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VIE A CRÉDIT / LA MORT AU BOUT DES DOIGTS / SANS RIRE ET SANS CHIQUÉ / LES COMPTES SE PAIERONT CASH / DU BIDON POUR "LA ROUSSE", GASTON MARTIN
LES AVENTURES DE ZODIAQUE # 153 / 161 / 162 / 165 / 166, 1958
En 1958, Les aventures de Zodiaque, ça devait sentir le sapin quelque chose de duraille. Forcement. Après 150 et des poussières fascicules produits à une cadence stakhanoviste, Gaston Martin avait la boite à idée en capilotade et l'underwood salement rhumatisée.
C'est triste à dire. D'autant plus que, 8 années auparavant, les aventures du "plus sympathique des héros modernes" - et même si elles n'arrivaient pas à la cheville d'un bon vieux Louis de la Hattais en Allo Police, - accusaient une santé de fer question aventures exotiques, bêtement débridées, mollement échevelées et gentiment torchées.
Mois après mois, 100 pages durant, notre héros affrontait des savants fous, des truands sadiques, des criminels mégalomanes, des espions retords, des souris d'hôtel catcheuses. Il partait courir les 24 heures du Mans en bolide expérimental, allait affronter des indigènes excités au fin fond de l'Afrique ou bien encore prenait les commandes d'une fusée spatiale conçue dans un camp de nudistes suédois.
En 1958, fini les excès de connerie. L'imagination pendouille comme l'asperge chez un impuissant. Ça pointait (si j'ose dire) depuis un bon bout de temps mais c'est directement confronté au forfait imprimé que l'on mesure l'ampleur des dégâts.
En effet, en 1958, Zodiaque et son auteur ne s'occupent plus que des affaires d'adultère de leurs contemporains. Fini l'Aventure, place à Vis Ma Vie. Imagine Bob Morane sur un plateau de reality show. T'en bailles d'avance.
Ou comme le dit si bien Gaston Martin, incroyablement lucide quant à la santé de son affaire : "nous serions en plein Jean de Letraz s'il n'y avait pas un cadavre..."
Bref, on s'emmerde comme au théâtre ce soir chérie.
Reste qu'il faut se distraire avec les moyens du bord et qu'à défaut des beaux meubles massifs du gare d'évasion, on trouve toujours quelques bibelots d'idées amusantes auxquels se raccrocher.
Par exemple, dans Vie à Crédit, Zodiaque enquête sur la mort d'un chirurgien héroïnomane. Les références aux drogues et aux overdoses sont factuellement douteuses. L'intrigue est bâtie comme un whodunit baclé. Une surboum, un meurtre, sept suspects. Et pendant tout le récit, Élyane, la compagne de Zod', lit un faux Série Noire. Pas De Dragée Pour Ton Baptême (référence à Jean Dorcino ?), signé G.S. Peter Petersen (référence à G.K. Chesterton ?)
"J'me demande qui a pu commettre ce crime ?" déclare-t-elle.
La mise en abîme permet de tenir le coup.
Continuons. Dans La Mort Au Bout Des Doigts, lancé sur un imbroglimi d'héritage au Canada, Zodiaque se retrouve flanqué d'un autochtone berrichon au sujet duquel l'auteur écrit : "il n'était guère possible de faire mieux, même pour un acteur spécialisé dans les rôles d'abrutis."
La première moitié du bouquin est donc quasi-intégralement investie dans des dialogues du terroir, mélange de pluriel au singulier, d'accent pomme de terre dans la bouche, de moustaches nicotinisées et de ratiches tout justes bonnes à tenir une maïs sans filtre.
"Je vais vous faire vouér ce que c'est qu'un paysans français, moué ! "
La suite nous donne à lire une décapitation et une poursuite en hélicoptère mais cré bon dieu de cré bon dieu que c'est t'y pas ennuyeux au possible tout ça !
D'ailleurs, j'vas t'en dire qu'ça s'améliore pas avec Sans Rire Et Sans Chiqué, qu'y s'passe à Bruxelles et sans le gârs Zodiaque, tiens. Ben vi, ç'sont des chôses qu'arrivent. Mais d'abord, j'arrête la prune.
Hop, voila.
Donc, cette fois, c'est Gaston Martin qui assure le show en solo et à la première personne du singulier. Le récit prend place en pleine expos universelle de 1958 et notre journaliste-écrivain fatigué dilapide ses pages à boire de la bière, à traverser le passage du nord, à visiter l'Atomium et à draguer les fameuses hôtesses belges à chapeaux tricornes et tailleurs bleu.
A part ça, il découvre aussi l'existence d'un complot d'indépendantistes arabes qui veulent faire sauter un Imam mais tu m'excusera, je roupillais un peu sur la fin alors j'ai pas tout bien imprimé...
...Et j'ai bien dû continuer à ronfler sur Les Comptes Se Pairont Cash because, je m'en rappelle pas non plus. J'avais tout de même écrit deux-trois petites choses à son sujet sur un bout de papier (dont une citation concernant l'alcoolisme) mais comme je viens de renverser ma Kaiser premium pils 50 centilitres sur mes notes, eh ben, ce sera pour une autre fois.
De toute façon, ce n'était pas très important et je ne m'engagerai pas trop en t'affirmant que cet épisode-là, c'était de très loin le pire de cette fournée déjà pas très folichonne.
Terminons-nous donc en vitesse avec Du Bidon Pour La Rousse (j'ai ma binouze à éponger, ça goûte de partout et ça commence même à pèguer !), Du Bidon Pour La Rousse, disais-je, un épisode qui se déroule dans le milieu du cinéma, entre la côte d'Azur et l'Italie, et avec, comme grand méchant du jour, un réalisateur filou de films sexy-morbides. Les prémisses (dont une soirée mondaine qui tourne au drame) sont prometteurs mais la suite, comme de convenu, ne tient pas.
Néanmoins, les lecteurs qui comme moi ne possèdent pas les finances nécessaires pour voyager découvriront quelques chapitres durant le grand cimetière de Naples, le Poggioreale, véritable cité mortuaire apte à faire bander sec tout taphophile qui se respecte.
C'est pas grand chose mais on se distrait comme on peut.
Comment ça, je me répète ?
6 commentaires:
putain ça donne envie... en tout cas je regrette quand même de ne pas avoir choppé ce lot avant toi ce jour un peu gris sur la place aux puces de Bruxelles il y a bien longtemps...
hé hé hé ;)
pour paraphraser ton post récent sur le carrouf' : désormais, que ce soit les puces, les brocantes ou bien encore les depots-vente de province, faut plus chipoter, faut tout choper !
Excellent principe ! C'est comme ça que j'ai chopé chez Gibert (librairie Parisienne bien connue des amasseurs) un stock d'Engrenages quasi-neufs à un zorrobrouzouf le bout. en effet, dans ce cas-là, on se gratte pas, on sort pas ses fiches et listes minutieuses qui vous coupent la geek, on rafle !!!
le problème, c'est qu'à trop rafler, on termine avec un léger problème de logement. Disons que mon appart' devient de plus en plus exigu...
En plus, comme disait Pivot, on soupçonne ces maudits bouquins de se reproduire entre eux en loucedé…
D'un coté, cette idée de reproduction des bouquins entre eux est assez alléchante, je dois dire.
J'imagine une partouze de mes Peter Randa et de mes Lyle Kenyon Engel avec mes Jacques Sternberg et mes Harlan Ellisson (...plus un bon quadruple millier d'autres volumes divers...) et je me demande ce que tout cela doit engendrer neuf mois plus tard...
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