SABRER N'EST PAS JOUER, DON PENDLETON
PANIQUE A REYNOSA, DON PENDLETON
VAUVENARGUE / L'EXÉCUTEUR # 248 & 249, 2008
Après m'être administré, coup sur coup, deux très bons Pendleton des débuts, respectivement le 6 et le 18 de la collection, je me suis posé une question, essentielle, "ça vaut quoi, l'Exécuteur aujourd'hui ?"
La réponse fusa, avec rapidité : pas grand chose, non, vraiment pas grand chose.
Mais développons, développons.
1980, Don Pendleton, l'original, premier du nom, commence à se lasser de sa série à succès. Des romans de l'Exécuteur, le bonhomme en a allongé 37 sur une période de 11 ans. Pas vraiment une sinécure que de se renouveler à ce rythme... et avec une donne de départ aussi basique. Car, après 38 romans, Mack Bolan dit l'Exécuteur a approximativement dessoudé tout les membres de la mafia en activité, ceux à la retraite, leurs complices de tout bords, leurs associés, leurs femmes, leurs moujingues, leurs animaux de compagnie et tout les cousins éloignés jusqu'à la cinquième génération. Un petit peu comme Charles Bronson dans les trois derniers Death Wish, ce n'est plus l'essoufflement, c'est une apoplexie foudroyante qui guette au détour de chaque épisode.
Bref, Pendleton décide de l'écraser. Un dernier petit tour en forme de semaine sainte apocalyptique et il brade sa série et son nom d'auteur à Hunter Books, filiale masculine de Harlequin.
Voila donc Pendleton transformé en house-name derrière lequel séviront inlassablement des hordes de ghost-writers en frais locatifs, véritables machines à écrire sans âmes officiant dans tout les azimuts de la litt' pop', du western à l'espionnage en passant par la science-fiction. Salut Stakhanov. En un peu moins de 30 ans, la franchise Mack Bolan effectue un bond de 600 (et des brouettes) épisodes. ça fait beaucoup de salades pour un gars dont le seul et unique hobby consiste à maraver sans sommations des truands italiens.
Mais voila, il y a un twist. La grosse surprise. Dès son transfert chez Hunter Books, Bolan saute le requin, pour paraphraser les fans de Happy Days. Changement d'activité radical et Fini les pizzaioli qui magouillent, bonjour les terroristes internationaux. Les russes, les chinois, les cocos - au départ. Ensuite, un peu de tout. L'Exécuteur se globalise méchamment. Aujourd'hui, ce sont les Arabes et les Mexicains qui ont les faveurs des Pendleton Anonymes.
Ainsi, dans Sabrer N'est Pas Jouer (Hard Pursuit, signé Douglas P Wojtowicz), Bolan est mandaté par les USA pour mettre fin aux activités d'un islamiste barbu et sa bande de ninja Al-Qaida montés sur meules Honda. Mais n'est pas American Ninja IV qui veut et cet Exécuteur-là se traine sur 250 pages d'un ennuyeux marathon désertique écrit par un rescapé des forums de fan-fiction. En résulte quelques séries de références prétendument branchées mais véritablement lourdingue au Seigneur Des Anneaux, aux films de John Woo, à Matrix. Ce genre de chose...Le reste, entre deux explosions d'hélicoptères au bazooka, est comblé par d'interminables listing d'armes à feu. J'appelle ça de la virilité poudre aux yeux. Dans le style action, Sabrer N'est Pas Jouer est saboulé comme une romance pour ado mal paluché et se défargue de sa camelote sans entrain ni étincelles.
Comparé à l'affreux du paragraphe precedent, Panique à Reynosa (Hostile Crossing, Jerry vanCook), second Exécuteur nouvelle donne du mois, s'en retrouve un peu mieux troussé mais ne se montre certainement pas plus glorieux dans son déroulement. C'est un enchevêtrement peu inspiré de grosses ficelles éculées et de câbles d'ascenseurs hors-services, une jaffe indigeste dans laquelle surnagent quelques bribes d'action pachydermique et de psychologie tendance paté en croute de série télé.
Cette fois, les mexicains sont à l'honneur. De satanées ordures, avec leurs magouilles politiques et leur trafics. Drogues, armes, immigrants. Tout le monde connait leur mauvaise réputation. J'ai vu pas mal de reportages sur le câble, ça concorde vachement avec les faits que rencarde ce machin.
Heureusement, comme dans Invasion USA, Bolan est là pour empêcher les piques-assiettes basanés de surpeupler son beau pays, d'y travailler au noir pour un salaire de misere et de dealer de la chnouf à la jeunesse incrédule afin d'arrondir les fins de mois difficiles.
Mais comme si ce point de départ n'était pas suffisant (moi, en tout cas, ça me suffisait amplement, les mexicains), l'auteur s'empresse de rajouter à son gros bordel une bande d'étudiants américains gauchistes révolutionnaires en manque de spring-break et qui, avec l'aide des méchant mexicains mafieux (faut bien qu'ils servent à quelque chose, ces crouillats-là), decident de foutre à feu et à sang les états unis.
Dit comme ça, Panique à Reynosa peut donner l'impression d'auticher le palpitant à moindres frais mais c'est en vérité un sacré concentré d'emmerdement littéraire dilué à l'extrême - à éviter de toute urgence. D'ailleurs, cette dernière constatation s'applique aussi à Sabrer N'est Pas Jouer comme à l'ensemble - enfin, j'imagine mais je n'irai pas vérifier - de la production Hunter.
Bref, si le Don Pendleton original faisait dans le sous-Mickey Spillane, avec cette même roublardise, ces légers accents réactionnaires et toute la panoplie populaire qui va avec, les franchisés Hunter, eux, font dans le sous-Tom Clancy. Forcement, l'ersatz a moins de charme. Et même en tenant compte de l'augmentation pulmonaire des moulures de couverture dont nous gratifie pour les éditions françaises ce bon vieux Gérard de Villiers, ça ne passe pas. Sincèrement, mieux vaut investir dans un hors-série des filles de playboy. Ou dans l'un des 38 premiers Exécuteur, tous disponibles en grosse quantité chez les mauvais bouquinistes pour quelques dizaines de centimes.
PANIQUE A REYNOSA, DON PENDLETON
VAUVENARGUE / L'EXÉCUTEUR # 248 & 249, 2008
Après m'être administré, coup sur coup, deux très bons Pendleton des débuts, respectivement le 6 et le 18 de la collection, je me suis posé une question, essentielle, "ça vaut quoi, l'Exécuteur aujourd'hui ?"
La réponse fusa, avec rapidité : pas grand chose, non, vraiment pas grand chose.
Mais développons, développons.
1980, Don Pendleton, l'original, premier du nom, commence à se lasser de sa série à succès. Des romans de l'Exécuteur, le bonhomme en a allongé 37 sur une période de 11 ans. Pas vraiment une sinécure que de se renouveler à ce rythme... et avec une donne de départ aussi basique. Car, après 38 romans, Mack Bolan dit l'Exécuteur a approximativement dessoudé tout les membres de la mafia en activité, ceux à la retraite, leurs complices de tout bords, leurs associés, leurs femmes, leurs moujingues, leurs animaux de compagnie et tout les cousins éloignés jusqu'à la cinquième génération. Un petit peu comme Charles Bronson dans les trois derniers Death Wish, ce n'est plus l'essoufflement, c'est une apoplexie foudroyante qui guette au détour de chaque épisode.
Bref, Pendleton décide de l'écraser. Un dernier petit tour en forme de semaine sainte apocalyptique et il brade sa série et son nom d'auteur à Hunter Books, filiale masculine de Harlequin.
Voila donc Pendleton transformé en house-name derrière lequel séviront inlassablement des hordes de ghost-writers en frais locatifs, véritables machines à écrire sans âmes officiant dans tout les azimuts de la litt' pop', du western à l'espionnage en passant par la science-fiction. Salut Stakhanov. En un peu moins de 30 ans, la franchise Mack Bolan effectue un bond de 600 (et des brouettes) épisodes. ça fait beaucoup de salades pour un gars dont le seul et unique hobby consiste à maraver sans sommations des truands italiens.
Mais voila, il y a un twist. La grosse surprise. Dès son transfert chez Hunter Books, Bolan saute le requin, pour paraphraser les fans de Happy Days. Changement d'activité radical et Fini les pizzaioli qui magouillent, bonjour les terroristes internationaux. Les russes, les chinois, les cocos - au départ. Ensuite, un peu de tout. L'Exécuteur se globalise méchamment. Aujourd'hui, ce sont les Arabes et les Mexicains qui ont les faveurs des Pendleton Anonymes.
Ainsi, dans Sabrer N'est Pas Jouer (Hard Pursuit, signé Douglas P Wojtowicz), Bolan est mandaté par les USA pour mettre fin aux activités d'un islamiste barbu et sa bande de ninja Al-Qaida montés sur meules Honda. Mais n'est pas American Ninja IV qui veut et cet Exécuteur-là se traine sur 250 pages d'un ennuyeux marathon désertique écrit par un rescapé des forums de fan-fiction. En résulte quelques séries de références prétendument branchées mais véritablement lourdingue au Seigneur Des Anneaux, aux films de John Woo, à Matrix. Ce genre de chose...Le reste, entre deux explosions d'hélicoptères au bazooka, est comblé par d'interminables listing d'armes à feu. J'appelle ça de la virilité poudre aux yeux. Dans le style action, Sabrer N'est Pas Jouer est saboulé comme une romance pour ado mal paluché et se défargue de sa camelote sans entrain ni étincelles.
Comparé à l'affreux du paragraphe precedent, Panique à Reynosa (Hostile Crossing, Jerry vanCook), second Exécuteur nouvelle donne du mois, s'en retrouve un peu mieux troussé mais ne se montre certainement pas plus glorieux dans son déroulement. C'est un enchevêtrement peu inspiré de grosses ficelles éculées et de câbles d'ascenseurs hors-services, une jaffe indigeste dans laquelle surnagent quelques bribes d'action pachydermique et de psychologie tendance paté en croute de série télé.
Cette fois, les mexicains sont à l'honneur. De satanées ordures, avec leurs magouilles politiques et leur trafics. Drogues, armes, immigrants. Tout le monde connait leur mauvaise réputation. J'ai vu pas mal de reportages sur le câble, ça concorde vachement avec les faits que rencarde ce machin.
Heureusement, comme dans Invasion USA, Bolan est là pour empêcher les piques-assiettes basanés de surpeupler son beau pays, d'y travailler au noir pour un salaire de misere et de dealer de la chnouf à la jeunesse incrédule afin d'arrondir les fins de mois difficiles.
Mais comme si ce point de départ n'était pas suffisant (moi, en tout cas, ça me suffisait amplement, les mexicains), l'auteur s'empresse de rajouter à son gros bordel une bande d'étudiants américains gauchistes révolutionnaires en manque de spring-break et qui, avec l'aide des méchant mexicains mafieux (faut bien qu'ils servent à quelque chose, ces crouillats-là), decident de foutre à feu et à sang les états unis.
Dit comme ça, Panique à Reynosa peut donner l'impression d'auticher le palpitant à moindres frais mais c'est en vérité un sacré concentré d'emmerdement littéraire dilué à l'extrême - à éviter de toute urgence. D'ailleurs, cette dernière constatation s'applique aussi à Sabrer N'est Pas Jouer comme à l'ensemble - enfin, j'imagine mais je n'irai pas vérifier - de la production Hunter.
Bref, si le Don Pendleton original faisait dans le sous-Mickey Spillane, avec cette même roublardise, ces légers accents réactionnaires et toute la panoplie populaire qui va avec, les franchisés Hunter, eux, font dans le sous-Tom Clancy. Forcement, l'ersatz a moins de charme. Et même en tenant compte de l'augmentation pulmonaire des moulures de couverture dont nous gratifie pour les éditions françaises ce bon vieux Gérard de Villiers, ça ne passe pas. Sincèrement, mieux vaut investir dans un hors-série des filles de playboy. Ou dans l'un des 38 premiers Exécuteur, tous disponibles en grosse quantité chez les mauvais bouquinistes pour quelques dizaines de centimes.
7 commentaires:
Beautiful!
Mmmmm Mmmmm!
La messe est dite:)
au fait, c'était bien Remo Williams en film ?
Remo Williams en film, j'adore. Ward n'était pas le choix le plus évident (je voyais plutôt un niaiseux à la Reb Brown, allez savoir pourquoi), mais Joel Grey en Chiun est parfait, et l'humour est là. Un poil de plus de nervosité dans la réal et on frôlerait le chef d'œuvre.
Si.
Hop !
P.S. Qund aux Bolan, on en est à plus de 390 / http://www.mackbolan.com/bookindex.php3?series=ex sans compter les dérivés…
oui, oui, je connais ce site, j'avais même (une fois) gratifié leur forum de mon anglais de pacotille, au sujet des Exécuteurs français :
http://www.mackbolan.com/forum/viewtopic.php?f=2&t=672
et j'ai toujours pas vu Remo Sans Armes et Dangereux...
(en plus, je suis sûr que j'adorerai !)
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