LES ROBOTS DE JEAN-GASTON VANDEL

ALERTE AUX ROBOTS, JEAN-GASTON VANDEL
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 15, 1952

Si le duo Belge officiant sous l'appellation de Jean-Gaston Vandel fut, bien avant Stefan Wul, "l'auteur" qui donna à la collection Anticipation ses premiers grands classiques, il fut tout de même un registre sur lequel Jean et Gaston se plantèrent magistralement : Les Robots.
Un véritable gâchis.
Et ce, par deux fois.

Tout d'abord, Alerte Aux Robots, paru en 1952 et probablement le premier Anticipation entièrement consacré à la menace hyper-moderne des cerveaux électroniques, de la robotisation industrielle et des réseaux d'ordinateurs. L'intrigue est fort simple : les boites de conserves automatisées se révoltent et tentent d'exterminer l'espèce humaine. Mais les sacs à viandes ne se laissent pas faire, s'organisent, résistent et, à la fin, gagnent cet âpre combat pour la survie du modèle biologique avant d'en tirer les habituelles leçons de moralisme scientifique chiant (l'habituel "il ne faut pas dépendre des machines, etc.").
Bref, c'est simple, classique et, forcement, très naïf mais pour ce type de S-F "à l'ancienne", naïf n'est pas une mauvaise chose.
Le problème d'Alerte Aux Robots réside dans sa suite d'actions apathique et sans véritable efficacité. C'est, en quelque sorte, le principal défaut du style Vandel, le binôme écrivant d'une manière plutôt flegmatique, assez proche de celle qui fit un peu plus tard le charme de B.R. Bruss. Mais pour un roman censé rendre compte du chaos total d'une revolution robotique avec frappes militaristes, combats sanglants et tutti-canti, ce n'est clairement pas le bon parti pris narratif.
L'autre problème, c'est l'absence de personnages attachants. Outre un héros sportif très con, sa copine inutile (normal, c'est une femme) un président dépassé par les événements et quelques militaires qui se ressemblent tous (normal, c'est des militaires), on a droit à deux académiciens farfelus, les frères Vannel, Jon et Gassen de leurs prénoms. Les arrières-arrières-(...)-petits enfants de Jean Gaston Vandel. Et pour enfoncer le clou, à la fin du roman, ils envoient à leur(s) ancêtre(s) le synopsis de cette fabuleuse aventure par une machine de leur invention, la machine à faire remonter le temps aux pensées via les rêves.
Vous parlez d'une mise en abîme vaseuse !
Quant à la résolution de l'intrigue, elle est à la fois très en avance sur son temps et totalement stupide dans son application puisque nos héros décident de faire inoculer au réseau mondial des machines belliqueuses un virus... OUI, UN VIRUS ! Mais un virus qui n'est pas informatique, qui à la consistance de la pâte à colle Cléopâtre et qui détériore physiquement les câblages de ses saletés de super-calculatrices à la manque.
J'en perds mes mots...


TERRITOIRE ROBOT, JEAN-GASTON VANDEL
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 43, 1954

Et deux ans plus tard, Jean et Gaston remettent le couvert avec un Territoire Robot qui, comparé à Alerte Aux Robots, a une bien meilleure mine... sans pour autant arborer un teint resplendissant - car il s'agit tout de même d'un Anticipation assez médiocre et dont le seul intérêt serait probablement de présager inconsciemment la folie de Rudy Rucker sur son exceptionnel roman "Software" paru en 86 aux éditions Opta (collection Galaxie-Bis... j'en parlerais un jour, promis !)

Cette fois, l'intrigue est plus alambiquée, plus sociologique, plus étrange. Les 100 premières pages sont même intéressantes et ressemblent presque à du Jean-Gaston Vandel digne de ce nom, avec un vieil inventeur extrêmement fortuné et aux idées quelques peu excentriques qui décide dans le secret le plus total d'installer une colonie de robots sur Mercure.
Malheureusement, après une erreur de commande et le calcul d'un paradoxe (c'est fatal, ces choses-là !), nos robots se retrouvent livrés à eux-mêmes et se lancent dans une gigantesque campagne moyennement anti-humaine.
(Je veux dire : ils kidnappent sur terre des êtres humains pour les séquestrer dans leurs multiples villes factices de Mercure histoire de justifier leurs activités de "serviteurs électromécaniques".
C'est tordu comme un cerveau de robot buggé.)

Mais si les prémices sont excellents, l'exécution de l'ensemble ne se montre jamais à la hauteur et, exception faite de la magnifique couverture de René Brantonne (notez le robot qui se casse la figure au fond), nous ne retiendrons de ce petit Vandel que l'agitation proto-politique des robots autogérés et leurs luttes intestines pour des idéaux mathématiques. Le reste manque cruellement de fougue, d'entrain et de piquant.

Quant à la curée militariste de clôture, avec libération d'otage et annihilation des robots en 20 pages chrono, elle est assez indigeste. Mais j'imagine que nos deux auteurs devaient être assez pressés d'en finir. Ne les en blâmons pas.

3 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Est-ce que tu connais celui-là de Vandel ?

Zaïtchick a dit…

Bon, j'ai oublié le lien : http://www.forumpimpf.net/viewtopic.php?f=1&t=23585&start=220#p494643

ROBO32.EXE a dit…

Oui, c'est leur tout premier Anticipation, le numéro # 7 de la collection. Il connut d'ailleurs une suite : Le Satellite Artificiel, numéro # 10 d'Anticipation.
Je ne possède que le second...