LA MALÉDICTION DE NOSTRABLAIRUS

LE SECRET DE NOSTRADAMUS, MAX DAVE
BEL-AIR / LES AVENTURES DE DRACULA # 11, 196(?)

Ah, ces satanées Aventures De Dracula ! Ça faisait un bon bout de temps que je courrais après cette collection sans le moindre succès. J'avais beau enchainer les puces, les vides greniers et les bouquinistes, je n'en trouvais aucun. Nada. Nix.
Puis vint un jour où, alors même que j'avais fait mon deuil et abandonné tout espoir, le Seigneur m'en désigna un, en parfait état, very fine quasiment near-mint, perdu sur une étagère Emmaüs de vieilleries cornées à 33 centimes la pièce. Sa mignonne petite tranche azur m'apparut comme une bénédiction. C'était l'avant-dernier volume, le numéro 11, Le Secret De Nostradamus, et ce fut vachement bien.

Autant prévenir tout de suite : Dracula a beau donner son blaze à cette collection, ce bon vieux comte transilvanien n'apparait nullement dans ce récit. Et je doute fort de sa présence dans les onze autres fascicules constituant nos fameux "Dracula-Pocket".
Elle a bon dos, cette foutue sangsue !
Ensuite, il s'agit de romans italiens. Les Aventures De Dracula, ou I Racconti Di Dracula en VO, est en quelque sorte l'équivalent transalpin de nos Fleuve Noir Angoisse nationaux - des récits d'épouvante rapides et sans fioritures que les amateurs de "Grand Fantastique" qualifient parfois de vulgaires navets horrifiques dénués d'originalité.
Pour le coup, ce n'est pas faux du tout.
Primo, Le Secret De Nostradamus bénéficie d'une calamiteuse traduction courtesy of ces gros filous des éditions Bel-Air. Ainsi, et outre l'usage d'une grammaticalité fort particulière (genre : "je pense qu'il soit mort d'un arrêt cardiaque"), j'ai aussi appris qu'un hôte vous hospitalise généreusement ou que les habitants des villages portuaires sont tous adonnés à la pêche comme d'autres le sont au journal. Les outils linguistiques Google peuvent aller se rhabiller !
Deuxio, Italie = Cinzano. Donc, dans les Aventures De Dracula, on boit du Cinzano à flots. Oui, même en Écosse.
Et dernièrement, l'histoire est d'une balourdise exemplaire. En soi, c'est assez peu étonnant. Les éditions Bel-Air furent un grand label-qualité de la médiocrité amusante des années 60. Ce Secret De Nostradamus est donc ni très palpitant (tout juste ce qu'il faut pour éviter les ronflements), ni très recherché.
Sur ce dernier point, Le Secret De Nostradamus peut même faire office d'indexation partielle des lieux communs du fantastique post-Hammer puisque nous avons droit à : une malédiction intemporelle, des fantômes qui tuent, un héros intrépide et médecin de son état, une pauvre jeune fille pas très frileuse, une histoire d'amour impossible, des éléments (foudre et compagnie) qui se déchainent lors des paragraphes de bête à deux dos, une tripotée de représentants de l'autorité moyennement autoritaires voire limite veules et, l'ingrédient majeur de toute tragédie gothico-réchauffable en micro-ondes, des paysans superstitieux qui, à la fin, cassent tout avec leurs fourches puis brulent le château maudit des gentils amoureux incompris.

Quant au Nostradamus du titre, il ne s'agit pas de notre super-star predictive des Bouches-Du-Rhône, mais de son fils, Barnaba Nostradamus.
Ça vous en bouche un coin, n'est-ce pas ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai un vrai faible pour bel air et spécialement pour cette série qui est navrante juste comme on l'aime!

ROBO32.EXE a dit…

Je m'en étais rendu compte avec tes magnifiques billets sur leurs clones de Satanik (j'ai un Lord X chez moi et c'est pas beau à voir) ou leurs petit-formats d'aventures spatiales aux formulations grammaticales approximatives.
Bel-Air, c'était des grands de la culture populaire !

Clifford Brown a dit…

J'ai le n°7 (le Chat Noir), pas encore lu mais parcouru vite fait et apparemment pas de Dracula non plus dans le bouquin !

Anonyme a dit…

il n'y de dracula dans aucun des 12 n° de la série "les aventures de dracula" et c'est ca qui est grandiose!

ROBO32.EXE a dit…

OK, ça confirme donc mes doutes. Vive l'Italie. Vive Bel-Air.