BONJOUR TRAITRESSE, BART KEISTER
LA COPINE INSPIRÉE, BART KEISTER
L'ALLÉE DERRIÈRE A MARIENBAD, BART KEISTER
APOCALYPSE DODO, BART KEISTER
DOMINIQUE LEROY / LE SCARABÉE D'OR, 1981/83/84
C'est le dernier grand éditeur de la décennie d'or du porno, 1974 - 1984 : Dominique Leroy et la collection poche Le Scarabée D'Or.
Au début des années 80, et cinq années durant, ils reprirent le flambeau, tout juste abandonné par les éditions de la Brigandine et la collection Eroscope, du roman cochon traité comme une littérature de genre, c'est à dire du roman cochon qui ne se repose pas sur des accouplements en pagaille mais plutôt sur l'imbrication de ses thématiques sexuelles plus ou moins habituelles à une intrigue polardeuse, science-fictive ou horrifique un peu pauvre mais amusante, soit un roman cochon qui ne satisfera sans doute pas le clille lambda des sex-shop dopé au coït non-stop mais qui ne manquera pas d'apporter félicité et plénitude à l'amateur de formes narratives populaires exubérantes et bizarroïdes, l'amateur d'espions qui triquent en kaléidoscope, de bisseries italiennes sur-colorées aux scénarios furieusement improbables, de cachetons chimiques comme subterfuge au rationnel et de femmes fatales criminelles adeptes de tortures raffinées, caresses du fouet et morsures du rasoir sur les parties sensibles... femmes fatales criminelles qui ne manqueront d'ailleurs pas d'offrir leurs charmes opulents et leurs recoins intimes au héros avant d'essayer de le tuer, femmes fatales criminelles qui connaîtront malheureusement une fin atroce, celle que connaissent presque toutes les femmes, bonnes ou mauvaises, dans la littérature de genre : défigurées, brulées vives, accidentées, torturées, violées, étranglées, poignardées ou prostituées en moyen-orient ; le cahier des charges stipulant bien l'emploi d'une sympathique misogynie alors autant ne pas s'en priver - cela n'empêchera pas non plus les auteurs de s'en amuser.
Le genre est ludique, l'auteur joueur, le public réceptif.
Bel exemple (mais sans les phrases à rallonge) de cette formule désormais définitivement délaissée : les aventures de Ross Wrecker, stuntman à la cinecittà et cascadeur forrain, spécialiste des tonneaux en bagnole et des enquêtes insolites et qui connu, si je ne me trompe pas, une dizaine de volumes sous la plume d'un certain Bart Keister, une signature qui fleure bon le pseudonyme et que l'on pourrait probablement attribuer à un rescapé des éditions de la Brigandine tant ses références sont marquées : beat generation, ciné bis, situationnisme, porno agité, expérimental, litt' pop'.
Mais au lieu de se perdre en conjonctures fumeuses, opérons plutôt un court survol de cette série avec 4 volumes pris au hasard mais lu dans l'ordre.
Le premier, c'est Bonjour Traitresse. Ross Wrecker y est traqué par Agathe Torge, une super-milliardaire qui s'ennuie, le cervelet cramé par des cachetons de toutes sortes et les 24 images secondes ultra-granuleuses que les bobines snuff artisanales produites par notre héros lui ont déversées dans les chasses - car, oui, je ne vous l'ai pas dit mais lorsque Ross Wrecker s'ennuie, il magouille de faux snuff movies qu'il revend ensuite à prix d'or... en faisant croire qu'il s'agit des tournages de véritables mises à morts.
Malheureusement, Agathe Torge découvre la vérité - et c'est un coup à lui vriller ses dernières synapse.
Avec l'aide de Bénédicte, ancienne actrice dans le genre reconvertie en dominatrice saphique, elle décide donc de faire mieux, de faire dans le vrai, de faire pour de vrai.
Elle y parvient en partie mais je n'en dit pas plus.
Bonjour Traitresse est un roman salement allumé, vaguement explosé, souvent halluciné, que ce soit Agathe poursuivie par des cannibales sur une aire d'autoroute, Ross Wrecker supplicié dans une salle diffusant des boucles de films snuff (" comme dans un rêve, un beau rêve en technicolor, avec pleins de ralentis somptueux et plein de sens comme le réfrigérateur à la fin de Zabriskie Point ") ou bien encore une fin pied de nez à la façon des nombreux tiroirs acides du Dieu Venu Du Centaure (quoi ??? mec, t'as trop bu, tu racontes n'importe quoi ! )
De toute manière, c'est confus, c'est cradingue, c'est choucard.
La Copine Inspirée, par contre, c'est tout l'inverse : un peu con, pas mal cafardeux et inutilement embrouillé.
On ne s'y ennuie pas vraiment mais avouons qu'il porte bien mal son titre. Ce n'est pas très inspiré. On a connu mieux Et puis ce n'est pas très dingue non plus, en dépit de la folle qui coupe les quéquettes des mecs avec qui elle couche.
Bref, c'est du balisé.
Ross Wrecker enquête, la police piétine, les journalistes journalisent et le lecteur lit. Tout est bien dans le meilleur des mondes possibles mais justement, j'ai beau positiver, j'avoue que Bart Keister aurait pu faire largement mieux.
D'ailleurs, si il n'y avait pas eu une affaire d'hypnose très série B derrière tout ça ("AREPO TENET OPERA ROTAS"), je n'en aurai rien gardé dans la tête de cette jaffe tiède et fade.
Ça nourrit son homme mais ça ne l'émerveille pas pour autant.
Passons donc à L'Allée Derrière à Marienbad, un épisode qui nous permet de retrouver quelques connaissances ayant survecues à Bonjour Traitresse, comme Antoine Perrissier, collectionneur des faux snuff produits par Wrecker, et Benedicte, la Benedicte, toujours aussi chaude, toujours aussi dominatrice, toujours aussi chienne.
La voici d'ailleurs qui complote encore une fois contre notre héros. La suite ne vaut pas Bonjour Traitresse mais le roman se termine tout de même en une gigantesque orgie sado-maso surveillée par des Hells Angels camés et sanguinaires au bord du craquage.
En trois mots : simple, carré, efficace.
Je termine par le meilleur... ou pas. C'est à négocier.
Apocalypse Dodo. Le titre est foireux. C'est une habitude. Faut si faire. Ross Wrecker usine en france. Il participe au tournage d'un porno : "Par Le Trou De L'Oreille."
Cascades, assistant caméra, diverses autres choses. C'est de l'artisanal.
L'équipe tourne sur un plage normande et Bart Keister s'en donne à coeur joie avec son casting. On pense à l'excellentissime Ciné à Mateur de JP Bouyxou. Ça sent d'ailleurs le vécu : Carnadin le réalisateur, Francis Fuckster l'étalon star, Séraphine la débutante qui s'endort en plein coït, Viviane la monteuse (et qui, d'ailleurs, se fait monter par Ross... enfin, bon, passons...) et surtout le Vicomte Enguerran d'Entremont, pervers ancienne école et coupable tout désigné pour les exactions qui vont suivre.
Mais connaitre le méchant, ça n'empêche pas non plus le suspense. Ni les pistes multiples, comme l'étrange épidémie de sommeil, les moustiques fous, l'armée, les scientifiques, leurs épouses délaissées, les voyeurs du quartier, le personnel hôtelier et tout un tintouin assez mastoc.
Bart Keister assure comme un grand, on y croit. Même si il empeste la bière, le lecteur est tenu en haleine.
Vas-y ! VAS-Y !!! VAS-Y !!! que j'éructe la bave aux lèvres et la mousseuse dans une de mes deux pognes, le bouquin dans l'autre, la sueur qui me sort partouse les pores, les neurones en feu, tout tremblotant dans mon cagibi-bibliothèque aux murs tapissés de posters pornographiques.
MAIS VAS-Y, BON DIEU !!!
Malheureusement, tout s'effondre dans les dernières pages. Apocalypse Dodo s'auto-saborde. La cause : le formatage. Apocalypse Dodo est trop court. Il lui manque bien bon 50 pages pour concrétiser la purée.
C'est con. On était pas très loin de la jouissance.
Je conclu tout de même. Sachons rester professionnel.
Donc : un message à tous les déviants de la romance, à tous les excités du bulbe, les excentriques du poignet, les dégueulasses et les salingues de la lexicalité, les pervers qui aiment les 190 pages en gros caractères et les intellectuels qui se sentent l'âme manuelle, droitière, gauchiste, la bite dextre, à toi de choisir.
Mon pote. Si tu as 1 heure 30 à flinguer, sache que Bart Keister est fortement recommandé.
Du Ross Wrecker, j'en ferai bien mon ordinaire. D'ailleurs, le plus mauvais des Ross Wrecker vaut largement cette tambouille que tu t’assaisonne lorsque tu veux pas te casser nénette tout en t'en foutant plein les mirettes.
Prends-en note.
Tu sera satisfait.
LA COPINE INSPIRÉE, BART KEISTER
L'ALLÉE DERRIÈRE A MARIENBAD, BART KEISTER
APOCALYPSE DODO, BART KEISTER
DOMINIQUE LEROY / LE SCARABÉE D'OR, 1981/83/84
C'est le dernier grand éditeur de la décennie d'or du porno, 1974 - 1984 : Dominique Leroy et la collection poche Le Scarabée D'Or.
Au début des années 80, et cinq années durant, ils reprirent le flambeau, tout juste abandonné par les éditions de la Brigandine et la collection Eroscope, du roman cochon traité comme une littérature de genre, c'est à dire du roman cochon qui ne se repose pas sur des accouplements en pagaille mais plutôt sur l'imbrication de ses thématiques sexuelles plus ou moins habituelles à une intrigue polardeuse, science-fictive ou horrifique un peu pauvre mais amusante, soit un roman cochon qui ne satisfera sans doute pas le clille lambda des sex-shop dopé au coït non-stop mais qui ne manquera pas d'apporter félicité et plénitude à l'amateur de formes narratives populaires exubérantes et bizarroïdes, l'amateur d'espions qui triquent en kaléidoscope, de bisseries italiennes sur-colorées aux scénarios furieusement improbables, de cachetons chimiques comme subterfuge au rationnel et de femmes fatales criminelles adeptes de tortures raffinées, caresses du fouet et morsures du rasoir sur les parties sensibles... femmes fatales criminelles qui ne manqueront d'ailleurs pas d'offrir leurs charmes opulents et leurs recoins intimes au héros avant d'essayer de le tuer, femmes fatales criminelles qui connaîtront malheureusement une fin atroce, celle que connaissent presque toutes les femmes, bonnes ou mauvaises, dans la littérature de genre : défigurées, brulées vives, accidentées, torturées, violées, étranglées, poignardées ou prostituées en moyen-orient ; le cahier des charges stipulant bien l'emploi d'une sympathique misogynie alors autant ne pas s'en priver - cela n'empêchera pas non plus les auteurs de s'en amuser.
Le genre est ludique, l'auteur joueur, le public réceptif.
Bel exemple (mais sans les phrases à rallonge) de cette formule désormais définitivement délaissée : les aventures de Ross Wrecker, stuntman à la cinecittà et cascadeur forrain, spécialiste des tonneaux en bagnole et des enquêtes insolites et qui connu, si je ne me trompe pas, une dizaine de volumes sous la plume d'un certain Bart Keister, une signature qui fleure bon le pseudonyme et que l'on pourrait probablement attribuer à un rescapé des éditions de la Brigandine tant ses références sont marquées : beat generation, ciné bis, situationnisme, porno agité, expérimental, litt' pop'.
Mais au lieu de se perdre en conjonctures fumeuses, opérons plutôt un court survol de cette série avec 4 volumes pris au hasard mais lu dans l'ordre.
Le premier, c'est Bonjour Traitresse. Ross Wrecker y est traqué par Agathe Torge, une super-milliardaire qui s'ennuie, le cervelet cramé par des cachetons de toutes sortes et les 24 images secondes ultra-granuleuses que les bobines snuff artisanales produites par notre héros lui ont déversées dans les chasses - car, oui, je ne vous l'ai pas dit mais lorsque Ross Wrecker s'ennuie, il magouille de faux snuff movies qu'il revend ensuite à prix d'or... en faisant croire qu'il s'agit des tournages de véritables mises à morts.
Malheureusement, Agathe Torge découvre la vérité - et c'est un coup à lui vriller ses dernières synapse.
Avec l'aide de Bénédicte, ancienne actrice dans le genre reconvertie en dominatrice saphique, elle décide donc de faire mieux, de faire dans le vrai, de faire pour de vrai.
Elle y parvient en partie mais je n'en dit pas plus.
Bonjour Traitresse est un roman salement allumé, vaguement explosé, souvent halluciné, que ce soit Agathe poursuivie par des cannibales sur une aire d'autoroute, Ross Wrecker supplicié dans une salle diffusant des boucles de films snuff (" comme dans un rêve, un beau rêve en technicolor, avec pleins de ralentis somptueux et plein de sens comme le réfrigérateur à la fin de Zabriskie Point ") ou bien encore une fin pied de nez à la façon des nombreux tiroirs acides du Dieu Venu Du Centaure (quoi ??? mec, t'as trop bu, tu racontes n'importe quoi ! )
De toute manière, c'est confus, c'est cradingue, c'est choucard.
La Copine Inspirée, par contre, c'est tout l'inverse : un peu con, pas mal cafardeux et inutilement embrouillé.
On ne s'y ennuie pas vraiment mais avouons qu'il porte bien mal son titre. Ce n'est pas très inspiré. On a connu mieux Et puis ce n'est pas très dingue non plus, en dépit de la folle qui coupe les quéquettes des mecs avec qui elle couche.
Bref, c'est du balisé.
Ross Wrecker enquête, la police piétine, les journalistes journalisent et le lecteur lit. Tout est bien dans le meilleur des mondes possibles mais justement, j'ai beau positiver, j'avoue que Bart Keister aurait pu faire largement mieux.
D'ailleurs, si il n'y avait pas eu une affaire d'hypnose très série B derrière tout ça ("AREPO TENET OPERA ROTAS"), je n'en aurai rien gardé dans la tête de cette jaffe tiède et fade.
Ça nourrit son homme mais ça ne l'émerveille pas pour autant.
Passons donc à L'Allée Derrière à Marienbad, un épisode qui nous permet de retrouver quelques connaissances ayant survecues à Bonjour Traitresse, comme Antoine Perrissier, collectionneur des faux snuff produits par Wrecker, et Benedicte, la Benedicte, toujours aussi chaude, toujours aussi dominatrice, toujours aussi chienne.
La voici d'ailleurs qui complote encore une fois contre notre héros. La suite ne vaut pas Bonjour Traitresse mais le roman se termine tout de même en une gigantesque orgie sado-maso surveillée par des Hells Angels camés et sanguinaires au bord du craquage.
En trois mots : simple, carré, efficace.
Je termine par le meilleur... ou pas. C'est à négocier.
Apocalypse Dodo. Le titre est foireux. C'est une habitude. Faut si faire. Ross Wrecker usine en france. Il participe au tournage d'un porno : "Par Le Trou De L'Oreille."
Cascades, assistant caméra, diverses autres choses. C'est de l'artisanal.
L'équipe tourne sur un plage normande et Bart Keister s'en donne à coeur joie avec son casting. On pense à l'excellentissime Ciné à Mateur de JP Bouyxou. Ça sent d'ailleurs le vécu : Carnadin le réalisateur, Francis Fuckster l'étalon star, Séraphine la débutante qui s'endort en plein coït, Viviane la monteuse (et qui, d'ailleurs, se fait monter par Ross... enfin, bon, passons...) et surtout le Vicomte Enguerran d'Entremont, pervers ancienne école et coupable tout désigné pour les exactions qui vont suivre.
Mais connaitre le méchant, ça n'empêche pas non plus le suspense. Ni les pistes multiples, comme l'étrange épidémie de sommeil, les moustiques fous, l'armée, les scientifiques, leurs épouses délaissées, les voyeurs du quartier, le personnel hôtelier et tout un tintouin assez mastoc.
Bart Keister assure comme un grand, on y croit. Même si il empeste la bière, le lecteur est tenu en haleine.
Vas-y ! VAS-Y !!! VAS-Y !!! que j'éructe la bave aux lèvres et la mousseuse dans une de mes deux pognes, le bouquin dans l'autre, la sueur qui me sort partouse les pores, les neurones en feu, tout tremblotant dans mon cagibi-bibliothèque aux murs tapissés de posters pornographiques.
MAIS VAS-Y, BON DIEU !!!
Malheureusement, tout s'effondre dans les dernières pages. Apocalypse Dodo s'auto-saborde. La cause : le formatage. Apocalypse Dodo est trop court. Il lui manque bien bon 50 pages pour concrétiser la purée.
C'est con. On était pas très loin de la jouissance.
Je conclu tout de même. Sachons rester professionnel.
Donc : un message à tous les déviants de la romance, à tous les excités du bulbe, les excentriques du poignet, les dégueulasses et les salingues de la lexicalité, les pervers qui aiment les 190 pages en gros caractères et les intellectuels qui se sentent l'âme manuelle, droitière, gauchiste, la bite dextre, à toi de choisir.
Mon pote. Si tu as 1 heure 30 à flinguer, sache que Bart Keister est fortement recommandé.
Du Ross Wrecker, j'en ferai bien mon ordinaire. D'ailleurs, le plus mauvais des Ross Wrecker vaut largement cette tambouille que tu t’assaisonne lorsque tu veux pas te casser nénette tout en t'en foutant plein les mirettes.
Prends-en note.
Tu sera satisfait.
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