UN COUTEAU DANS LA PLAIE, MARTIN MEROY
MEURTRE PAR INTERIM, MARTIN MEROY
PRESSES INTERNATIONALES / INTERPOLICE, 196?
Je ne vous apprendrais rien en disant que le récit de détective privé est un genre codifié à l'extrême. Le flic privé, héros en titre, est un dur. Mal rasé. Gueule de boxer sur le retour. Boit beaucoup. Cochon machiste mais séducteur. Entretient des rapports troubles avec sa secrétaire. Se tape au moins une gonzesse par bouquin. Presque toujours la meurtrière mais, chut, faut pas le dire. Se fait assommer régulièrement en fin de chapitre. Trouve constamment des cadavres dans les appartements qu'il visite. Est souvent soupçonné par la police des crimes sur lesquels il enquête mais a un bon ami flic qui le couvre et lui refile des tuyaux. Je pourrais continuer longtemps mais tout le monde connaît le topo. Un roman de détective privé est une affaire balisée de A jusqu'à Z. Il suffit de s'en remettre au mode d'emploi et c'est parti comme sur des roulettes.
Malheureusement, ça n'empêche pas les ratés. Surtout en France. Certains auteurs semblent avoir mal lu la notice d'utilisation de leur détective privé prêt à la publication. Martin Meroy est de ceux-là. Une véritable calamité. Et pourtant, je suis d'un naturel indulgent. Roger Duchesne, Diego Michigan, Frank-Peter Belinda, je me les tartine comme d'autres se recueillent devant la sainte trinité Chandler / Hammett / Ross MacDonald. Mais Martin Meroy, non, non, mille fois non, ce ne sera pas possible.
Commençons par le moins grave. L'intrigue. Ce néant absolu mais nécessaire pour caser du 300 000 signes en 190 pages. Là, forcement, Meroy fait des efforts. Ses intrigues sont chiantes comme la pluie, simpliste, stupides, mais il y croit. Il se la donne. Il tarabiscote un max, dans tous les sens, n'importe quoi n'importe comment, balançant à la gueule de son lectorat de ridicules fausses pistes pour mieux lui faire croire qu'il raconte quelque chose. Et quelque chose de structuré, de bien carré s'il vous plait, quelque chose comme du Pierre Bellemare qui swingue. La couverture stipule bien "la célèbre émission de Radio Monte-Carlo"- j'imagine que c'est un gage de qualité. La bonne blague. Puisque un niveau zéro du roman policier est désormais admit (3 noms cités plus haut), disons simplement que Martin Meroy travaille au sous-sol.
Primo, ça ne swingue pas du tout. Secundo, rien ne tient debout. C'est improbable, fantaisiste, idiot et, une fois l'explication (longue et bancale) venue en fin de bouquin, c'est édifiant de connerie. Ç'en est même inracontable. Inracontable, je vous dis. Et non, n'insistez pas, je ne vais pas essayer, ça me prendrait trop de temps et vous ne le méritez pas. Sans compter que, bon, sérieusement, l'intrigue, on s'en fout un peu. Qu'importe l'ivresse pourvut qu'on ait la gueule de bois. Passons donc aux choses sérieuses.
Car le vrai problème de Martin Meroy, c'est... Martin Meroy. Oui, Martin Meroy, le personnage principal. Narrateur première personne, détective privé français installé aux états unis, qui résout toutes ses affaires en France (logique) et qui porte... une barbe taillée en collier ! Bon dieu de merde ! Une barbe en collier ! Ça devrait être interdit ! D'habitude, ce sont les méchants, les fourbes et les traîtres (voire les trois en uns) qui arborent ce type de pilosité faciale dans les romans populaires. Une gueule de Judas communiste. Comment accrocher à un personnage principal pareil ? Un type qui taille sa barbe en collier ?
Mais accrochez-vous, le pire est à venir ! Dans Un Couteau Dans La Plaie, page 12, nous apprenons que Martin Meroy ne fume ses cigarettes qu'à moitié... pour ne pas griller sa barbe ! Sa barbe ! Ne pas la griller !! Page 12 !!! On se demande comment l'on va tenir 180 pages de plus avec comme héros un gaillard qui porte une barbe en collier et ne termine pas ses cibiches de peur de prendre feu ! Vous parlez d'un dur ! Imaginez Mike Hammer avec un tel faciès et de telles attitudes. Un coup à foutre Mickey Spillane en faillite dès les premières lignes de J'Aurai Ta Peau.
Et les choses empirent ! Chapitre 3, Martin Meroy est soupçonné de meurtre. il décide donc de prendre la tangente et de modifier sensiblement son apparence. Il change donc d'habits... mais garde sa barbe ! On croit rêver !
Page 40, il nous explique tout de même les mécanismes du raisonnement qui l'ont fait aboutir à cette très stupide décision : "Je me sentirai tout nu, sans elle et je développerai peut-être des complexes qui m'empêcheraient d'agir efficacement. J'aime mieux conserver cet handicap et utiliser tous mes moyens. Du reste, je suis persuadé que la police croit que je l'ai coupée, pour mieux me dissimuler... Je la garde."
Alors là, je dis Bravo ! Quel beau renversement cognitif ! Non mais sérieusement, coupes ta barbe connard ! Tu vois bien que c'est pas possible ! On peux pas continuer comme ça, c'est ridicule, ce fétichisme de bouc bien lustré ! Je veux lire un roman d'homme, pas une brochure pornographique pour barbier nostalgique des coupes à l'ancienne. Je veux du dur, du cool, de l'outrancier, je veux que ça flingue et que ça baise mais je ne veux surtout pas Bruno Moynot maquillé en détective privé, bordel de couille de pompe à bite RARRRHHH !
Bon, j'arrête là, ce sujet m'énerve trop et je deviens sur-vulgaire, c'est pas possible de lire des choses pareilles sur un blog, redevenons serieux. Bon. Pour les amateurs, prenez notes, la barbe est rementionnée pages 67, 76, 96, 98, 161 et 174. Quant au roman Meurtre Par Interim, je n'en ai pas noté les diverses apparitions mais sachez qu'elles y sont bien plus fugaces. Ça n'empêche pas le bouquin d'être terriblement mauvais (si j'en avais la force, je vous aurai résumé l'intrigue et on aurait bien ri ensemble mais non, désolé, c'est au dessus de mes forces) et ça n'empêche pas non plus Martin Meroy d'abuser de sa phrase de prédilection, fort cocasse : "Je souriais dans ma barbe."
Il faudra qu'on m'explique comment telle prouesse est possible avec une barbe en collier.
MEURTRE PAR INTERIM, MARTIN MEROY
PRESSES INTERNATIONALES / INTERPOLICE, 196?
Je ne vous apprendrais rien en disant que le récit de détective privé est un genre codifié à l'extrême. Le flic privé, héros en titre, est un dur. Mal rasé. Gueule de boxer sur le retour. Boit beaucoup. Cochon machiste mais séducteur. Entretient des rapports troubles avec sa secrétaire. Se tape au moins une gonzesse par bouquin. Presque toujours la meurtrière mais, chut, faut pas le dire. Se fait assommer régulièrement en fin de chapitre. Trouve constamment des cadavres dans les appartements qu'il visite. Est souvent soupçonné par la police des crimes sur lesquels il enquête mais a un bon ami flic qui le couvre et lui refile des tuyaux. Je pourrais continuer longtemps mais tout le monde connaît le topo. Un roman de détective privé est une affaire balisée de A jusqu'à Z. Il suffit de s'en remettre au mode d'emploi et c'est parti comme sur des roulettes.
Malheureusement, ça n'empêche pas les ratés. Surtout en France. Certains auteurs semblent avoir mal lu la notice d'utilisation de leur détective privé prêt à la publication. Martin Meroy est de ceux-là. Une véritable calamité. Et pourtant, je suis d'un naturel indulgent. Roger Duchesne, Diego Michigan, Frank-Peter Belinda, je me les tartine comme d'autres se recueillent devant la sainte trinité Chandler / Hammett / Ross MacDonald. Mais Martin Meroy, non, non, mille fois non, ce ne sera pas possible.
Commençons par le moins grave. L'intrigue. Ce néant absolu mais nécessaire pour caser du 300 000 signes en 190 pages. Là, forcement, Meroy fait des efforts. Ses intrigues sont chiantes comme la pluie, simpliste, stupides, mais il y croit. Il se la donne. Il tarabiscote un max, dans tous les sens, n'importe quoi n'importe comment, balançant à la gueule de son lectorat de ridicules fausses pistes pour mieux lui faire croire qu'il raconte quelque chose. Et quelque chose de structuré, de bien carré s'il vous plait, quelque chose comme du Pierre Bellemare qui swingue. La couverture stipule bien "la célèbre émission de Radio Monte-Carlo"- j'imagine que c'est un gage de qualité. La bonne blague. Puisque un niveau zéro du roman policier est désormais admit (3 noms cités plus haut), disons simplement que Martin Meroy travaille au sous-sol.
Primo, ça ne swingue pas du tout. Secundo, rien ne tient debout. C'est improbable, fantaisiste, idiot et, une fois l'explication (longue et bancale) venue en fin de bouquin, c'est édifiant de connerie. Ç'en est même inracontable. Inracontable, je vous dis. Et non, n'insistez pas, je ne vais pas essayer, ça me prendrait trop de temps et vous ne le méritez pas. Sans compter que, bon, sérieusement, l'intrigue, on s'en fout un peu. Qu'importe l'ivresse pourvut qu'on ait la gueule de bois. Passons donc aux choses sérieuses.
Car le vrai problème de Martin Meroy, c'est... Martin Meroy. Oui, Martin Meroy, le personnage principal. Narrateur première personne, détective privé français installé aux états unis, qui résout toutes ses affaires en France (logique) et qui porte... une barbe taillée en collier ! Bon dieu de merde ! Une barbe en collier ! Ça devrait être interdit ! D'habitude, ce sont les méchants, les fourbes et les traîtres (voire les trois en uns) qui arborent ce type de pilosité faciale dans les romans populaires. Une gueule de Judas communiste. Comment accrocher à un personnage principal pareil ? Un type qui taille sa barbe en collier ?
Mais accrochez-vous, le pire est à venir ! Dans Un Couteau Dans La Plaie, page 12, nous apprenons que Martin Meroy ne fume ses cigarettes qu'à moitié... pour ne pas griller sa barbe ! Sa barbe ! Ne pas la griller !! Page 12 !!! On se demande comment l'on va tenir 180 pages de plus avec comme héros un gaillard qui porte une barbe en collier et ne termine pas ses cibiches de peur de prendre feu ! Vous parlez d'un dur ! Imaginez Mike Hammer avec un tel faciès et de telles attitudes. Un coup à foutre Mickey Spillane en faillite dès les premières lignes de J'Aurai Ta Peau.
Et les choses empirent ! Chapitre 3, Martin Meroy est soupçonné de meurtre. il décide donc de prendre la tangente et de modifier sensiblement son apparence. Il change donc d'habits... mais garde sa barbe ! On croit rêver !
Page 40, il nous explique tout de même les mécanismes du raisonnement qui l'ont fait aboutir à cette très stupide décision : "Je me sentirai tout nu, sans elle et je développerai peut-être des complexes qui m'empêcheraient d'agir efficacement. J'aime mieux conserver cet handicap et utiliser tous mes moyens. Du reste, je suis persuadé que la police croit que je l'ai coupée, pour mieux me dissimuler... Je la garde."
Alors là, je dis Bravo ! Quel beau renversement cognitif ! Non mais sérieusement, coupes ta barbe connard ! Tu vois bien que c'est pas possible ! On peux pas continuer comme ça, c'est ridicule, ce fétichisme de bouc bien lustré ! Je veux lire un roman d'homme, pas une brochure pornographique pour barbier nostalgique des coupes à l'ancienne. Je veux du dur, du cool, de l'outrancier, je veux que ça flingue et que ça baise mais je ne veux surtout pas Bruno Moynot maquillé en détective privé, bordel de couille de pompe à bite RARRRHHH !
Bon, j'arrête là, ce sujet m'énerve trop et je deviens sur-vulgaire, c'est pas possible de lire des choses pareilles sur un blog, redevenons serieux. Bon. Pour les amateurs, prenez notes, la barbe est rementionnée pages 67, 76, 96, 98, 161 et 174. Quant au roman Meurtre Par Interim, je n'en ai pas noté les diverses apparitions mais sachez qu'elles y sont bien plus fugaces. Ça n'empêche pas le bouquin d'être terriblement mauvais (si j'en avais la force, je vous aurai résumé l'intrigue et on aurait bien ri ensemble mais non, désolé, c'est au dessus de mes forces) et ça n'empêche pas non plus Martin Meroy d'abuser de sa phrase de prédilection, fort cocasse : "Je souriais dans ma barbe."
Il faudra qu'on m'explique comment telle prouesse est possible avec une barbe en collier.
4 commentaires:
Bon sang, je ne lirai pas Martin Meroy, mais je me suis bien bidonné à te lire.
Excellent !
Les deux dernières phrases sont juste énormes :D
... bon courage pour les prochaines lectures!
artemus : merci. j'espère bien ne plus jamais lire de Martin Meroy... mais me connaissant... je sais très bien qu'un jour ou l'autre, je rechuterai !
jerom : je me permets un sourire dans ma barbe - ce qui, avec un collier de poils et retranscrit en smiley, donne approximativement cela :))
Malheur aux barbus !
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