JEAN ROLLIN ET LA LITT' POP'

Jean Rollin n'est plus. Coïncidence étrange (?), hier au soir, le Blog of Terror lui consacrait un très bel article. "Jean Rollin voit un monde triste qu'il tente de réenchanter, de rendre à nouveau désirable."
Aujourd'hui, les hommages pleuvent. L'exercice est bien souvent creux. Pour citer monsieur Medusa, "c'est comme ça ici bas, on se rend compte de la valeur des gens une fois qu'ils sont partis !"
Je préfèrerai ne donc pas m'attarder sur le territoire des afflictions patrimoniales. Malheureusement, il existe une facette de Jean Rollin que l'on évoque très rarement alors qu'elle constitue une composante essentielle de son œuvre. C'est celle du Jean Rollin amateur de littérature populaire, toqué de Fantômas, fondu de romans à quat'sous.
Je ne parle pas du Jean Rollin écrivain (une poignée de romans au Fleuve Noir et chez Florent-Massot) mais bien du Jean Rollin lecteur, éponge à mots et à images, formé à la "marginalité anarchisante " par les publications dénigrées du roman de gare.
Exploitation sur papier. Explosion imprimée de fantasmes, de poésie, de folie.
"C'est vrai que cette littérature bon marché à influencé les adolescents que nous étions."
On le savait amoureux des sulfureuses héroïnes de George Maxwell, du style désespéré de Claude Ferny, du Salauds ! de Anta Grey.
De cette éducation en dehors des sentiers battus, Jean Rollin tirera une très belle postface. Elle accompagne la réédition des Anges De La Mort d'André Helena (Fanval Noir, 1988) et si l'écrivain narbonnais occupe dans cette évocation une place centrale, Rollin aborde tout de même une très large portion de sa fascination pour les feuillets poussiéreux des mauvais genres.

"Il ne nous serait jamais venu à l'idée d'acheter un livre neuf."
En quelques phrases, en quelques pages, il donne littéralement corps à cette passion bizarre que la bibliophilie normale récuse, à cette errance/recherche de trésors oubliés, à cette obsession étrange pour des textes qui, aux yeux de tous, ne suggèrent "rien qui vaille."









Et si Jean Rollin n'est plus, rien ne m'empêche cependant d'imaginer que, dans une dimension parallèle à la notre, il réalisa pour le grand écran une adaptation cinématographique des aventures de la Môme Double-Shot avec Brigitte Lahaie dans le rôle-titre.
Chacun son truc, non ?...

5 commentaires:

losfeld a dit…

très bel hommage! j'étais passé à côté de ce superbe texte de Rollin. Il nous manquera le bougre.

ROBO32.EXE a dit…

c'était la moindre des choses.
et puis son texte sur Héléna, je le trouve tout bonnement poignant. ce périple dans paris, c'est comme faire l'école buissonnière à coups de romans populaires...

Clifford Brown a dit…

Merci Robo, je ne connaissais pas non plus cette préface.

Blog Of Terror a dit…

Danke pour le linkage, Robo32.exe:) et pour aussi tout simplement cette postface délicieuse dégotté par tes soins. perso, certains films de Jean Rollin sont pour moi de véritables compagnons. des compagnons d'insomnie, de mélancolie, d'enchantement. et on ne se privera jamais de le dire, en son honneur et parce que la critique "officielle" ne l'aura jamais lâché.


Jean, tu fais partie de la famille, tout simplement.

artemus dada a dit…

Merci pour cette postface, amigo.