LE GRAND MÉNAGE FAÇON SPILLANE

NETTOYAGE PAR LE VIDE, MICKEY SPILLANE
PRESSES DE LA CITE / UN MYSTÈRE # 107, 1952

Ce n'est peut être pas du Mike Hammer mais dès la deuxième page du texte, l'on peut être certain d'une chose : Nettoyage Par Le vide ( The Long Wait en VO) est bien un roman de Mickey Spillane.

" J'avais trois choses à faire dans cette garce de ville " déclare le narrateur, un ex-GI amnésique fraîchement débarqué à Lyncastle.
" Tuer quelqu'un. Empêcher quelqu'un d'autre de nuire d'avantage en lui cassant les deux bras. Fouetter une troisième personne avec une bonne ceinture de cuir, de manière à lui en laisser les marques imprimés sur la peau jusqu'à la fin de ses jours.
Cette troisième personne était une femme."
On le sent, on le sait, ça va être misogyne. Oh oui ! ça va être brutal. Pas de pitié. Mickey le dingue est dans les parages.
Caltez mauviettes, giclez lopettes.
Nettoyage Par Le Vide est, comme tous les romans du grand Spillane, une affaire d'hommes.


Ainsi, à défaut de Mike Marteau, nous avons pour héros première personne du singulier un certain Johnny Mc Bride (soit Jeannot La Mariée), un gars qui cherche une femme, Vera West, l'ancienne compagne de Lemmy Servo, le caïd qui tient Lyncastle, ses forces de l'ordre, ses commerces et ses politiciens sous sa coupe.
Ou plutôt par les couilles, comme il se doit d'être écrit en bon langage Spillanien.

Mc Bride débarque donc après un exil forcé de 5 ans. Il est venu pour se venger, pour rétablir sa vérité, pour tout foutre en l'air.
C'est du Spillane.
Il y a d'énormes approximations, des tonnes de facilités, des raccourcis biens sentis et un retournement de situation aussi vieux que le monde, et aussi grossier que ceux employés par André Duquesne - le Spillane français, la classe en moins.

Il y a surtout de larges rasades de sexismes et d'érotisme macho. La suceuse de glaçon, l'idiote peu farouche, la bonne pomme soumise, la prostitué cultivée, tout ça, c'est du Spillane pur jus.
Et puis, c'est aussi un roman des années 50. Le héros se reçoit régulièrement des coups de crosses sur le carafon. Assommé le temps d'un paragraphe, histoire de bien assurer la transition. 36 chandelles et puis s'en va. C'est le fondu au noir des bons vieux polars de l'ancien temps.
Ça se lit donc sans déplaisir. On connaît tous les codes, tous les trucs. Le flic véreux, le flic intègre. La garce et la gentille fille.
Parfois, tout se mélange et se barbouille. Le roman plonge dans des abimes de n'importe quoi. On connait le truc. On apprécie.

" Déshabille-moi " chuchote la rouquine agonisante, un trou dans la poitrine, flinguée alors qu'elle sauvait le héros.

" Nymphomane jusqu'au dernier soupir " rajoute Spillane.

Malheureusement, si tous les ingrédients sont présents, si la sauce monte onctueusement, le roman se vautre dans le grotesque lors du sprint final, calqué sur le grand classique J'Aurai Ta Peau (I, The Jury), strip-tease inclus mais retourné comme une vieille chaussette.
Il y a les oiseaux qui gazouillent, le soleil qui se lève et un mariage à la clef. On se croirait presque dans une romance Harlequin.

Pour du Spillane, même en tenant compte de certaines bonnes volontés, ce n'est pas très fameux.
Mais après tout, on le savait.
Ce n'était pas un Mike Hammer et le personnage principal se nommait Johnny Mc Bride.
Certains signes ne trompent pas.

2 commentaires:

artemus dada a dit…

Ah ! Spillane, ça fait un bail que j'en ai pas lu, tiens.

Sinon, je vois que tu as retrouvé une connexion, tant mieux.

ROBO32.EXE a dit…

je sais pas si l'on peut appeler ça une "connexion"...
... mais de temps en temps, je capte en effet quelques paquets qui me permettent d'afficher google en un peu moins d'une minute ;)