DIABOLIQUES RENDEZ-VOUS, ANDRÉ FAVIERES
JAQUIER / LA LOUPE POLICIER, 1958
Il y a dans les petits romans d'André Favières publiés chez Jacquier / La Loupe une certaine excentricité qui rappelle les récits populaires de l'entre-deux-guerres, les succédanés de Fantômas, les imitations ratées de crimes anglais, les aventures exotiques échevelées voire même les improbables délires de Edward Brooker.
Ainsi, dans Diaboliques Rendez-Vous, le commissaire Armand et l'écrivain criminaliste André Gerard, l'habituel duo des policiers de Favières en collection La Loupe, traquent un mystérieux criminel qui assassine des femmes en les étranglant avec leur propre bas.
Comme de presque toujours, le roman se déroule à Nice et l'ambiance se fait plutôt gothique. Ombres menaçantes, brumes maléfiques, hurlements qui déchirent la nuit et les fameux points de suspensions à tout-va, marque de fabrique d'un auteur passé maitre en l'art du frisson à quat'sous et de l'épouvante désuète.
L'ensemble ressemble à un de ces Krimi farfelus que l'industrie cinématographique Allemande produisit en masse dans les années 60 et qui influencèrent ostensiblement les giallo italiens. Meurtriers en gants noirs, détails extravagants, dérèglements sexuels et révélations saugrenues.
Dans Diaboliques Rendez-Vous, des femmes sont enlevées par un sadique en plein délire fétichiste tandis que la police soupçonne un artiste de nu aux apparences de proxénète. Une étrange poudre blanche est retrouvée sur les lieux du crime et une lettre déchirée semble designer l'assassin. Un singe meurtrier s'attaque à nos héros, un sculpteur fou moule ses victimes dans du plâtre et des suites de fusillades éclatent en onomatopées.
"Tacatacatacata... Ziiiiouuum... Tacatacatacata..." écrit Favières.
Aux yeux d'un lectorat sérieux, notre homme passera sans aucun doute pour un sacré clown, un fantaisiste un peu crétin, l'exact opposé de l'écrivain policier appliqué.
A coups d'intrigues bizarroïdes, il malmène le rationnel, met à pied la logique, décapite la cohérence. Voila un bel artisan du Grand Guignol en littérature. Ses personnages sont des pantins, l'invraisemblable est monnaie courante mais tout cela est parfaitement normal. Il s'agit d'accumuler le plus de rebondissements, le plus de situations inextricables, de séquences aberrantes pour mieux faire frémir le prolo de lecteur, cet être foncièrement crédule.
A l'arrivée, plus rien ne tient debout. Favières tente bien évidement de recoller les morceaux en un long épilogue explicatif d'une vingtaine de pages - mais les dégâts sont trop importants.
Qu'importe ! Si vous aimez les auteurs qui retombent sur leurs pattes, allez voir ailleurs si le plaisir y est. Ici, l'arrivée en bonne et due forme ne compte pas, seul le trajet, alambiqué, tortueux, cocasse, est à considérer.
Et si Diaboliques Rendez-Vous n'est certainement pas ce que les gens tristes appellent un "bon roman", il n'en reste pas moins un divertissement passionnant de par ses accents baroques, ses remugles morbides, ses savoureuses incohérences et sa volonté constante de dépasser la mesure en dépit du bon sens.
Car chez Favières, trop, ce n'est jamais assez.
Et c'est tant mieux !
JAQUIER / LA LOUPE POLICIER, 1958
Il y a dans les petits romans d'André Favières publiés chez Jacquier / La Loupe une certaine excentricité qui rappelle les récits populaires de l'entre-deux-guerres, les succédanés de Fantômas, les imitations ratées de crimes anglais, les aventures exotiques échevelées voire même les improbables délires de Edward Brooker.
Ainsi, dans Diaboliques Rendez-Vous, le commissaire Armand et l'écrivain criminaliste André Gerard, l'habituel duo des policiers de Favières en collection La Loupe, traquent un mystérieux criminel qui assassine des femmes en les étranglant avec leur propre bas.
Comme de presque toujours, le roman se déroule à Nice et l'ambiance se fait plutôt gothique. Ombres menaçantes, brumes maléfiques, hurlements qui déchirent la nuit et les fameux points de suspensions à tout-va, marque de fabrique d'un auteur passé maitre en l'art du frisson à quat'sous et de l'épouvante désuète.
L'ensemble ressemble à un de ces Krimi farfelus que l'industrie cinématographique Allemande produisit en masse dans les années 60 et qui influencèrent ostensiblement les giallo italiens. Meurtriers en gants noirs, détails extravagants, dérèglements sexuels et révélations saugrenues.
Dans Diaboliques Rendez-Vous, des femmes sont enlevées par un sadique en plein délire fétichiste tandis que la police soupçonne un artiste de nu aux apparences de proxénète. Une étrange poudre blanche est retrouvée sur les lieux du crime et une lettre déchirée semble designer l'assassin. Un singe meurtrier s'attaque à nos héros, un sculpteur fou moule ses victimes dans du plâtre et des suites de fusillades éclatent en onomatopées.
"Tacatacatacata... Ziiiiouuum... Tacatacatacata..." écrit Favières.
Aux yeux d'un lectorat sérieux, notre homme passera sans aucun doute pour un sacré clown, un fantaisiste un peu crétin, l'exact opposé de l'écrivain policier appliqué.
A coups d'intrigues bizarroïdes, il malmène le rationnel, met à pied la logique, décapite la cohérence. Voila un bel artisan du Grand Guignol en littérature. Ses personnages sont des pantins, l'invraisemblable est monnaie courante mais tout cela est parfaitement normal. Il s'agit d'accumuler le plus de rebondissements, le plus de situations inextricables, de séquences aberrantes pour mieux faire frémir le prolo de lecteur, cet être foncièrement crédule.
A l'arrivée, plus rien ne tient debout. Favières tente bien évidement de recoller les morceaux en un long épilogue explicatif d'une vingtaine de pages - mais les dégâts sont trop importants.
Qu'importe ! Si vous aimez les auteurs qui retombent sur leurs pattes, allez voir ailleurs si le plaisir y est. Ici, l'arrivée en bonne et due forme ne compte pas, seul le trajet, alambiqué, tortueux, cocasse, est à considérer.
Et si Diaboliques Rendez-Vous n'est certainement pas ce que les gens tristes appellent un "bon roman", il n'en reste pas moins un divertissement passionnant de par ses accents baroques, ses remugles morbides, ses savoureuses incohérences et sa volonté constante de dépasser la mesure en dépit du bon sens.
Car chez Favières, trop, ce n'est jamais assez.
Et c'est tant mieux !
2 commentaires:
j'aime ton blog de sacrées pépittes que tu nous présent; tout ça me donne envi de relire :)
Sorry for my bad english. Thank you so much for your good post. Your post helped me in my college assignment, If you can provide me more details please email me.
Enregistrer un commentaire