ESPIONNAGE CHRÉTIN

REQUIEM POUR UN AGENT SECRET, LARRY DOUGLAS
TRANSWORLD PUBLICATION # 2, 1971

On s'est envoyé en l'air sur cette tombe ! C'est en tout cas ce que l'on est en droit de penser en se payant un jeton de mate sur la couvrante.
Bouteille de J&B, sous vêtements pendus aux branches de la croix et, symbole phallique suprême, le revolver dans son holster d'épaule qui parachève la scènette.
Composition sublime, titre itou.
Il n'en sera par contre pas de même pour le roman. Car Requiem Pour Un Agent Secret débute mal, très mal. On ne comprend pas la mise de départ. Ou plutôt : on peine à la concevoir avec sérieux.
Une secte étasunienne, façon Jim Jones rencontrant le cirque Pinder, proclame la mort de DIEU (les capitales sont de l'auteur) et voila que le feu est mis aux POUDRES (les capitales sont de ma pomme.)

"Pourquoi [...] pourquoi vouloir détruire Dieu ? " murmure un policier protestant californien.
Des milliers de kilomètres plus loin, John Lennon marmonne "God is a concept " pour le Plastic Ono Band. Et au même instant, Samuel Hardy, agent de la toute puissante C.I.A., est lancé sur l'affaire.
Son chef, monsieur Smith (tous les chefs de service se nomment-ils monsieur Smith, dans les romans d'espionnage ?) lui donne carte blanche. Une nation qui trust in god ne peut décemment laisser une bande d'hurluberlus détruire la devise du pays.

Notre agent secret infiltre donc la secte incriminée. Manque de se faire tuer une fois, deux fois, trois fois et la suite. Il se fait aussi passer à tabac par des flics ripoux, rencontre d'autres agents secrets et élucide quelques crimes.
Page 129, l'auteur, passablement échauffé par une consommation abusive de vin de messe, effectue un retournement de situation choc en tuant son personnage principal puis, page 139 à 141, c'est l'éditeur qui s'en mêle en massacrant le texte comme un projectionniste épileptique jonglant avec deux morceaux de pellicules brulés.
(...Sans compter, pour mon édition personnelle, le connard qui a arraché le feuillet 149/150...)
Mais passons...
Car coté intrigue, ça ne s'améliore pas non plus.
"Le Vietnam, monologua-t-il, la guerre, la mort de Dieu, quel boum..."
Les russes s'en mêlent. Et les Chinois de Pekin ne sont pas en reste. Meurtres, mysteres, chaos social, anarchie. Et l'auteur qui écrit comme un robot aux piles usagées.
"Il passait, impassible..."
Quant à moi, je souffre, insensible. God is a concept, by which we can measure our pain. Et Requiem Pour Un Agent Secret, c'est un bouquin grâce auquel j'ai pu concevoir une certaine forme d'ennui.
Concevoir aussi que l'espionnage christianique exista, le temps d'un petit roman aussi passionnant qu'un après-midi à la maison de retraite, entre partie de belote endiablée et zapping d'émissions dominicales.

Mais laissons à l'auteur le choix de la conclusion :
"Tout de même, vouloir tuer DIEU. Oser s'attaquer à LUI tout puissant. Il fallait être ou un Beatles, ou un fou..."
Et ne le contrarions pas. Il serait bien capable de nous pondre une suite.

4 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Lire ce roman est un vrai chemin de croix.

ROBO32.EXE a dit…

Tout à fait. Et je m'en vais de ce pas me reposer en haut du mont des oliviers...

Kerys a dit…

Même si Jésus crie "Superstar !"

———————————»[ ]

ROBO32.EXE a dit…

.................