STOP A LA LECTURE !

STOP A L'INVASION, ALLAN BRIGTHMILL
LA FLAMME D'OR / VISIONS FUTURES, 1953

Lecteur potentiel, attention ! Non satisfait par le niveau trop relâché d'idioties contenu dans le post précédent, j'ai décidé de passer à la vitesse supérieure.
L'espionnage pourri, c'est bien, mais la science fiction encore plus pourrie, c'est mieux. C'est comme de l'oxygène pur à forte dose ; ça vous grille le cervelet direct.

Stop A L'Invasion, c'est du lourd, de l'énorme, de l'incommensurablement incompréhensible. Et malgré les souffrances morales endurées à son contact répété (un contact bien plus long que pour n'importe quel autre Flamme D'Or), je suis heureux de l'avoir lu.
Ce fut épuisant et difficile. J'avais l'esprit saturé par les conceptions déroutantes de cette œuvre monstre. J'ai même dû reprendre mon souffle à de très nombreuses reprises en entrecoupant tout ça de quelques comics marvel.

La typographie a beau arborer une taille pour aveugles et mal-voyants, Stop A L'invasion nécessita donc plusieurs jours de lecture. Un véritable chemin de croix littéraire, en constant zig-zag.
Car je ne voyais pas où Allan Brigthmill voulait aller. Et lui-même, sans doute fortement imbibé de pastis, ne devait pas non plus le savoir. Mais c'est ce qui arrive quand on traine un peu trop dans les environs de Leucate.

(Comment ? Il ne s'agit pas d'André Hélena ? Vous avez des preuves ? Non ? A mon avis, tout les Allan/Alain/Al-quelque-chose de la Flamme D'Or, c'était du Hélena les jours de vaches maigres... trois heures au bistrot et hop, un roman à la con !)

Mais venons-en aux faits. Stop à L'Invasion, c'est une histoire de Martiens. C'est un petit bonhomme, en tout point semblable à l'être humain exception faite de quelques différences que l'auteur ne décrira pas, qui débarque sur terre avec son cigare volant de l'espace. Plutôt mal en point pour des raisons inconnues, il décide d'aller consulter le médecin. Et ce con, il choisi le Docteur Gras, situé à Vatel-La-Rivière.
Mais bordel à queues, pourquoi donc notre Martien va-t-il se perdre directement du coté de Vatel-La-Rivière ? Je n'en ai vraiment pas la moindre idée. (Et pour une consultation médicale, qui plus est ???)
Page 39, un autochtone tente tout de même une ébauche d'explication : "C'est joli, Vatel-La-Rivière ! Son site, sa cuisine... Mais en vérité, vous avez raison ; que serait-il venu foutre à Vatel ?"

SE FAIRE SOIGNER !
Quelques jours plus tard, notre extraterrestre se fait kidnapper par Monestier et Lopez Perez l'espagnol, deux truands à la solde du gouvernement. Le docteur Gras, qui hébergeait le Martien (son petit nom, c'est Kac), est plutôt triste.
Mais, pendant ce temps à Paris, d'autres Martiens totalement inconnus des services de renseignements apparaissent (de temps à autres) dans la rue de Naples.
Pourquoi la rue de Naples ?
là encore, aucune idée. Il semblerait qu'ils aiment bien la traverser de nuit. Mais probablement pas pour consulter un médecin.

Bref, face à cette invasion larvée sans queue ni tête, et dans un effort intellectuel et tactique magistral, les autorités ripostent. Ils déguisent un gendarme en martien. Un coup de maitre qui, malheureusement, tourne mal. L'agent camouflé est retrouvé mort, le lendemain, tout nu dans les ordures.

Après, ça part en velouté de roubignolles.

Les Martiens passent à la vitesse supérieure de leur super-plan diabolique. Ils transforment le docteur Gras et Monestier en Nouveau Martiens puis, via téléportation, envoient Lopez Perez et quatre autres pauvres gars sur Mars. Mais pourquoi donc ? Une fois de plus, je n'en sais strictement rien. Peut être est-ce un plan de naturalisation forcée. Ou bien un projet d'exhibition d'humains dans des zoos extraterrestres. Ou encore des expériences mentales façon Le Temps Incertain de Michel Jeury (chapitre XXI). Sur l'ensemble de ces sujets, nos Martiens restent assez cryptiques.

Malheureusement, l'exécution de tout ces efforts supra-scientifiques dont le lecteur se fout éperdument puisqu'il n'y comprend pas grand chose (...) tout ces projets ont épuisés les ressources du cerveau central Martien.
Car les Martiens, comme toute race extraterrestre années 50 qui se respecte, sont gouvernés par un Cyber Politburo Spatial. Un Cyber Politburo Spatial épuisé par tout ces efforts.
Moi aussi je fatigue mais la fin n'étant plus que l'affaire d'un court chapitre, nos martiens décident abandonner leurs plans de conquête terrestre. Merci les mecs.

"Maintenant, il faut que je vous fasse une confidence à vous, Terriens. Nous voulions ramener votre peuple à la raison... Nos moyens était suffisants... Nos réserves de volonté pouvaient, il nous semblait, permettre cette conquête. Nous sommes passés à l'exécution actuellement sur votre globe... La révolution est en marche, mais... La volonté même s'épuise et c'est le cas, nous avons, autrement dit, essuyé un échec... La cote d'alerte est atteinte et nous ne pouvons continuer notre effort sans risquer de supprimer les trois quarts de notre population..."
(Si tout les Visions Futures sont aussi bon que Stop A L'Invasion, et écrit avec autant de style qu'un Flamme D'Or habituel, ça promet des heures de lectures extrêmement éprouvantes.)

Avant de fermer cette nouvelle parenthèse dédié à la littérature inutile des années 50, et pour le simple plaisir des yeux, voici une autre couverture du grand Jef De Wulf période La Flamme D'Or.
Pour les références, il s'agit de Drôle De Salade d'Al Caussin, collection Black Out # 7, 1952. Par contre, je ne vais pas résumer ce truc, c'est de l'espionnage au rabais incompréhensible, confus à l'extrême dans ses enjeux et pas très raccord dans son action. Ce fut probablement écrit au bistrot avec beaucoup trop de pastis dans le sang et c'est à peu près la même chose que Stop à l'Invasion, en bien moins farfelu.
Car remplacer les Martiens par des Communistes équivaut à l'irrémédiable perte de tout attrait littéraire malsain.

1 commentaire:

losfeld a dit…

je suis extrèmement déçu que Vatel-La-Rivière soit un faux nom de ville (pas poussé plus loin que Google) t'aurais pu demander qu'on baptise une rue ou une école ALLAN BRIGTHMILL avec cours de martien le matin et sieste anisée l'après-midi.