JULIE LA ROUSTE, JUDITH GRAY
LA MOTARDE DE DIJON, NUMOS
ÉDITIONS DU BÉBÉ NOIR / PLAISIR, 1980
On trouve de tout dans les bouquins porno des éditions du Bébé Noir et de la Brigandine. Du recit fantastique au roman feuilleton, de la science-fiction débridée à la farce situationniste hilarante, le lecteur curieux s'y dégotera largement de quoi alimenter sa petite cervelle détraquée. Mais si il y a bien un genre qui truste la masse des 120 (et des poussières) bouquins publiés par cette double maison d'édition, c'est sans aucun doute possible celui du néo-polar léger, ou plutôt du detective novel parodique adapté au climat des années fin septante début quatre-vingt.
Feutre gris, imper' mastic, loulou de banlieues et combines de bourgeois en temps de crise.
Raymond Chandler dans Ciel Lourd, Béton Froid.
C'est l'imagerie d'Épinal du flic privé, mec minable mais sympa, biberonnant du bourbon en attendant dans son bureau miteux, les pieds sur un bureau branlant, une hypothétique clientèle.
Et sa secrétaire sexy qui renaude contre son manque d'activité.
Et enfin le clille tant attendu qui débarque, avec sous le bras une tortueuse affaire de mœurs propre à remplir les 190 pages du bouquin en question.
Ce type d'ouvrage, aux éditions de la Brigandine et du Bébé Noir, on peut le dénicher dans les textes de Frank Dopkine, Luc Vaugier, Florent Massada ou encore Sebastien Gargallo.
Intrigue prémâchée, style réchauffé, ambiance rigolarde. Du Série Noire sans étincelles, même si suffisamment distrayant pour susciter une certaine sympathie.
Du coup, en ouvrant Julie La Rouste, signé par une certaine Judith Gray, pseudonyme masquant fort probablement un auteur bien masculin, j'espérai tomber sur autre chose que du sexy polar parodique.
D'abord, la couverture, et sa nana bardée d'accessoires improbables, Barbarella post-apocalyptique dans une prod' porno fauchée.
Ensuite, le premier chapitre et sa sacro-sainte scène de viol dans laquelle la victime, d'abord récalcitrante, humiliée, flagellée et troussée par un papy pervers sadique, prend son fade. "Elle comprit à l'humidité qui la gagnait que la jouissance était imminente."
Enfin, le chapitre suivant. La présentation au lectorat de son héroïne du jour, Julie Santiago, dit Julie La Rouste.
Malheureusement, chapitre 3, tous mes espoirs s'effondrent. Julie La Rouste n'est ni plus ni moins qu'un porno polar Brigandinesque de plus. Rien à signaler. Julie enquête, Julie piétine, Julie baise, Julie flingue et enfin Julie triomphe.
En une heure trente ça passe très bien mais faut pas s'arrêter en cours de route sous peine de ne plus avoir suffisamment de motivation pour reprendre sa lecture.
Même topo pour La Motarde de Dijon et sa sauvage Platinette en couverture. C'est du bouquin de detective de cul, un peu plus formaté que le précèdent mais un peu plus énergique aussi dans son déroulement.
Le héros se nomme Francis Norton. Privé de son état, il est chargé par un mafieux à la retraite d'apprendre qui à tué le colonel Moutarde dans la chambre à coucher avec la corde à piano. Est-ce Mona, Ken, Liliane, Claudia ou Chris ?
Page 40, t'es fixé mais ça n'empêche pas l'auteur de poursuivre sa narration et ainsi, tel Julie Santiago dans Julie La Rouste, voila Francis Norton qui enquête, qui piétine, qui baise, qui flingue et qui, enfin, triomphe.
Entre les deux bouquins, c'est un peu le jeu des sept erreurs. Notons, pour l'exemple, qu'en page 50 de ce Motarde de Dijon, nous retrouvons l'exacte même scène de rançon qu'en page 172 de Julie La Rouste.
L'équation s'impose. Numos = Judith Gray ? Va savoir.
Dans tous les cas, Numos = Frank Reichert.
On découvre la chose au tout début du roman. Chapitre 2, page 17.
Un plus un égale deux, c'est toujours ça de pris : une nouvelle identité d'auteur apprise. Sur un doublet de 190 pages, ça fait pas bezef' comme rendement mais que veux-tu, la pioche ne peut pas être constamment excellente.
Et puis, soyons raisonnable : question litterature de délassement, celle qui n'a pour seule et unique prétention l'équarrissage temporel sans moulinage à outrance des méninges, j'ai ligoté bien plus tartignolle que ces deux bouquins-là.
Alors, deux Bébé Noir sans plaisir ?
Faudrait p'tet pas abuser, Robo !
LA MOTARDE DE DIJON, NUMOS
ÉDITIONS DU BÉBÉ NOIR / PLAISIR, 1980
On trouve de tout dans les bouquins porno des éditions du Bébé Noir et de la Brigandine. Du recit fantastique au roman feuilleton, de la science-fiction débridée à la farce situationniste hilarante, le lecteur curieux s'y dégotera largement de quoi alimenter sa petite cervelle détraquée. Mais si il y a bien un genre qui truste la masse des 120 (et des poussières) bouquins publiés par cette double maison d'édition, c'est sans aucun doute possible celui du néo-polar léger, ou plutôt du detective novel parodique adapté au climat des années fin septante début quatre-vingt.
Feutre gris, imper' mastic, loulou de banlieues et combines de bourgeois en temps de crise.
Raymond Chandler dans Ciel Lourd, Béton Froid.
C'est l'imagerie d'Épinal du flic privé, mec minable mais sympa, biberonnant du bourbon en attendant dans son bureau miteux, les pieds sur un bureau branlant, une hypothétique clientèle.
Et sa secrétaire sexy qui renaude contre son manque d'activité.
Et enfin le clille tant attendu qui débarque, avec sous le bras une tortueuse affaire de mœurs propre à remplir les 190 pages du bouquin en question.
Ce type d'ouvrage, aux éditions de la Brigandine et du Bébé Noir, on peut le dénicher dans les textes de Frank Dopkine, Luc Vaugier, Florent Massada ou encore Sebastien Gargallo.
Intrigue prémâchée, style réchauffé, ambiance rigolarde. Du Série Noire sans étincelles, même si suffisamment distrayant pour susciter une certaine sympathie.
Du coup, en ouvrant Julie La Rouste, signé par une certaine Judith Gray, pseudonyme masquant fort probablement un auteur bien masculin, j'espérai tomber sur autre chose que du sexy polar parodique.
D'abord, la couverture, et sa nana bardée d'accessoires improbables, Barbarella post-apocalyptique dans une prod' porno fauchée.
Ensuite, le premier chapitre et sa sacro-sainte scène de viol dans laquelle la victime, d'abord récalcitrante, humiliée, flagellée et troussée par un papy pervers sadique, prend son fade. "Elle comprit à l'humidité qui la gagnait que la jouissance était imminente."
Enfin, le chapitre suivant. La présentation au lectorat de son héroïne du jour, Julie Santiago, dit Julie La Rouste.
"Depuis deux ans, [elle] faisait partie du petit nombre d'agents triés sur le volet auxquels Lomax confiait les missions difficiles ou dangereuses."L'air de rien, je jubile. Je m'imagine être tombé sur un roman de sexpionnage. Une combinaison de Gilles Derais et de Dick Wood. Le panard absolu, en quelque sorte.
Malheureusement, chapitre 3, tous mes espoirs s'effondrent. Julie La Rouste n'est ni plus ni moins qu'un porno polar Brigandinesque de plus. Rien à signaler. Julie enquête, Julie piétine, Julie baise, Julie flingue et enfin Julie triomphe.
En une heure trente ça passe très bien mais faut pas s'arrêter en cours de route sous peine de ne plus avoir suffisamment de motivation pour reprendre sa lecture.
Même topo pour La Motarde de Dijon et sa sauvage Platinette en couverture. C'est du bouquin de detective de cul, un peu plus formaté que le précèdent mais un peu plus énergique aussi dans son déroulement.
Le héros se nomme Francis Norton. Privé de son état, il est chargé par un mafieux à la retraite d'apprendre qui à tué le colonel Moutarde dans la chambre à coucher avec la corde à piano. Est-ce Mona, Ken, Liliane, Claudia ou Chris ?
Page 40, t'es fixé mais ça n'empêche pas l'auteur de poursuivre sa narration et ainsi, tel Julie Santiago dans Julie La Rouste, voila Francis Norton qui enquête, qui piétine, qui baise, qui flingue et qui, enfin, triomphe.
Entre les deux bouquins, c'est un peu le jeu des sept erreurs. Notons, pour l'exemple, qu'en page 50 de ce Motarde de Dijon, nous retrouvons l'exacte même scène de rançon qu'en page 172 de Julie La Rouste.
L'équation s'impose. Numos = Judith Gray ? Va savoir.
Dans tous les cas, Numos = Frank Reichert.
On découvre la chose au tout début du roman. Chapitre 2, page 17.
"Francis Norton se balançait nonchalamment sur sa chaise, les pieds sur son bureau. Il lisait une excellente bande dessinée, Ballades pour un voyou, en sirotant un verre de Jack Daniels."Je te la fait courte : Ballades pour un voyou, c'est une bande qui paraissait dans Charlie Mensuel à la fin des années soixante-dix. Dessinée par Golo et scénarisée par Frank Reichert (alias, entre autres, Luc Azria, Luc Vaugier et Gilles Soledad), elle connut un album en 79 aux éditions du Square avant d'être reprise en 81 par Dargaud dans leur collec' BD Roman.
Un plus un égale deux, c'est toujours ça de pris : une nouvelle identité d'auteur apprise. Sur un doublet de 190 pages, ça fait pas bezef' comme rendement mais que veux-tu, la pioche ne peut pas être constamment excellente.
Et puis, soyons raisonnable : question litterature de délassement, celle qui n'a pour seule et unique prétention l'équarrissage temporel sans moulinage à outrance des méninges, j'ai ligoté bien plus tartignolle que ces deux bouquins-là.
Alors, deux Bébé Noir sans plaisir ?
Faudrait p'tet pas abuser, Robo !
1 commentaire:
"Il lisait une excellente bande dessinée, Ballades pour un voyou, en sirotant un verre de Jack Daniels."
Ah, l'art de faire de l'auto-promo en flattant l’hédonisme du lecteur... :D
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