se malaxer les lolos, à écarter les équerres façon compas désarticulé, à se faire reluire gratis comme ça par des coquins de passage, non non mais bien la polka intelligente, la polka éveillée et moderne, la polka indépendante - en gros : la polka qui parle aux polka.
Dis comme ça, je vois ta gueule, t'as pas l'air super emballé et t'as plutôt tort car les aventures de la Panthère, personnage fétiche de René Charvin avant Belle et Gwen (ses deux héroïnes porno-seventies en Euredif), les aventures de la Panthère, disais-je, c'est tout de même assez sympatoche.
Ainsi, dans La Panthère Sait Nager, Eva Miller (alias la Panthère, 25 ans, agent de la section K., 1 metre 72, 65 kilos, 110-60-95) est lancée sur la piste d'une bande d'affreux neo-nazis bien décidés à extraire des profondeurs du lac Toplitz le fameux trésor de leurs satanés ancêtres germains tout en usinant en loucedé des biftons balourds pour déstabiliser l'économie mondiale.
Niveau roman d'espionnage, nous ne sommes pas très loin du rythme et de la qualité des Gerfaut qu'André Monnier produisait à la même époque. Disons que ça ne turbine pas plein tube, rock n roll jusqu'au plafond, ça roule même plutôt au pas mais l'ensemble fait preuve d'une efficacité fort convenable, Charvin allant du point A au point Z sans faire claquer le palpitant à mémé mais sans non-plus faire ronquer les mâles en bonne santé que nous sommes (hein les gars ?)
Bien entendu, si juste avant tu t'es tartiné du David Rome, c'est foutu, vaut mieux que tu décarres mais pour une lecture dominicale, si tu n'as plus de Matt Helm disponibles sous la pince, c'est de la purée de sacrement bonne qualité.
De toute façon, je reparlerai de René Charvin prochainement...
Dans l'ordre, je continue avec le pourri : Étrange Mission, une bouillie assez incroyable due à un certain Marc Jourdan, probable pseudonyme de Claude Moliterni. Je dis bien "probable" car en quatrième de couverture figure une photo de l'auteur et ni sa bouille défoncée de pugiliste roumain, ni sa carrure d'armoire normande ne rappellent la frêle silhouette du Moliterni, grand homme du neuvième art mais écrivain populaire assez souvent médiocre (du moins, pour ce que j'ai pu lire).
En tout cas, qu'il s'agisse de Moliterni ou de l'autre brute épaisse posant en quatrième de couv', aucune importance - nous ne sommes pas là pour fignoler sur les identités secrètes de nos gustaves. Néanmoins, si il s'agit bien du second larron, alors nous pouvons tout de même être certain qu'il ne se défaisait pas de ses gants de boxe avant d'aller taper sa douce prose à la machine. Et vu qu'il a aussi le profil de l'ouvrier en bâtiment, permettez-moi de rajouter que son infâme brouet fut sans aucun doute tartiné à la truelle : un joli pâté, bien indigeste, bien bétonné, poing à la ligne.
Mais le pire, ici, ce n'est pas véritablement le style. En littérature d'espionnage, tu le sais bien, le style, c'est facultatif. Et qu'importe si notre Marc Jourdan éprouve des difficultés à montrer clairement ses scènes d'action ou à décrire la bouche des femmes autrement que par un "trou voluptueux". Non, le gros problème, c'est l'intrigue - et ça, ça pardonne moins.
Ainsi, dans Étrange Mission, notre espion du jour, Tony Brocca, un corse qui en impose aux femelles de par sa forte carrure et son volumineux service trois-pièce, est envoyé à la poursuite d'un mystérieux réseau enlevant des scientifiques français et les séquestrant dans un hôpital de campagne sous le fallacieux prétexte d'une tuberculose à soigner. N'importe quoi, oui, mais cela n'empêche tout de même pas Tony Brocca de faire correctement son boulot d'espion : il enquête, il se bagarre, il se fait assommer, se retrouve lui aussi séquestré, s'enfuit dans la cambrousse, fait divers trucs sans intérêts puis décide d'en terminer car, voyez-vous, nous sommes en page 170 et cette affaire commence à salement traîner. Il décide donc d'en terminer une fois pour toute, une fois pour toute, une fois pour toute et là, pendant que j'effectue du remplissage, vous devez vous écrier : "MAIS COMMENT EN TERMINE-T-IL DONC, BORDEL ? "
Hola ! C'est vous qui l'avez voulu ! Moi je ne réponds plus de rien !
Donc, dans sa foret (puisque, à cet instant précis du roman, il se trouve dans une foret, pas très loin de la base-secrète/hôpital-de-campagne des vilains), Brocca cueille des myrtilles. Un gros paquet de myrtilles. Puis, tranquillement, il va voir les méchants, sonne à leur porte et leur offre les myrtilles.
Non, non, je n'ai encore rien bu. Car il y a un piège ! Les myrtilles, elles sont empoisonnées !
Je m'explique.
Brocca, il est pas con. Dans sa foret, il avait bien remarqué qu'il s'y trouvait des renards. Des renards qui, vraisemblablement, comme tout renard qui se respecte, font leurs besoins...
...sur les myrtilles, entre autres choses.
Et les renards, c'est bien connu, ils sont porteurs de germes mortelles. Ça se nomme une épizootie, parait-il. Bref. Les renards, ils ont pissés sur les myrtilles et ces crétins de méchants (qu'on ne sait toujours pas si ils sont russes ou chinetoques), eh bien, ils s'en font un festin. Quelques heures plus tard, paf, les voila tous morts !
Encore une affaire résolue, Agent Brocca !
Bon, après ça, impossible de continuer autrement, je m'ouvre trois grandes bières d'un coup. Voila... ça va mieux.
Donc. Troisième canasson. Pas un tocard cette fois-ci mais un vrai beau crack - à moins qu'il ne s'agisse d'un outsider car de Luc Ferran Traque Le Virus, bien qu'écrit par Roger Vlatimo, je n'attendais pas grand chose.
Luc Ferran, pour bien situer les choses, c'est en quelque sorte le Francis Coplan ou le OSS 117 des éditions de l'Arabesque. La star de l'écurie, créé par G.J. Arnaud et qui, d'années en années, passa entre les mains de nombreux auteurs, tous affublé du pseudonyme maison de Gil Darcy.
En 1968, le Gil Darcy en titre, c'est Roger Vlatimo, un auteur capable du meilleur comme du pire. Le pire, ce sont ses titres chez Guerber ou en collections Promodifa. Le meilleur, c'est principalement sa production en Arabesque, notamment ses Luc Ferran.
Pourtant, si j'avais déjà lu quelques bons Vlatimo (Luc Ferran Affronte Le Loup - très bon - ou Luc Ferran Defie Le Diable - pas mal), rien ne m'avait préparé à l'impeccabilité de son Luc Ferran Traque Le Virus, roman d'espionnage à l'impressionnant rythme frénétique et au swing furieux, cristallisant en 220 pages la trop rare essence du genre : action enthousiasmante, incessant déchaînement des péripéties, exotisme poudre aux yeux, révélations improbables et coups de théâtre rocambolesques, tout cela mené crescendo vers une résolution explosive.
Bien entendu, en professionnel généreux, Vlatimo ne laisse aucun paragraphe de répit à son lectorat. Dès le premier chapitre, Luc Ferran est en mauvaise posture - seul, à Hong Kong, traqué par un ennemi invisible, ses alliés implacablement exterminés et sa situation constamment chamboulé.
Comme tout bon roman d'action, Luc Ferran Traque Le Virus ne repose en réalité sur rien, sur du vide, ne se représente que comme une fuite en avant, une gigantesque traque avec pour seule et unique règle un retournement de situation toute les 8 pages.
Par exemple : Luc Ferran regagnant sa chambre d'hôtel et manquant de se faire assassiner par des hommes de main. Luc Ferran se réfugiant dans un bordel et se faisant agresser par un fanatique armé d'un couteau. Luc Ferran s'échappant par la mer et arrimé par des militaires chinois. Luc Ferran perdu sur une île mystérieuse, captif d'une secte étrange, torturé dans un temple, traqué dans la jungle, plongeant dans l'océan et combattant à mains nues un requin.
"Luc Ferran convenait avec lui-même qu'il nageait dans l'opaque."
Seules ombres au tableau : la révélation (trop encrée dans la réalité et pourtant peu véridique) de l'identité de ses ennemis et le traitement de ses amourettes exotiques, véritable préfiguration des espionnages-porno-misogynes que Vlatimo et ses confrères produiront pour le compte de Promodifa quelques années plus tard.
Mais inutile de bouder son plaisir. Quels qu'en soient les défauts, Luc Ferran Traque Le Virus est un roman jouissif et débridé, un roman qui détonne, à mille lieux de l'habituelle moribonderie d'un genre bien trop bavard, bien trop terne et timoré - combien de récits d'espionnage ai-je pu lire et dans lesquels rien ne se passe... Ici, c'est l'exact inverse, les pages sont saturées d'action, exubérantes et fougueuses.
220 feuillets de délires d'agents secrets... Voila exactement ce que l'espionnage populaire devrait toujours être !
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