DANS TA FACE !

ASSAUT SUR SOHO, DON PENDLETON
TEMPÊTE AU TEXAS, DON PENDLETON
PLON / L'EXECUTEUR # 6 & 18, 1975/1977

Contrairement à ce que pourraient nous faire croire les sublimes couvertures concoctées par ce gros roublard de Gerard de Villiers, toujours aussi efficace lorsqu'il s'agit de refourguer sa camelote de supérette au français moyen, la série L'Exécuteur ne raconte pas (mais alors pas du tout !) les péripéties possiblement palpitantes d'un vieux pervers épiant de jeunes californiennes dévergondées avec la lunette de visée d'un fusil de sniper.
Désolé de vous décevoir, les mecs.

D'ailleurs, puisqu'on en est justement à l'heure des mises au point, faut que vous le sachiez, le niveau de chasteté littéraire d'un volume de L'Exécuteur est étonnamment élevé. Vous l'achèterez peut être pour la photo de couverture mais vous ne trouverez rien de semblable à l'intérieur.
Bien entendu, vous aurez droit, de-ci de-là, à quelques nymphettes blondes vaguement exhibitionnistes, des jeunes filles de millionnaires capturées par les méchant "avec des jambes fines et interminables, des cuisses soyeuses [et] des seins agressifs comme des obus" (les jeunes filles, pas les méchants) mais ça n'ira pas plus loin. Pour le sexe, il faudra repasser, ou plutôt toquer à la porte des publications voisines.
L'Exécuteur, ce n'est ni la Brigade Mondaine, ni La Police Des Mœurs et encore moins SAS. C'est simplement de la testostérone garantie coït-free pour gros puceaux burnés, les aventures ultra-énergiques d'un ex-marine, vétéran du Vietnam, fétichiste de l'armement à outrance, adepte des combinaisons noires intégrales, spécialiste de la blitzkrieg en solitaire et bien décidé à exterminer sans pitié tout les membres de la Mafia, l'organisation responsable de la mort brutale de sa petite famille. Bref, L'Exécuteur, c'est le Punisher avant la lettre et sans le crane de mort sur la poitrine.

La meilleure série Plon/GdV/Vauvenargue avec l'Implacable.
Le super pied.

Ainsi, dans les 38 premiers volumes de la série, tous (excepté le 16) signés de la main du Don Pendleton original avant qu'il ne cède les droits à Harlequin/Hunter et sa horde de ghost writers for hire, Mack Bolan dit l'Exécuteur traque du mafiosi à travers l'ensemble des états unis, de Pittsburg à Detroit, et parfois même à l'international comme en témoigne le présent volume, Assaut Sur Soho qui, vous l'avez deviné, se déroule dans le Londres groovy des seventies.

Cet épisode, sur l'ensemble de la série, fait en quelque sorte figure de fill-in, une pause entre deux massacres et, si il n'en est pas moins désagréable, manque singulièrement de punch.
Primo, Bolan est franchement déprimé. "Depuis un certain temps, sa vie se déroulait avec une violence constante qui finissait par sembler monotone; il avait fini par accepter le fait sinistre que chaque lieu où il se trouvait devenait un champ de bataille."
Et donc, bourré de tranxene, Bolan ne fout malheureusement pas grande chose à Soho. Tout juste se charge-t-il de deux ou trois petites fusillades de pas grand choses, presque bâclées dans l'exécution, et puis s'en va. Ce n'est pas un assaut, c'est une sieste.
Le lecteur, avide de spectaculaire abrutissant, en restera sur sa faim.
Ensuite, Le club SM, les sex-shops, les boites branchées du Soho 70, tout ça n'est que vaguement effleuré, comme si il s'agissait d'un arrière-plan flou, indistinct, sans le moindre intérêt. C'est, faut l'avouer, pas franchement bien campé. Pendleton, auteur de droite dans l'absolu, semble préférer des décors moins fantaisistes pour raconter son histoire générique - une histoire qui se résume toujours à : Mack Bolan débarque dans un coin envahi par des mafieux, en bute certains, se fait traquer par d'autres, les bute à leurs tours, fait tout sauter à grand coup d'explosifs comme au bon vieux temps du 'Nam puis s'en va, ailleurs, vers de nouvelles aventures identiques.
A ce train là, on peut admettre que notre héros soit ,de temps à autre, quelque peu blasé par ses fonctions.

Mais moi, blasé ? Pas du tout !
Car les frasques pyrotechniques de l'Exécuteur sont toujours servies à grand renfort de catch-lines du tonnere et de fin de chapitres fulgurantes. Et à ce petit jeu, Tempête Au Texas peut faire figure de morceau de choix, avec son introduction en forme de baroud d'honneur
bigger than life : Bolan débarquant au milieu des puits de pétroles texans, dézinguant du rital comme si la réalité s'était soudain recalculée à l'image d'une cartouche d'arcade Metal Slug III, tandis que l'auteur, ce merveilleux robot du recit de gare ultra-calibré, balance à tout-va de petites fulgurances jouissives et immatures du type :
"Il y avait quelque chose de pourri au royaume du Texas. Bolan le savait, mais il ne savait pas exactement ce qui pourrissait l'air texan."
Plus fort que les haïkus à mémé !
Et le reste est à l'avenant, surtout si vous appreciez le chant du lance rocket, le soir au fond du bois. Car L'Executeur old-school Pendleton-style, ça ressemble un peu à une bonne vieille bande de la Cannon - un truc bien troussé, sans trop d'excès mais avec suffisamment de gueule pour garantir le spectacle. Ce n'est peut être pas à la hauteur d'un SCUM mais ça vaut largement mieux que les 900 pages habituelles d'un Dantec desormais bien incapable de reproduire le prologue de son Babylon Babies.
Ce dernier exemple étant totalement gratuit, on va faire plus simple : vous aimez Charles Bronson periode Golan/Globus ? The Exterminator ? Le Punisher entre les années 80 et 90 ? Alors Mack Bolan, c'est du tout cuit pour vos gueules, les mecs.

1 commentaire:

Blog Of Terror a dit…

hé, hé, hé!!! prévisions pour ce weekend: remater "Remo, sans arme et dangereux" de Guy Hamilton ("Goldfinger" quand même:), adaptation ciné de "L'Implacable"... vu à l'époque (86) du haut de mes 11 ans, un super souvenir de film d'aventures avec ce putain d'acteur qu'est Fred Ward:) bon, je ne suis pas sûr que le film soit bon (s'il l'a été...), mais merci de m'y avoir fait penser. (et pis si ça vaut le coup, petit post dans la foulée:) et aussi, je me souviens qu'à l'époque, sur une quelconque grosse radio de la bande fm, les aventures de ce bon vieux Malko étaient diffusés en feuilleton radiophonique (avec, dans mon souvenir, moults explosions et rafales de mitraillettes). je vais essayer de dénicher ça...