FILLES A LOUER (CALL-GIRLS), RALPH WILSON
ÉDITIONS JEAN FROISSART, 1955
La première page du récit a comme des relents de George Maxwell. On y trouve d'ailleurs deux mots bien connus des fanatiques de la Môme Double-Shot : belvédère et plymouth.
La deuxième page donne le ton et m'excite violemment. "Les gars, c'est pas le moment de s'endormir, sortez les sulfateuses, ça va cracher ! "
Quant à la troisième page, elle balance un nouveau relent maxwellien avec l'apparition d'une De Soto bleue. Il ne manquerait plus qu'une poupée blonde à double détente à son bord et ce serait dans la fouille.
Mais voila, Filles à Louer n'est pas une aventure de la môme Double Mouche. Et Filles à Louer n'est probablement pas non plus un texte de George Maxwell - tout du moins si l'on considère la bibliographie établie par Pierre Cabriot comme exhaustive à 100 %.
Car dans Filles à Louer, nous ne sommes jamais très loin du roman sexy-swing propre au grand Maxwell.
Ça va vite, ça parle fort, ça mitraille au kilomètre et ça se poursuit constamment, à l'aide d'une armada de bagnoles rutilantes et trafiquées, qui déraillent parfois dans d'hallucinantes pointes de vitesses, partent dans le décor et explosent, brulant ainsi jusqu'à ce que mort s'en suive leurs passagers agonisants aux membres disloqués.
L'intrigue qui enrobe tous ces exploits fait bien entendu dans le classique. Filles à Louer, c'est encore une histoire de gangs rivaux qui se canardent à qui mieux mieux avec, d'un coté, les gentils méchants qui prostituent des filles de luxe et de l'autre, les méchants méchants qui, eux, veulent piquer les putes aux autres pour se faire un max de pèze.
Le roman est donc usiné à l'économie et ne donne à lire que deux types de scènettes.
Primo, des passages d'action assez peu épicés car principalement retranscrit en dialogues, comme si il s'agissait d'une pièce de théâtre ou d'un film ultra-fauché, et secundo (le plus important), des passages sexy affriolants, illustrant la vie quotidienne de nos call-girls :
longues séquences de strip-teases aguicheurs, baisés langoureux, préliminaires suaves - c'est mignon tout plein et jamais porno. On pense aux nudie-cuties des années 50/60, avec cette même hypocrisie canaille, ce ton de documentaire bidon sur des moeurs immorales à l'attention des pervers timides.
Disons que Filles à Louer a un peu la gueule d'un mondo scénarisé par George Maxwell.
Rajoutons à ce cocktail une foultitude de mots en anglais pour faire vrai (because ça se déroule aux states), des expressions argotiques parfois mal employées ("rififi" ne signifie pas "oseille"), un truand rital à l'accent rigolo ("zé veux lé lessiver cetté crapoule ! "), diverses références cinématographiques, des tenues de marlous improbables (notamment quelques descriptions de cravates pas piquées de hannetons), des hectolitres d'alcools forts ingurgités page après page et, forcement, l'inévitable misogynie entretenue par ce type de littérature.
Malheureusement, à la fin, pour cézigue, ça se termine très mal et le lecteur, forcement intéressé par une brillante carrière dans le secteur du maquignonnage de femelles, se rend alors compte que ce boulot de rêve (buter ses rivaux, frapper ses femmes, coucher avec les plus girondes, se faire des couilles en or) n'est pas tout à fait sans risques.
C'est con mais c'est la vie.
Quittons-nous tout de même sur une note positive car, en dépit de ce final décevant, bâclé sur l'air fatigué du Crime Does Not Pay par un auteur ne sachant pas vraiment comment conclure son affaire, il faut bien avouer que Filles à Louer est un excellent roman stupide, je dirais même plus : un roman profondément et surtout joyeusement débile, plein d'une idiotie désinvolte et d'un mauvais gout aussi revigorant que bas du front.
En bref : de la came de premier choix pour les désaxés du sexy-noir.
Mais ça, j'en suis sûr, tu l'avais déjà compris !
ÉDITIONS JEAN FROISSART, 1955
La première page du récit a comme des relents de George Maxwell. On y trouve d'ailleurs deux mots bien connus des fanatiques de la Môme Double-Shot : belvédère et plymouth.
La deuxième page donne le ton et m'excite violemment. "Les gars, c'est pas le moment de s'endormir, sortez les sulfateuses, ça va cracher ! "
Quant à la troisième page, elle balance un nouveau relent maxwellien avec l'apparition d'une De Soto bleue. Il ne manquerait plus qu'une poupée blonde à double détente à son bord et ce serait dans la fouille.
Mais voila, Filles à Louer n'est pas une aventure de la môme Double Mouche. Et Filles à Louer n'est probablement pas non plus un texte de George Maxwell - tout du moins si l'on considère la bibliographie établie par Pierre Cabriot comme exhaustive à 100 %.
Car dans Filles à Louer, nous ne sommes jamais très loin du roman sexy-swing propre au grand Maxwell.
Ça va vite, ça parle fort, ça mitraille au kilomètre et ça se poursuit constamment, à l'aide d'une armada de bagnoles rutilantes et trafiquées, qui déraillent parfois dans d'hallucinantes pointes de vitesses, partent dans le décor et explosent, brulant ainsi jusqu'à ce que mort s'en suive leurs passagers agonisants aux membres disloqués.
L'intrigue qui enrobe tous ces exploits fait bien entendu dans le classique. Filles à Louer, c'est encore une histoire de gangs rivaux qui se canardent à qui mieux mieux avec, d'un coté, les gentils méchants qui prostituent des filles de luxe et de l'autre, les méchants méchants qui, eux, veulent piquer les putes aux autres pour se faire un max de pèze.
Le roman est donc usiné à l'économie et ne donne à lire que deux types de scènettes.
Primo, des passages d'action assez peu épicés car principalement retranscrit en dialogues, comme si il s'agissait d'une pièce de théâtre ou d'un film ultra-fauché, et secundo (le plus important), des passages sexy affriolants, illustrant la vie quotidienne de nos call-girls :
longues séquences de strip-teases aguicheurs, baisés langoureux, préliminaires suaves - c'est mignon tout plein et jamais porno. On pense aux nudie-cuties des années 50/60, avec cette même hypocrisie canaille, ce ton de documentaire bidon sur des moeurs immorales à l'attention des pervers timides.
Disons que Filles à Louer a un peu la gueule d'un mondo scénarisé par George Maxwell.
Rajoutons à ce cocktail une foultitude de mots en anglais pour faire vrai (because ça se déroule aux states), des expressions argotiques parfois mal employées ("rififi" ne signifie pas "oseille"), un truand rital à l'accent rigolo ("zé veux lé lessiver cetté crapoule ! "), diverses références cinématographiques, des tenues de marlous improbables (notamment quelques descriptions de cravates pas piquées de hannetons), des hectolitres d'alcools forts ingurgités page après page et, forcement, l'inévitable misogynie entretenue par ce type de littérature.
"Une souris ? mais c'est une machine à gagner de l'argent. Vous connaissez ces appareils automatiques étincelants dans les drug-stores. Vous glissez une pièce dans la fente et vous obtenez au choix des hot-dogs, un plat préparé, un verre de lait, un coca-cola, etc... La différence avec une putain est-elle bien grande ? Peut être dans le nombre de dollars à dépenser."Filles à Louer donnerait donc presque envie de se lancer dans le bizness des fleurs de bitume. "Rien ne vaut une belle môme bien roulée pour gagner du fric," déclare d'ailleurs le héros, un spécialiste du dérouillage de gonzesses récalcitrantes.
Malheureusement, à la fin, pour cézigue, ça se termine très mal et le lecteur, forcement intéressé par une brillante carrière dans le secteur du maquignonnage de femelles, se rend alors compte que ce boulot de rêve (buter ses rivaux, frapper ses femmes, coucher avec les plus girondes, se faire des couilles en or) n'est pas tout à fait sans risques.
C'est con mais c'est la vie.
Quittons-nous tout de même sur une note positive car, en dépit de ce final décevant, bâclé sur l'air fatigué du Crime Does Not Pay par un auteur ne sachant pas vraiment comment conclure son affaire, il faut bien avouer que Filles à Louer est un excellent roman stupide, je dirais même plus : un roman profondément et surtout joyeusement débile, plein d'une idiotie désinvolte et d'un mauvais gout aussi revigorant que bas du front.
En bref : de la came de premier choix pour les désaxés du sexy-noir.
Mais ça, j'en suis sûr, tu l'avais déjà compris !
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