GRETA LA TORTIONNAIRE (1977)

De Greta La Tortionnaire, Ilsa Ultime Perversion ou bien encore Le Pénitencier Des Femmes Perverses (titre VF original), je n'attendais pas grand chose. Le film, dans la longue et tortueuse carrière de Jess Franco, ne fait pas figure de jalon essentiel. Comme pour l'ensemble des réalisations de l'espagnol fou sous la houlette financière du production suisse Edwin C. Dietrich, Greta fait dans la bobine d'exploitation ultra-fauchée. Fini les délices psychédéliques et érotiques de Succubus ou Vampyros Lesbos. Les œuvrettes de Franco, sous la coupe de Dietrich, embrassent le sensationnalisme vulgaire et bas de gamme, principalement dans le registre ultra-codifié du Women In prison (ou WIP). La vie de nanas plus ou moins sexy dans un bagne, humiliées et révoltées, sans chemise ni pantalon et prenant des douches collectives avec une régularité métronomique.
Franco ayant fait ses classes dans le genre en 69 via un très sobre 99 Femmes, Dietrich décide d'augmenter les enjeux graphiques tout en baissant l'investissement. Sans argent ni fioritures, sortent alors, à la chaine et tous signés Franco (sous pseudo), Barbed Wire Dolls, Sadomania, Wicked Women, Women In Cellblock 9 et, la petite bizarrerie du lot, Greta The Wicked Warden.

Bizarrerie puisque Greta est un film doublement exploitatif. A la facette WIP structurant et dirigeant le récit se rajoute une imagerie naziploitation d'un genre bien particulier, personnifié par la tortionnaire du titre, Greta ou devrais-je dire Dyanne Thorne, actrice culte de Ilsa La Louve Des SS et grandmother of all MILF superstars.
Filou comme pas deux, Dietrich ira d'ailleurs jusqu'à rebaptiser sur l'affiche Greta en Ilsa, nous donnant ainsi un volet non-officiel des aventures de notre nazie favorite.
Donc, dans cet épisode, la louve à forte poitrine et uniforme vert-de-gris s'est reconvertie en directrice saphique d'un centre aux apparence de clinique pour jeunes délurées nymphomaniaques et perverses mais cachant en réalité un cachot pour révolutionnaires du sexe-faible. Tania Busselier y incarne l'héroïne naïve en quête de sa sœur disparue tandis que Lina Romay est merveilleuse en petite peste cheftaine de bande, rappelant ainsi (et jusqu'au final) le duo Theresa et Irene dans La Residencia de Narciso Ibanez Serrador.

Niveau réalisation, Jesus fait dans le rudimentaire - le B.A.-Ba de la méthode Dietrich. Les explosions de couleurs et les festivals de zooms qui l'avaient jusqu'ici accompagnés sont desormais en berne. La mise en scène est âpre, parfois un peu emprunté, mais de ces défauts apparents, la bobine ressort définitivement gonflée.
Avec son scénario fantaisiste et son implacable enchainement de tortures sexuelles, Greta incarne à la perfection les fascicules Elvifrance sur celluloïd. On y retrouve ce même art sommaire et fondamental de la case fumetti, le même sadisme torve et ambigu, l'absence salutaire de profondeur narrative et le rythme nerveux propice à l'abattage minuté du spectacle populaire quantitatif. Impression renforcée par un incroyable doublage français, les tirades de la belle Lina Romay sous la douche ("Vas-y, fourre moi ton doigt dans le trou") succédant aux répliques de grosses gardiennes un peu joueuses ("tu te baladera cul nul, on veut voir tes jolies fesses !").
Mais surtout, Greta La Tortionnaire est doté d'un sous-texte politique au premier abord plutôt niais mais en verité totalement fascinant et extrêmement pessimiste dans son rapport à l'image et au pouvoir.
Pour preuve cette scène finale où Greta redevient Ilsa face à sa réflexion dans un miroir, déclamant l'habituel extrait de La Divine Comédie avant d'être littéralement déchiquetée par ses ouailles. L'image est glaçante, le résultat saisissant. 5 minutes de Franco au sommet de son art dans une étourdissante orgie sanglante au pessimisme savoureusement ambivalent. Car si les figures du pouvoir sont parfois défaites par le peuple, le spectacle industrialisé l'emporte toujours, et sans que personne ne le sache.

Bref, sans atteindre l'improbable folie d'un Bruno Mattei sur son Perversions Du III Reich (ou SS Girls), Greta La Tortionnaire n'a rien à envier aux deux classiques Cormanien de Jack Hill et tout à apprendre aux tristes fanfaronnades de Sergio Garrone. Et si il ne s'agit pas d'un Franco essentiel, il n'en demeure pas moins l'un des meilleurs WIP qu'il m'est été donné de voir.



NEU ! NEW ! NOUVEAU ! Avec ce post, je tente quelque chose de nouveau sur le pulpbot : la video Youtube (et le compte qui va avec : http://www.youtube.com/user/mullerfokker)
Au programme, au moins une vidéo par mois (je pense), avec des extraits en provenance de ma collection de VHS et de DVD, selon l'humeur. Je ne sais pas si cela vous intéresse et, surtout, connaissant la politique sur les contenus offensants de google, je ne sais pas combien de temps ces vidéos dureront en ligne... Mais on verra bien ! Il y a toujours d'autres solutions.

Donc, ce mois-ci, Dyanne Thorne et Lina Romay partageant un moment romantique et piquant.

PARTIAL ENGLISH TRANSLATION ! With this post, I try something new into the pulpbot blog. A Youtube video, and a Youtube Account. So, it will be at least one up-date per month (I hope), with extracts of movies from my own DVD & VHS collection. [...]
This month : Dyanne Thorne and Lina Romay, sharing a romantic moment in Ilsa The Wicked Warden. Warning : this is absolutly not safe for work :)

5 commentaires:

Blog Of Terror a dit…

un gros OUI!!! et pour finir de réhabiliter la période Dietrich de Franco, je te conseille "Rolls Royce Baby", porno sucré-salé avec la Romay filmée sous toutes les coutures (sic!) et un Franco que l'on sent méga-concerné derrière son combo. hi, hi, hi...

ROBO32.EXE a dit…

Mais c'est pas Dietrich qui l'a réalisé, celui-là ? En tout cas, ça fait envie :)

Blog Of Terror a dit…

bin disons que ça pue grave le cadre à la Franco, avec jeux de miroir, zooms-zooms et tout et tout:) va savoir donc... un jour, on apprendra que c'est l'ami Jess qui a mis en scène Aliens, Seven, Nostalgia et la Folle Histoire de L'Espace.... ouarf:)!!!

Blog Of Terror a dit…

sinon, ça y est, je suis devenu un abonné fidèle. ça fait tout drôle... qu'est-ce que j'ai gagné, un weekend avec Dyanne Thorne?

ROBO32.EXE a dit…

malheureusement, cher GOT!, il n'y a pas de cadeaux pour l'inscription... et Dyanne se fait bien trop vieille pour les week-end récréatifs. Mais l'idée n'est pas mauvaise. Faudrait que je réfléchisse à un jeu concours avec des bouquins (certifiés Pulpbot, bien entendu) à gagner...