PAVOT DANS LA LAGUNE, JO BRIX
DENIPPEZ LES NIPPONS, JO BRIX
PROMODIFIA / WARSEX # 2 & 25, 1974/77
Les mecs de Promodifia devaient être maxi-fiers de leurs intitulés de collections. Et il y a de quoi. Sexpionnage, Mysterotic, c'est pas de la petite pisse. C'est du lourd, du vigoureux, du travaillé au corps. On sent, d'ailleurs, qu'il y a derrière ces noms une certaine recherche. Avouons-le, il faut se pinter de bonne heure et comme un acharné pour en trouver de pareils. Du grand art à faire verdir de jalousie Gérard de Villiers.
Mais WARSEX, la collection qui nous intéresse aujourd'hui, c'est une tout autre catégorie. Loin, très loin au dessus de ses petites sœurs. Là, les braves gars de la rue du Charenton ou du Chemin de Cabrières (au choix) avaient touchés à la perfection racoleuse du gare. Je dirais même : à l'absolu de l'exploitation littéraire en papier chiottes pour la masse des abrutis misogynes dont je pourrais fort bien me réclamer un jour (demandez vos cartes, les gusses, on formera un club, ce sera choucard).
Ouais, WARSEX, ça fait viril, ça fait dur et ça promet plein de bonnes choses. ça me donne même une folle envie de le redire haut et fort, avec mon clavier azerty caplock activé : WARSEX ! D'ailleurs, les promodifieurs associés en furent tellement fiers d'en avoir trouver un pareil, d'intitulé de collection, qu'il se décidèrent à le plastronner orgueilleusement sur leurs couvertures, en bien gros et bien gras, sans titre ni poupée, noir sur blanc - certainement pour annoncer la couleur. De la guerre et du cul. Ici, on rigole pas... mais on se marre bien, c'est certain car c'est du Promodifia. Vous connaissez le refrain : un écrivain populo en fin de vie et au style pompier, de l'exotisme de brochure touristique, des bagarres confuses, des fusillades et des hordes de filles qui se donnent gaillardement - ou se font donner violemment si elles sont un peu frigides sur les bords au premier abord car après coup(s), elles en viennent à bien aimer ça les coquines et elles en redemandent, c'est normal, ce ne sont que des femmes. Ah la la !
Mais, ne perdons pas de temps en basses considérations concernant le sexe faible et résumons les machins.
Ainsi, dans Pavot Dans La Lagune, deuxième titre de la collection WARSEX (désolé, je ne peux m'en empêcher), un militaire ricain, Luc Ovono, et son adjoint bridé sans intérêt sont chargés de démanteler un réseau de renseignements Vietcong. Une mission terriblement difficile. Les jaunes du nord ont en effet plus d'un tour dans leur maudit sac et obtiennent des informations confidentielles sur les mouvements de troupe US grâce à l'opium et à la prostitution, le duo gagnant de tous les mécréants. Informés de cette alarmante situation qui jour après jour menace de s'aggraver, nos deux héros conçoivent une série de stratagèmes dont je n'ai pas tout à fait enregistré les logiques, hormis celle qui consiste à remplir un maximum de pages avec un minimum d'intérêt.
Tout de même, dans les grandes lignes, plan d'action numéro un : ils baisent des filles et prennent de l'opium pour infiltrer l'organisation des cocos VC. Pas de chance, ça foire. Plan numéro deux : ils vont dans la jungle suivre l'acheminement de la drogue. Cette fois, c'est mieux, ça réussi moyennement. Ils se tapent deux gonzesses pas trop farouches et puis déquillent une tripotée de gonzes pas de chez nous mais bien chez eux. Cette affaire là dure un sacré moment, au moins 80 pages, car Jo Brix, notre auteur, un rescapé de chez l'Arabesque, en tartine des tonnes niveau cul. Les escarmouches durent 5 pages, les fornications au moins 20. Un festival enthousiasmant d'attouchements dont on retiendra quelques sublimissimes phrases à graver dans le marbre intemporel de la littérature érotique bas du front comme ce "elle vint tout contre lui, soumise, prête pour l'holocauste." Là, vraiment, j'ai envie de dire : WARSEX !
Approximativement à ce moment là, Jo prend aussi conscience qu'il ne lui reste que 30 pages pour boucler sa petite affaire. Donc, dans un ultime baroud, et après avoir tirés un dernier coup (mais pas ensembles, stricte hétérosexualité oblige), nos deux héros détruisent l'organisation des vils viets. Fin. C'était bien.
Du coup, forcement, je rempile avec un second volume, Denippez Les Nippons, toujours signé du grand Jo Brix. Mais là, stupeur, tremblement, stupéfaction, trouble, il y a comme un vide, comme un manque, comme une disparition. La couverture n'indique plus que WAR. Tout court. Et avec simplement une mitraillette en guise de pénis. Psychanalytiquement, ça se tient mais d'un point de vue purement marketing, ça fait tache. Entre le volume 2 et le volume 25, la collection a perdu tout son panache, toute sa virilité, toute sa force. Cruelle déception que cet intitulé décapité !
Mais, en dépit de ce désenchantement, un point important restait à éclaircir. Oui ou non, y-avait-il encore du cul dans ce WAR désormais sans SEX ? Je vais être simple et répondre sans détours (ça me changera) : oui, il y a encore du cul dans WAR(SEX). Mais moins. Beaucoup moins. Deux scènes, cinq pages. Les pervers de la lexicalité affolée l'auront douloureuse. Très douloureuse. La réduction est drastique. Par contre, pour prendre la chose du bon coté, l'histoire est bien meilleure. Denippez Les Nippons est même un sacré bon roman de guerre. Je ne blague pas. Ou à peine, ça reste du Promodifia - ne l'oublions pas. Conséquence, c'est écrit avec les pieds par un tordu qui se biture la nénette à 51 degrés sous le soleil. Disons que ça ferait un bon film de jungle militariste italien des années 80, comme Lenzi, Mattei ou Castellari en avaient le secret. Époque oblige, à défaut de Rambo II, Jo Brix se la joue les 12 Salopards, tout en effectuant une soustraction de 7 pas forcement encombrante.
Ainsi, dans Denippez Les Nippons, cinq militaires ricains, ex-taulards grognons pas sympatoches pour un sou, infiltrent incognito une ile australo-japonaise pour flinguer du jaune en pagaille. Normal. Pendant les temps morts, entre deux coups de force, ils s'insultent, sont mauvais les uns envers les autres, se bastonnent mais, oh surprise, se respectent un petit peu car, dans le fond, ils s'aiment bien, en véritables hommes d'action qu'ils sont. C'est ça, la vie, la vraie, comme nous ne la connaitrons jamais. Ah, service militaire, que ta perte se fait lourde en ces temps obscurs...
"Mais le cul, dans tout ça, espèce de reac' à la manque" me direz-vous ? Ah, mais j'y viens, bande de petits vicelards, j'y viens. Donc, à un certain moment, vers le second tiers du roman très précisément, nos machos sur-armés rencontrent une nymphomane. Elle est jeune, elle est blonde, elle est bonne, elle est anglo-saxonne. Normal. Nos gonzes n'ayant pas encore eu, en 60 pages, l'occasion de balancer d'autre purée que celle de plomb brulant que moucharde leurs fusils automatiques, et la poupée étant en manque (elle le déclare d'ailleurs elle même page 60 : "Bien sur, je suis nymphomane. Mes parents l'ignorent mais je ne peux lutter contre ce penchant"), ça fait tilt et notre joyeuse troupe s'octroie un repos du guerrier bien mérité. En plus, la mignonne a une sœur cadette en attente du grand frisson et ça, c'est super-pratique pour éviter l'ennui dans les parties à plusieurs.
Bon, en réalité, ça ne se passe pas exactement comme cela... mais vous n'avez qu'à lire ce roman pour en savoir plus. Par contre, n'ayant aucun savoir-vivre, je vous raconte presto la fin du bouquin et, quelques sauts de lignes plus tard, nos gars repartent ragaillardis à la bataille et canardent du jap sans pitié, non-stop. Ça dure bien bon 100 pages et ils y laissent tous la peau sauf un, le veinard, qui s'en va alors rejoindre la nymphomane et sa sœur pour vivre heureux dans la polygamie. Comme il s'agit du dernier paragraphe du livre, pas de chance, pas de sexe. On s'en serait douté. Quant à moi, n'ayant aucune conclusion pour cette article, je me permets de vous laisser en plan. Normal.
DENIPPEZ LES NIPPONS, JO BRIX
PROMODIFIA / WARSEX # 2 & 25, 1974/77
Les mecs de Promodifia devaient être maxi-fiers de leurs intitulés de collections. Et il y a de quoi. Sexpionnage, Mysterotic, c'est pas de la petite pisse. C'est du lourd, du vigoureux, du travaillé au corps. On sent, d'ailleurs, qu'il y a derrière ces noms une certaine recherche. Avouons-le, il faut se pinter de bonne heure et comme un acharné pour en trouver de pareils. Du grand art à faire verdir de jalousie Gérard de Villiers.
Mais WARSEX, la collection qui nous intéresse aujourd'hui, c'est une tout autre catégorie. Loin, très loin au dessus de ses petites sœurs. Là, les braves gars de la rue du Charenton ou du Chemin de Cabrières (au choix) avaient touchés à la perfection racoleuse du gare. Je dirais même : à l'absolu de l'exploitation littéraire en papier chiottes pour la masse des abrutis misogynes dont je pourrais fort bien me réclamer un jour (demandez vos cartes, les gusses, on formera un club, ce sera choucard).
Ouais, WARSEX, ça fait viril, ça fait dur et ça promet plein de bonnes choses. ça me donne même une folle envie de le redire haut et fort, avec mon clavier azerty caplock activé : WARSEX ! D'ailleurs, les promodifieurs associés en furent tellement fiers d'en avoir trouver un pareil, d'intitulé de collection, qu'il se décidèrent à le plastronner orgueilleusement sur leurs couvertures, en bien gros et bien gras, sans titre ni poupée, noir sur blanc - certainement pour annoncer la couleur. De la guerre et du cul. Ici, on rigole pas... mais on se marre bien, c'est certain car c'est du Promodifia. Vous connaissez le refrain : un écrivain populo en fin de vie et au style pompier, de l'exotisme de brochure touristique, des bagarres confuses, des fusillades et des hordes de filles qui se donnent gaillardement - ou se font donner violemment si elles sont un peu frigides sur les bords au premier abord car après coup(s), elles en viennent à bien aimer ça les coquines et elles en redemandent, c'est normal, ce ne sont que des femmes. Ah la la !
Mais, ne perdons pas de temps en basses considérations concernant le sexe faible et résumons les machins.
Ainsi, dans Pavot Dans La Lagune, deuxième titre de la collection WARSEX (désolé, je ne peux m'en empêcher), un militaire ricain, Luc Ovono, et son adjoint bridé sans intérêt sont chargés de démanteler un réseau de renseignements Vietcong. Une mission terriblement difficile. Les jaunes du nord ont en effet plus d'un tour dans leur maudit sac et obtiennent des informations confidentielles sur les mouvements de troupe US grâce à l'opium et à la prostitution, le duo gagnant de tous les mécréants. Informés de cette alarmante situation qui jour après jour menace de s'aggraver, nos deux héros conçoivent une série de stratagèmes dont je n'ai pas tout à fait enregistré les logiques, hormis celle qui consiste à remplir un maximum de pages avec un minimum d'intérêt.
Tout de même, dans les grandes lignes, plan d'action numéro un : ils baisent des filles et prennent de l'opium pour infiltrer l'organisation des cocos VC. Pas de chance, ça foire. Plan numéro deux : ils vont dans la jungle suivre l'acheminement de la drogue. Cette fois, c'est mieux, ça réussi moyennement. Ils se tapent deux gonzesses pas trop farouches et puis déquillent une tripotée de gonzes pas de chez nous mais bien chez eux. Cette affaire là dure un sacré moment, au moins 80 pages, car Jo Brix, notre auteur, un rescapé de chez l'Arabesque, en tartine des tonnes niveau cul. Les escarmouches durent 5 pages, les fornications au moins 20. Un festival enthousiasmant d'attouchements dont on retiendra quelques sublimissimes phrases à graver dans le marbre intemporel de la littérature érotique bas du front comme ce "elle vint tout contre lui, soumise, prête pour l'holocauste." Là, vraiment, j'ai envie de dire : WARSEX !
Approximativement à ce moment là, Jo prend aussi conscience qu'il ne lui reste que 30 pages pour boucler sa petite affaire. Donc, dans un ultime baroud, et après avoir tirés un dernier coup (mais pas ensembles, stricte hétérosexualité oblige), nos deux héros détruisent l'organisation des vils viets. Fin. C'était bien.
Du coup, forcement, je rempile avec un second volume, Denippez Les Nippons, toujours signé du grand Jo Brix. Mais là, stupeur, tremblement, stupéfaction, trouble, il y a comme un vide, comme un manque, comme une disparition. La couverture n'indique plus que WAR. Tout court. Et avec simplement une mitraillette en guise de pénis. Psychanalytiquement, ça se tient mais d'un point de vue purement marketing, ça fait tache. Entre le volume 2 et le volume 25, la collection a perdu tout son panache, toute sa virilité, toute sa force. Cruelle déception que cet intitulé décapité !
Mais, en dépit de ce désenchantement, un point important restait à éclaircir. Oui ou non, y-avait-il encore du cul dans ce WAR désormais sans SEX ? Je vais être simple et répondre sans détours (ça me changera) : oui, il y a encore du cul dans WAR(SEX). Mais moins. Beaucoup moins. Deux scènes, cinq pages. Les pervers de la lexicalité affolée l'auront douloureuse. Très douloureuse. La réduction est drastique. Par contre, pour prendre la chose du bon coté, l'histoire est bien meilleure. Denippez Les Nippons est même un sacré bon roman de guerre. Je ne blague pas. Ou à peine, ça reste du Promodifia - ne l'oublions pas. Conséquence, c'est écrit avec les pieds par un tordu qui se biture la nénette à 51 degrés sous le soleil. Disons que ça ferait un bon film de jungle militariste italien des années 80, comme Lenzi, Mattei ou Castellari en avaient le secret. Époque oblige, à défaut de Rambo II, Jo Brix se la joue les 12 Salopards, tout en effectuant une soustraction de 7 pas forcement encombrante.
Ainsi, dans Denippez Les Nippons, cinq militaires ricains, ex-taulards grognons pas sympatoches pour un sou, infiltrent incognito une ile australo-japonaise pour flinguer du jaune en pagaille. Normal. Pendant les temps morts, entre deux coups de force, ils s'insultent, sont mauvais les uns envers les autres, se bastonnent mais, oh surprise, se respectent un petit peu car, dans le fond, ils s'aiment bien, en véritables hommes d'action qu'ils sont. C'est ça, la vie, la vraie, comme nous ne la connaitrons jamais. Ah, service militaire, que ta perte se fait lourde en ces temps obscurs...
"Mais le cul, dans tout ça, espèce de reac' à la manque" me direz-vous ? Ah, mais j'y viens, bande de petits vicelards, j'y viens. Donc, à un certain moment, vers le second tiers du roman très précisément, nos machos sur-armés rencontrent une nymphomane. Elle est jeune, elle est blonde, elle est bonne, elle est anglo-saxonne. Normal. Nos gonzes n'ayant pas encore eu, en 60 pages, l'occasion de balancer d'autre purée que celle de plomb brulant que moucharde leurs fusils automatiques, et la poupée étant en manque (elle le déclare d'ailleurs elle même page 60 : "Bien sur, je suis nymphomane. Mes parents l'ignorent mais je ne peux lutter contre ce penchant"), ça fait tilt et notre joyeuse troupe s'octroie un repos du guerrier bien mérité. En plus, la mignonne a une sœur cadette en attente du grand frisson et ça, c'est super-pratique pour éviter l'ennui dans les parties à plusieurs.
Bon, en réalité, ça ne se passe pas exactement comme cela... mais vous n'avez qu'à lire ce roman pour en savoir plus. Par contre, n'ayant aucun savoir-vivre, je vous raconte presto la fin du bouquin et, quelques sauts de lignes plus tard, nos gars repartent ragaillardis à la bataille et canardent du jap sans pitié, non-stop. Ça dure bien bon 100 pages et ils y laissent tous la peau sauf un, le veinard, qui s'en va alors rejoindre la nymphomane et sa sœur pour vivre heureux dans la polygamie. Comme il s'agit du dernier paragraphe du livre, pas de chance, pas de sexe. On s'en serait douté. Quant à moi, n'ayant aucune conclusion pour cette article, je me permets de vous laisser en plan. Normal.
2 commentaires:
merci pour cette belle chronique qui fait rever!
je pense que tu peux faire fortune avec des t-shirts au logo WARSEX pour cette ete! moi j'en acheterais un...
une foutre bonne idée ! merci Jhalal, quand j'aurai du pèze à investir dans le textile, j'y repenserai :)
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