A COUP DE H., ROBERT HAWKES
NARC # 1 / PRESSES DE LA CITE, 1975
Je vais pas te conter fleurette, fifille. Si t'as déjà lu des bouquins d'hommes, tu connais le topo. On est des frustres, des violents, des foncièrement brutaux.
On est ce qu'on bouffe.
Et ce qu'on bouffe n'est pas vraiment digeste. Ni distingué.
La psychologie, la profondeur des caractères, l'émotion, je vais te le dire, bébé : on s'en tartine. Notre truc, c'est pas la romance pour gamine, c'est le concentré de virilité. Et ce truc là ne connait qu'une seule règle. C'est celle que Mickey Spillane édicta.
Tu chopes le consommateur par les tripes et tu lui tords les grelots avec le genoux. Droit, gauche, c'est ton choix. Tu balance un dernier coup sur la tronche et l'affaire est lancée à plein tonneau, comme sur des roulettes atomiques.
Le reste, vraiment, c'est pour les foireux.
Ce qui compte, c'est d'accrocher le client.
Un peu comme si tu refourguais de la chnouf : Parles pas des à cotés, focalise toi sur la monté initiale.
A ce petit jeu, Robert Hawkes, l'auteur de la série Narc, est plutôt fortiche. Le lecteur, il se le met dans la glaude en une page montre en main. Et c'est encore plus vrai avec ce premier volume. A Coup De H. Un titre qui résume bien le style.
Haché menu et héroïque.
Hyperbolique, hénaurme et haletant.
Dans cet épisode, John Bolt, notre héros du bureau des narcotiques, super-flic ultra-violent supra-efficace, sorte de David Warbeck paumé dans une prod Umberto Lenzienne singeant Dirty Harry, John Bolt donc, affronte Antoine-Georges Peray, trafiquant français responsable de la mort de 3 agents du D-3.
"Tuer des narcs, dans le milieu des trafiquants, correspond à une pratique commerciale courante."
Mais Bolt, ce genre de pratique, ça le fout en rogne. Sévèrement.
Armé de son habituel colt .45 commander et d'un fusil spécial à canon scié faisant "des trous par lesquels un éléphant aurait pu passer," il décide donc de nettoyer la ville des enflures qu'elle héberge, des enflures qui transforment les états unis en "une nation jeune prématurément vieillie par la violence et la peur, une nation de victimes en puissance de la poudre blanche."
C'est classique et ça ne rigole pas. Ça flingue sec. New York a peur. Ses habitants n'osent plus sortir la nuit.
"Ils savaient qu'un drogué pouvait les attendre derrière une porte ou au coin d'une rue, prêt à leur briser le crane d'un coup de barre de fer, histoire de les délester des quelques dollars qui lui permettrait de se payer sa quantité habituelle de bags. Qui se serait aventuré à sortir après la tombé du jour en se sachant à la merci de près de 600 000 assassins en puissance, obnubilés par le rêve d'une aiguille bienfaitrice pénétrant dans leurs veines ?"
Heureusement, John Bolt n'est pas une tante. En 2 chapitres et quelques coups de carabines, il butte une dizaine de gonzes et envoie Antoine-Georges Peray à l'hôpital. Le truand marseillais momentanément hors service, Bolt s'attaque alors au reste de l'organisation : un flic véreux et un dealer noir de Harlem.
L'affaire devient sérieuse. Comparé au John Bolt d'A Coup De H, l'Executeur de Don Pendleton semble bien falot. Quasiment relégué au rang de héros ès littérature pour morue pas fraiche.
"Traite-moi encore une fois de connard, espèce de petit merdeux, et je te transforme la tête en passoire," explique notre agent du Narc à un jeune membre du gang black de Harlem avant de le torturer via de grandes rasades d'eau bouillante sur la tronche.
Les ligues de vertus et les associations de droits civiques n'approuveront pas. Le lecteur friand de ce genre de douceurs, par contre, applaudira à pleine paluches. Narc est brutal, possiblement démago, très certainement de mauvais goût - combinaison nécessaire à la parfaite exécution d'un divertissement violemment revanchard de type auto-justice et vigilantisme urbain.
Alors ne grincez pas des dents. Relaxez vous. Chargez le .45. Préparez la bibine. Faites valser le rocking chair. Et ne me bonnissez surtout pas que vous avez mieux à lire.
Car, pour paraphraser Raymond Chandler : qu'on me montre quelqu'un qui ne peut pas souffrir la littérature virile de bas étage : ce sera un pauvre type, un pauvre type intelligent - peut être - mais un pauvre type tout de même.
Avis aux intéressés.
NARC # 1 / PRESSES DE LA CITE, 1975
Je vais pas te conter fleurette, fifille. Si t'as déjà lu des bouquins d'hommes, tu connais le topo. On est des frustres, des violents, des foncièrement brutaux.
On est ce qu'on bouffe.
Et ce qu'on bouffe n'est pas vraiment digeste. Ni distingué.
La psychologie, la profondeur des caractères, l'émotion, je vais te le dire, bébé : on s'en tartine. Notre truc, c'est pas la romance pour gamine, c'est le concentré de virilité. Et ce truc là ne connait qu'une seule règle. C'est celle que Mickey Spillane édicta.
Tu chopes le consommateur par les tripes et tu lui tords les grelots avec le genoux. Droit, gauche, c'est ton choix. Tu balance un dernier coup sur la tronche et l'affaire est lancée à plein tonneau, comme sur des roulettes atomiques.
Le reste, vraiment, c'est pour les foireux.
Ce qui compte, c'est d'accrocher le client.
Un peu comme si tu refourguais de la chnouf : Parles pas des à cotés, focalise toi sur la monté initiale.
A ce petit jeu, Robert Hawkes, l'auteur de la série Narc, est plutôt fortiche. Le lecteur, il se le met dans la glaude en une page montre en main. Et c'est encore plus vrai avec ce premier volume. A Coup De H. Un titre qui résume bien le style.
Haché menu et héroïque.
Hyperbolique, hénaurme et haletant.
Dans cet épisode, John Bolt, notre héros du bureau des narcotiques, super-flic ultra-violent supra-efficace, sorte de David Warbeck paumé dans une prod Umberto Lenzienne singeant Dirty Harry, John Bolt donc, affronte Antoine-Georges Peray, trafiquant français responsable de la mort de 3 agents du D-3.
"Tuer des narcs, dans le milieu des trafiquants, correspond à une pratique commerciale courante."
Mais Bolt, ce genre de pratique, ça le fout en rogne. Sévèrement.
Armé de son habituel colt .45 commander et d'un fusil spécial à canon scié faisant "des trous par lesquels un éléphant aurait pu passer," il décide donc de nettoyer la ville des enflures qu'elle héberge, des enflures qui transforment les états unis en "une nation jeune prématurément vieillie par la violence et la peur, une nation de victimes en puissance de la poudre blanche."
C'est classique et ça ne rigole pas. Ça flingue sec. New York a peur. Ses habitants n'osent plus sortir la nuit.
"Ils savaient qu'un drogué pouvait les attendre derrière une porte ou au coin d'une rue, prêt à leur briser le crane d'un coup de barre de fer, histoire de les délester des quelques dollars qui lui permettrait de se payer sa quantité habituelle de bags. Qui se serait aventuré à sortir après la tombé du jour en se sachant à la merci de près de 600 000 assassins en puissance, obnubilés par le rêve d'une aiguille bienfaitrice pénétrant dans leurs veines ?"
Heureusement, John Bolt n'est pas une tante. En 2 chapitres et quelques coups de carabines, il butte une dizaine de gonzes et envoie Antoine-Georges Peray à l'hôpital. Le truand marseillais momentanément hors service, Bolt s'attaque alors au reste de l'organisation : un flic véreux et un dealer noir de Harlem.
L'affaire devient sérieuse. Comparé au John Bolt d'A Coup De H, l'Executeur de Don Pendleton semble bien falot. Quasiment relégué au rang de héros ès littérature pour morue pas fraiche.
"Traite-moi encore une fois de connard, espèce de petit merdeux, et je te transforme la tête en passoire," explique notre agent du Narc à un jeune membre du gang black de Harlem avant de le torturer via de grandes rasades d'eau bouillante sur la tronche.
Les ligues de vertus et les associations de droits civiques n'approuveront pas. Le lecteur friand de ce genre de douceurs, par contre, applaudira à pleine paluches. Narc est brutal, possiblement démago, très certainement de mauvais goût - combinaison nécessaire à la parfaite exécution d'un divertissement violemment revanchard de type auto-justice et vigilantisme urbain.
Alors ne grincez pas des dents. Relaxez vous. Chargez le .45. Préparez la bibine. Faites valser le rocking chair. Et ne me bonnissez surtout pas que vous avez mieux à lire.
Car, pour paraphraser Raymond Chandler : qu'on me montre quelqu'un qui ne peut pas souffrir la littérature virile de bas étage : ce sera un pauvre type, un pauvre type intelligent - peut être - mais un pauvre type tout de même.
Avis aux intéressés.
3 commentaires:
tout ça me rappelle que ça manque de couilles, la rentrée littéraire 2010.
la rentrée littéraire manque toujours de couilles.
faut qu'on lance notre propre prix, pour contrer les flore et les femina.
le prix masculino.
ou alors le prix du bistrot des sports.
un truc d'homme, quoi.
"prix cojones" ?
Oui, je sors…
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