DIAMANTS POUR SOLITAIRE

Commençons par la couverture : je ne suis pas un fana de tatouages mais un bon vieux bouzillage à l'ancienne, sur une illustration comme celle là, y'a pas à renauder, ça fait franchement bicher.
Composition sublime aussi. Benvenuti était un as.
Fond rouge typique de la branche "Action" en collection La Chouette / Frederic Ditis, diamants épars sur le sol et des arsouilles énervées en noir et blanc qui s'agitent dans l'absence de décor.

Et le bras du héros, avec sa sirène de marin toulonais sentimental, qui se tend vers le brelica, prêt à riposter.
Maintenant, le roman.
Il est écrit par un futur illustrateur pour la jeunesse, Alain Grée. 22 ans à l'époque et plein d'énergie. Diamants Pour Solitaire est son tout premier bouquin mais cela ne se sent pas du tout. On a plutôt l'impression d'avoir affaire à un habitué du genre, sûr de son art et de ses effets.
Le héros se nomme Sylvain Carigor, un aventurier pas si solitaire que ce que le titre voudrait nous faire croire puisque notre homme est bien souvent accompagné par Jo Pauleon, sympathique gorille aussi baraqué que peu futé.
La combinaison est classique : le héros souple et malin comme un félin et son pote le gros bras, façon armoire à glace, en moins frêle.
Quant à l'intrigue, elle est taillée dans le même bois. Deux bandes rivales se disputent une pochette de diams. Débarque Sylvain Carigor, l'homme qui vole les voleur. Il fout ses pieds dans le plat, combine quelques magouilles puis se met l'intégralité du magot dans la fouille.
Parcours sans surprise, ultra-balisé et vaguement plombé par une résolution finale assez grossière.
Heureusement, le style est enjoué, façon Peter Cheney, mais en bien plus cool, et les formulations, extrêmement imagées, font mouche à tous les coups.
Par exemple, dans Diamants Pour Solitaires, des truands "se marrent comme des crocodiles un jour de naufrage."
Rajoutes à ça quelques charmantes ingénues que notre héros emballe en deux temps trois mouvements et le tour est joué.
Ce Diamants Pour Solitaire, c'est ni plus ni moins que le bondissant Valentin Roussel de Noël Vexin / André Helena carambolant les règlements de comptes virils au père Randa.

Ceux qui visualisent ce dont je cause comprendront que la came, sans être exceptionnelle, n'est pas à négliger pendant les week-end ensoleillés.
D'ailleurs, je vous laisse, il est temps pour moi d'aller bouquiner dans un parc.

( Et les références ? Frederic Ditis, collection La Chouette, millésime 1958.
C'est bon, j'peux sortir ventiler mon odeur de renfermé ? merci. )

2 commentaires:

Zaïtchick a dit…

C'est... brillant, chef.

Kerys a dit…

Il est amusant de voir comme ce style de romans d'aventures sont redevenus d'actualité. Certes avec de zorribles Islamistes basanés à la place des zaffreux rouges, et des professeurs résolvant en deux secondes trois dixième des énigmes immémoriales (normal, c'est des américains, les autres des métèques), mais mutans mutandis, c'est intéressant. Surtour maintenant que l'espionnage a muté pour s'adapter à aujourd'hui (CF les romans de Catherine Fradier chez l'Atalante)