KINOCRADO # 1 : BLOODY PIT OF HORROR (1965)


IL BOIA SCARLATTO, BLOODY PIT OF HORROR, VIERGES POUR LE BOURREAU et une demi-dizaine d'autres titres aussi inventifs. Le pinacle du kitsch italien horrifique, quelque part entre pop-art et fumetti, tourné en moins d'une semaine avec une équipe aux noms américanisés pour l'occasion, un bras cassé à la réalisation et des pelletées d'illogisme scénaristique en prime. Le tout avec des sous-entendus homo-érotiques. Un peu comme un épisode de scoubidoo, mais en bien plus loufoque : à la place des jeunes hippies et du chien qui parle, on a droit à une bande de cover-girls délurées débarquant dans le chateau maudit d'un musclor égocentrique avec l'espoir de prendre quelques clichés pour des couvertures de pulps.
Pourquoi ne font-elles pas ça en studio ? probablement l'amour du risque, histoire de bien se faire trucider par la réincarnation d'un bourreau de l'inquisition en costume version remix rouge du fantôme du bengale et interprète par la méga-star du film, Mickey Hargitay, acteur, bodybuilder, mister universe 1955, second mari de Jayne Mansfield et role-model absolu d'Arnold Schwarzenegger.



Hargitay joue donc Travis Andersen, un ex-acteur hollywoodien rendu fou par la gloire, réfugié dans son manoir gothique avec pour seule compagnie ses deux gardes du corps en tricot moulant Jean-Paul Gaultier et une multitude d'instruments de tortures certifiées 17e siècle. Du genre : Vierge de Nuremberg, toile d'araignée géante accompagnée de son petit automate insectoïde, tourniquet qui déchire les sous-vêtements des filles avec des poignards, plaque de cuisson géante en forme de taureau, etc.
Bref, lorsque la bande de pin-up débarque dans son parc d'attraction sado-maso, le voila qui crame son dernier boulon, se déguise en super-heros de péplum et, entre deux crises de son rire de maniaque sanguinaire en carton-pâte, extermine tout ce beau monde sous fond d'easy listening soporifique. Le tout filmé en psychovision. Je n'invente rien : psychovision. C'est fièrement affiché en lettres acid lors du générique d'introduction.
Mais surtout, Hargitay joue Hargitay, halluciné en guignol morbide, sautillant maladroitement dans son repère secret, riant à la face à ses victimes apeurées, saisissant dans son role d'ancienne gloire du cinéma possédé par l'esprit démoniaque d'un inquisiteur.
Le temps d'un changement de costume avant le grand final qui l'oppose au héros de circonstance (l'inexistant Walter Brandi),
le culturiste star des années 50 fait face à son reflet mis en abîme par deux miroirs opposés, puis s'huile longuement le torse tout en évoquant son corps parfait, le masque noir enfilé de travers lui donnant l'air d'un parfait benêt.
La scène la plus mémorable de ce petit bijou rital.

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