Y'A DES JOURS SANS...

L'ÉPERVIER PREND SON VOL, ROLAND PIGUET
DITIS / LA CHOUETTE # 138, 1959

Berlin, 1959. Un gniasse mystérieux étouffe en loucedé les plans ultra-secrets du KL-X-19.
Kezako, que tu t'exclames, ce KL-X-Machin ? Et t'as bien raison mon pote ! Heureusement pour ta pomme, l'auteur, Roland Piguet, un suisse qu'est fait de ce bois dont raffolent les coucous d'horlogerie, te défouraille le renseignement en moins de temps qu'il ne t'en faut pour dire ouf.
Et là, c'est l'hallu. Car le KL-truc-muche, mon gars, c'est pas de la p'tite pisse. C'est le big bouzin.
"Un avion téléguidé dont les performances vont bouleverser l'aviation moderne."
Ou encore :
"une invention fabuleuse, tout aussi extraordinaire que le lancement du premier Spoutnick."
Bref, avec pareil talbin en guise de bizness-carte, forcé que le bidule en vienne à auticher les esgourdes fort sensibles de quelques d'hotus internationaux - des agents secrets, comme qu'on dit, dans ce mitam bien particulier.
Mais ça ne se bouscule pas pour autant au portillon. La composition reste classique. Primo, on y trouve les Ruskoffs, qui veulent récupérer leur joujou. Logique. Deuxio, les ricains, pas si cavedu qu'on pourrait le croire. Et tersio, les Frenchies - c'est à dire nozigues à nous.
Fanfare triomphale, hymne national, main sur le cœur et tout le tralala.

Et une fois ces menues réjouissances terminées, on envoie Serge Durane partir en java à Berlin. Serge Durane, notre héros du jour, Serge Durane, alias l'Épervier, matricule HX-13.
"Entré dans [le] Service depuis 1952, celui que ses collègues appelaient L'ÉPERVIER avait la réputation d'un homme qui alliait à des capacités physiques extraordinaires, une intelligence et des réflexes étonnants."
Ainsi bonni, ça en jette comme de la joncaille fraichement astiquée mais faudrait pas non plus se la berluer. L'Épervier Prend Son Vol, c'est sa toute première bamboula, au gars Durane. Avant ce tour de piste initial, son auteur titubait de la turbine dans le roman policier (deux bouquins en Feux Rouges Ferenczi, L'Ami Fric et Drôle de Musique, du pas dégueu mais du pas fou-dingue non plus) et grattait des choses moins avouables sous pseudonymes, comme ce Deuxième Bureau Contre X, le schmutrz le plus enquiquinant que j'ai pu lire à ce jour.
Rien que d'y penser, parole, j'en ai les glaouis qui rapetissent.
..
Mais revenons en à notre gugusse du jour et à sa mission berlinoise.
Je vais faire vite, because, c'est maxi-simple. L'Épervier court après les documents, se les fout dans la glaude en deux temps trois mouvements et fait la nique aux cocos sans trop se la forcer.
Question inventivité, c'est du zéro pointé. Le b-a-ba de l'espionnage balisé, l'A.B.C. de l'agent sans secret. Pas de surprise, pas de palpitation. Du boulot de professionnelle extra-terne.
Que retenir, alors ?
Eh bien... rien.
Rien, excepté une pincée de racisme gluant
lorsque l'auteur fait entrer en scène un méchant asiatique fana de tortures raffinées.

"Il n'y avait pas à s'y tromper, ce n'était ni un Annamite, ni un Japonnais, mais un Chintock. Une sale gueule de Chintock ! "
Le gonze bridé (qualifié de "demi-singe" par l'auteur) expérimente donc quelques unes de ses techniques ancestrales sur un pote à l'Épervier puis se fait buter, en page 178, par notre héros, salement remonté envers ce sale jaune sadique.
"De la même manière que s'il s'était agi de mettre hors d'état de nuire une bête malfaisante, Durane sortit le P 38 de sa poche, et froidement lui tira trois balles dans la tête."
C'est le moment le plus intense du bouquin. Constat peu glorieux. Et ce sera là ma triste conclusion à ce billet mal loqué. Faut pas croire : y'a vraiment des jours sans.
(Mais je me rattraperai demain, avec un autre roman traitant d'asiatiques sadiques - et cette fois, promis juré, ça te décalquera le bénouze en maxi-chrome 3000 !)

2 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Le niakoué est d'autant plus fourbe qu'il est nombreux. N'oubliez pas que si le Français est franc, l'étranger est étrange. (Pour la scène d'exécution, un "crève, pourriture communiste" aurait été de bon aloi.

ROBO32.EXE a dit…

Le niakoué, c'est une valeur sure. Je le préfère largement au maghrébin, bien moins amusant dans les romans populaire.
(d'ailleurs, faudrait que je fasse un label 'chinois' sur ce blog : il y a déjà eu ce Môme Double Shot (http://muller-fokker.blogspot.com/2011/03/un-mousseux-gout-raisine.html) et j'espère faire prochainement un billet sur un roman de Louis de la Hattais, assez délirant, titré Le Niakoué Est Amoureux - tout un programme ! - et dans lequel des chinois velus comme des singes violent des femmes américaines !!!)