SCI-FI ((( Z ))) POP # 3 : UNE GROSSE INDIGESTION D'ANTICIPATION


LES FOUDROYANTS, MAURICE LIMAT

FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 164, 1960

Je ne m'expliquerai jamais pourquoi j'aime bien Maurice Limat, avec son écriture lourdingue et ses sujets invariablement traités sur le même mode. Des drames fantastico-absurde, de la SF Harlequin, des histoires d'amour naïves saupoudrées d'explications scientifiques échevelées - ce qui a tout de même le mérite de les rendre assez amusantes. Le tout trop et trop mal écrit, avec passion mais sans retenue, maladroitement.
Bref, c'est constamment médiocre, quand ça n'est tout simplement pas complètement mauvais. Et pourtant, une fois sur deux, c'est franchement distrayant - du genre Fréquence ZZ, évoqué il y a de cela quelques semaines ou Moi Un Robot, mon tout premier Limat - un choc (relatif).

Du coup, c'est le même effet que pour B.R. Bruss. En dépit des mauvais ouvrages, j'y reviens constamment. Il n'y a rien à faire avec la littérature populaire : c'est trois lectures laborieuses pour une découverte enthousiasmante.
Mais je vais pas tourner autours du pot plus longtemps. Les Foudroyants est un très mauvais Limat. Vraiment pénible, très pénible, extrêmement pénible - surtout les 120 dernières pages. Je résume tant que j'en ai encore le courage : C'est Ric, René et Martine qui font du camping sauvage sous la pluie. Ric est désintégré par la foudre et son portrait photographique (???) se fixe sur la poitrine de René. Quant à Martine, fiancée à Ric, elle est sous le choc. Sauf que Ric n'est pas mort : il s'est transformé en énergie électrique. Et il tente de reprendre contact avec ses deux amis, via des manifestations magnétiques, le code morse et la télévision. Mais comme il n'est pas très dégourdi (en fait, c'est un sportif), ça ne fait qu'aggraver les choses. Du coup, Robin Muscat, notre habituel inspecteur de L'Interplan, est dépêché sur place.
Comme le dit en page 28 son patron : "Idiote cette affaire ! (...) avec le boulot que nous avons ! Les pierres radioactives, c'est bien plus important !"
Ça, c'est bien vrai. J'aurai largement préféré lire une histoire avec de la rocaille atomique. Et des brigands de l'espace. Ça aurait été bien plus plaisant.
Reste le passage homo-érotique de la page 101 :
"René, les mains crispés contre son sein, scrutait le lent travail silencieux qui pénétrait sa chair... Ric agissait sur lui mais, cette fois, avec douceur, avec une délicatesse surprenante. Comme s'il eut compris qu'il ne fallait pas faire souffrir René.(...) Hautement intrigué, René demeura un instant immobile. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait."
Bravo Maurice. C'est du propre.


LA BRIGADE DU GRAND SAUVETAGE, PETER RANDA
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 683, 1975

Embrayons avec de la vraie littérature certifiée pour nous les hommes virils amateurs de batailles cosmiques. Pas de la série rose pour mauviettes perverties (CF. ci-dessus) mais du vrai roman burné, avec une conscience politique en prime.
Peter Randa, la droite dure du Fleuve Noir, le Belge militariste, le Robert Henlein du poche jetable. D'ailleurs, cette Brigade du Grand Sauvetage, c'est des bouts de Marionnettes Humaines et un soupçon d'Etoiles Garde-à-Vous régurgité en 220 pages chrono, intrigue linéaire et traitement confus compris. Pas vraiment un classique perdu - bien au contraire.
L'histoire : Lars Eldon, militaire de choc, affronte un organisme végétalo-galactique terroriste reclus sur une planète désertique. Sauf que notre héros se retrouve parasité malgré lui par la sève de la méga-plante communiste. Du coup, il vire mécréant, sabotant à tout-va ses propres installations et zigouillant ses hommes - sauf ceux déjà infestés, qu'il repère télépathiquement et avec qui il monte des petites conspirations foireuses.
"L'horreur est en moi... Une pensée étrangère... Une pensée sans rapport avec la mienne... On dirait que c'est sale, visqueux... Oui... Une sorte de lèpre de la pensée rode en moi..."
Ça, c'est l'habituel symptôme d'une appartenance politique pas très propre. Heureusement, par la force de sa volonté de fer boosté par une reprogrammation patriotique et l'amour d'une jeune infirmière gironde, Lars Eldon réussi à reprendre le contrôle de sa personne puis, à coup de robots bombes atomique, en termine avec la menace végétalo-coco. Du vrai travail de pro.

L'indigestion guettant, je vais pas m'appesantir là-dessus plus longtemps. J'allais poursuivre avec Bulles D'Univers de Paul Bera alias Yves Dermeze - un bon auteur sur un roman assez chiant - mais, n'ayant pas grand chose à en dire, autant terminer en beauté...


TERMINUS 1, STEFAN WUL
FLEUVE NOIR ANTICIPATION # 130, 1959

C'est un superbe Fleuve Noir. Et c'est aussi le plus "mauvais" des Stefan Wul - ici dans sa dernière année au Fleuve, signant son avant-dernier roman pour l'éditeur avant un long hiatus - Terminus 1, donc. Un drôle de paradoxe à la réputation négative pas vraiment mérité.
Car si Terminus 1 est bien moins flamboyant et abouti que, disons, Piege sur Zarkas ou Niourk, il s'affirme néanmoins comme un petit joyaux de littérature populaire, avec une écriture étincelante et un rythme parfait.
Son seul véritable défaut, c'est d'être signé Stefan Wul, l'astre fulgurant de la première décennie du Fleuve.

L'histoire, comme d'habitude chez Wul, est basé sur un caneva archi-usé. Dans Terminus 1, ce sont les aventures d'un jeune télépathe qui, influencé par une vieille connaissance aux accointances pas très nettes, part à la recherche d'un cimetière de fusées spatiales pour y récolter un métal rare et rencontre, en cours de route, l'amour. Bref, c'est du récit classique, sans originalité, quasiment picaresque sous son habillage science-fictif rétro et débridé (le héros possède un transmetteur de matière et se déplace avec un jet pack custom).
Stefan Wul déroule le tout de manière routinière - prologue, préparation de l'expédition, voyage spatial, arrivé sur la planète et, enfin, l'expédition en elle-même. Puis dans les 40 dernières pages, il atteint un long climax stylistique. La découverte de l'océan de verre et du cimetière de métal donne lieu à une série de descriptions hallucinées, baroques et folles. Jusqu'à une fin abrupte, faussement tragique mais très belle, presque légère - comme le reste du roman.

Dans sa structure linéaire au service de visions surréalistes, on peut finalement aborder Terminus 1 comme la feuille de style des oeuvres qui, 20 ans plus tard, feront la réputation de Gilles Thomas puis de Serge Brussolo en Anticipation.
Terminus 1, c'est en quelque sorte le maître-étalon du roman de gare parfait. L'oeuvre la moins représentative de son auteur et la plus emblématique de sa collection. Logique.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour monsieur
tu pourrais mettre les numéros des anticipations vieille daube pourrie.
comment qu'on fait sinon hein ? on les télécharge en e-book hein ?
quel manque de professionnalisme.

ROBO32.EXE a dit…

bonjour gros pédé anonyme
c'est un très chouette pseudo que tu as là. tu es certainement un grand fan de maurice limat
(à moins que tu ne préfère la virilité de peter randa)
bref. pour te faire plaisir, j'ai rajouté les numéros des anticipations chroniqués.
mais bon, avouons que ça sert un peu à rien. c'est pas comme si des gens (je veux dire, pas des détritus comme toi) lisent ce blog puis se disent : "tiens, j'ai bien envie de le lire ce roman de maurice limat. il a l'air super-génial !"
enfin...

Anonyme a dit…

Les "Foudroyants", je l'ai lu çà quinze ans, je te dis pas quand...
Le dessin de Brantonne est superbe, l'idée de Limat excellente, le résultat très faible, comme presque toujours avec Limat. T'écris trop vite, Maurice!