LES SEPT CERCLES, MICHAËL BORGIA
ROBERT LAFFONT / TNT # 1, 1978
Dans la série des gros bras romanesques en trois lettres constitutives, je demande, après Zac et Don, TNT, série française signée du binôme Michaël Borgia et racontant les incroyables exploits de Tony Nicholas Twin, journaliste intrépide transformé, suite à un accident nucléaire, en super-baroudeur aux facultés sensorielles extraordinaires et aux aptitudes sexuelles hors du commun.
Des prémices qui promettent... et qui tiennent !
Première aventure de TNT, Les Sept Cercles est en effet un roman viril à mille lieux de la routine blasée, parfois même émoussante, des séries du genre, répétitives au point de ne plus se distinguer les unes des autres que par les cursus militaires de leurs héros respectifs comme - par exemple - Mark Hardin, c'est trois années au Vietnam alors que Mack Bolan a, lui, en plus, participé à la guerre de Corée.
TNT, par contre, n'est pas militaire de carrière. Ni même flingueur fou. Ou vigilante illuminé. Ou flic en rupture de ban et faisant régner la loi du talion dans les ruelles sombres et crasseuses des grandes cités américaines.
Avec ses pouvoirs étranges, ses origines à la Stan Lee et la trame fantastique de ses aventures, on le rapprocherait plutôt de Remo Williams, dit L'Implacable.
Et si les dialogues humoristiques, marque de fabrique de la série de Richard Sapir et Warren Murphy, sont aux abonnés absents chez TNT (le héros éponyme ne parlant presque pas), on y retrouve par contre ce même fond satirique typique des années 70, cette cruauté amusée envers les excès du monde moderne et caractérisée par une galerie de personnages légèrement psychotiques, balises troubles des normes contemporaines et aux comportements souvent illogiques pour mieux accentuer la bizarrerie voulue du texte.
C'est par exemple un couple de tueurs homosexuels qui, lorsqu'ils ne brisent pas à la masse le corps d'une infirmière (après l'avoir violée, avant de la couler dans du béton), organisent d'intenses parties de morpion sur les tables d'un aéroport et parlent d'adopter un enfant.
C'est aussi une femme d'affaire nymphomane, gérante d'un théâtre clandestin où des hommes sont torturés devant un public sélect, leurs corps nus arrosés d'essence et l'allumette pour les immoler vendue au plus offrant dans l'assistance.
C'est surtout Arnold Benedict, homme de l'ombre retors, obsédé par les substances microbiennes et collectionneur maladif de choses rares. Arnold Benedict qui semble manipuler TNT et qui connaît par ailleurs la signification du mot "Octobre" - fil rouge du roman, élément de mystère habillement mis en place, surprenament résolu et offrant à Tony Nicholas Twin un relief salutaire.
En de très nombreux points, Les Sept Cercles est donc un roman brillant, ciselée comme de la dentelle pour mecs et regorgeant de détails savoureux, à l'image du chiffre 7, caché dans de nombreux recoins du texte :
Les 7 circonvolutions de la cible tracée sur une plage avant l'explosion initiale, les 7 compagnies pétrolières qui tirent les ficelles, les 7 aventuriers lancés par Arnold Benedict à l'assaut des 7 protections du blockhaus de Michelangelo Piran - point d'orgue du roman, segment final d'une découpe en 3 parties (la création de TNT, l'évasion de TNT, la mission de TNT) et visant, de par son périple fou, aux limites de l'hallucination, à mettre en valeur les incroyables facultés de ce Doc Savage français.
Les sept cercles de l'enfer deviennent alors un donjon morbide dont vous seriez le héros, panorama d'une imagination diabolique mélangeant tortures corporelles et aménagement d'intérieur.
Cuves d'acide, jardins empoisonnés, couloirs métalliques électrifiés, souffleries détraquées, escaliers en lame de rasoir - jusqu'à l'apothéose : le dernier cercle et ses femmes encagées, débiles mentales sexuellement dérangées. Je n'en dis pas plus. C'est un circuit dantesque, un jeu de l'oie baroque rappelant les futurs délires de Serges Brussolo.
TNT réussi d'ailleurs tout ce que la série Destroy ne fera qu'effleurer 25 années plus tard : espionnage excentrique, super-héroïsme saugrenu, pulp mutant post moderne...
"On ne pouvait rêver mieux."
ROBERT LAFFONT / TNT # 1, 1978
Dans la série des gros bras romanesques en trois lettres constitutives, je demande, après Zac et Don, TNT, série française signée du binôme Michaël Borgia et racontant les incroyables exploits de Tony Nicholas Twin, journaliste intrépide transformé, suite à un accident nucléaire, en super-baroudeur aux facultés sensorielles extraordinaires et aux aptitudes sexuelles hors du commun.
Des prémices qui promettent... et qui tiennent !
Première aventure de TNT, Les Sept Cercles est en effet un roman viril à mille lieux de la routine blasée, parfois même émoussante, des séries du genre, répétitives au point de ne plus se distinguer les unes des autres que par les cursus militaires de leurs héros respectifs comme - par exemple - Mark Hardin, c'est trois années au Vietnam alors que Mack Bolan a, lui, en plus, participé à la guerre de Corée.
TNT, par contre, n'est pas militaire de carrière. Ni même flingueur fou. Ou vigilante illuminé. Ou flic en rupture de ban et faisant régner la loi du talion dans les ruelles sombres et crasseuses des grandes cités américaines.
Avec ses pouvoirs étranges, ses origines à la Stan Lee et la trame fantastique de ses aventures, on le rapprocherait plutôt de Remo Williams, dit L'Implacable.
Et si les dialogues humoristiques, marque de fabrique de la série de Richard Sapir et Warren Murphy, sont aux abonnés absents chez TNT (le héros éponyme ne parlant presque pas), on y retrouve par contre ce même fond satirique typique des années 70, cette cruauté amusée envers les excès du monde moderne et caractérisée par une galerie de personnages légèrement psychotiques, balises troubles des normes contemporaines et aux comportements souvent illogiques pour mieux accentuer la bizarrerie voulue du texte.
C'est par exemple un couple de tueurs homosexuels qui, lorsqu'ils ne brisent pas à la masse le corps d'une infirmière (après l'avoir violée, avant de la couler dans du béton), organisent d'intenses parties de morpion sur les tables d'un aéroport et parlent d'adopter un enfant.
C'est aussi une femme d'affaire nymphomane, gérante d'un théâtre clandestin où des hommes sont torturés devant un public sélect, leurs corps nus arrosés d'essence et l'allumette pour les immoler vendue au plus offrant dans l'assistance.
C'est surtout Arnold Benedict, homme de l'ombre retors, obsédé par les substances microbiennes et collectionneur maladif de choses rares. Arnold Benedict qui semble manipuler TNT et qui connaît par ailleurs la signification du mot "Octobre" - fil rouge du roman, élément de mystère habillement mis en place, surprenament résolu et offrant à Tony Nicholas Twin un relief salutaire.
En de très nombreux points, Les Sept Cercles est donc un roman brillant, ciselée comme de la dentelle pour mecs et regorgeant de détails savoureux, à l'image du chiffre 7, caché dans de nombreux recoins du texte :
Les 7 circonvolutions de la cible tracée sur une plage avant l'explosion initiale, les 7 compagnies pétrolières qui tirent les ficelles, les 7 aventuriers lancés par Arnold Benedict à l'assaut des 7 protections du blockhaus de Michelangelo Piran - point d'orgue du roman, segment final d'une découpe en 3 parties (la création de TNT, l'évasion de TNT, la mission de TNT) et visant, de par son périple fou, aux limites de l'hallucination, à mettre en valeur les incroyables facultés de ce Doc Savage français.
Les sept cercles de l'enfer deviennent alors un donjon morbide dont vous seriez le héros, panorama d'une imagination diabolique mélangeant tortures corporelles et aménagement d'intérieur.
Cuves d'acide, jardins empoisonnés, couloirs métalliques électrifiés, souffleries détraquées, escaliers en lame de rasoir - jusqu'à l'apothéose : le dernier cercle et ses femmes encagées, débiles mentales sexuellement dérangées. Je n'en dis pas plus. C'est un circuit dantesque, un jeu de l'oie baroque rappelant les futurs délires de Serges Brussolo.
TNT réussi d'ailleurs tout ce que la série Destroy ne fera qu'effleurer 25 années plus tard : espionnage excentrique, super-héroïsme saugrenu, pulp mutant post moderne...
...littérature d'avant gare !"Comment dites vous qu'il s'appelle ?" demande un officiel gouvernemental, page 207, "TNT ?"
"On ne pouvait rêver mieux."
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