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Maléfices Pornos est l'histoire d'un rêve et du lien plus ou moins ténu qu'il entretient avec la réalité. Ça s'ouvre dans la banalité la plus confondante qui soit, ça se termine dans la noirceur extreme du fait divers.
Un homme (excellent Gilbert Servien) et une femme, dans un appartement minable. Lui ne peut pas bander. On l'a bien vu s'y essayer, quelques minutes plus tôt - partie fine entre amis dans le salon, mise en bouche ordinaire pour film X fauché - mais peine perdue. Sa tuyauterie ne répond qu'en courant aléatoire.
" Tu sais bien qu'tu peux pas " dit sa femme, hors champ, tandis que la camera se focalise sur un zizi rabougri que son propriétaire tente vainement de ragaillardir.
Le morne quotidien de l'impuissant.
Alors, le soir venu, privé de sa petite partie de jambes en l'air, il se plonge dans un roman de gare - Meurtres Vaudous de l'Anglais Roger Hutchings, publié dans une des multiples collections André Martel animées par ce fichu (faux) barbichu de Martin Meroy - avant de sombrer dans un songe caverneux.
Étant donné la suite du métrage, je l'aurait plutôt imaginé, notre homme, lisant Max Le Roi du Monde d'Hubert Burger. Car le rêve qui articule Maléfices Pornos est une implacable descente aux enfers et, si l'on n'y atteint pas le centre de la terre, l'Agarttha sacré et ses contrées secrètes, on se rapproche dangereusement du cœur d'une démence aussi saugrenue que sanglante.
Tombé dans les bras de Morphée, voila notre homme torturant des jeunes filles dans une grotte obscure. Remaquillé pour l'occasion, fardé de blanc, visage exsangue, il évoque un monsieur Loyal vulgaire et grotesque tandis que sa femme, transmutée en tigresse cruelle, assène en cadence d'énergiques coups de fouets.
Elle est vampire souterraine, wobina en cape et cuissardes noires, une complice de choix : rabatteuse de gisquettes, pourvoyeuse en chair fraiche, Zara de retour d'une virée à Pigalle.
"C'est du nanan," affirme-t-elle au sujet de la première cuvée du métrage, pas encore consommée. Le nanan, deux greluches geignardes, est enchainé à un rocher, flagellé, marqué au fer, violé, massacré.
Dans un fantasme évoquant ces photographies du théâtre du Grand-Guignol - par exemple, Denise Dax souffrant en noir et blanc, la pointe des seins coupés aux ciseaux - l'homme érecte enfin.
Film performance, en quelque sorte. Comme si une bande de spéléologues partouzards avaient pliés en quatre leurs facéties les plus délirantes pour mieux s'intégrer à la trame en deux cases par page de ces photo-romans sado-masochistes qu'André Guerber éditait à la fin des années 70.
Impression d'assister alors à la version cinéma d'un Satanika, Cinelove, Cinerotika ou autre Malissia - mais en plus furibard, en plus frénétique - en témoigne le clou du spectacle : Manu Pluton, hercule d'ébène, bavant et éructant, engloutissant une pâtisserie crémeuse avant de subir les outrages habituels puis de se rebeller.
Maléfices Pornos plonge alors dans la dinguerie la plus totale, pantalonnade morbide se concluant par un saccage de bagouse, retournement aussi brutal que burlesque avant un brusque retour à la réalité, point final logique et cafardeux, caustique comme les remugles de cet humour noir dont les ricanements semblent rebondir en échos infinis tout au long de cette fascinante bizarrerie filmique.
Le dvd de Maléfices Pornos fut offert aux 300 (et des poussières) souscripteurs du Dictionnaire des Films Français Pornographiques et Érotiques en 16 et 35 mm.
Outre une bande annonce fabriquée pour l'occasion, on y trouve une longue et savoureuse présentation du film par un Christophe Bier pince-sans-rire et farceur. Ensemble parfait que j'applaudis de tous mes membres (clavier inclu), tout en rêvassant moitement à d'autres sucreries de ce genre.
Oui, à quand un dvd du Draguse de Patrice Rhomm, de Spermula, de La Goulve, de la Main Noire, de Massacre Pour Une Orgie ou encore (entre autres choses) de Entrez Vite... Vite, Je Mouille ?
Messieurs les éditeurs sérieux, nous comptons sur vous !
7 commentaires:
Va falloir que je trouve un moment pour regarder ce DVD qui m'a l'air bien déjanté. Et il faudrait effectivement que des éditeurs courageux se décident à exhumer les pépites mystérieuses du X même si la mésaventure arrivée aux éditions Wild Side et à leur collection sur les classiques américains risque d'en échauder plus d'un...
NB "Entrez vite, vite, je mouille" est un film très drôle, qui mérite le détour...
C'est intéressant de voir comment le genre fantastique, boudé par le cinéma institutionnel, a été réinvestit par les productions X.
Berci Robo.
Doc' Orlof : j'espère bien découvrir un jour ce Entrez Vite Vite Je Mouille qui m'a l'air bien gloupinesque.
Quant à un éditeur exhumant des films pornos ou érotiques français, j'imagine que cela ne pourra se concrétiser que via le DVD à la demande ou le micro-tirage, façon Onar Films et ses 500 copies par sorties... Bref, quelque chose de bien plus confidentiel que la collec' Wildside.
Et puis, il faudra espérer que l'éditeur se lançant dans cette aventure se montre moins foireux que Blue One, le grand spécialiste de l'amputation de bandes X (par exemple, Les Hotesses du Sexe charcuté de presque 20 minutes... c'est du propre !)
Zaït' : le mélange sexe et fantastique est, à mon sens, très typique des années 60 / 70 - et aussi d'un certain surréalisme digéré - les romans édités par Eric Losfeld, les œuvres de Mario Mercier, les films de Jean Rollin - ça, c'est la partie connue de l'iceberg... - et dans l'ensemble, je trouve à tout cela un charme très envoutant... disons même que j'y suis accro !
Entrez vite.... vite, je mouille ! est trouvable ici : http://vintage-erotica.net/70-s/297-entrez-vite-vite-je-mouille-1979.html
T. B. C.
Ici pardon : http://vintage-erotica-forum.com/showthread.php?t=126617
merci pour le lien !
Good reading this ppost
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