J.G. BALLARD : POURQUOI JE VEUX PINER RONALD REAGAN

La nouvelle Why I Want To Fuck Ronald Reagan, probablement l'un de mes textes favoris de J.G. Ballard, période expérimentale, connut sa toute première traduction en Français dans la revue CONTRORDRE. Une parution confidentielle, j'imagine. Le numéro, un spécial "fiction spéculative britannique," date du printemps 1972 et précède ainsi de 4 années la publication de La Foire Aux Atrocités par Champ Libre.
( INTERLUDE INFORMATIF : pour lire cette nouvelle, sans loupe ni lunettes, il suffit de cliquer sur les jpeg en haut de ce billet - ça s'affichera en grande taille. COMPRIS ? )
Bien entendu, la traduction n'est pas signé de ce grand spécialiste de Raymond Roussel et du Nouveau Roman (entre autres choses) qu'est François Rivière mais d'un certain Robert Pépin, abonné anonyme à mon service de recherche.
Et c'est justement là (en dehors des gros effets typographiques) que réside l'intérêt de cette petite curiosité. Car une traduction alternative d'un texte de Ballard, c'est toujours fascinant. Le diable est dans les détails. Sortez donc votre exemplaire Chute Libre, ou votre Lattes, ou votre Tristam. Il ne s'agit pas de Pourquoi Je Veux Baiser Ronald Reagan, ni de Pourquoi Je Veux Enculer Ronald Reagan mais bien de Pourquoi Je Veux Piner Ronald Reagan !
La différence est de taille et le terme choisi, piner, je le trouve très seyant. D'ailleurs, ça ne se dit plus trop, piner, et c'est con. À mon avis, son usage, tant argotique que distingué, est à ressaisir de toute urgence.
Quant au texte "fil rouge" de cette nouvelle, voici la traduction qu'en donne François Rivière, à mon sens plus frappante :
Au fil de ces fantasme de meurtre
Tallis fut pris par une obsession croissante
des génitoires du candidat d'opposition
qui lui étaient renvoyées par un millier d'écrans de télévision.
Les études filmées de Ronald Reagan
ont créé le scénario d'un orgasme conceptuel,
une ontologie unique de la violence et du chaos.
Questionné 5 années plus tard par Stan Barret dans les pages de la revue Univers (le # 08 de mars '77) et à propos de la présence 'apolitique' de figures politiques dans certains de ses textes, Ballard répondait :

"Il n'y a pas d'opinions politiques explicites. Ce qui m'intéresse dans les personnages comme Reagan, Kennedy, etc., c'est le fait qu'ils sont, avant tout, l'expression de nos propres fantasmes, la concrétisation mythique de nos vies.
Ce n'est pas leur personnalité qui les fait s'imposer à nous, c'est nous qui les créons. C'est nous qui écrivons leurs rôles."

1 commentaire:

Zaïtchick a dit…

Oh, Piner-zeu ! ^^