FUSILLADE A SAN FRANCISCO, DON PENDLETON
PLON / L'EXECUTEUR # 11, 1976
Peut-on rester insensible à la franche connerie sous testostérone d'un épisode de la série L'Exécuteur ? Je veux dire, à moins d'être une femme, un pacifiste ou bien un type pas très viril aux encoignures... Non, vraiment, c'est impossible. On ne peut pas resister. Voila un gars, l'Exécuteur, dit Mack Bolan, qui passe ses 220 pages mensuelles à dézinguer comme un enragé du mafieux pourri, soutenu par une écriture aussi lourdement sentencieuse que le staccato d'une batterie de mitrailleuses le soir au fond de la jungle vietnamienne. Que demander de plus ? De la finesse ? Laissez-moi rire.
A titre d'exemple pratique, saisissons-nous de Fusillade A San Francisco, onzième volume des très répétitives aventures de Mack Bolan. Ouvrons l'ouvrage en page 7, chapitre 1. "Le moment de faire la guerre était venu." Ça, c'est la première phrase du bouquin. Ça donne le ton mais la suite est bien meilleure, jugez un peu :
Et comme d'habitude, ça ne tarde pas. Page 11, Mack Bolan fait exploser un tripot. Page 13, Mack Bolan achève les survivants. Page 17, sa mission terminée, le roman peut commencer. Un Exécuteur, période guerre à la mafia (c'est à dire les 38 premiers volumes), suit toujours le même schéma. L'affaire est réglée comme du papier à musique. Mise en bouche d'une vingtaine de page en un court assaut commando mené par l'Exécuteur. Puis une pause de 60 à 80 pages pendant laquelle 1) les mafieux font des tractations entre eux 2) Bolan rencontre (mais sans arrières pensées aucunes) des filles de petites ou moyennes vertus 3) la police du coin patauge. Le lecteur patiente donc jusqu'au milieu du roman, moment parfait pour lancer un deuxième baroud solo, plus long et plus violent. Bolan dessoude ainsi la moitié des truands de la ville qu'il visite et fait très peur aux autres qui redoublent de tractations. Ensuite, ça s'enchaîne implacablement. Les filles qu'il avait rencontré se font kidnapper, les mafieux multiplient les coups bas, Bolan délivre les gonzesses, tue quelques dizaines de salauds de plus, prépare sa prochaine attaque. Nous sommes page 180, c'est l'heure de l'ultime assaut contre la place forte des vilains avant l'épilogue. "Il ne baissa son arme qu'après avoir vidé le chargeur. Ils étaient tous morts, étendus, déchiquetés. Un monstrueux tas d'ordure."
Et tout cela, ad vitam æternam.
(putain, waouw, du latin, quelque culture que j'ai !)
Mais la routine n'empêche pas les variations qualitatives. Somme toute, en oubliant l'excellence tapageuse de son introduction, Fusillade A San Francisco est un Exécuteur plutôt décevant : trop de sous-intrigues disparates (les chinois) et trop de protagonistes inutiles (les chinois), le tout conclu à la va-vite par une révélation finale calquée sur le volume précèdent, Châtiment Aux Caraïbes, un morceau de bravoure para-militariste bas du front bien plus recommandable que cette Fusillade San Franciscaine gentiment médiocre. Mais la médiocrité n'empêche pas le plaisir, c'est ce que je me répète chaque matin.
LE BLITZ DE BOSTON, DON PENDLETON
PLON / L'EXÉCUTEUR # 12, 1976
Tant que nous y sommes, et avant que je fasse une dépression, abordons rapidement le volume suivant, Le Blitz De Boston, un épisode assez satisfaisant en dépit d'une introduction fort sobre. Il nous faut en effet patienter jusqu'au quatrième chapitre, page 57, pour que des voitures explosent, des maisons s'effondrent et des mafieux moustachus se fassent trouer la couenne comme des malpropres. C'est long, mais ça vaut néanmoins le coup d'attendre. Car page 57, Mack Bolan déloge une horde de mafieux de leur club-house à coup de mortier.
En tout cas, page 57, le bouquin est enfin sur ses rails. Pendleton, ouvrier consciencieux de la littérature pour mectons frustres, honore syndicalement son contrat. Le Blitz De Boston porte bien son titre mais n'ira pas faire trop de zèle sur le terrain de la surenchère. Quoi qu'il arrive, un roman l'Exécuteur sait rester carré, propre, droit, sans excès.
Donc, dans cet épisode, Mack Bolan, notre one-man army proto-punisher favori, est à la recherche de son jeune frère et de sa petite copine, kidnappés (tiens donc !) par un mafieux pas très futé. Je dis pas très futé puisque le gonze malfaisant, non seulement il ne sait pas quoi faire de ses otages (un comble !) mais en plus il ira jusqu'à faire croire à Bolan qu'il les a tués ! Mauvaise idée, ça.
Oui, comme d'habitude. Un roman totalement con, prévisible, routinier, avec des gars qui se canardent comme si il s'agissait d'un sport olympique, du mobilier urbain qui vole en éclat à chaque nouvelle bataille et un flot intarissable d'hémoglobine sicilienne qui menacerait presque en fin de roman de submerger la ville.
Étrangement, aussi idiot que cela puisse paraître, c'est une formule dont je n'arrive pas à me lasser.
PLON / L'EXECUTEUR # 11, 1976
Peut-on rester insensible à la franche connerie sous testostérone d'un épisode de la série L'Exécuteur ? Je veux dire, à moins d'être une femme, un pacifiste ou bien un type pas très viril aux encoignures... Non, vraiment, c'est impossible. On ne peut pas resister. Voila un gars, l'Exécuteur, dit Mack Bolan, qui passe ses 220 pages mensuelles à dézinguer comme un enragé du mafieux pourri, soutenu par une écriture aussi lourdement sentencieuse que le staccato d'une batterie de mitrailleuses le soir au fond de la jungle vietnamienne. Que demander de plus ? De la finesse ? Laissez-moi rire.
A titre d'exemple pratique, saisissons-nous de Fusillade A San Francisco, onzième volume des très répétitives aventures de Mack Bolan. Ouvrons l'ouvrage en page 7, chapitre 1. "Le moment de faire la guerre était venu." Ça, c'est la première phrase du bouquin. Ça donne le ton mais la suite est bien meilleure, jugez un peu :
"Mack Bolan était prêt. Il allait blitzer, provoquer un orage terrifiant plein d'éclairs et de roulements de tonnerre, faire pleuvoir la mort et la destruction, laisser ruisseler la peur et la panique. Il allait passer à l'attaque."Voila une introduction géniale, saisissante, totalement sturm und drang, totalement jouissive, totalement... totale ! Un paragraphe entier, juste pour dire au lecteur : "Mack Bolan allait buter des mecs, comme d'habitude."
Et comme d'habitude, ça ne tarde pas. Page 11, Mack Bolan fait exploser un tripot. Page 13, Mack Bolan achève les survivants. Page 17, sa mission terminée, le roman peut commencer. Un Exécuteur, période guerre à la mafia (c'est à dire les 38 premiers volumes), suit toujours le même schéma. L'affaire est réglée comme du papier à musique. Mise en bouche d'une vingtaine de page en un court assaut commando mené par l'Exécuteur. Puis une pause de 60 à 80 pages pendant laquelle 1) les mafieux font des tractations entre eux 2) Bolan rencontre (mais sans arrières pensées aucunes) des filles de petites ou moyennes vertus 3) la police du coin patauge. Le lecteur patiente donc jusqu'au milieu du roman, moment parfait pour lancer un deuxième baroud solo, plus long et plus violent. Bolan dessoude ainsi la moitié des truands de la ville qu'il visite et fait très peur aux autres qui redoublent de tractations. Ensuite, ça s'enchaîne implacablement. Les filles qu'il avait rencontré se font kidnapper, les mafieux multiplient les coups bas, Bolan délivre les gonzesses, tue quelques dizaines de salauds de plus, prépare sa prochaine attaque. Nous sommes page 180, c'est l'heure de l'ultime assaut contre la place forte des vilains avant l'épilogue. "Il ne baissa son arme qu'après avoir vidé le chargeur. Ils étaient tous morts, étendus, déchiquetés. Un monstrueux tas d'ordure."
Et tout cela, ad vitam æternam.
(putain, waouw, du latin, quelque culture que j'ai !)
Mais la routine n'empêche pas les variations qualitatives. Somme toute, en oubliant l'excellence tapageuse de son introduction, Fusillade A San Francisco est un Exécuteur plutôt décevant : trop de sous-intrigues disparates (les chinois) et trop de protagonistes inutiles (les chinois), le tout conclu à la va-vite par une révélation finale calquée sur le volume précèdent, Châtiment Aux Caraïbes, un morceau de bravoure para-militariste bas du front bien plus recommandable que cette Fusillade San Franciscaine gentiment médiocre. Mais la médiocrité n'empêche pas le plaisir, c'est ce que je me répète chaque matin.
LE BLITZ DE BOSTON, DON PENDLETON
PLON / L'EXÉCUTEUR # 12, 1976
Tant que nous y sommes, et avant que je fasse une dépression, abordons rapidement le volume suivant, Le Blitz De Boston, un épisode assez satisfaisant en dépit d'une introduction fort sobre. Il nous faut en effet patienter jusqu'au quatrième chapitre, page 57, pour que des voitures explosent, des maisons s'effondrent et des mafieux moustachus se fassent trouer la couenne comme des malpropres. C'est long, mais ça vaut néanmoins le coup d'attendre. Car page 57, Mack Bolan déloge une horde de mafieux de leur club-house à coup de mortier.
"Toutes les trois secondes le mortier toussait et un morceau d'enfer planait au dessus du parc avant de s'écraser avec une explosion dévastatrice. Après l'envoi du dernier obus il observa les résultats qui auraient rempli de fierté une compagnie d'artilleurs. Puis il saisit de nouveau le détonateur à télécommande et fit sauter le club."La finesse, une valeur en baisse.
En tout cas, page 57, le bouquin est enfin sur ses rails. Pendleton, ouvrier consciencieux de la littérature pour mectons frustres, honore syndicalement son contrat. Le Blitz De Boston porte bien son titre mais n'ira pas faire trop de zèle sur le terrain de la surenchère. Quoi qu'il arrive, un roman l'Exécuteur sait rester carré, propre, droit, sans excès.
Donc, dans cet épisode, Mack Bolan, notre one-man army proto-punisher favori, est à la recherche de son jeune frère et de sa petite copine, kidnappés (tiens donc !) par un mafieux pas très futé. Je dis pas très futé puisque le gonze malfaisant, non seulement il ne sait pas quoi faire de ses otages (un comble !) mais en plus il ira jusqu'à faire croire à Bolan qu'il les a tués ! Mauvaise idée, ça.
"Ce n'était plus une guerre.Bref, voila l'Exécuteur en super-rogne, qui détruit tout sur son passage, extermine les pourris par centaines et délivre les otages à la fin. Comme d'habitude, en somme ?
Ce n'était plus une exécution.
Ce n'était plus l'Exécuteur s'acheminant sûrement vers l'ennemi.
C'était Mack Bolan, le frère de Johnny, l'amant de Val, qui fonçait sur les meurtriers des êtres qu'il avait aimés, qui allait les tuer. [...] Et pour une fois, il allait tuer avec plaisir."
Oui, comme d'habitude. Un roman totalement con, prévisible, routinier, avec des gars qui se canardent comme si il s'agissait d'un sport olympique, du mobilier urbain qui vole en éclat à chaque nouvelle bataille et un flot intarissable d'hémoglobine sicilienne qui menacerait presque en fin de roman de submerger la ville.
Étrangement, aussi idiot que cela puisse paraître, c'est une formule dont je n'arrive pas à me lasser.
4 commentaires:
[Étrangement, aussi idiot que cela puisse paraître, c'est une formule dont je n'arrive pas à me lasser.]
Il y a un moment que je n'en ai pas lu mais il y a quelques années j'ai eu une belle période de Mack Bolan, j'aimais bien.
Le n° 2 est certainement mon favoris, où il forme une équipe,il me semble.
toujours pas lu les 3 premiers. je les garde de coté pour un jour me les faire à la suite. Et oui, c'est bien dans un de ces trois romans qu'il forme pour la première fois son équipe le death squad, qui deviendra plus tard Able Team, si je ne me trompe pas...
Super exposé. Merci :)
de rien :)
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