SOLDATS DE FORTUNE

GUERRE CHIMIQUE, A.G. CHRISTIAN
GDV / SOLDATS DE FORTUNE # 10, 1991

En dehors des sublimes couvertures de Melki, moins explosif que sur les SCUM de David Rome/Joël Houssin mais bien plus putassier qu'à son habitude (petit topo de la couvrante de ce numéro 10 à destination des malvoyants : une blonde à grosse mitraillette prend la pause façon poster de camionneur, nous exposant ainsi tout l'intérêt de sa tenue militaire foutrement peu réglementaire puisque composée d'un string kaki et d'une chemise boléro largement décolletée), donc, en dehors de cette imagerie généreusement vulgaire qui ici fait office de vertu commerciale compensatrice (et dont seules les personnes frustres se plaindront), il n'y a pas grand chose à sauver de la courte (12 numéros) série Soldats de Fortune que Gérard de Villiers nous importa des USA à la fin des années 80.
En fait, je pourrais presque dire : il n'y a rien à en sauver.
Publiés à l'origine par la revue Soldier Of Fortune, qui est au mercenaire américain ce que Le Chasseur Français est au chasseur français, ces petits bouquins ressemblent assez fortement à des aventures de l'Executeur, même période, c'est à dire lorsque Mack Bolan, sous la tutelle de Harlequin/Hunter, combattait 250 pages par mois de méchants terroristes étrangers.
Donc, à moins d'être passionné par les actions commando, les débriefing militaires, les veillées au feu de bois dans la jungle et les longs discours de politique reaganienne, ce n'est pas vraiment folichon. Sans compter que, cerise sur le gâteau - et contrairement à l'Executeur qui s'est toujours montré assez sobre de ce coté-là, Soldats de Fortune se permet des subplots romantiques digne d'une série télé à l'eau de rose pour vieilles filles.
Ainsi, dans Guerre Chimique, notre héros, un impitoyable baroudeur veteran du vietnam, tombe sous le charme d'une jeune et mignonne subalterne du ministère de la défense. Elle est juive et de gauche, il est ricain et de droite, mais à la fin, elle comprend que c'est lui qui a raison because, si les femmes avaient des opinions politiques valables, ça se saurait depuis bien longtemps, n'est-ce pas les gars ?
Bref, là, vous vous demandez où je veux en venir et vous avez bien raison car je suis en train de m'égarer.
Je reprends donc et, hop, le seul autre intérêt de ce bouquin, après la magnifique première de couverture, c'est le premier paragraphe du résumé de la quatrième de couverture.
Tout le reste, vous pouvez le jeter, ce n'est que perte de temps.
Donc, je te le cite, ce premier paragraphe, et attention, accroche toi au clavier, c'est du lourd :
"Le groupe terroriste d'Abdul Harani a dérobé à l'Institut Pasteur des germes de virus mortels, dont celui du Sida. Son objectif : infester les réservoirs d'eau de Floride."
Voila qui me laisse baba. Le virus du Sida dans de l'eau potable ! On atteint là des sommets d'un beau et vigoureux n'importe quoi. Et la date de publication (1988/1991) n'excuse aucunement la stupidité de ce point de départ.
Malheureusement, il fallait s'en douter, l'auteur, une fois son héros militaire lancé sur la piste des méchants musulmans contaminateurs du dimanche, ne s'occupe plus de cette fantaisiste histoire de Sida en bouteille de vittelloise. Et c'est bien triste car, au risque de passer pour un vilain huluberlu à l'impudence mal placée, je persiste à considérer qu'il y avait dans ce sujet matière à écrire un grand roman d'action machiste honteusement comique.
Mais, comme je le laissais entendre en introduction, Soldats de Fortune, ce n'est pas SCUM.
Loin de là !

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