IMPACTS, CHARLES NÉCRORIAN
BLOOD-SEX, CHARLES NÉCRORIAN
FLEUVE NOIR GORE # 30 & # 5, 1985 & 1985
Dans une interview pour l'anthologie Le Bel Effet Gore et au sujet d'Impacts, Nécrorian déclarait, je cite de mémoire, y-a-t-il quelque chose de plus gore que la guerre ? Ce à quoi il aurait très bien pu rajouter : y-a-t-il de guerre plus gore que le Vietnam ?
Je me rappelle, à une époque où Montpellier disposait encore d'un lieu de diffusion pour amateurs de pellicules étranges, avoir vu une bobine informative produite par l'armée Américaine au début des années 70 et destinée aux personnel soignant en partance pour le front viet. Il s'agissait d'une suite de longues séquences détaillant toutes les situations humaines et chirurgicales auxquelles les futures recrues auraient à faire face. Les images avait le détachement propres aux documentaires médicaux et ça rendait la chose encore plus insoutenable. Un membre par-ci, une peau décollée au naplam par-là, ce n'était pas un film de propagande, c'était l'inverse - le message de l'armée étant "si vous trouvez ce film dégoutant, inutile de vous engager." C'était la représentation sans filtre de la sauvagerie guerrière. Et en lisant Impacts, c'était un peu à ça que je pensais.
Impacts fonctionne comme un film de Vetsploitation fin seventies, façon Combat Shock ou Forced Entry. C'est un vétéran marginalisé qui pète son dernier boulon valide dix années après être rentré au pays et commet des actes criminels atroces, sortes de reminiscences de ses traumatismes guerriers.
Nécrorian connait ses classiques : Le fil narratif est régulièrement interrompu par des flashbacks du Vietnam, fonctionnant ainsi comme un miroir pour les exactions au présent et éclairant peu à peu les raisons exactes du déséquilibre mental affecté par le personnage principal. Le rythme monte crescendo, l'écriture est sèche et l'ambiance (tendance sudiste cradingue) excessivement âpre. L'ensemble ne présente au demeurant rien de très original mais Nécrorian, maitrisant parfaitement son sujet, livre là l'un des dix meilleur roman de la collection, un truc implacable, à la fois racoleur et pertinent, vulgaire et saisissant.
C'est donc très encourageant puisque de Charles Nécrorian, et de Jean Mazarin tout court (l'homme qui se cache derrière ce charmant pseudonyme), je ne connaissais que Blood-Sex, son premier et légendaire Gore, et j'en avais gardé un assez piteux souvenir - celui d'une bouillie sanguinolente et sexuelle pas très passionnante, d'un twist final illogique mais amusant et d'une figure centrale, celle de l'artiste sadique, de l'écrivain tueur, trop clichée pour être appréciable.
Blood-Sex (superbe titre, tout de même) se voulait dérangeant et choquant mais ne provoquait, de par son étalage d'abominations faciles, que lassitude et ennui.
Pour Impacts, ce fut le résultat inverse. Du coup, j'ai acheté quelques autres Mazarin. On verra bien ce que ça donnera...
L'ÉTAT DES PLAIES, CORSÉLIEN
BRUIT CRISSANT DU RASOIR SUR LES OS, CORSÉLIEN
FLEUVE NOIR GORE #48 & # 61, 1987 & 1988
Puisque nous sommes en plein dans le Gore, un petit point sur Pascal Marignac, dit Kââ, dit Corsélien, dit Behemoth.
Behemoth, j'en avais dit énormément de bien il y a de cela un peu moins d'un mois (et ici-même) avec un roman véritablement dingue, Voyage Au Bout Du Jour, une histoire de pieuvres géantes et meurtrières aux services de malades mentaux misanthropes. Bien que publié par un éditeur relativement différent (Patrick Siry), Voyage Au Bout Du Jour constituait en quelque sorte son troisième roman Gore.
(Mais peut-on appeler ça du Gore ? Car, et exception faite de l'imagerie sadique, nous sommes, avec Corsélien, à l'opposé exact des défouloirs saignants type Nécrorian - l'intéressé le dit lui-même : "[...] je ne suis pas persuadé de faire du gore, au sens commun où on l'entend, et je crois que si il y a un modèle du gore, c'est Joël Houssin, c'est pas moi. Mais j'estime que j'ai le droit de faire des variations autours du genre.")
Reprenons. J'ai donc lu les deux roman précédents de Marignac / Corsélien.
L'État Des Plaies, son tout premier dans le genre (et qui, au passage, arbore une superbe couverture featuring Caroline Munroe), nage dans les mêmes eaux que Voyage Au Bout Du Jour. Il suffit de remplacer le cadre d'entreprise dépressif perdu dans la campagne Bretonne par un jeune Gendarme en activité dans la campagne Lozérienne et les pieuvres géantes par des tigres affamés. Il y a aussi des malades mentaux misanthropes qui, de par des actes sauvages et meurtriers, font sombrer le héros et sa compagne dans la folie.
Suis-je en train de dire que tout les romans de Pascal Marignac sont bâtis sur le même schéma ? En effet, mais cette ressemblance ne constitue en aucun cas une dénégation de la qualité de ses textes.
Je ne me répéterai pas : Tout ce que j'ai dit de positif au sujet de Voyage Au Bout Du Jour est aussi valable pour L'État Des Plaies ou Bruit Crissant Du Rasoir Sur Les Os. Ces trois textes fonctionnent en fait comme le même point de vue montré à trois instants doucement différents. Peu de choses varient mais ce sont les détails qui attirent l'attention. Et si j'ai très certainement préféré Voyage Au Bout Du Jour (pour ses pointes d'humour noir fortement incisif), il faut tout de même noter qu'avec ces deux romans, nous sommes, véritablement, dans les sommets littéraires (et non pas charcutiers) de la collection.
BLOOD-SEX, CHARLES NÉCRORIAN
FLEUVE NOIR GORE # 30 & # 5, 1985 & 1985
Dans une interview pour l'anthologie Le Bel Effet Gore et au sujet d'Impacts, Nécrorian déclarait, je cite de mémoire, y-a-t-il quelque chose de plus gore que la guerre ? Ce à quoi il aurait très bien pu rajouter : y-a-t-il de guerre plus gore que le Vietnam ?
Je me rappelle, à une époque où Montpellier disposait encore d'un lieu de diffusion pour amateurs de pellicules étranges, avoir vu une bobine informative produite par l'armée Américaine au début des années 70 et destinée aux personnel soignant en partance pour le front viet. Il s'agissait d'une suite de longues séquences détaillant toutes les situations humaines et chirurgicales auxquelles les futures recrues auraient à faire face. Les images avait le détachement propres aux documentaires médicaux et ça rendait la chose encore plus insoutenable. Un membre par-ci, une peau décollée au naplam par-là, ce n'était pas un film de propagande, c'était l'inverse - le message de l'armée étant "si vous trouvez ce film dégoutant, inutile de vous engager." C'était la représentation sans filtre de la sauvagerie guerrière. Et en lisant Impacts, c'était un peu à ça que je pensais.
Impacts fonctionne comme un film de Vetsploitation fin seventies, façon Combat Shock ou Forced Entry. C'est un vétéran marginalisé qui pète son dernier boulon valide dix années après être rentré au pays et commet des actes criminels atroces, sortes de reminiscences de ses traumatismes guerriers.
Nécrorian connait ses classiques : Le fil narratif est régulièrement interrompu par des flashbacks du Vietnam, fonctionnant ainsi comme un miroir pour les exactions au présent et éclairant peu à peu les raisons exactes du déséquilibre mental affecté par le personnage principal. Le rythme monte crescendo, l'écriture est sèche et l'ambiance (tendance sudiste cradingue) excessivement âpre. L'ensemble ne présente au demeurant rien de très original mais Nécrorian, maitrisant parfaitement son sujet, livre là l'un des dix meilleur roman de la collection, un truc implacable, à la fois racoleur et pertinent, vulgaire et saisissant.
C'est donc très encourageant puisque de Charles Nécrorian, et de Jean Mazarin tout court (l'homme qui se cache derrière ce charmant pseudonyme), je ne connaissais que Blood-Sex, son premier et légendaire Gore, et j'en avais gardé un assez piteux souvenir - celui d'une bouillie sanguinolente et sexuelle pas très passionnante, d'un twist final illogique mais amusant et d'une figure centrale, celle de l'artiste sadique, de l'écrivain tueur, trop clichée pour être appréciable.
Blood-Sex (superbe titre, tout de même) se voulait dérangeant et choquant mais ne provoquait, de par son étalage d'abominations faciles, que lassitude et ennui.
Pour Impacts, ce fut le résultat inverse. Du coup, j'ai acheté quelques autres Mazarin. On verra bien ce que ça donnera...
L'ÉTAT DES PLAIES, CORSÉLIEN
BRUIT CRISSANT DU RASOIR SUR LES OS, CORSÉLIEN
FLEUVE NOIR GORE #48 & # 61, 1987 & 1988
Puisque nous sommes en plein dans le Gore, un petit point sur Pascal Marignac, dit Kââ, dit Corsélien, dit Behemoth.
Behemoth, j'en avais dit énormément de bien il y a de cela un peu moins d'un mois (et ici-même) avec un roman véritablement dingue, Voyage Au Bout Du Jour, une histoire de pieuvres géantes et meurtrières aux services de malades mentaux misanthropes. Bien que publié par un éditeur relativement différent (Patrick Siry), Voyage Au Bout Du Jour constituait en quelque sorte son troisième roman Gore.
(Mais peut-on appeler ça du Gore ? Car, et exception faite de l'imagerie sadique, nous sommes, avec Corsélien, à l'opposé exact des défouloirs saignants type Nécrorian - l'intéressé le dit lui-même : "[...] je ne suis pas persuadé de faire du gore, au sens commun où on l'entend, et je crois que si il y a un modèle du gore, c'est Joël Houssin, c'est pas moi. Mais j'estime que j'ai le droit de faire des variations autours du genre.")
Reprenons. J'ai donc lu les deux roman précédents de Marignac / Corsélien.
L'État Des Plaies, son tout premier dans le genre (et qui, au passage, arbore une superbe couverture featuring Caroline Munroe), nage dans les mêmes eaux que Voyage Au Bout Du Jour. Il suffit de remplacer le cadre d'entreprise dépressif perdu dans la campagne Bretonne par un jeune Gendarme en activité dans la campagne Lozérienne et les pieuvres géantes par des tigres affamés. Il y a aussi des malades mentaux misanthropes qui, de par des actes sauvages et meurtriers, font sombrer le héros et sa compagne dans la folie.
La même formule est aussi appliquée à Bruit Crissant Du Rasoir Sur Les Os (mais quel titre !) où un jeune médecin officiant en pleine campagne aveyronnaise se retrouve aux prises avec un groupuscule de mystiques misogynes qui, petit à petit, le feront sombrer dans la folie totale.
Suis-je en train de dire que tout les romans de Pascal Marignac sont bâtis sur le même schéma ? En effet, mais cette ressemblance ne constitue en aucun cas une dénégation de la qualité de ses textes.
Je ne me répéterai pas : Tout ce que j'ai dit de positif au sujet de Voyage Au Bout Du Jour est aussi valable pour L'État Des Plaies ou Bruit Crissant Du Rasoir Sur Les Os. Ces trois textes fonctionnent en fait comme le même point de vue montré à trois instants doucement différents. Peu de choses varient mais ce sont les détails qui attirent l'attention. Et si j'ai très certainement préféré Voyage Au Bout Du Jour (pour ses pointes d'humour noir fortement incisif), il faut tout de même noter qu'avec ces deux romans, nous sommes, véritablement, dans les sommets littéraires (et non pas charcutiers) de la collection.
3 commentaires:
Faute de les avoir achetés à l'époque, je n'ai aucun Gore à la maison, et c'est bien déplorable au vu de te lectures qui me donnent bien envie. j'avais un peu peur que toute la collection donne dans le jus sanglant sans substance mais visiblement, non. Merci.
Eh oui, ça peut en surprendre certains mais il y a de très bonnes choses dans cette collection. Les Houssin, le Walther, deux GJ Arnaud assez Angoisse, les Corsélien, etc.
Faudra que je fasse un post "top 10 de la collection"...
Oui, je serais bien curieux de ce topten...
Ne possède plus que quelques Housin et les Russo...
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