LA GUERRE DES SEXES

LE COMMANDO DE LA HAINE, RICHARD WAR
GERFAUT / GUERRE # 2, 1964

Le titre est superbe et le nom de l'auteur déboite encore plus fort. Richard Guerre. Pas l'acteur, non, mais un auteur espagnol, paraitrait-il. En tout cas, un p'tit gars qui devait bien aimer frapper brutalement et en cadence sa machine à écrire, l'imagination rageuse et le tricot de peau en sueur.
Car Le Commando De La Haine ne fait pas dans la finesse. Il s'enfonce même gaillardement dans la brousse gluante du mauvais goût musclé. Richard War ne recule devant rien et c'est bien cela qui fait sa force.

L'intrigue est classique. Une troupe de soldats anglais, stationnée en Birmanie, est envoyée faire sauter un chemin de fer appartenant à l'armée japonaise. Pour grossir leurs rangs, on y adjoint quelques repris de justice pas piqué des hannetons. Du mal rasé, du violent, du sadique.
Prémices prometteurs. le Commando De La Haine ressemble à une esquisse putassière des Douze Salopards. Ou à un épisode de Warsex, le sex en moins.


Quoique...
J'ai peut être tapé la phrase précédente trop vite...

Car si le War de Richard n'est pas suivi du Sex de Warsex (mais que vais-je donc écrire là ???), Le Commando De La Haine n'est pas pour autant dépourvu de corps caverneux et spongieux. Et si aucune scène de baise à proprement parler ne jalonne le récit, ce dernier est néanmoins farci d'allusions aussi grossières que grotesques aux homosexuels et aux femmes.

Par exemple, nos méchants japonais sont sous les ordres d'un vil pédéraste, obèse et presque entièrement privé " des attributs d'une masculinité normale " - ce qui ne l'empêche pas, bien au contraire, de folâtrer avec son second, le lieutenant Kurosa, un ambitieux doté d'un
" fond pathologique où se mêlaient la psychopathie et l'homosexualité. "

Et l'auteur, de conclure avec tact :
" De lourdes tares héréditaires en étaient surement responsables. "

Nos deux affreux sont d'ailleurs tellement dégoutants que, de par leurs frasques d'invertis pur jus, ils en viennent à faire vomir régulièrement leurs subordonnés.
Il faut le lire pour le croire.


Quant aux femmes, Le Commando De La Haine n'en met qu'une en scène mais ses vices de forme et d'esprit suffisent à toutes les englober : "une chienne en rut," "une pauvre hystérique qui n'a jamais eu ce qu'elle était en droit d'attendre de celui dont elle fit le mari."
Par la suite, le lecteur comprendra à demi-mot qu'elle est frigide.
Simple, classique et efficace. Il est inutile, dans la littérature de gare obtuse et balourde, de complexifier le fond. Il faut aller droit au but.
Ainsi, si les pédés, ce sont tous des enculés, les femmes, elles, sont toutes des salopes.

Mais la frugalité des idéaux exposés n'empêche pas Richard War de faire éclore dans les recoins de son œuvre un propos plus global et, comme l'affirme un de ses protagonistes, philosophe à ses heures perdues :
"tant qu'il y aura des femmes capables de mettre à bas comme des lapines il sera beaucoup plus facile de former une division que de peindre un Degas."
Une conclusion pénétrante, que je vous laisse méditer.

5 commentaires:

Clifford Brown a dit…

Ha ha ha chapeau ! J'en vois souvent des Gerfaut, je vais me laisser tenter la prochaine fois, ma bibliothèque manque de poésie...

ROBO32.EXE a dit…

tout de même, une petite précision : à l'exception de la série Panzer (4 volumes dont faudrait que je cause un jour), c'est bien la première fois que je tombe sur un roman aussi raffiné et poétique dans la collection guerre de Gerfaut...

DrBis a dit…

Je confonds peut-être, mais n'y eut-il pas chez Gerfaut des transfuges duFleuve Noir, dont Piet Legay ?
C'est vrai que la grande force de la collection tenait dans ses couvertures. Encore que, la fascination pour les pseudos germaniques et les costumes SS en serait presque ambigue…

ROBO32.EXE a dit…

Oui. Il y a eu aussi Pierre Courcel je crois.
Sinon les couv' étaient d'origine espagnole.
quant à la fascination... tout à fait. puis c'est assez hallucinant de voir (même si l'on est pas dans une logique porno nazi comme chez Les Soudards ou dans les publications eros-guerre des années 50 - Elsa Fraulein SS, Commando de Femmes, Femmes Pour SS, etc) une collection de récits de guerre avec pour héros habituels des soldats de la wehrmacht ou des SS... et ça, lu par des français qui avait dû vivre cette période...
Aujourd'hui, un truc pareil, c'est totalement improbable !

DrBis a dit…

Quoique, c'est rebalancé en littérature générale. Il y en a même qui se colloquent des Goncourt…