ESPIONNAGE ET POUPÉES GOURDON

Face it, tiger. Tu ne peux pas t'extasier sur des exploits d'agents secrets un mois entier sans évoquer, à un moment ou à un autre, la mythique collection Espionnage du Fleuve Noir.
1903 volumes en 37 années d'existence. Dans le genre, le record reste à battre. On pourra attendre longtemps, ce n'est pas près d'arriver.

Les trois volumes du jour sont liés par leur couverture, le regretté Michel Gourdon y employant l'un de ses schéma d'illustration favori : un femme au premier plan et un visage d'homme au second.
Simple et efficace.
Quant aux bouquins, une fois ouverts, rien de bien essentiel à y signaler.


Dans Adieu Suzuki (Jean-Pierre Conty, Fleuve Noir Espionnage # 977, 1972), M. Suzuki enquête en Arabie Saoudite. Il y assiste à une grande fiesta avec danse du ventre et go-go-girls à la sauce Bédouine puis démantèle de ses mains nues les circuits imprimés de chars d'assauts robotisés - tu remarquera que cette dernière phrase contient tous les éléments aptes à déclencher l'érection de certains de mes composants et pourtant... non.
Adieu Suzuki ne provoque rien de bien particulier. Ni excitation ni ennui. Ou alors, peut être, un tout petit peu d'ennui...

...mais juste un peu.

Pour Soldes De Tout... Lecomte (F.-H. Ribes, Fleuve Noir Espionnage # 1152, 1974) s'en sort mieux - "nous sommes en pleine science-fiction" déclare un gustave en page 29. "Un sujet qui plairait certainement à Richard Bessière [...]" et ça tombe bien, because l'auteur, F-H Ribes, n'est autre que Bessière himself.
C'est donc écrit avec l'accent de Béziers et le style du même patelin. Pars-y donc en vadrouille un de ces jours, de préférence le 15 août, et sur les Allées Paul Ricard (pardon, Paul-Riquet), tu comprendra pourquoi on appelle ça le Tchernobyl Français.

Mais revenons-en au bouquin. Je n'ai rien à écrire, Richard s'en charge :
"Avec l'entrée en scène de notre KB-09 (fais pas ton surpris, c'est le surblaze de l'espion), nous voila en direct du Caire, en technicolor et grand écran.
Tout démarre sur les chapeaux de roues. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Le métier d'agent secret est un métier plein d'imprévus, où le destin, à chaque coup, vous saute sur le poil, comme la peste au moment où vous vous y attendez le moins."
Le métier d'écrivain populaire, par contre, ce n'est pas vraiment plein d'imprévus. Ce serait même le contraire. Prévisible 24 sur 7. Flots d'anisette en plein cagnard (de préférence au PMU des PTT) puis retour à la casa pour y torcher une bonne centaine de feuillets non-stop. La matière grise bien imbibé, c'est l'inspiration qui tache. Et Ribes, pour son roman, il s'en est foutu plein le gosier. Ça tangue et ça zigue-zague. On se marre mais ça reste mauvais.
Mais on se marre.

Terminons avec Le Général Et Le Roi Midas (Pierre Nemours, Fleuve Noir Espionnage # 1231, 1976).
Pour le coup, on rigole moins. C'est du sérieux, du certifié sans alcool. Frederic Lemoine - dit le Général - et ses assistants, Jacques Rivière et Mireille Wolf, espionnent une secte de hippies hollandais sous-marinée par la CIA et noyautée par le KGB. C'est écrit avec application mais ça traîne, ça traîne, ça traîne énormément puis ça se termine en une fusillade (passive pour nos héros) sur une péniche. Rideaux.
Il ne s'est rien passé.
En dehors du temps.
2 heures et demi d'une lecture un peu laborieuse.

C'est la vie.

2 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Au moins, ces romans nous font découvrir de bons illustrateurs.

Bessière, il n'était pas deux ?

ROBO32.EXE a dit…

Richard-Bessière était bien deux. Mais il est assez courant de considérer que Bessière écrivait la majeure partie des bouquins pendant que Richard, filou notoire et directeur du Fleuve Noir, se contentait d'apposer sa signature sur les contrats.

http://richard-bessiere.blogspot.com/2007/03/richard-bessiere-in-veritas.html
... pour quelques éclaircissements... (mais bon, Bessière, lui aussi, c'était un filou... paraitrait d'ailleurs que certains de ses F-H Ribes furent écrits par les deux Roger : Vlatimo et Maury...)